lundi 31 août 2015

C'est lundi que lisez-vous ? [59]

 
"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?

Ce que j'ai lu la semaine passée :

Du 24 au 30 août 2015
Une jolie petite semaine de lecture. J'ai passé un excellent moment avec le livre de Sophie Divry, dont je vous reparle très bientôt. Je ne sais encore trop quoi penser du second, je crois que c'est un livre qui a besoin de faire son chemin en nous...

*

 - Quand le diable sortit de la salle de bain, de Sophie Divry
- Le courage en héritage, de Calouan

Ce que je suis en train de lire : 
   
  Comme un besoin de digérer mes deux dernières lectures... je n'ai encore rien commencé.

 Mes prochaines lectures :

Je pense que je ferai un tour du côté de ma liseuse car l'autre jour elle boudait, se sentant totalement abandonnée ... Je ne peux pas vraiment lui donner tort, ces derniers temps je n'ai lu que des livres papiers ou presque.

Et vous que lisez-vous ?

jeudi 27 août 2015

Les clairs de lune de Théo - Mariane Oestreicher-Jourdain

Les clairs de lune de Théo , de Mariane Oestreicher-Jourdain

165pages
Editions Oskar
Parution : mai 2015

4ème de couverture :
A la mort de sa grand-mère, Théo est placé en foyer avec pour héritage une boîte contenant les disques vinyles qui ont bercé son enfance, et une somme d'argent léguée en secret pour qu'il s'achète un piano, lui qui n'en a jamais joué.
Partant à la recherche de ce piano, Théo commence alors un long chemin vers son passé troué de secrets et de mensonges. De rencontre en rencontre, de sonate en prélude, d'une branche à l'autre d'un arbre généalogique blessé, Théo va découvrir ce que les adultes, lâches ou trop inquiets, ne lui ont jamais révélé. Car la musique, elle, ne craint pas de dire les choses.

    Restons aujourd'hui encore dans le monde de l'enfance avec les mots magnifiques de Mariane Oestreicher-Jourdain. Les clairs de lune de Théo est un roman à mettre, une fois encore, dans toutes les mains ! La maison d'édition le conseille à un public de 11 à 111ans et je pense qu'elle a raison.

    Dans ce roman, nous rencontrons Théo, un petit garçon comme les autres qui vit avec sa grand-mère dans une petite maison au bord de la mer. La vie y est paisible et pleine de la musique des vinyles qu'elle garde précieusement dans une boîte. Théo aime ces moments de calme où musique classique et bruits de l'océan se mêlent et s'entremêlent.
    Lorsqu'il sera placé en foyer, après le décès de celle qui l'a élevé, c'est la première chose qu'il demandera : de quoi écouter ses disques.
    Puis survient cet ordre de sa grand-mère : acheter un piano avec l'argent qu'elle lui a légué. Mais comment acheter un piano ? où le mettre ? Quand il en parle à son éducateur, celui-ci est bien embêté car ce n'est pas si simple d'acheter un piano, surtout avec de l'argent qui n'a pas été légalement transmis. Mais Théo décide d'acheter lui-même son piano, et un jour, il se rend au magasin de musique et c'est LA rencontre : il est là devant lui qui l'appelle à venir caresser son bois, appuyer sur ses touches ... Pour Théo c'est le déclic, le moment où sa vie bascule : il veut ce piano, celui-là et pas un autre.
    La quête de son piano va conduire Théo dans une autre quête : un quête familiale et généalogique. De note en note, la musique va lui permettre de reconstituer son passé, de comprendre ce qui n'a jamais été dit, faire tomber les tabous et les tristesses, permettant le pardon et la réconciliation.

