lundi 2 juin 2014

Deux nuances de Brocoli - Marie Laurent

Deux nuances de Brocoli, de Marie Laurent

120 pages
Editions Artalys
Parution : 14 avril 2014
Livre électronique

Présentation de l'éditeur :
Le chemin d’Amalia Faust, brave fille complexée et un peu nunuche, caissière chez Brico, croise pas hasard celui d’Edouard Green, le séduisant patron d’une boîte de sex toys. Green propose bientôt à Amalia un étrange pacte. Elle découvre un univers insoupçonné où sexe, légumes et soumission sont étroitement associés. Mais à la longue, les positions inconciliables des deux héros risque de rendre leur relation difficile.
Marie Laurent nous offre une parodie déjantée et savoureuse (c’est le cas de le dire), de Cinquante Nuances de Grey.


      Deux nuances de Brocoli est présenté comme une parodie de Fifty Shades, mais est-ce vraiment une parodie ? Certains traits sont en effet amplifiés, mais l'héroïne a assez de bon sens pour se sauver dès que son "partenaire de jeu" utilise une corde pour l'entraver : on est donc bien loin de la série originelle.
     D'accord, je n'ai lu que la moitié du première tome des Fifty Shades, mon bon sens et mon petit côté féministe m'ont empêchée d'aller plus loin dans ma lecture. Peut-être prendrais-je mon courage à deux mains et finirais le premier opus, on verra ... Mais ce que j'en ai lu a est suffisant pour faire la comparaison avec ce texte, car c'est à peut près à cet endroit que s'arrête également Marie Laurent ici.
      Je tiens à souligner que ce texte et cette chronique ne seront parlant que si vous avez lu le roman initial, ou du moins sa première moitié.

     Dans Deux nuances, Marie Laurent reprend à peu de choses près la même trame d'histoire : un homme qui a été initié à une pratique sexuelle particulière lors de son adolescence par une femme d'âge mûr, la rencontre des deux protagonistes dans un magasin de bricolage où travaille la demoiselle et où monsieur vient acheter de la corde (allusion stupide au scoutisme en moins), la colloc' dont elle est proche, un contrat pathétique à signer où mademoiselle s'offre en toute confiance à un homme qu'elle connait à peine ...
     Pas d'originalité sur la trame donc, mais des à côté plus fouillés. Marie Laurent a joué à fond la carte du vert pour un Mr Green devenu végétarien, fan de légumes verts et ne jurant que par la couleur verte. L'introduction du sexe légumier, plus soft que le BDSM, avec serre personnelle sur les toits de Paris et une passion invétérée pour le brocoli, sont originals et peu communs.
     Petite question quand même : le sexe légumier, ça existe vraiment ??

     On sent dans ce texte que l'auteure s'est vraiment amusée autour de la série qui l'a inspiré. On sait tous que Fifty Shades est une fan fiction de Twilight, c'est tout naturellement que son personnage masculin se prénomme Edouard. Quand à la demoiselle Anastasia est devenu Amalia, un prénom un brin plus caractériel, tout comme son héroïne.

     Ce que j'ai apprécié ici c'est la qualité d'écriture. J'avais déjà découvert le style de Marie Laurent dans son texte Les deux visages de l'amour, où j'avais aimé sa fluidité, et sa légèreté, et j'ai été contente de les retrouver. Sa plume simple fait que l'on se laisse porter facilement à travers le texte. Pas de multiples soupirs avec regards au plafond, comme cela avait été le cas pendant mon début de lecture de Fifty Shades. Ouf ! L'auteure n'a joué la carte de la parodie que sur l'histoire pas sur la forme ! Et c'est un livre que l'on peut presque mettre dans toute les mains, car il n'y a pas vraiment d'érotisme ou de sexe dans ce texte, contrairement à Fifty Shades (que l'on croise entre les mains d'adolescentes de 13 ans ??!! ).

     Amalia est beaucoup moins cruche qu'Anastasia, même si elle le reste quand même un bon peu, mais elle a le mérite de rester une femme qui défend ses valeurs morales, ses idées et son corps. Elle ose tenir tête à Green, elle l'envoie promener, décide même quelque chose à sa place, mais surtout elle sait prendre ses cliques et ses claques le jour où pour elle, Green va trop loin. Elle ne reste pas sur son lit à pleurer, en pensant qu'elle l'a mérité. Non elle n'a rien fait de mal, et ne s'en laissera pas convaincre, si Green est un manipulateur, elle, a sa dignité et c'est tête haute qu'elle s'en va, le laissant à sa perversion.
     Un homme n'a rien à imposer à une femme, surtout sur le plan sexuel, et même s'il est beau comme un dieu, rien ne justifie certaines pratiques parce que monsieur a des soucis d'érection. Pour les problèmes de ce genre : le mieux est de consulter. Mesdames n'accepter jamais quelque chose qui ne vous tente pas vraiment, juste pour faire plaisir à un "mâle". La parité, cela vous dit-il quelque chose ?

     Ne vous attendez pas à lire un livre particulièrement drôle, où le fou rire vous prendra à chaque page. Non, avec cette parodie Marie Laurent cherche à souligner tout le ridicule des 50 nuances qui ont connu un tel succès malgré une écriture si pauvre et une histoire qui ne tient pas debout. Grâce à une très grande imagination, elle relève avec brio l'exercice et redonne la parole aux femmes pour rétablir un équilibre dans ce schéma narratif. Je remercie l'auteure d'avoir pris le temps de poser sur papier ce qu'ont pensé une foultitude de femmes et de l'avoir fait d'une façon aussi légère, nous rendant ainsi le sourire.
     Ce livre ne se veut pas une oeuvre littéraire dédiée à la postérité, c'est plus une soupape de décompression et pour cela je voudrais dire : merci Marie ! 

     J'ai passé un moment bien sympathique en compagnie de ce petit livre, qui me fait dire que vraiment les brocolis c'est cuisinés, dans une assiette et à table que je les préfère !

     "Le broco fondait sous la langue comme une crème glacée. Sa saveur insipideexcitait son palais blasé à force de homard, de caviar, de foie gras. Le jeune Green sentit renaître en lui un regain d'intérêt pour la vie."

    "-Vous avez de l'humour, Amalia, j'aime ça. L'humour met du piment dans une relatio,.
Green a appuyé à dessein sur le mot "piment". A quelle sauce veut-il me manger ?"


    Je remercie les éditions Artalys et le forum Have a break, have a book, pour la découverte de ce texte.

1 commentaire:

  1. J'avais bien aimé cette parodie de Fifty Shades. Et en effet, même si ce roman n'est pas voué à la postérité, il était agréable à lire et plus d'une fois les réflexions d'Amalia m'ont bien fait sourire !

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