mercredi 17 février 2016

Le piéton de Rome - Dominique Fernandez

Le piéton de Rome, de Dominique Fernandez

228 pages
Editions Philippe Rey
Parution : Octobre 2015

4ème de couverture :
    Depuis plus d'un demi-siècle, Dominique Fernandez a tissé un lien intime avec Rome, une complicité qu'il souhaite partager ici. Dans ce texte alerte et foisonnant, tel un Cicérone animé d'un véritable amour de l'urbs, il nous raconte les hauts lieux du monde antique, comme le Forum romain, la via Appia ou le Colisée ; évoque les figures puissantes et d'un raffinement extrême que furent Néron et Hadrien ; ouvre les palais de la Renaissance et les villas entourées de leurs jardins ; dégage l'essence de l'art baroque en contemplant l'architecture imaginative et la décoration théâtrale des églises ; découvre les beautés surprenantes du Vatican ; débusque les chefs-d’œuvre du Caravage et du Bernin ; flâne sur les collines qui surplombent la ville, ou le long du Tibre, fleuve sauvage qui la traverse.
    Ce riche portrait de la cité est animé par les souvenirs de nombreux personnages rencontrés au détour des palais ou des cafés. Surgissent ainsi les figures de Pasolini, Moravia, Morante, Fellini, Levi, Bassani, et tant d'artistes de cet âge d'or de la création italienne que Dominique Fernandez a connus personnellement.
    Ce parcours révèle bien des aspects secrets de la Ville éternelle, et c'est avec bonheur que le lecteur place ses pas dans ceux d'un inlassable et passionné "piéton de Rome".


    Il est temps que je vous parle de ma première lecture de l'année. Et je dois dire que si elle m'a enchantée, elle m'a aussi occupée de longs jours, presque trois semaines il me semble ... Rare sont les lectures qui me tiennent aussi longtemps. Mais il fallait du temps pour savourer celle-ci, alors je lui ai laissé le temps.
    Tout d'abord parce qu'il ne s'agit pas d'un roman : c'est un recueil de réflexions et souvenirs de voyage de l'auteur. A travers ces pages il s'exprime sur ses ressentis présents et passés, lors de ses visites régulières dans la capitale italienne.
    Ensuite parce que l'écriture est soutenue. Chaque phrase demande à être intégrée car elles recèlent toutes un grand nombre d'informations. Dominique Fernandez ne brode pas autour de son texte et de ses idées, chaque mot est choisi avec soin, et chaque expression enrichit ce qu'il a à dire.

    C'est un texte très riche en histoire : en effet pour découvrir Rome il faut s'imprégner de son passé, car c'est l'une des rares villes à avoir autant conserver l'ancien, quitte à re-batir par-dessus, en y ajoutant du nouveau. Dominique Fernandez la qualifie de "ville à étages", nous apprenant que par endroit il y a jusqu'à 7 couches d'histoire empilée les unes sur les autres. C'est tout simplement incroyable.
   Il y a énormément de descriptions de bâtiments et une liste affolante d'oeuvres d'art citées. S'il est préférable pour le lecteur d'avoir déjà visité Rome pour mieux en saisir tous les aspects mentionnés, la technologie permet aujourd'hui de voyager à distance. Il ne faut pas hésiter à rechercher sur le net les oeuvres et peintres cités. A aller visionner les promenades que l'auteur nous enjoint à faire lors de ses récits, sur googlemaps.  Si à travers ces mots, il réveille la cité, à travers les images, ils prennent encore plus de force.

    Chaque chapitre est indépendant des autres, même s'ils respectent une certaine logique de construction du livre ; le lecteur peut donc les lire au gré de ses envies. J'ai choisi une lecture linéaire, chapitre après chapitre, pour très vite me rendre compte qu'il valait mieux les lire un par un, ne pas forcer mon esprit à vouloir avancer dans le texte. En effet chaque page délivrant une incroyable foule d'images, de réflexions, et de rêves, mon cerveau ne pouvait en recevoir plus. S'il y a vraiment une chose à donner à ce livre : c'est du temps. Tout comme Rome ne s'est pas construite en un jour, il n'a pas été écrit en un jour, ce sont les récits de toute une vie qui y sont condensés, leurs accordés quelques jours/soirées/semaines de notre temps ne sera que lui rendre hommage.

