mercredi 6 août 2014

L'Envol - Philippe Delerm

L'Envol, de Philippe Delerm

43 pages
Editions du Rocher
Année de parution : 1996

4ème de couverture :
Son corps semblait lui peser. Un corps comme étranger à son propriétaire, un corps massif et mou qui n'avait rien de joviale corpulence des joueurs de pétanque, ni la densité des joueurs de rugby.
Plutôt une enveloppe gênante, dont il disposait gauchement, comme pour révéler un impalpable malaise.
Sur la porte du quincailler, l'affiche de l'exposition attendait son regard : "FOLON, musée Ingres. Montauban. Du 25 juin au 5 septembre."

En dessous des lettres, un curieux oiseau svelte à tête d'homme le dévisageait.

    J'ai emprunté ce petit livre à la bibliothèque, un peu par hasard. J'ai beaucoup aimé la couverture, et j'ai aimé le livre et encore plus l'artiste qu'il m'a permise de découvrir : Folon.

    Ce livre est une ode à la peinture de Folon, un artiste belge, décédé en 2005 qui a réalisé de magnifique aquarelle, dont celle de la couverture, mais aussi des huiles et des sculptures, dans un style épuré et un brin naïf. Ce sont des oeuvres ouvertes sur le monde, sur l'immensité, où l'on peut se perdre.

    C'est le cas de notre personnage principal, un homme, à la vie vide et plate, qui découvre par hasard qu'il y a une exposition dans le musée où sa mère l'entrainait souvent lorsqu'il était petit. Par nostalgie ? Par ennui ? Parce qu'il n'a rien d'autre à faire ? L'homme se rend au musée et se trouve complètement fasciné par un tableau intitulé le cri :
    Cette œuvre le fascine, il reste des heures à la regarder. Il quittera le musée en n'ayant à peine jeter un coup d’œil aux autres, mais en se promettant de revenir. Cette peinture semble l'animer et changer sa vie.
    Je vous laisse deviner comment.

    Cet homme est inspiré directement des oeuvres de Folon : un homme perdu dans un grand manteau gris ou un grand imperméable, comme un rempart pour le protéger du monde. Un homme qui va s'alléger et libérer son âme de son corps, tout comme Folon semble penser qu'il y a deux êtres en nous.

    L'homme du livre est peut-être même Folon lui-même ? Cet homme fasciné par les oiseaux et les cerf-volants, qui aurait dit qu'il "voulait mourir en volant."

    L'écriture de Philippe Delerm est un plaisir à lire, aussi bien à voix haute qu'en lecture silencieuse. Il sait jouer avec les mots en toute simplicité, tout en leur donnant une part de rêve et de mystère. J'aime l'idée que cet auteur cherche la lumière et le bonheur dans ses écrits. C'est une écriture chaleureuse, dans laquelle on a envie de se blottir comme dans un plaid pour se reposer et se réconforter.


    " Comme il passait devant le bazar Montaud, un objet l'arrêta. Pourquoi ? C'était un cerf-volant très simple : un oiseau bleu aux ailes déployées sur un fond blanc. On eût dit que les choses l'attendaient ce jour-là : le regard de l'oiseau sur l'affiche, le cri du prisonnier dans sa bulle envolée, cet autre oiseau que rien en apparence ne liait au premier. C'en était fini pour lui d'attendre, de reculer devant la vie."

    "On pouvait vivre en amitié avec le ciel, tout oublier, se fondre dans la nuit naissante, et redescendre, effleurer les feuillages, retrouver des parfums. Avec un cerf-volant on écrivait des mots transparents, invisibles et présents comme un souffle du vent chaud au bord de la rivière, l'ivresse de glisser dans un vide très tendre où le temps ne blessait plus."

    "L'aquarelle c'est peu de couleur et beaucoup d'eau. Peu de couleur et beaucoup d'eau ; c'était bien le secret d'une autre vie plus sage et plus facile, peut-être le secret mélancolique du bonheur."

    A la fin de ma lecture, j'ai eu envie de découvrir un peu l'oeuvre de Folon, qui semble fasciné Philippe Delerm, et l'on comprend vite pourquoi, et j'ai découvert qu'il avait inspiré un autre artiste : Yves Duteil.
     Et ses mots sont assez proches de ceux de Philippe Delerm :

"Comme des bulles de savon
Prisonniers de la transparence
Ceux qu'on aimait doucement dansent
Comme dans les dessins de Folon

On pourrait presque s'envoler
Dans la lenteur de leur passé
Frôler d'un long battement d'ailes
L'exil sans fin qui les appelle"

    Je vous invite à regarder cette petite vidéo où accompagnées de la chanson hommage de Yves Duteil vous pourrez avec délice découvrir ces superbes aquarelles dont parlent le livre :



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Livre lu dans le cadre des challenges : (cliquez sur les images pour voir les challenges) 

http://www.lalecturienne.com/2014/08/a-readings-week-marathon-de-lecture.html

http://www.lalecturienne.com/2014/06/un-peu-docean-sur-mon-roman-challenge.html*http://www.lalecturienne.com/2014/07/suivez-le-guide-challenge.html*http://www.lalecturienne.com/2014/01/challenge-allege-ta-pal.html*
 
http://www.lalecturienne.com/2014/01/challenge-des-100-lectures-2014.html*http://www.lalecturienne.com/2014/01/challenge-abc.html*http://www.lalecturienne.com/2014/07/challenge-xxeme-siecle.html*




 

3 commentaires:

  1. Tu as fait un très bel article qui donne envie de découvrir l'auteur !

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    1. Merci, j'espère que tu auras l'occasion de lire ce délicieux petit livre.

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  2. Wouah !
    Merci pour cette chronique sur un livre de mon auteur fétiche.
    Bravo !
    PS : Je l'ajoute à ma wish-list <3

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