187 pages
Editions Buchet Chastel
Parution : Août 2015
4ème de couverture :
« On ne sait pas où elle va. Elle, ne le sait sans
doute pas non plus. Elle est maintenant dans la rue, son sac sur
l’épaule. Elle marche, non pas comme on la voit marcher dans son
habituelle frénésie, non, elle marche d’un pas nouveau, décidé et calme.
Elle est dans la rue. Elle a commis l’impensable et pourtant elle est
légère - une princesse se réveillant d’un sommeil de cent ans. »
Elle est l’aînée et ne s’est jamais comportée en enfant. Elle s’occupe des frères et soeurs, du père et de la mère. Elle joue la maîtresse de maison, tient ce rôle avec un tel sérieux qu’elle ne parvient plus à s’en défaire.
Depuis toujours, l’amour qui lie ses parents la fascine. Dans sa solitude, elle observe et rêve de vivre une aussi merveilleuse histoire.
Un jour, pourtant, elle décide de quitter les siens.
Des mots jamais dits est un conte. Avec sensibilité, Violaine Bérot explore les failles mystérieuses que l’enfance et la famille creusent en chacun.
Je dois reconnaître que si le titre m'avait interpellée, le résumé l'a fait encore plus. Quelle histoire allait donc se cacher derrière ces pages ?
C'est un roman, dont j'ai repoussé plusieurs fois la lecture, ce ne devait pas être le bon moment... Mais le jour où je l'ai commencé est aussi celui où je l'ai terminé. Certes il n'est pas rare que je finisse un livre en une journée, mais c'est plutôt lorsque je commence un livre dans la soirée, et que j'en poursuis la lecture tard dans la nuit. Ici, ce fut différent. Je l'ai commencé le matin, avec mon petit-déjeuner, je l'ai lu jusqu'à la pause du déjeuner. Ce petit intermède était nécessaire avant de finir les dernières pages.
Il y a des livres comme ça, qui vous happent, mais dont vous avez besoin de vous échapper un instant, de respirer, avant de pouvoir y retourner.
Dans ce livre nous faisons la connaissance d'une jeune femme qui toute sa vie a été au service de sa famille. Depuis sa plus tendre enfance, elle a pris soin de son père et de ses petits frères et soeurs. Elle a grandit trop vite, restant en retrait des enfants de son âge, seule sa famille lui importait. Elle regardait fascinée l'amour inconditionnel de son père pour sa mère sans cesse alitée. Elle, elle ne vivait que pour et par le père. Elle avait un statut spécial à ses yeux.
Et puis un jour, elle est tombée malade et s'est retrouvée à son tour alitée, tous sont alors venue la soigner et prendre soin d'elle. Est-ce ce jour qu'elle a réalisé qu'elle pouvait avoir une vie à elle ? Toujours est-il qu'elle décida de partir, d'aller à la grande ville travailler. Elle se trouve une jolie petite chambre sous les toits, qu'elle remplit de livres et de rêves.
Elle rencontre aussi un homme, il est gentil. Elle ne cherche pas plus loin. Ils finissent par s'installer ensemble. La vie semble suivre son cours. Mais est-ce bien le cours normal des choses ? Est-ce bien ce qu'elle veut ? Va-t-elle un matin se réveiller en ayant l'impression d'être passé à côté de quelque chose ?
Ce qui est vraiment intéressant dans ce livre c'est la façon dont les choses sont rapportées. L'auteur a choisi un point de vue extérieur et presque froid. Elle n'utilise que des phrases courtes, peu d'adjectifs et beaucoup de courts paragraphes. Et pourtant malgré cette froideur apparente, il y a beaucoup de poésie dans les mots et cela réchauffe le texte. Si par moment ce personnage féminin nous semble distant, et nous laisse presque indifférent, à d'autres moment au contraire il nous touche en plein cœur. Violaine Bérot sait magnifiquement bien manier les mots et la langue française. C'est cette maîtrise qui rend ce texte si envoutant, et qui fait qu'on ne peut poser le livre. Malgré cette distance avec le personnage principal, il résonne en nous, et notre curiosité est sans cesse titillée.
A la fin de ma lecture, je suis restée sans voix et sans avis sur ce livre. L'avais-je aimé ? N'était-il resté complètement indifférent ? Est-il vraiment utile ou intéressant de le lire ? J'étais dans l'incapacité de me prononcer sur la question ou de jeter des impressions sur le clavier.