    C'est un livre plein de beauté et d'espoir, bien que des sujets plutôt rudes soient abordés : la mort, l'abandon, les camps de concentration. Autant de sujets que les adultes croient bons de taire aux enfants pour les protéger, autant de silences qui creusent des fossés plus larges les uns que les autres entre les membres d'une même famille.
    La lettre de la grand-mère éveille la curiosité de Théo, il est à présent tout seul, et pour continuer d'avancer il doit savoir, alors pour la première fois de sa vie il n'obéit pas et il cherche à remplir les manques du passé.
    Lorsque Théo joue, c'est comme s'il libérait son esprit et que toutes les données que son inconscient retenait prisonnières, se déversaient et se mettaient en place dans son histoire. Comme s'il s'oubliait pour laisser à la vérité la place d'éclater. Théo s'abandonne dans les bras de son piano, et celui-ci le protège, l'entoure de ses notes et lui conte doucement, à l'oreille, les histoires qu'il a besoin d'entendre.

    En dévoilant un autre aspect des camps de concentration, l'auteur amène son lecteur à se poser des questions, à en savoir plus. La musique était présente là-bas ; mais la musique n'est pas toujours synonyme de bonheur, de légèreté, l'horreur peut dévorer et tâcher à jamais une source de bonheur et de plaisir. J'ai apprécié que l'auteur à travers cette anecdote, ce chemin détourné, pousse le lecteur à aller plus loin, à creuser, à chercher et à comprendre, même si le sujet est déplaisant.

    J'ai beaucoup aimé chacun des personnages qu'a créé l'auteur, pleins de douceur et d'empathie. Ce sont des gens que nous aimerions rencontrer sur notre chemin. Peut-être les rencontrons-nous, mais ne leur donnons-nous pas la possibilité de partager un moment notre route ? Théo a cette confiance qu'ont les enfants, à suivre leur intuition, à ressentir les gens plutôt que de les juger sur ce qu'ils sont ou ce qu'ils paraissent. Nous avons beaucoup à apprendre des enfants. Et beaucoup à apprendre de ce livre.

   J'ai passé un merveilleux moment de lecture avec ce livre. Je me suis laissée portée par les mots de l'auteure, j'ai souri avec Théo et eu les larmes aux yeux. Le piano a fait vibrer ma corde sensible, et j'ai entendu ses notes couler en cascades dans ma tête.
    Si vous voulez un livre plein de poésie et de musique, d'humanité et de partage, je vous conseille d'ouvrir ce livre et de vous abandonner entre ses pages.

"Mais Théo n'avait pas hurlé. Il ne hurlait jamais. Alors il s'était envolé au-dessus de la mer, commes les mouettes. Quand il était revenu dans la salle aux murs blancs et orange, il avait simplement levé la tête et dit :
- Je peux vous poser deux questions ?"

"Joue, Théo, joue ! Je te raconterai les jours.
Et la musique coulait, fusait, jaillissait.
Tu es venu ici pour me retrouver. Joue... Tu verras que jouer, c'est aussi retrouver des secrets."


"Vous avez même pas compris que quand vous vous taisez, c'est encore pire que des mensonges. "

mercredi 26 août 2015

La peur au placard - Perrine Leblan

La peur au placard, de Perrine Leblan

78 pages
Editions Oskar, Collection Court Métrage
Parution : juin 2015

4ème de couverture :
Quête d'identité - Adolescence - Intolérance
Une nouvelle année scolaire commence pour Elsa. Elle s est toujours sentie un peu mal à l aise, un peu étrangère, mais cette année, c est différent et elle ne sait pas mettre de mots sur ce qu elle ressent. Depuis quelque temps, elle se surprend à regarder un peu trop la fille du premier rang. Mais pourquoi ? Une nouvelle angoisse l envahit... 




    La puberté entrainant de brusques changements hormonaux, survient alors la question de l'attirance. C'est le moment de toutes les questions : suis-je attiré par les garçons ? par les filles ? par les deux ? est-ce normal si je suis une fille ? ou si je suis un garçon ?
     La "norme" veut que les filles aiment les garçons et les garçons aiment les filles. En restant terre à terre, c'est la logique de la reproduction de notre espèce. Si les choses étaient aussi simples, cela se saurait. Les hormones sont de petites canailles qui viennent parfois bien embrouiller les choses, sans compter le psychique qui peut s'y mettre aussi ; le tout donnant des adolescents complètement perdus, qui ne savent plus que dire ou que faire, et qui ne savent pas toujours vers qui se tourner.
    Ce petit livre sera d'une grande aide pour ces jeunes, et pour les parents ou personnels encadrants qui ne savent pas toujours comment aborder la question.

