lundi 11 novembre 2013

La foire aux célibataires - Xavier Patier

La foire aux célibataires, de Xavier Patier

142 pages
Editions de la Table Ronde
Année de parution : 1998

4ème de couverture :
"Je ressens jusqu'aux entrailles cette chose proprement incroyable qu'il existe des dizaines, des centaines, peut-être des milliers de femmes jeunes, qui se trouvent jolies, et qui attendent un homme en écrivant dans les journaux des billets anonymes, que je peux lire là, au Café de la Bascule, en buvant un demi. Elles existent pour de vrai, quelque part dans un studio ou une chambre d'étudiante. Elles mangent, elles dorment, elles font des courses. Elles ont une voiture quelquefois. Elles ont un minois. Elles ont un corps, un corps que Dieu créa en vain pour l'amour et le don de la vie, un corps au chômage, un corps qui ne fait pas intégralement son métier de corps ; et aussi un coeur, un coeur au chômage qui ne pas intégralement son métier de cœur, et aussi une âme, une âme au chômage qui ne fait pas intégralement son métier d'âme. Elles existent."
La Foire aux célibataires est un roman sur le dévouement et la solitude, sur les relations d'un fils avec une mère possessive et sur l'amour impossible.

      Que faire lorsque l'on est agriculteur, coincé au fond de la campagne entre le Puy-de-Dôme et la Corrèze, alors qu'à 18ans on rêvait de partir, faire de hautes et brillantes études ? Quand les professeurs vous prédisaient un chouette avenir ? Avec un beau métier, intellectuel ? Que vous dévoriez les livres et que vous en rêviez ? Que faire lorsqu'un soir tout s'écroule, à seulement trois mois du bac ?
      Le paternel s'est planté en voiture et vous voilà à la tête de l'exploitation agricole familiale.
      Michel s'est résigné et a pris son rôle d'ainé au sérieux. Lorsque son petit frère est devenu un homme, ils ont partagé le travail à la ferme. Michel s'en fait salarié, laissant au soin de Christian la gestion de l'exploitation. Bien que ce dernier vivent toujours dans la maison de leur enfance, il s'est marié et cela fait toute la différence entre eux. Michel est resté vieux garçon, il s'occupe de leur mère malade, avec attention, par obligation et par devoir, plus que par amour. Les années ont passé, 25 pour être exacte, et Michel n'en peut plus d'être seul. Il a besoin lui aussi d'avoir une compagne à ses côtés.
     Il a l'habitude de lire les annonces postées par les femmes dans les journaux, et un jour il décide de répondre à l'une d'entre elle. Il espère beaucoup de cette histoire, de cette femme, mais en même temps tout l'effraie.
     Le destin lui jouera un drôle de tour, et révèlera la vraie nature de certaines personnes.
     Comment toute cette histoire finira pour Michel ? Et pour la Jocelyne, son amoureuse transie de sa jeunesse, qui n'a toujours pas tourné la page, et avec qui sa mère rêve toujours de le marier ?
      Le style de l'auteur est frais et léger. Avec des mots simples il nous plonge dans le quotidien et les pensées de Michel. C'est un homme ordinaire, mal dans sa peau, résigné, englué dans un quotidien, résolu à le quitter, sans le vouloir vraiment. C'est un homme mou, physiquement, mais pas que...
     J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce texte, il est rempli de touches d'humour légère, mais aussi de vraies interrogations sur le monde.
     Paru bien avant que "L'amour est dans le pré" ne paraisse sur mon écran de télévision, il pourrait en avoir été une source d'inspiration. Si vous aimez ces agriculteurs, seuls, amoureux de la nature qui souhaitent quitter leur solitude, alors ce livre est pour vous. Si vous voulez juste connaître un peu plus la réalité de nos campagnes, ce livre est également pour vous.
     Une belle tranche d'humanité, dans sa réalité simple, non édulcorée.
     C'est un récit surprenant, facile à lire et humoristique. J'ai découvert avec plaisir qu'il était paru en format livre de poche, ce qui prouve bien que les lecteurs ont su l'apprécier à sa juste valeur !

      "Certains sujets ne sont jamais traités, précisément ceux qui occupent le plus douloureusement nos pensées : les termes maladies, amour, espérance, solitude ne sont jamais prononcés chez nous. Le bonheur non plus n'a pas droit au chapitre ; ni le passé, ni l'avenir, ni aucune idée générale sur ce que nous serons plus tard, ni rien de tragique."

     "Si j'accepte d'être aimé par elle, c'est parce qu'elle n'est pas très jolie. Une femme très jolie n'a besoin de personne, surtout pas d'un gros."

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