vendredi 23 octobre 2015

A l'encre bleue - Nadine Thirault

A l'encre bleue, de Nadine Thirault

302 pages
Editions De Borée
Parution : Septembre 2015

4ème de couverture :
Le « Phénomène des Chalous », c'est elle, Reine Bellefontaine, la nouvelle institutrice du village. Un phénomène car, en dépit d'être jeune et inexpérimentée, d'être nommée dans une petite commune au cœur des montagnes où l'école n'est plus qu'un bâtiment tombant en ruine sans matériel ni livres, Reine est têtue, fantasque et déterminée. Ses erreurs de débutante et les embûches causées par certaines personnes malintentionnées seront vite dépassées grâce à son ingéniosité et à son enthousiasme, au point de s'attirer finalement la sympathie des élèves et de leurs parents et de devenir une personnalité influente au sein du village..
 

    Je prends enfin le temps de vous parler de ce livre que j'ai lu fin septembre et que j'ai adoré. Il est loin pour moi le temps où je prenais le chemin de l'école, à chaque rentrée une petite pointe de nostalgie s'installe en croisant les rayons chargés de cahiers neufs.
   Ce livre c'était l'occasion de se re-glisser pendant quelques pages sur les bancs de l'école. Mais l'école d'une époque que je n'ai pas connue, celle que peut-être mes grand-parents ont connue. En tout cas je leur souhaite, car ça avait l'air drôlement chouette l'école en ce temps là.

    L'histoire nous emmène, quelque part dans un petit village du Forez. Le Forez pour ceux qui ne le savent pas, est un massif montagneux entre Clermont-Ferrand et Lyon (pour faire simple) L'été il y fait frais, et les hivers y sont rudes. Aujourd'hui encore, la vie des habitants de cette région est soumise aux contraintes de la météo.
    C'est dans ces contrées un peu sauvage, que débarde Reine Bellefontaine, une toute jeune femme qui va ici faire ses premières armes d'institutrice. Elle a tout juste la vingtaine et le monde à conquérir. C'est un petit bout de femme courageux et tenace, elle a des idées et compte bien les mettre en pratique.
     Dans le village principal, il y a deux écoles : une privée gérée par des Soeurs et une public tenue par un couple d'instituteur vieillissant. Elle, elle aura la charge de la petite école des Chalous, un lieu-dit perdu un peu plus haut sur les hauteurs. Lorsqu'elle y arrive c'est la surprise : l'école est à moitié en ruine, sent le renfermé et est envahie par la poussière.
    Mais Reine ne sera pas seule, les habitants du bourg, trop contents d'avoir une nouvelle institutrice, se  rassemblent pour lui donner un coup de main, l'installer confortablement et vérifier qu'elle ne manque de rien. Petit à petit, Reine se fait à la vie du bourg, têtue elle ne lâche rien quand à la nécessité d'aller à l'école pour ses élèves, et s'intègre petit à petit à la communauté, en devenant même avec le temps un des piliers.

    Il est très amusant de suivre le parcours de cette femme, jeune et réservée et au premier abord, elle saura se faire aimer de tous, tout en s'imposant. Reine est typiquement le genre de personne qui ont amené de la modernité dans les bourgs les plus reculés de France.
    Jeune femme libre, elle n'a pas peur de circuler sur les routes de nuit en solex, et bien que ce soit rare pour une femme à l'époque, elle n'hésitera pas à passer son permis de conduire, cultivant ainsi davantage sa liberté.
    Mais si Reine a pu réussir à s'intégrer, c'est parce qu'elle a été soutenue, et que tous lui ont tendu la main, comme cela se faisait si spontanément à l'époque. Si l'histoire se déroulait de nos jours, Reine n'aurait pu arriver à un tel résultat, il est probable qu'elle aurait tourné les talons à la première occasion venue.

    A travers ce livre, c'est le monde de l'éducation qui est passé en revue. Reine insiste sur l'importance pour ces élèves de suivre la classe, même si jamais ils ne quitteront la ferme familiale. Les deux guerres étant passé par-là, Reine sait que le progrès est en marche, et qu'il est vital de donner aux jeunes la possibilité de le comprendre et l'accepter, et pour cela il faut étudier, et passé son certificat d'études. Un jour peut-être, ils n'auront d'autres choix que de travailler à la ville, ou à l'usine, il leur faudra peut-être négocié des contrats,... elle veut qu'ils soient à même de le faire eux-mêmes sans dépendre de tierces personnes, qu'ils puissent prendre des décisions réfléchies en toute connaissance de causes.
    Reine doit aussi trouver une façon d'enseigner qui soit pertinente et complète, qui puisse intéresser tous ces élèves sans les ennuyer. C'est le début des méthodes modernes d'éducation, mal vue par le Ministère de l'Education, très rigide. Reine se rend compte qu'elle suit sans le savoir ce mouvement des techniques nouvelles d'enseignements, ce qui va l'intriguer au plus haut point.

   J'ai aimé lire ce livre. J'ai aimé la plume de l'auteur qui nous entraine en toute simplicité dans ces montagnes, non sans une pointe d'humour. J'ai aimé le fait que cette histoire ait pour une base une histoire vraie. J'ai aimé ce personnage fort et doux à la fois, qu'est Reine Bellefontaine, j'ai aimé tous les habitants du village avec leurs caractères et leurs différences. J'ai aimé ce moment de lecture qui enchante l'esprit et nous fait voyager dans le temps.

    C'est une lecture que je conseille à tous, un vrai moment de dépaysement et de rêves ; une petite bulle de bonheur.

    Et c'est un amusement teinté d'admiration qu'on vit la maîtresse des Chalous traverser Saint-Savieu et gagner la montagne sur son vélo, le visage presque dissimulé par son glob, si boen qu'on aurait cru le monde partir à la conquête des Chalous.

    Si la maladie ne l'avait pas emporté si tôt, il aurait peut-être transmis à sa fille le bon sens qui lui faisait défaut. Sa mère, qui avait élevé ses filles seules, était persuadée, quant à elle, qu'il n'y avait de connaissances que livresques et avait toujours encouragé ses filles à bien travailler à l'école. Sans doute se trompait-elle. On pouvait apprendre de tous et partout. 

    Grâce à Madeleine Marcoux, Reine s'était affranchie des ses dernières retenues/ Elle entrevoyait ce qui était déjà bien ancré en elle mais contre lequel elle luttait. Être adulte ne voulait pas dire être triste, grave et angoissé. Il fallait garder de l'enfance ce qui nous permettait de demeurer légers et libres.

2 commentaires:

  1. Franchement, tu me donnes envie avec ce livre :)

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  2. Voir aussi le livre ( antécédent) de Christian Signol "Une si belle école" selon la même trame !!

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