    A travers ce petit livre de Perrine Leblan, nous rencontrons Elsa, une jeune fille qui s'interroge sur son attirance pour une autre fille. Cette attirance lui plait et la désoriente tout à la fois. Son père étant très fermé sur le sujet, elle ne peut aborder le sujet à la maison, alors elle se tait et ce silence la mine.
    Heureusement Chloé, une jeune fille au caractère bien trempé, va croiser sa route, et puis il y aura aussi Phil, le meilleur de sa maman qui se révèlera un allié de taille. Tous deux vont accepter Elsa dans sa différence et l'épauler dans sa quête d'identité.

    C'est un petit livre qui prône la tolérance et l'acceptation de soi et des autres. Il cherche aussi à attirer l'attention du lecteur sur le fait que chacun n'est pas forcément ce qu'il paraît être, que l'habit ne fait pas le moine : toutes les filles féminines n'aiment pas les garçons, tous les gros durs n'aiment pas les filles, et tous les garçons-manqués ne sont pas attirés par les filles. Chacun est comme il est : à bas les stéréotypes.

    Ce petit livre est une invitation à la parole, au dialogue. Il est à glisser entre toutes les mains, car même si on n'est pas soi-même sujet à cette interrogation première, nous pouvons côtoyer des personnes qui en souffrent et qui se renferment dans ce silence. Il n'y a pas de honte à aimer quelqu'un du même sexe que soi, pas de honte à le dire, pas de honte à le vivre. La vie serait plus simple si on pouvait dire simplement à quelqu'un "je t'aime" sans être jugé sur ce sentiment... car qu'y-a-t-il de plus beau que l'amour ? N'est-ce pas ce qui fait marcher le monde ?

    Ce que j'ai beaucoup apprécié c'est que l'auteur nous amène très simplement dans la vie d'Elsa, relatant les faits, sans prendre d'autre parti que celui de la tolérance et l'écoute.
    J'ai beaucoup aimé le fait que rien n'est définitif dans ce livre : Elsa est attirée par une fille, soit, c'est une fille à un moment donné, cela ne veut pas dire que ce sera son chemin de vie ni que c'est juste une attirance passagère, c'est là au moment présent, elle en parle, le vit et c'est tout. Aucune étiquette n'est collé, juste une angoisse qui s'est envolée.

    Ce petit livre se laisse dévorer, et vous le refermer le coeur léger, avec l'envie de le laisser trainer bien en vue pour qu'un maximum de gens le lisent. C'est le genre de petit livre que je glisserai dans la bibliothèque de ma fille lorsqu'elle sera ado parce que c'est un sujet important à aborder et que souvent les livres le font mieux que les parents.


  " -"Garçon" ou "fille", c'est juste des petites boîtes qui servent à ranger les gens, mais au fond ça veut pas dire grand chose. Evidemment, la plupart du temps, y a des différences physiques qui permettent de décider dans quelle boîte on va. Sauf qu'il y a des gens qui pensent que ces trucs physiques, ça suffit pas. La seule chose qui peut dire si t'es un garçon ou une fille, c'est ce que toi tu ressens à l'intérieur. Y en a qui se sentent ni garçon ni fille, ou un peu des deux. Y aussi des garçons qui préfèrent s'habiller comme des filles et des filles qui préfèrent s'habiller comme des garçons, d'autres qui préfèrent tout mélanger. Et puis y a des gens qui sont nés garçons ou filles et qui se sentent l'inverse, alors ils changent complètement, même leur physique.
   - C'est... bizarre et vraiment compliqué...
   - Peut-être, mais c'est aussi vraiment intéressant. Et puis, de pas avoir à s'enfermer dans une petite boîte, ça permet d'être tellement plus libre !"

