mercredi 4 décembre 2013

Face aux démons - Etienne Bar

Face aux démons, de Etienne Bar

509pages
Editions Libreterre
Année de parution : 2012

4ème de couverture :
Fronin est un guérisseur paisible au sein de la Confrérie des Edrulains. Mais il se dévoue plus à son art qu’à son épouse… La politique edrulaine le jette dans un conflit entre Borênans arriérés, menés par un seigneur de guerre ambitieux, et Verougues brutaux et impérialistes. Happé de batailles en trahisons, Fronin retrouve Néalanne, son premier amour, peut-être pour se perdre à jamais. Il doit prendre ses propres décisions ou rester la marionnette de conflits qui le dépassent… et de ses propres démons.

    J'ai reçu ce livre en partenariat avec l'auteur et le forum Have a Break, Have a book, et je les en remercie.

      Face aux démons, est un livre de fantasy qui découle d'un jeu de rôle d'après ce que j'ai pu comprendre sur le site de l'auteur. En effet cela se sent pendant la lecture, notamment de par la très grande utilisation de dialogues. Les personnages avancent et évoluent au fil de l'histoire à travers leurs échanges verbaux, tout comme les joueurs d'une partie de jeu de rôle. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, cela n'alourdit pas le récit, au contraire, cela lui donne de l'énergie et un certain élan. De ce fait, les descriptions sont réduites à leur stricte nécessaire et c'est tant mieux. D'ailleurs sur ce point j'ai beaucoup aimé la petite note à l'attention de Véronique dans les remerciements, et j'ai envie de lui dire merci également ! Car grâce à elle le récit est léger et non chargé d'adjectifs inutiles (travers très fréquent chez les jeunes auteurs où un nom propre = un adjectif accolé,bien souvent).
      Autre choix très judicieux de l'auteur pour ce récit : le narrateur change régulièrement, on a ainsi une vision très globale de la situation. L'auteur ne confie pas seulement la parole aux personnages principaux, un quidam de passage peut avoir son instant de narration, enrichissant ainsi le texte. Le narrateur change, mais le style reste cependant le même, il n'y a pas de différences dans la façon de s'exprimer des différents personnages, certains sont peut-être plus sentimentaux que d'autres, mais sans plus. J'avoue parfois être revenue en arrière pour vérifier à qui était le tour de narration, mais cela n'a gêné en rien ma lecture, je vous rassure.
      L'histoire se passe dans les Folandes : groupement d'îles aux peuples très différents. Nos protagonistes principaux habitent sur Libreterre : une terre d'accueil, de partage et de savoirs. Sur cette île pas d'argent : on partage et entretien ensemble les ressources communes. Cette terre d'asile accueille régulièrement des êtres des îles alentours venant y chercher refuge. Qui le souhaite peut devenir Libreterran à condition d'en accepter les lois et coutumes. Une ville s'est contruite : La Tour, sur un lieu où la magie est forte et abondante. Les gens de cette ville ont créé une communauté : les Edrulains, qui a pour idéal et but de garder la paix dans les Folandes. Devenir Edrulain est un choix qui doit se faire de façon réfléchi. La Tour est également un haut lieu de savoirs et de magie. Les protagonistes que nous allons suivre au cours de ce récit font majoritairement partie de la Confrérie Edrulaine. Fronin, Elianelle, Ledane, Nealanne, Ladorne, Lordel, etc... tous de jeunes gens engagés dans la paix et qui n'hésitent pas à risquer leur vie si besoin est. Ils sont d'une très grande loyauté les uns envers les autres, ce qui les amènera parfois à devoir enfreindre lois et limites pour se secourir. Mais si la magie s'avère être une alliée puissance, elle n'est pas suffisante à elle seule pour garder la paix, c'est pour cela que la Confrérie est composée de fins stratèges et que la politique (même si le terme n'est pas employé dans le texte) est reine. Toutes les actions des Edrulains sont pesées et analysées : le pour, le contre, les effets immédiats, et les effets secondaires, le court-moyen-long terme est évalué. Il vaut mieux parfois donné un coup de mains à ses ennemis contre d'autres ennemis commun pour se protéger soi-même, et cela la Confrérie l'a bien compris. Nous n'avons pas là une vision manichéenne du monde, et c'est tant mieux !
     Au milieu de tous ces stratagèmes et ruses politiques, nous suivons plus particulièrement Fronin de Lyr. Né sur Borêne, il y vécu une enfance plus que malheureuse, il sera recueilli par les Verouges avant de rejoindre Libreterre. Fronin est un guérisseur hors paire et possède un don inné pour les langues. Homme pacifique de nature, il cherche à comprendre avant de juger, et préfère la diplomatie à la guerre. Mais comment trouver sa place lorsque l'on lui signifie que son don est unique ? qu'on lui dit qu'il doit se préserver et se reposer alors qu'il n'aspire qu'à soigner encore et encore ? quand il sent qu'il n'en a pas le choix ? quand il se sait amoureux d'une femme a des lieux de lui et que celle dans son lit attend ce qu'il ne peut plus lui donner ? Etre Edrulain, c'est aussi ne pas avoir le choix et devoir obéir sans sourciller aux ordres du Conseil des Grands Maîtres. Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse découvrir ces quelques années mouvementées de sa vie.
     Heureusement que les amis sont toujours là.
     A travers le livre nous pouvons retrouver certains débats qui occupent notre société. Sur les Folandes plusieurs religions se côtoie et l'on ne peut que relever certains clins d'oeil aux grands courants religieux de notre monde. Les Servants de l'Unique ne sont que des hommes, qui plus est font voeux de chasteté ... ce n'est pas sans rappeler quelque chose. Les femmes des Borênans sont voilées et portent de amples vêtements... mais pas partout, dans certaines contrées elles ont le choix de le porter ou non... L'auteur est habile, car ce sont de petits détails glissés par-ci par-là dans le récit, dont toujours ressort l'idée de tolérance et la demande de compréhension. J'ai souri au moment où le Haut Dignitaire des Servants de l'Unique émet l'hypothèse que Lokar et l'Unique ne puissent être qu'un seul et même.
      Le récit est truffé de petites choses comme ça qui nous ramènent à notre monde, et l'auteur tente de nous démontrer que si on acceptait la différence de son voisin au lieu de se braquer contre celle-ci, nous serions tout aussi, voir plus heureux encore.
      Pour conclure, Face aux démons, est un livre passionnant, qui se lit bien malgré la multitude de personnage, mais pour lequel je pense qu'il faut prendre son temps afin de bien le savourer. C'est un monde à part, mais pour lequel il est très facile d'embarquer.
     Je vous souhaite bonne lecture !

     "- Je bois à mon vieux papa !
Solkar leva le sien à son tour :
- Je bois à Libreterre, qui sait si bien nou accueillir, et pour laquelle je donnerais ma vie.
Vint le tour de Ladorne :
- Je bois à l'amour, sans lequel cette vie serait sans saveur.
Ils se tournèrent vers moi : 
- Je bois à l'amitié, qui peut faire naître la joie et l'espoir dans les pires instants.
Faëdar conclut :
- Je bois à la Magie et à Lokar qui nous l'offre. Puissions-nous toujours en faire juste usage."

     "-La haine est la ruine de l'âme, Néalanne. Une perte de temps. Un acide pervers."

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