samedi 28 septembre 2013

La conjuration - Philippe Vasset

La conjuration, de Philippe Vasset

207 pages
Editions Fayard
Parution : Août 2013

4ème de couverture :
"J'ai créé une secte. C'était, au départ, une entreprise purement commerciale. Jusqu'à ce que j'y prenne goût: fonder une religion est la dernière oeuvre possible."

 Je lis rarement des livres dès leur sortie... mais je n'ai pas pu résister lorsque la bibliothécaire m'a montré le présentoir en disant : on a là les sorties littéraires de la rentrée. Du coup j'étais obligée d'y jeter un oeil.




      Le sujet m'a quelque peu interpellée, je me suis dit pourquoi pas... sans trop y croire, me demandant bien ce que l'auteur (que je ne connaissais pas) pouvait nous réserver. Et bien, je n'ai pas été déçue du tout, au contraire, j'ai pris un réel grand plaisir à cette lecture, la faisant même durer pour encore pouvoir la savourer.
      Le narrateur est anonyme, nous savons seulement que c'est un homme, d'une quarantaine d'année environ (supposition personnelle quant à son âge). C'est un grand rêveur, un homme totalement en marge de la société, son activité principale consistant à parcourir la capitale d'un point à un autre chaque jour pour en découvrir tous les coins et recoins non occupés. Il explore tous les endroits abandonnés et déserts, toutes les constructions laissées à l'abandon. Il a commencé son exploration du Paris en marge il y a un certains nombres d'années, vivant de-ci de-là au fil de ses découvertes, sdf volontaire, il vit au rythme des vides de la ville. Mais au cours de ces dernières années son territoire a rétréci de plus en plus, la ré-urbanisation grignote petit à petit tous ses repères sauvages. Il se tourne alors vers d'autres lieux, il change de méthode, il cherche dans l'urbain ses failles. Jusqu'à ce qu'il rencontre André.
      André, c'est un écrivain de thriller finit, qui veut gagner de l'argent vite et bien, et pour cela il a une idée : créer une secte. Mais il envisage cette dernière non pas comme un moyen de faire passer ses idées, car des idées il n'en a pas, il voit juste l'aspect rentable de la chose. Il va engager notre narrateur afin que celui-ci lui trouve des lieux de cultes et des idées de cérémonie. Ce dernier va donc continuer de parcourir la ville mais en ayant un autre but.
      J'ai beaucoup aimé suivre ce personnage dans sa déambulation folle, comme si chaque minute était comptée et qu'il faille tout explorer, pour ensuite rester des heures assis, à contempler des silhouettes derrière leurs fenêtres allumées.
     Le narrateur se fond dans la masse urbaine, il en fait son territoire, son lieu de vie, son aire de jeu, toujours en recherche, jamais lassé, il avance. Les idées ne lui manquent pas, mais une idée profonde et sous-jacente persiste : se fondre dans la masse, disparaitre, devenir une ombre.
      Il rencontrera une autre ombre sur sa route, qui acceptera de lui livrer ses secrets, lui ouvrant ainsi d'autres portes et d'autres horizons. Mais qui de l'ombre qui observe ou de l'être observé et plongé dans la vie urbaine est le plus vivant ?
      L'auteur nous apprend à porter un autre regard sur notre environnement. La ville apparait différente selon ce que l'on recherche et selon le regard que l'on projette sur elle.
      Nous avons tous parfois envie de disparaître, l'envie de frôler le monde sans qu'il puisse nous atteindre, devenir anonyme pour tous, ne plus compter pour personne et juste pouvoir observer sans chercher à analyser ou intervenir. Cette idée nous semble être clef de liberté et de pouvoir... est-ce le cas ? L'auteur explore ici cette piste et je vous invite à lire ce livre, à parcourir ses pages et la capitale à la suite de cet homme marginal et poétique ...

      "Vivant sur chacun de ces lieux des vies parallèles et rêvées, je ne supportais pas que l'on comble les vides qu'ils formaient sur les cartes. Mais le mouvement de l'expansion urbaine allait dans un sens strictement opposé à mon désir et, sous l'inflation des projets immobiliers, mes repaires disparaissaient les uns après les autres." 

      " Le spectre qu'offrent nos semblables ne cesse de nous fasciner : les gestes absents, leurs regards vides, et ces trajets qu'ils enchainent chaque jour, toujours les mêmes, comme des spectres aimantés par les lieux de leurs forfaits. A mesure que nous perdons consistance, c'est le reste de l'humanité qui devient fantomatique."

2 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas, merci de la découverte je le rajoute à ma wish list :)

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    1. Ce livre est incroyable ! Il propose un angle d'approche tellement différent du notre dans notre monde....
      Je vous souhaite une belle lecture

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