    "- Tu crois vraiment qu'ils me croieraient ? ET puis je m'en fous. Y a aucune honte à être lesbienne, alors ça change rien que les gens croient que je le suis.
    - C'est courageux...
    - Si tout le monde était juste un petit peu plus courageux, on vivrait tellement mieux."


lundi 24 août 2015

C'est lundi que lisez-vous ? [58]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?

Ce que j'ai lu la semaine passée :

Du 17 au 23 août 2015
Cette semaine j'étais en vadrouille, et du coup je n'ai glissé que des livres jeunesse dans mon sac. Livres avec lesquels j'ai passé de très agréables moments de lecture. :)
http://www.lalecturienne.com/2015/08/les-clairs-de-lune-de-theo-mariane.html*

 - Les clairs de lune de Théo, de Marianne Ostreicher-Jourdain
- Voltaire, Ecraser l'infâme, de Isabelle Wlodarczyk

Ce que je suis en train de lire : 
   
J'ai enfin pu commencé ce livre très intriguant : 


- Quand le diable sortit de la salle de bain, de Sophie Divry
4ème de couverture :
    Dans un petit studio mal chauffé de Lyon, Sophie, une jeune chômeuse, est empêtrée dans l’écriture de son roman. Elle survit entre petites combines et grosses faims. Certaines personnes vont avec bonté l’aider, tandis que son ami Hector, obsédé sexuel, et Lorchus, son démon personnel, vont lui rendre la vie plus compliquée encore. Difficile de ne pas céder à la folie quand s’enchaînent les péripéties les plus folles.
     Après la mélancolie de La Condition pavillonnaire, Sophie Divry revient avec un roman improvisé, interruptif, rigolo, digressif, foutraque, intelligent, émouvant, qui, sur fond de gravité, en dit long sur notre époque.


 Mes prochaines lectures :

La semaine qui commence étant elle aussi très chargée, je verrai en fonction du temps disponible et de mes envies. Fin août et début septembre sont plutôt chargés par ici ...

Et vous que lisez-vous ?

lundi 17 août 2015

C'est lundi que lisez-vous ? [57]

 
"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?

Ce que j'ai lu la semaine passée :

Du 10 au 16 août 2015
Semaine plutôt chargée, pendant laquelle je n'ai pas pu avancer comme je voulais dans mes lectures. J'ai pris le temps de finir de finir ce texte assez particulier, dont je vais essayer de vous reparler très bientôt.
 
- Entre les deux il n'y a rien, de Mathieu Riboulet    


Ce que je suis en train de lire : 
   
  Je n'ai rien eu le temps de commencer pour l'instant, hélas. Mais j'ai déjà choisi ma prochaine lecture.
 
 Mes prochaines lectures :

- Les clairs de Lune de Théo, de Marianne Ostreicher-Jourdain
   4ème de couverture : A la mort de sa grand-mère, Théo est placé en foyer avec pour héritage une boîte contenant les disques vinyles qui ont bercé son enfance, et une somme d'argent léguée en secret pour qu'il s'achète un piano, lui qui n'en a jamais joué.
    Partant à la recherche de ce piano, Théo commence alors un long chemin vers son passé troué de secrets et de mensonges. De rencontre en rencontre, de sonate en prélude, d'une branche à l'autre d'un arbre généalogique blessé, Théo va découvrir ce que les adultes, lâches ou trop inquiets, ne lui ont jamais révélé. Car la musique, elle, ne craint pas de dire les choses.