Mais je me rends compte que maintenant que les semaines ont passé, il a fait son chemin en moi, me donnant envie de le relire comme si une relecture pouvait mieux éclairer les impressions qu'il m'a finalement laissé.
J'avoue ne pas l'avoir relu entièrement, je me suis contentée de relire les passages que j'avais marqués pendant ma lecture, de survoler également quelques pages. Et la lumière s'est faite.
Oui il était utile de lire ce livre, car il nous éclaire sur la personne humaine. Non pas sur l'humanité toute entière, mais sur ce que peuvent vivre et ressentir certaines personnes. N'est-ce pas une raison pour laquelle nous lisons des livres : pouvoir comprendre l'autre ? Rien que pour cela il était intéressant.
Mais il a aussi résonné en moi d'une autre manière. J'ai eu l'impression de lire la vie d'une femme absente de sa vie, qui ne la vit pas. Je ne veux jamais que ma vie ressemble à celle-ci. Je veux chaque jour être actrice de ma propre vie et en prendre conscience. Mais comme beaucoup, je ne l'ai pas toujours été, j'ai, comme elle, laissé les autres me rendre passive. Comment me direz-vous ? Mais de multiples manières, et ce livre pourra en donner quelques exemples.
Il fait partie de ces livres qui éclairent ; qui par des mots simples, des faits justes relatés en disent milles fois plus entre les lignes et qui savent parler à notre coeur.
Ce fut vraiment une belle découverte et un excellent moment de lecture. Je ne regrette pas de lui avoir laissé le temps, et d'avoir attendu le bon moment pour le lire, sinon je serais passée complètement à côté ou n'y aurait pas pris de plaisir.
C'est une lecture que je conseille, qui fait du bien, mais dont les effets ne se font ressentir que plusieurs jours/semaines plus tard. N'hésitez pas pendant votre lecture à noter des passages, car c'est en les relisant plus tard que le livre pourra vraiment faire échos en vous et délivrer tout son message.
Il fait également parti de ces livres que l'on peut relire toute sa vie, et qui s'éclairera différemment à chaque fois, selon les expériences vécues.
L'amour entre eux est déraisonnable, vertigineux, enragé. Il fait presque peur. Même les contes de fées n'oseraient imaginer que l'on puisse à tel point aimer.
Du père, l'aînée parle comme aucun enfant ne parle de son père. On la sent immensément fière d'être la fille de cet homme - et plus précisément cette fille-là, la première. Lui, paraît absolument convaincu de sa supériorité sur tous les autres enfants de son âge, et cela conforte encore l'invincible détermination de l'aînée. Elle avance vers ce que deviendra sa vie avec une inébranlable foi en elle-même/ Elle a l'air certaine qu'il ne pourra lui arriver que de grandes choses. Rien ne semble lui faire peur. On la regarde se hausser sur la pointe de ses petits pieds. Elle est la princesse du plus merveilleux des rois.
On dirait qu'elle n'est capable d'établir ses relations aux autres qu'ainsi : seul face au groupe. Avec les petits frères et sœurs comme avec les amoureux de quinze ans, elle se retrouve dans la même position : isolée, adorée, intouchable.
Dans la journée, sinon courir, elle semble n'avoir aucune envie. Elle qui, du temps de sa petite chambre, lisait beaucoup, ne lit plus. On dirait qu'elle n'en a pas le courage. Dans cette vie qui est la sienne maintenant, elle s'ennuie, et cela - l'ennui - semble une sensation tellement peu faite pour elle qu'elle s'en trouve comme éberluée. Peut-être est-ce cette fatigue d'elle-même, cette incompréhension devant ce qu'elle est devenue [...]
Dans un quartier tranquille de la grande ville, elle a déniché un petit appartement. On devine son plaisir à s'y lover, seule.
Elle s'est remise à lire abondamment, passe à nouveau des heures à rêver. On dirait que lire et rêver sont pour elle deux activités indissociables.
Plus jamais elle n'acceptera de se satisfaire d'un pâle amour, elle ne veux plus de demi-mesures, d'histoires tièdes, il lui faut du merveilleux, de l'indicible. La vie est un conte et elle en est la princesse, le père avait raison.
