Enceint ! Journal d'un futur père, de Francis Guthleben
336 pages
JC Gawsewitch Editeur
Parution : 15 mars 2013
Livre papier et électronique
Présentation de l'éditeur :
Un homme, une femme, l’amour… et le ventre maternel s’arrondit pour
accueillir l’enfant. Mais que se passe-t-il dans la tête et le corps
d’un homme pendant la grossesse ? Loin d’être idylliques, les 9 mois
avant la venue de l’enfant oscillent au rythme fragile des joies, des
espoirs et des inquiétudes. Questionnements existentiels, vulnérabilité
exacerbée, souvenirs d’enfance ressurgissent et alternent avec les
bouleversements au sein du couple. Avec une franchise et une sensibilité
à fleur de peau, Francis Guthleben dépeint le futur père qui apprivoise
doucement son identité et sa nouvelle paternité. Un récit sans
concession et sans tabou d’un père « enceint » qui triomphe de la plus
belle des luttes_: celle que l’on mène contre soi-même.
Quand on parle grossesse on
pense tout de suite à la mère, à la maternité, au ventre qui s'arrondit, aux
envies de fraises, au tricotage de la layette, aux sautes d'humeurs. Pourtant
la grossesse ce n'est pas que ça !
Ce n'est pas que le corps de la femme qui se
transforme, il n'y a pas que la maman qui attend la venue au monde du bébé, il
y a aussi le papa ! Ce livre s'intéresse justement à la paternité, aux
interrogations du père.
Mais ce livre va au-delà il nous raconte les neufs mois d’attentes, de rêves,
de partages, d’appréhensions, de doutes, d’angoisses, de rires … de ces deux
parents focalisés sur leur désir d’enfant. Désir si grand qu’il pourrait
déplacer des montagnes. De la conception à la naissance, le "Petit Nous" occupe
toutes leurs pensées, rythme leurs vies.
Les premiers chapitres sont
assez étranges. On assiste à la conception : moment d’amour et de
communion totale des deux parents. Leur désir est si fort qu’ils s’imaginent
tout de suite que la fécondation a fonctionné. Les jours qui suivent sont
partagés avec la joie psychique de cette nouvelle et la raison qui leur
rappelle que les statistiques ne jouent pas forcément en leur faveur. Mais les
deux futurs parents n’en démordent pas, et vivent leur vie pleine de fusion en
gardant ce rêve dans un coin de leur tête.
Et puis vient le test de grossesse,
qui sans surprise se révèle positif. Ils peuvent enfin proclamer à voix haute
qu’ils vont être parents.
Viennent ensuite les premières
interrogations légales : un mariage sera donc célébré, par amour et pour
donner un cadre juridique et légal aux deux parents. Dans notre société lorsque
les deux parents ne sont pas mariés, il faut faire des démarches pour que soit
reconnue l’autorité parentale partagée.
Puis viennent les questions plus personnelles : pourquoi faire un
enfant ? serais-je un bon parent ? comment cela va se passer ?
Le passé ressurgit tel un ouragan, manquant presque de détruire ce couple qui
paraissait si uni. Il va falloir à chacun prendre son courage à deux mains pour
se réconcilier avec son enfance et avec sa famille. Il va leur falloir mettre
des mots sur les souffrances trop longtemps gardées, trop longtemps tues. Faire
fit de l’enfant malheureux qu’ils ont pu être, pour se recentrer sur les
moments heureux de cette période.
Tous les futurs parents n’ont pas besoin de se réparer, mais il y a une
certaine logique à se tourner vers les modèles que nous avons : nos
propres parents. Il y a cette peur de leur ressembler, ou au contraire ce désir
de faire aussi bien qu’eux, voir mieux. Chacun chemine doucement et à son
rythme sur le chemin de son enfance, s’il ressent le besoin d’y retourner.
Aujourd’hui les jeunes parents
ont une foultitude de supports à leur disposition pour se renseigner, et Julia
plonge tête la première dans quantité de livres. Et on constate vite que ses
lectures loin de l’apaiser ou de la rassurer, ne font que l’angoisser
davantage. Le père sera lui aussi perturbé par quelques passages lus dans un
livre. Ce qui se veut rassurant, ne l’est pas mais ils s’y accrochent, alors
qu’instinctivement, ils ont les gestes d’apaisement pour leur enfant.
Trop
intellectualiser la grossesse peut être source d’angoisses, de paniques, alors
que c’est un phénomène naturel ancré dans le corps de la femme, qui sait gérer
son propre bien-être pour peu qu’elle s’écoute et qu’elle reste attentive à son
corps.
Il n’y a pas de guide miracle de la grossesse, et chacune d’entre elle est
différente.