Et vous que lisez-vous ?

vendredi 14 août 2015

La femme qui ne savait pas garder les hommes - Vénus Khoury-Ghata

La femme qui ne savait pas garder les hommes, de Vénus Khoury-Ghata

123 pages
Editions Mercure de France
Parution : mai 2015

4ème de couverture :
    Tu écris comme on crie pour appeler à ton secours, transformer les morts en vivants, retrouver des lieux perdus. Jamais de plan, tes personnages te dictent les mots qu'il faut. Tu écris comme tu jardines, la terre creusée en profondeur comme pour mieux t'ancrer dans le sol français, écris pour liquider un contentieux avec toi-même et ton passé. Tu as rarement recours à l'imagination, ta vie dépasse toute fiction. C'est dans ta nature de perdre les hommes qui t'aiment, dans ta nature d'écrire ce que tu vis, le vécu ne prend sens qu'une fois écrit noir sur blanc ou serré, braise dans ta main, la brûlure confirme que tu es encore en vie. 
    Une femme s'interroge : pour quelles raisons n'a-t-elle pas su garder les hommes qui ont partagé sa vie ? La passion d'écrire est-elle incompatible avec l'amour ?
    Vénus Khoury-Ghata parle de toutes les femmes qui vivent dans une grande solitude après une disparition.
    Vénus Khoury-Ghata rend le deuil presque supportable 


    Depuis que je l'ai eu entre les mains, je n'ai eu qu'une hâte : le lire. Toute de suite j'ai senti que ce livre ne se lisait pas comme ça, n'importe comment, qu'il lui fallait un écrin, un moment tout à lui, hors du temps, hors de moi. Je l'ai glissé dans mon sac lors d'une longue balade, et c'est sous un arbre inconnu que j'ai pu me plonger dans ma lecture, l'esprit libre et léger.

    Dans ce livre nous rencontrons une femme, la femme en noire, qui au travers de sa plume, de ses pensées et de sa vie nous parle des deux hommes qui ont traversé sa vie y laissant une empreinte indélébile et deux entailles profondes.
    Le premier était jeune, beau, l'aimait et était aimé. Ils se sont mariés, une enfant est née de cette union et il a disparu, emporté par la mort. Une vie vient en remplacer une autre. La femme en noire, est allée au cimetière, a dispersé les cendres, a fait des confitures et a fermé son coeur. Elle s'est sentie veuve à jamais, vivant chaque jour avec le "fantôme" de son mort qui ne veut pas quitter les lieux. Commence une nouvelle vie à deux, où chacun reprend sa place.
    Un jour, un autre homme se présente, un vieux comme elle le dit. C'est l'enfant qui les présente. La femme en noir l'accueille dans sa vie, partage la sienne, mais ne lui ouvre pas son coeur. Cet homme veut l'épouser, elle ne veut pas : elle est déjà mariée et lui aussi, chacun a son fantôme. L'homme emménage chez elle, partage son appartement et veut y mourir.
   La femme en noir se rendra à nouveau au cimetière, dispersera les cendres et fera des confitures. Une nouvelle vie commencera alors.

    Armée de sa plume, la femme en noire, fait revivre ses morts, nous les fait connaître, les fait disparaître, les invites et les congédies au fil de ses réflexions, de ses interrogations, de ses rêves, des ses désirs, de ses humeurs.
    Nous traversons cette lecture comme nous traverserions un grand bal, passant de la valse, douce et romantique, à la polka enlevée, à la scottish joyeuse, à la marche trainante. A travers ses mots, Vénus Khoury-Ghata, nous fait passer par toutes les émotions, joue sur notre corde sensible, choque parfois, lève des interrogations.
     Nous devenons cette femme en noir qui fait de l'écriture un exutoire, elle nous habite, ses mots semblent nôtres. Nous devenons ce mort pris à témoin, cet inconnu à qui l'on déballe tout ce que l'on a sur le coeur pour se sentir plus léger.

    Il n'y a rien de plus difficile à surmonter que le décès de son conjoint car il vous laisse seul et désemparé dans une vie dont il ne fait plus partie. Il vous abandonne sans retour possible, coupant tout contact. C'est le silence qui est le plus pesant.
    Chacun essaye de faire revivre ses morts à sa façon, parce que leurs présences semblent rassurantes, tant qu'on les raccroche à notre vie, ils ne sont pas tout à fait partis.
    La femme en noir écrit encore et toujours pour les faire revivre, l'exercice reste vain, elle en est consciente, mais c'est encore ce qu'elle a trouvé de mieux.

