vendredi 13 décembre 2013

Deux Ex Machina - Alex Evans

Deux Ex Machina, de Alex Evans

54pages (affichées sur mon kindle)
Editions Booxmaker, Collection Oneshot Chrono
Parution : Octobre 2013
Livre électronique

Présentation de l'éditeur :
Le Professeur Vadim peut être fier de lui: il vient de concevoir la machine ultime, capable de fabriquer aussi bien un sous-marin qu'une glace à la fraise, en quantité infinie et sans la moindre pollution. Cette invention devrait assurer un nouvel âge d'or pour l'humanité, la disparition des maladies et, accessoirement, la suprématie de son pays sur ses rivaux. Flanqué de deux assistants hauts en couleurs, il s'attèle à la mise au point du prototype...


 J'ai reçu ce livre en partenariat avec les éditions Booxmaker et le forum Livraddict, et je les en remercie.  

      C'est un petit livre amusant, prenant et bien écrit. Il est présenté sous forme d'un compte à rebours. Le temps est la clef de tout. Une seule petite erreur de timing et se sera le drame. Mais le drame pour quoi ?
Vadim est un scientifique, mais pas un de ces scientifiques que tout le monde adule, non pas encore, c'est un petit professeur qui fait des recherches dans son laboratoire, ignoré de tous. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il s'est spécialisé en magie. Dans son "monde" la magie est une discipline scientifique, mais elle n'est pas aussi reconnue que les mathématiques, la physique ou la chimie, elle est plutôt méprisée. Pourtant Vadim croit en elle, et à force de recherches il invente la machine la plus audacieuse et la plus incroyable au monde : une machine à capturer la magie.
     Car voyez-vous la magie est cyclique, elle passe un certain temps sur ce plan astral, avant de disparaître dans un autre pendant plusieurs siècles, privant ainsi l'humanité de son utilisation. Vadim ne l'entend pas ainsi et compte emprisonner celle-ci dans sa machine avant son passage sur l'autre plan. Une fois la magie emmagasinée, il pourra en faire tout ce dont il souhaite : glace à la fraise ou sous-marin, peu importe tout sera à portée de main. (Les réactions de certains face à cette nouvelle est fort intéressante d'ailleurs)
       Mais a-t-il réfléchi à ce qu'il fera de toute cette magie accumulée ? Non, pas encore, il est pressé par le temps, il en manque pour réaliser son incroyable machine, il a besoin de temps et d'argent.
      Il se rend donc au ministère pour essayer de débloquer des fonds, et contre toute attente, ils lui sont accordés sans le moindre soucis. Tout peut enfin commencer. Vadim  va pouvoir se concentrer sur sa machine. Il lui faut des assistants ? Pas de soucis le ministre lui en fournit deux. Deux originaux avec qui Vadim aura le plus grand mal à s'entendre. Mais peu importe, la machine avant tout.
      Avant tout ? Non pas tout à fait, il y a aussi le projet du ministre ... Un projet incroyable et ambitieux, sur lequel Vadim doit plancher rapidement. Les délais sont courts, et la tâche immense. Et c'est sans compter les questions loufoques que lui pose son assistant. Loufoque ? Peut-être pas finalement...


       Ce texte décrit l'incroyable recherche d'un inventeur, de son énergie à mener à bien son projet et son manque de recul par rapport à celui-ci. Concentré sur son invention première, tout à la joie de pouvoir développer son invention, il exécute sans se poser de questions les demandes du ministre en lien avec sa machine.
      Cependant ce projet est grand et non sans conséquences pour l'humanité. Mais qui s'en préoccupe ? Sûrement pas Vadim tout à l'urgence de sa réalisation, sûrement pas le ministre, gonflé d'orgueil et d'égoïsme ? Qui alors ? Hyacinthe ? Victor ? les deux assistants de Vadim ? la presse ?
 

        C'est l'exemple typique d'une projet scientifique qui échappe aux mains de son créateur quand les politiciens s'en mêlent, et que celui-ci ne prend pas le temps et le recul nécessaire pour mesurer les conséquences de ces actes.
        Le récit accentue fortement le fait, qu'en cas d'invention et de réalisation si incroyable, qui remporte un tel succès, il est bon d'avoir autour de soi des personnages qui permettent de garder la tête froide et qui soulèveront les interrogations nécessaires.
        Hyacinthe, avec son mysticisme et sa spiritualité, questionnera à plusieurs reprises Vadim sur la façon dont les Dieux accepteront ou non, l'incroyable kidnapping de la magie que celui-ci veut entreprendre, déséquilibrant ainsi l'ordre établit. 

         Nous ne connaissons que peu Victor, car il apparaît très vite comme antipathique à Vadim, et nous voyons l'histoire à travers ce dernier, son ressenti et son excitation. Mais Victor n'est pas là par hasard, et s'il sait se faire oublier, il n'a pas pour autant dit son dernier mot.

       J'ai beaucoup aimé les précisions techniques apportées tout au long du récit, qui font qu'on y croit, on se prend même à essayer de réfléchir à comment fonctionne la machine et à quoi elle peut ressembler. Je l'imagine à l'ancienne, avec plein de rouages, de boulons, de cuivre, pardon, d'orichalque, de grandes cuves avec de grands tuyaux, un peu de laiton aussi, de jolis cadrans anciens avec des aiguilles forgées, ... très Jules Verne, très Steampunk. Cela laisse rêveur !

       
       Et c'est à la fin que l'on réalise que l'auteur fait un pari osé : nous proposer à demi-mots une version de la disparition de l'Atlantide. Et tout y est : les raz de marées, les tremblements de terre, ... et j'ai envie de dire : chapeau bas monsieur l'auteur ! Car l'histoire tient solidement la route, malgré sa part de rêve et d'imagination !

       C'est un texte très actuel, qui se met bien en parallèle avec l'actualité mondiale. Qui soulève des questions sur la façon dont notre monde est géré, où l'égoïsme prédomine, où l'on a tendance a oublié la misère et la détresse du voisin, du moment que notre pays est à l'abri. Toutefois l'auteur n'affiche pas ouvertement ce parti-pris, c'est moi qui fait ce lien. Ce roman peut tout à fait être lu dans son plus simple appareil : c'est à dire une histoire steampunk, sur fond d'imagination débordante !

       C'est Bénabar qui chantait l'Effet papillon, il me semble, et vraiment cela colle bien à cette histoire.

       Un petit texte savoureux que j'invite tous les Steampunk et/ou amoureux de Jules Verne à lire, vraiment vous ne perdrez pas votre temps. En plus d'être rythmé, bien écrit, il contient une pointe d'humour rafraîchissante !
      Dépaysement garanti !


      "Lui, Vadim, allait réaliser le vieux rêve de l'humanité : mêler la mécanique et la magie, me matériel et l'immatériel, la matière et l'esprit. Il avait conçu une machine capable de capturer toute la magie brute de l'univers dans son réservoir avant d'en produire tout et n'importe quoi : de la glace à la fraise au cuirassé insubmersible !"

      "En tout cas, avec votre invention, Professeur, vous allez enlever à la vie le peu qu'elle avait de drôle, énonça soudain Victor."


      "Parce qu'entre le raz de marée et les changements de climat, votre invention géniale va détruire toute l'Humanité restée sur le sol ! Personne ne s'en est préoccupé parmi votre bande d'égoïstes ! Je suis peut-être un sale type, mais même pour moi, c'en est trop. D'autant plus que mes enfants font partie de cette Humanité-là ! Je n'ai pas été un père exemplaire, mais je me dois au moins de les garder en vie !"

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