mercredi 16 septembre 2015

Voltaire, Ecraser l'infâme - Isabelle Wlodarczyk

Voltaire, Ecraser l'infâme, de Isabelle Wlodarczyk

123 pages
Editions Oskar, Collection Histoire et Société
Parution : mai 2015

4ème de couverture :
A 70ans, Voltaire est célèbre dans l'Europe entière et n'a plus rien à prouver. Dans ses bons jours, il emploie sa considérable fortune à mettre en valeur la seigneurie de Ferney, près de Genève. Mais le vieux philosophe est plus pugnace que jamais lorsqu'il s'agit de combattre l'intolérance et l'injustice. Accusé d'avoir mutilé un crucifix de bois à Abbeville, le jeune chevalier de La Barre risque la torture et le bûcher. De sa lointaine retraite, Voltaire réussira-t-il à l'arracher aux griffes de l'obscurantisme ?
Un récit pour découvrir et s'indigner, un dossier pour réfléchir et comprendre.


    Dans ce récit romancé, Isabelle Wlodarczyk, nous propose de découvrir un petit peu mieux un instant de la vie de Voltaire, l'un de ses derniers combats contre l'injustice : sa défense du jeune chevalier de la Barre et de ses amis.
    Voltaire nous est souvent présenté à l'école comme un grand philosophe, bourreau de travail, grand penseur qui a révolutionné la façon de penser de son temps. A travers ce portrait, il semble vieux, poussiéreux, fermé dans son cabinet de travail, obnubilé par ses écrits ; comme s'il n'était pas vraiment un homme, seulement une force à penser brute.
    Or Voltaire est avant tout un homme, un homme passionné par le savoir, qui engrange les connaissances comme d'autres les réserves de grain. Tout l'intéresse : l'agriculture, la médecine, l'industrie, ... il aime comprendre chaque chose en détails. Mais c'est avant tout un homme, fait de sensibilité, qui est affecté par l'injustice du monde dans lequel il vit, qui l'a obligé à s'exiler en d'autres terres, et qui lutte de toute son âme pour la dignité humaine et son respect. C'est cette sensibilité qui est son moteur, et qui lui permet de prendre part à des combats tel que celui du chevalier de La Barre.
    A cette époque, les échanges sont longs, les procédures durent des semaines, il faut être patient. Il faut un exutoire à l'angoisse et l'euphorie du "combat". Pour cela, Voltaire cultive sa terre, prend le temps de vivre au rythme de son domaine. C'est celui-ci qui lui donne ensuite l'énergie de s'enfermer des heures durant dans son bureau pour écrire, ré-écrire, ré-ré-écrire, encore les mêmes mots, les mêmes courriers, car il le sait : chaque mot a son poids et il faut l'équilibre parfait pour une défense efficace.
    C'est à Ferney que nous emmène l'auteure, dans cet havre de paix dont Voltaire a fait son bastion. Nous y rencontrons un homme vieux et malade, mais toujours aussi combatif qu'auparavant. Rien ne l'arrête, et il sait qu'il peut compter sur ses fidèles amis.

    J'aime beaucoup ce type d'ouvrage, car il permet d'appréhender les évènements dans leur ensemble et non seulement d'un point de vue purement scolaire. Il met l'homme en avant, dans toute son humanité et ses faiblesses, ses doutes et son assurance. C'est une façon ludique d'apprendre.
    Ce livre est destiné en premier lieu à de jeunes lecteurs, mais il est également parfait pour des adultes. Je pense que je me souviendrais mieux de cette "affaire", comme l'appelle Voltaire, suite à la lecture de ce livre, que ce que j'avais pu en apprendre à l'école. Le côté romancé, sans en faire trop, le développement de l'ensemble des rebondissements, fait qu'il est plus facile de suivre et d'intégrer l'histoire. C'est peut-être bête à dire, mais pour moi "l'affaire" du chevalier de la Barre a à présent un sens. Un sens lourd, profond, qui va au-delà de la défense d'un jeune noble de campagne ; un sens que les livres d'histoire oublie souvent de développer.


    Il est à mes yeux de lectrice et de maman, important d'apprendre en s'amusant, et c'est ce que permet ce livre. J'ai aimé la façon dont l'auteure aborde ce pan de notre Histoire et j'ai aimé sa plume. Elle sait nous tenir en haleine, avec l'envie de savoir non pas le fin mot de l'histoire, mais le déroulement, les rebondissements et les raisonnements de Voltaire. Parfois les péripéties sont plus passionnantes que le dénouement.
    Pour compléter le texte, le livre comprend également une chronologie de la vie de Voltaire, des précisions sur certains points de l'histoire, et la lettre finale écrite par le philosophe. Ce corpus d'annexes complètent parfaitement le texte, sans noyer le lecteur dans les détails inutiles. L'équilibre est parfait.



    "Voltaire était vieux. A son âge supporterait-il une nouvelle bataille ? Le commis aux impôts songeait à tout cela en regardant par la fenêtre le domaine de Ferney, une oeuvre qui se superposait aux livres du philosophe et qui en disait tant sur la grandeur de son esprit : des allées à perte de vue qui paraissaient converger vers un immense théâtre, des champs, des vignes. Tout un monde, une encyclopédie qu'il ne voulait pas voir voler en éclats."

    "A Ferney, dans le pays de Gex, une fois par an, il laboure lui-même ses champs afin d'essayer sa charrue à semoir, une prouesse technologique qu'il est fier de posséder. Ainsi la dernière phrase de Candide, qui invite chacun "à cultiver son jardin",  n'est pas seulement un appel à s'enrichir intellectuellement. Le jardin prend une place importante dans la vie de Voltaire : c'est un lieu de culture !"

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