dimanche 30 mars 2014

Les Deux Visages de l'amour - Marie Laurent

Les Deux Visages de l'amour, de Marie Laurent

300 pages environ (affichée sur ma liseuse)
Editions Laska
Parution : 6 mars 2014
Livre électronique

Présentation de l'éditeur :
Paris, 1820

Bernard Vessons, jeune demi-solde ruiné par la chute de l’Empire, rencontre lors d’une errance nocturne une femme d’une grande beauté qui croit le reconnaître. Lui-même a perdu la mémoire suite à une blessure reçue à Waterloo. L’inconnue se révèle être Louise de Granville, une aristocrate qui recherche désespérément son époux disparu. Tout les oppose, d’autant que Bernard est engagé dans un complot visant à faire évader Napoléon, mais une force mystérieuse les pousse l’un vers l’autre. Parviendront-ils à se rejoindre en dépit des obstacles et du poids du passé ?


     Les évènements de ce livre se déroulent un peu plus de trente ans après la Révolution de 1789. La France est alors divisée entre deux groupes : les bonapartistes et les légitimistes. Le pouvoir ne cesse de changer de camps, et il devient difficile de savoir qui sont les vrais alliés, les espions ou les ennemis politiques dans ses amis et relations. Chacun cherche à faire revenir au pouvoir celui qu’il juge comme légitime.

      En 1820, après les Cent Jours, Louis XVIII est à nouveau au pouvoir et Napoléon exilé à Sainte Hélène, dont on espère que cette fois, il ne s’échappera pas. Sainte Hélène est isolée et très bien gardée. Pourtant quelques téméraires échafaudent un plan pour faire évader leur empereur, aider par le soutien financier d’un noble, bonapartiste par choix comme il se plait à le dire. Faire partie de ce complot signifie se donner corps et âme à la cause, toute forme d’attachement est prohibée, du moins c’est ce que souhaite le meneur du groupe.

      Le jeune Bernard fait partie de l’aventure. C’est un jeune homme frêle, et défiguré par une balafre souvenir du champ de bataille, mais il ne se souvient duquel, ni du pourquoi du comment. En effet celui-ci a perdu la mémoire, c’est sa sœur Marianne qui l’a retrouvé et lui a patiemment réappris tout son passé. Bernard est fier de son père Caporal dans l’armée de Napoléon, et compte suivre ses pas, en participant à l’évasion.

      Une rencontre vient cependant bouleverser et ses plans, et son cœur. Qui est cette jeune femme qui pense le reconnaître un soir dans la rue ?

     Louise de Granville, est à la recherche de son mari, disparu quelques années plus tôt sans donner de nouvelles. Toujours éprise de lui, elle ne peut le croire mort. Quelle est donc sa surprise de croiser cet homme si semblable à son Philippe, et à la fois si différent.

      Les choses peuvent-elles aller plus loin entre eux ? Malgré les camps politiques qui semblent les opposer de par leurs conditions ? Malgré ses chaperons qui les surveillent sans cesse ? Sont-ils prêts à prendre tous les risques et se revoir ?
      Bernard parviendra-t-il à éclairer son passé ? Louise retrouvera-t-elle la trace de son époux ?
Parviendra-t-elle à connaître quelles raisons ont entraîné Philippe loin d’elle ?

      Ce que j’ai beaucoup apprécié dans ce texte, c’est que l’histoire d’amour, tout en étant capitale, tient une place secondaire. Bien sûr qu’elle s’immisce dans les projets des jeunes gens, les faisant douter de leurs convictions et de leurs choix.
      Mais les enjeux politiques restent sur le devant de la scène. Et nous assistons précisément à ce que devait être la situation à l’époque. Une période politiquement floue, où l’on ne sait plus quel camp choisir, où le pouvoir passe de l’un à l’autre. Qui sont les amis ? Qui sont les ennemis ? Chacun se voit contraint de rester sur ses gardes. Il ne faut pas trop en dire, car comment peut-on être sûr des intentions de son voisin ? Les amis se révèlent aussi fourbes que les ennemis, et il y aurait là pour tout homme raisons à devenir fou.