    Vénus Khoury-Ghata a une plume incroyable, à la fois poétique, franche et subtile. Elle surprend son lecteur. Il m'est arrivé de relire certains passages et de me dire qu'elle aurait pu le rendre plus poétique encore, avant de réaliser que non : elle casse un paragraphe par un mot, une expression pour rendre au deuil toute son amertume, sa colère ou sa douleur. Chaque mot a la tonalité juste pour vibrer sur la corde des émotions.

    Ce livre est un petit bijoux de poésie et d'émotion. De ces petits livres à garder dans un coin de sa bibliothèque parce qu'un jour il se fera cataplasme ou rallumera la flamme de la mémoire
    Je garde un délicieux souvenir de ce moment de lecture, hors du temps.

    Lis et écris plus vite que tes yeux et ta main, le regard, tourné en dedans, brille comme au fond d'un trou. L'écriture te sauve à chaque défaite, à chaque perte d'un être cher. Un livre terminé tu te sens vulnérable, tout t'agresse. Impression de remuer sans cesse la boue qui stagne au fond de toi, épaisse comme une vase d'étang ; l'écriture te tenant lieu de colonne vertébrale, de garde-fou contre le mal d'être, le mal de vivre.

    Faut-il que les êtres soient habillés de terre pour que tu te rendes compte de leur existence : les morts arrivent dès que tu les invites sur ta page, font trois tours puis s'en vont sans le moindre mot consolateur, sans lire le paragraphe qui les concerne, et la page se désolé quand l'écriture reste impuissante à asseoir le mort à table pour une discussion franche afin de savoir qui avait tort et qui avait raison.

    Les morts n'ont que faire des potages et de l'écriture.

    Entourée d'hommes mais si seule, en manque d'amour mais tu ne cessais de le rejeter. Tu as du mal à imaginer un homme entre tes murs, dans ton lit. Tu te veux veuve à vie. Pourquoi alors ce désarroi chaque fois qu'un homme meurt ou te quitte alors qu'un homme n'est pas un toit qui protège des intempéries, n'est pas une porte qui protège des cambrioleurs, n'est pas un mur où s'adosser ? Un homme n'est qu'un homme.

lundi 10 août 2015

C'est lundi que lisez-vous ? [56]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?

Ce que j'ai lu la semaine passée :

Du 3 au 9 août 2015
Petite semaine de lecture, avec deux superbes livres plein de délicatesse sur deux sujets délicats à aborder. Une belle semaine de lecture comme je les aime !
http://www.lalecturienne.com/2015/08/la-femme-qui-ne-savait-pas-garder-les.html*http://www.lalecturienne.com/2015/08/la-peur-au-placard-perrine-leblan.html
 - La femme qui ne savait pas garder les hommes, de Vénus Khoury-Ghata
- La peur au placard, de Perrine Leblan

Ce que je suis en train de lire : 
   
 Ce livre me tentait vraiment beaucoup, je me suis donc plongée de dedans. Si sa lecture est intéressante, je sais d'avance qu'il me faudra quelques temps pour le terminer : ce n'est pas un livre qui se dévore d'une traite. Je vous en reparle très vite.