   J'ai aimé parcourir la capitale italienne avec Dominique Fernandez, car il nous la livre sans fards et sans détours. Attirant l'attention sur des détails qui auraient échappés au plus grand nombre, mais pas à un amoureux de cette ville, de l'histoire et de l'Art. Il ne cherche pas à la rendre plus belle, ou plus attrayante, car elle se suffit à elle-même : son histoire, sa composition et les trésors qu'elle renferme suffisent à la rentre séduisante, au moins aux yeux de ceux qui n'y habitent pas. Car il semblerait qu'en effet elle brille plus dans les yeux des étrangers que des autochtones, mais n'est-ce pas vrai pour toutes les villes ?
   J'ai beaucoup apprécié aussi son analyse de son paysage culturel actuel, plutôt faible ou composé d'étrangers, comme si la ville portait trop de richesses du passé pour être encore source d'inspirations pour les auteurs, peintres et musiciens actuels. Après tant d'années où Rome régnait en maître dans le développement des arts, il semble qu'elle ait avec les temps modernes perdu sa couronne au profit d'une autre cité. Telle est du moins la conclusion que fait l'auteur. 

    J'avais eu la chance de découvrir un grand nombre des sites touristiques de Rome lors d'un voyage là-bas il y a quelques années, lire ce livre a rappelé certains souvenirs à ma mémoire, ce fut doux et agréable, et j'en remercie l'auteur pour cela.
    J'espère un jour pouvoir parcourir à nouveau les rues de cette ville historique et peut-être que cette fois-ci je pourrais le faire accompagnée en direct des mots de l'auteur, tel un guide littéraire original.

    Découvrir ce livre, se plonger dedans c'est s'offrir un voyage immobile inoubliable, c'est rêver et imaginer, mais aussi réfléchir et s'interroger. Je ne peux que vous conseille d'embarquer dès que possible pour ce périple inédit. 
 
    Rome n'a donc guère changé depuis 1950, c'est l'auteur de ces lignes qui a changé. En 1950, je ne voyais, comme tout être humain, quel qu'il soit, en tout temps, que ce que j'étais, à mon insu, programmé pour voir. Nul n'est à l'abri de cette cécité : les exemples de Goethe et de Stendhal, ces esprits si lucides et indépendants en apparence, montrent à l'évidence, pour notre consolation, que personne ne réussit à être dégagé de son époque, personne à être vraiment original. 

    Le mélange - chez Scipione Borghese comme chez Ferdinand de Médicis, mais ce ne sont pas les seuls - d'énergie criminelle et de passion pour les beaux-arts, est le trait le plus fascinant de cette époque. L'admiration pour les chefs-d’œuvre justifiait le poison, le poignard, le pistolet, l'escroquerie, toutes les formes d'abus. Si l'Italie de la Renaissance a laissé une empreinte aussi profonde dans l'histoire, c'est grâce à des personnalités de ce calibre. 

    La chapelle Branda est un rarissime exemple à Rome de cette simplicité linéaire et de cette élégance si caractéristiques du Quattrocento toscan. On mesure ce qui sépare le génie romain du génie florentin. A Florence, prévalent le dessin, la mesure, la grâce ; à Rome, dominent la volonté de puissance et l'exhibitionnisme volumineux.

 

1 commentaire:

  1. Ah la la... Cela réveille tellement de souvenirs en moi :O :D ! Déjà trois passages (toujours trop courts :$) et trois regards (le dernier m'ayant laissé la plus forte impression...). J'ai tout d'un coup très envie de lire ce livre (à défaut d'y retourner :$). Voir Rome... et mourir ? ou : En cherchant Majorana... (<~ La vraie expression correspond à Naples. Je ne le savais pas ;D). Merci chère lecturienne.

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