Peut-être éprouve-t-elle cette frénésie de lecture dans ce moment de sa vie parce que les livres confirment ses rêves, la fortifient dans sa croyance en son féérique avenir. Parfois, lorsqu'elle termine l'un d'eux, elle reprend immédiatement sa lecture au début, le livre devenant alors, entre ses mains, inépuisables. On comprend que lire l'aide à se préparer à la merveille que sera sa vie.
Elle est l’aînée et ne s’est jamais comportée en enfant. Elle s’occupe des frères et soeurs, du père et de la mère. Elle joue la maîtresse de maison, tient ce rôle avec un tel sérieux qu’elle ne parvient plus à s’en défaire.
Depuis toujours, l’amour qui lie ses parents la fascine. Dans sa solitude, elle observe et rêve de vivre une aussi merveilleuse histoire.
Un jour, pourtant, elle décide de quitter les siens.
Des mots jamais dits est un conte. Avec sensibilité, Violaine Bérot explore les failles mystérieuses que l’enfance et la famille creusent en chacun.
Je dois reconnaître que si le titre m'avait interpellée, le résumé l'a fait encore plus. Quelle histoire allait donc se cacher derrière ces pages ?
C'est un roman, dont j'ai repoussé plusieurs fois la lecture, ce ne devait pas être le bon moment... Mais le jour où je l'ai commencé est aussi celui où je l'ai terminé. Certes il n'est pas rare que je finisse un livre en une journée, mais c'est plutôt lorsque je commence un livre dans la soirée, et que j'en poursuis la lecture tard dans la nuit. Ici, ce fut différent. Je l'ai commencé le matin, avec mon petit-déjeuner, je l'ai lu jusqu'à la pause du déjeuner. Ce petit intermède était nécessaire avant de finir les dernières pages.
Il y a des livres comme ça, qui vous happent, mais dont vous avez besoin de vous échapper un instant, de respirer, avant de pouvoir y retourner.
Dans ce livre nous faisons la connaissance d'une jeune femme qui toute sa vie a été au service de sa famille. Depuis sa plus tendre enfance, elle a pris soin de son père et de ses petits frères et soeurs. Elle a grandit trop vite, restant en retrait des enfants de son âge, seule sa famille lui importait. Elle regardait fascinée l'amour inconditionnel de son père pour sa mère sans cesse alitée. Elle, elle ne vivait que pour et par le père. Elle avait un statut spécial à ses yeux.
Et puis un jour, elle est tombée malade et s'est retrouvée à son tour alitée, tous sont alors venue la soigner et prendre soin d'elle. Est-ce ce jour qu'elle a réalisé qu'elle pouvait avoir une vie à elle ? Toujours est-il qu'elle décida de partir, d'aller à la grande ville travailler. Elle se trouve une jolie petite chambre sous les toits, qu'elle remplit de livres et de rêves.
Elle rencontre aussi un homme, il est gentil. Elle ne cherche pas plus loin. Ils finissent par s'installer ensemble. La vie semble suivre son cours. Mais est-ce bien le cours normal des choses ? Est-ce bien ce qu'elle veut ? Va-t-elle un matin se réveiller en ayant l'impression d'être passé à côté de quelque chose ?
Ce qui est vraiment intéressant dans ce livre c'est la façon dont les choses sont rapportées. L'auteur a choisi un point de vue extérieur et presque froid. Elle n'utilise que des phrases courtes, peu d'adjectifs et beaucoup de courts paragraphes. Et pourtant malgré cette froideur apparente, il y a beaucoup de poésie dans les mots et cela réchauffe le texte. Si par moment ce personnage féminin nous semble distant, et nous laisse presque indifférent, à d'autres moment au contraire il nous touche en plein cœur. Violaine Bérot sait magnifiquement bien manier les mots et la langue française. C'est cette maîtrise qui rend ce texte si envoutant, et qui fait qu'on ne peut poser le livre. Malgré cette distance avec le personnage principal, il résonne en nous, et notre curiosité est sans cesse titillée.
A la fin de ma lecture, je suis restée sans voix et sans avis sur ce livre. L'avais-je aimé ? N'était-il resté complètement indifférent ? Est-il vraiment utile ou intéressant de le lire ? J'étais dans l'incapacité de me prononcer sur la question ou de jeter des impressions sur le clavier.
Mais je me rends compte que maintenant que les semaines ont passé, il a fait son chemin en moi, me donnant envie de le relire comme si une relecture pouvait mieux éclairer les impressions qu'il m'a finalement laissé.