- Entre les deux il n'y a rien, de Mathieu Riboulet    

    À l’orée des années soixante-dix, à Paris, à Rome, à Berlin, les mouvements de contestation nés dans le sillage des manifestations étudiantes de 68 se posent tous peu ou prou en même temps la question du recours à la lutte armée et du passage à la clandestinité. S’ils y répondent par la négative en France, ce n’est pas le cas en Allemagne ni en Italie, mais pour les trois pays s’ouvre une décennie de violence politique ouverte ou larvée qui laissera sur le carreau des dizaines et des dizaines de morts, sans compter ceux qui, restés vivants mais devenus fantômes, s’en sont allés peupler les années quatre-vingt de leurs regrets, leurs dépressions ou leur cynisme.
    Témoin de cette décennie de rage, d’espoir et de verbe haut, le narrateur s’éveille au désir et à la conscience politique, qui sont tout un, mais quand son tour viendra d’entrer dans le grand jeu du monde, l’espoir de ses aînés se sera fracassé sur les murs de la répression ou dans des impasses meurtrières. Il aura pourtant eu, dans un bref entretemps, loisir de s’adonner aux très profonds bonheurs comme aux
grandes détresses de la politique et du corps aux côtés de tous ceux qui, de Berlin à Bologne, de Billancourt à Rome, de Stammheim à Paris, tentèrent de combattre les forces mortifères qui, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, s’attachèrent à faire de l’Europe le continent à bout de souffle où nous vivons encore.
 
 Mes prochaines lectures :

Un peu de jeunesse, un livre de poche à glisser dans mon sac et un livre qui s'annonce plein de poésie.

Et vous que lisez-vous ?

lundi 3 août 2015

C'est lundi que lisez-vous ? [55]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?

Ce que j'ai lu la semaine passée :

Du  27 juillet au 2 août 2015
La semaine a commencé sous le soleil Corse, et s'est achevée par un retour à la maison. Pendant ces vacances, j'étais très optimiste et pensais pouvoir lire beaucoup, beaucoup, beaucoup. Je comptais notamment sur les 14h de traversée en ferry et sur de longs après-midi de calme. Au final j'ai dormi tout le long de la traversée du retour, et j'ai profité de chaque instant sur l'île de beauté ;  si j'ai pris le temps de lire, je ne suis pas arrivée au bout du Secret de Miette, la fin a été dévoré sur mon canapé. J'ai ensuite enchainé avec une petite lecture, qui sonne bon la nostalgie des vacances : Trouve-moi.
Je n'aurais pu faire meilleur choix de lecture de vacances et de retour !
http://www.lalecturienne.com/2015/09/le-secret-de-miette-marie-de-palet.html*http://www.lalecturienne.com/2015/09/trouve-moi-christophe-leon.html
- Le secret de Miette, de Marie de Palet
- Trouve-moi, de Christophe Léon


Ce que je suis en train de lire : 
   
    Le retour au calme, à la maison a été un moment propice pour me plonger dans cette délicieuse lecture empreinte de poésie et d'émotions. C'est une lecture qui se déguste, comme un pot de miel à la petite cuillère. Un de ces livres où l'on n'est pas pressé de connaître le fin mot de l'histoire, si tenté qu'il y en est un ...

- La femme qui ne savait pas garder les hommes, de Vénus Khoury-Ghata
     Tu écris comme on crie pour appeler à ton secours, transformer les morts en vivants, retrouver des lieux perdus. Jamais de plan, tes personnages te dictent les mots qu'il faut. Tu écris comme tu jardines, la terre creusée en profondeur comme pour mieux t'ancrer dans le sol français, écris pour liquider un contentieux avec toi-même et ton passé. Tu as rarement recours à l'imagination, ta vie dépasse toute fiction. C'est dans ta nature de perdre les hommes qui t'aiment, dans ta nature d'écrire ce que tu vis, le vécu ne prend sens qu'une fois écrit noir sur blanc ou serré, braise dans ta main, la brûlure confirme que tu es encore en vie.
    Une femme s'interroge : pour quelles raisons n'a-t-elle pas su garder les hommes qui ont partagé sa vie ? La passion d'écrire est-elle incompatible avec l'amour ? Vénus Khoury-Ghata parle de toutes les femmes qui vivent dans une grande solitude après une disparition. Vénus Khoury-Ghata rend le deuil presque supportable

 
 Mes prochaines lectures :

Comme d'habitude, je choisirai en fonction de mes envies du moment :)

Et vous que lisez-vous ?