Ce jeune couple est très fermé
sur lui-même, passe toutes ses journées ou presque ensemble, vit dans une
maison isolée dans la montagne. C’est vraiment une grossesse couvée et très
intime qu’ils partagent, ce qui est loin d’être un cas généralisé. Le père ici
souhaite être très présent, assiste à tous les rendez-vous médicaux, est
attentif aux moindres gestes de la maman, à la moindre ondulation de son
ventre… c’est encore une exception. Beaucoup de père se tienne loin de tout
cela, ne se sentant pas concerné ou complètement déboussolé. Il faut que la
maman les inclue dans le duo qu’elle forme avec le bébé, et pour cela il faut
privilégier la communication, ce sur quoi insiste beaucoup l’auteur. Ici ils
sont presque dans une surcommunication de tout.
Comme je l’ai dit plus haut les
premiers chapitres sont assez étranges, on se demande sur quel genre de livre
on est tombé, qui est cet homme, qui est cette femme, sont-ils deux illuminés
complets ? Et puis passé le tiers du roman, l’écriture se détend, les
interrogations deviennent moins philosophiques, le style plus simple. Les
futurs parents s’apaisent vis-à-vis de cette grossesse et cela se sent dans le
texte. Peut-être est-ce une façon de l’auteur de souligner la tempête de
questions et de confusions qui tournaient au départ dans le cerveau du
narrateur, pour ensuite se calmer et devenir plus posé, plus méthodique dans
sa façon d’aborder les choses. Les premiers chapitres parlent des premières
semaines de grossesse, quand il n’y a pas grand-chose auxquelles se raccrocher.
La première échographie est la première preuve tangible de la transformation en
cours, puis le ventre qui s’arrondit, qui se met à bouger, autant de points de
repères dans ce parcours passionnant et déroutant.
J’ai beaucoup aimé le personnage
de Francesca, qui leur signifie clairement qu’ils la saoulent avec leurs
histoires de grossesse et de bébé. Oui tous les futurs parents se sentent
uniques, presque investis d’une mission divine, et oui, du coup ils agacent
tout le monde. Et ensuite, ils continuent lorsqu’ils racontent toutes les
prouesses de leur petit chérubin. C’est une des raisons pour lesquelles,
certains amis ne vous rappellent jamais après une naissance.
J’ai trouvé ce livre intéressant
car il met des mots sur des interrogations que chacun et chacune se pose durant
ces neufs mois. Il m’a permis de suivre un couple dans un cheminement très très
différent du mien pendant ma grossesse. C’est un livre a ne pas lire si ses
enfants sont loin de soi, ni a lire en plein pic d’ovulation, car même si
certains passages sont un peu ennuyeux, du fait de leurs enfances difficiles,
c’est une belle ode à la maternité, à la paternité et au couple. Il nous donne
envie de revivre ses moments uniques et intimes.
J’ai apprécié que l’auteur joue franc-jeu, et nous décrit les bons moments
comme les mauvais, qu’ils nous narrent les situations de crises comme les
moments plaisirs. Il n’y a pas de faux-semblants.
Par contre juste une précision
« médicale » qui m’a heurtée durant ma lecture : les deux
protagonistes ont des rapports sexuels non protégés durant la grossesse, ce qui
est en réalité fortement déconseillé car le sperme a des effets dilatant sur le
col de l’utérus. C’est une des principales causes de fausse-couche pendant les
premières semaines de grossesse.
Cette propriété peut être exploitée au terme des neuf mois pour accélérer et
déclencher l’accouchement.
"Je clame que je veux être au plus près d'elle pendant tout le temps de la grossesse, à l'écoute de son corps, de son âme. je veux toucher, sentir, écouter, regarder l'enfant en son sein. Je veux explorer mes élans et mes tourments. Je veux me préparer à la mise au monde."
"Nous avons loué, glorifié, célébré, exalté, sacralisé l'amour. Nous avons estimé que nos vies méritaient d'être mélangées, prolongées et transmises à un autre être. Mais quel enfant avons-nous fait ? Enfant-ciment ? Enfant-réparation ? Enfant-compréhension ? Enfant-compensation ? Enfant-consolation ? La maternité et la paternité sont-ils des leurres pour tromper le vide ?"
"La grossesse n'est pas un temps de béatitude, c'est un temps de changements, de bouleversements, de révolutions. Acceptons-le ainsi, laissons-nous laver, nettoyer, raviver."
"Il faut inventer, imaginer, construire du symbolique pour permettre à l'homme, plongé dans un magma psychologique, d'être lui aussi porteur de l'enfant pendant les neufs mois de la grossesse."
"Il n'y a pas de GPS magique pour la maternité et la paternité. Il n'y a que le pas à pas."
Merci à l'auteur et au forum Have a break, have a book, de m'avoir permise de découvrir ce livre.
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