J'avoue ne pas l'avoir relu entièrement, je me suis contentée de relire les passages que j'avais marqués pendant ma lecture, de survoler également quelques pages. Et la lumière s'est faite.
Oui il était utile de lire ce livre, car il nous éclaire sur la personne humaine. Non pas sur l'humanité toute entière, mais sur ce que peuvent vivre et ressentir certaines personnes. N'est-ce pas une raison pour laquelle nous lisons des livres : pouvoir comprendre l'autre ? Rien que pour cela il était intéressant.
Mais il a aussi résonné en moi d'une autre manière. J'ai eu l'impression de lire la vie d'une femme absente de sa vie, qui ne la vit pas. Je ne veux jamais que ma vie ressemble à celle-ci. Je veux chaque jour être actrice de ma propre vie et en prendre conscience. Mais comme beaucoup, je ne l'ai pas toujours été, j'ai, comme elle, laissé les autres me rendre passive. Comment me direz-vous ? Mais de multiples manières, et ce livre pourra en donner quelques exemples.
Il fait partie de ces livres qui éclairent ; qui par des mots simples, des faits justes relatés en disent milles fois plus entre les lignes et qui savent parler à notre coeur.
Ce fut vraiment une belle découverte et un excellent moment de lecture. Je ne regrette pas de lui avoir laissé le temps, et d'avoir attendu le bon moment pour le lire, sinon je serais passée complètement à côté ou n'y aurait pas pris de plaisir.
C'est une lecture que je conseille, qui fait du bien, mais dont les effets ne se font ressentir que plusieurs jours/semaines plus tard. N'hésitez pas pendant votre lecture à noter des passages, car c'est en les relisant plus tard que le livre pourra vraiment faire échos en vous et délivrer tout son message.
Il fait également parti de ces livres que l'on peut relire toute sa vie, et qui s'éclairera différemment à chaque fois, selon les expériences vécues.
L'amour entre eux est déraisonnable, vertigineux, enragé. Il fait presque peur. Même les contes de fées n'oseraient imaginer que l'on puisse à tel point aimer.
Du père, l'aînée parle comme aucun enfant ne parle de son père. On la sent immensément fière d'être la fille de cet homme - et plus précisément cette fille-là, la première. Lui, paraît absolument convaincu de sa supériorité sur tous les autres enfants de son âge, et cela conforte encore l'invincible détermination de l'aînée. Elle avance vers ce que deviendra sa vie avec une inébranlable foi en elle-même/ Elle a l'air certaine qu'il ne pourra lui arriver que de grandes choses. Rien ne semble lui faire peur. On la regarde se hausser sur la pointe de ses petits pieds. Elle est la princesse du plus merveilleux des rois.
On dirait qu'elle n'est capable d'établir ses relations aux autres qu'ainsi : seul face au groupe. Avec les petits frères et sœurs comme avec les amoureux de quinze ans, elle se retrouve dans la même position : isolée, adorée, intouchable.
Dans la journée, sinon courir, elle semble n'avoir aucune envie. Elle qui, du temps de sa petite chambre, lisait beaucoup, ne lit plus. On dirait qu'elle n'en a pas le courage. Dans cette vie qui est la sienne maintenant, elle s'ennuie, et cela - l'ennui - semble une sensation tellement peu faite pour elle qu'elle s'en trouve comme éberluée. Peut-être est-ce cette fatigue d'elle-même, cette incompréhension devant ce qu'elle est devenue [...]
Dans un quartier tranquille de la grande ville, elle a déniché un petit appartement. On devine son plaisir à s'y lover, seule.
Elle s'est remise à lire abondamment, passe à nouveau des heures à rêver. On dirait que lire et rêver sont pour elle deux activités indissociables.
Plus jamais elle n'acceptera de se satisfaire d'un pâle amour, elle ne veux plus de demi-mesures, d'histoires tièdes, il lui faut du merveilleux, de l'indicible. La vie est un conte et elle en est la princesse, le père avait raison.
Peut-être éprouve-t-elle cette frénésie de lecture dans ce moment de sa vie parce que les livres confirment ses rêves, la fortifient dans sa croyance en son féérique avenir. Parfois, lorsqu'elle termine l'un d'eux, elle reprend immédiatement sa lecture au début, le livre devenant alors, entre ses mains, inépuisables. On comprend que lire l'aide à se préparer à la merveille que sera sa vie.
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