     Je ne saurais vraiment préciser pourquoi, mais j’ai trouvé qu’il y avait quelque chose de Stendhalien dans ce roman. Les personnages me semblent assez proches de ceux de l’illustre auteur, où est-ce leur situation compliquée qui me donne ce sentiment ? Je suis quitte pour relire Stendhal pour vérifier mon intuition.

     L’auteure ne lésine pas sur les détails, laissant vivre les évènements clefs sur plusieurs pages, nous rapportant fidèlement chaque geste ou pensée des personnages, et passant rapidement d’une scène importante à une autre.
     Malgré les presque trois cents pages du livre, elle nous embarque totalement, j’avoue ne pas avoir réussi à le lâcher le avant la fin (et m’être endormie fort tard aussi). On ne peut laisser les personnages dans la situation où ils sont à la fin de chaque chapitre, il nous faut toujours poursuivre la lecture pour découvrir la fin.
     Si la couverture peut paraître un peu naïve, voir niaise, il ne faut pas s’y arrêter, car ce n’est pas tout à fait une romance qui se cache dans ses pages, mais bien un roman historique rédigé avec soin, qui nous dévoile une tranche de vie de l’époque, en toute simplicité.

     J’ai apprécié que nous passions plus de temps dans la petite maison de Bernard et Marianne, dans les rues et les bistrots de Paris, que dans les hôtels particuliers et les salles de bal ; nous livrant ainsi un Paris plus authentique avec une Province bien calme, et sereine, loin des intrigues. J’ai aimé cette simplicité des personnages, loin de tout faste qui les rend attachants et vrais.

     J’ai passé un bon moment en compagnie de ce livre, qui au départ m’effrayait un peu je dois l’avouer.
     J’avais peur de tomber dans la mièvrerie la plus complète, avec beaucoup de Pathos et d’émotion surfaite, et qui s’est révélé tout autre. Merci à Marie Laurent pour son regard léger sur cette période, et son talent pour nous la rapporter en toute objectivité, sans prise de position aucune.

     « -Maintenant, je suis seule au monde, je n’ai plus personne. 
Philippe bredouilla :
- Tu m’as, moi, nous ne nous quitterons jamais, quoiqu’il arrive. »

     « - De plus, poursuivit l’autre […], nous ne nous appartiendrons plus jusqu’à notre victoire. Aucun lien amoureux ne pourra être formé, aucune amitié en dehors de notre cercle. »

     « Son bras passé sous celui de Bernard, Louise éprouvait le même sentiment de sécurité que jadis, quand elle accompagnait Philippe dans ses randonnées. Etrange. Elle connaissait à peine ce garçon et, déjà, elle avait toute confiance en lui. »

    « Qu’est-ce que je fais là ? s’était-il demandé, en plein désarroi. Tout ce qu’on lui avait enseigné dans son enfance et pendant ses études devenait sujet à caution. Le jeune ultra convaincu qui avait quitté sa Normandie natale trois mois plus tôt voyait ses certitudes vaciller. »

     J'ai reçu ce livre en partenariat avec les éditions Laska et le forum Have a Break, Have a book, et je les en remercie. 


3 commentaires:

  1. Ça a l'air pas mal :-)
    Ça me fait penser aussi à pleins d'autres livres comme le Comte de Monte Cristo, le Rouge et le Noir...
    À tenter ^^

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    1. C'est un chouette moment de détente et on n'est pas du tout dans le niais. En tout cas c'est mon impression en l'ayant lu d'une seule traite. :)

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  2. Une critique de mon roman très fouillée, avec des notations très justes. Etre comparée à Stendhal, oulala! Me voilà à la fois confuse et flattée, merci.
    Marie

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