La grande panne, de Hadrien Klent
333 pages
Editions Le Tripode
Parution : Avril 2016
4ème de couverture :
Accident ou attentat ? Une explosion dans une mine de graphite italienne
provoque l’apparition d’un immense nuage qui menace de s’enflammer au
contact des lignes à haute tension. Pour éviter la catastrophe, une
coupure électrique générale est décidée dans toute l’Italie, plongeant
le pays dans le chaos. Le nuage se déplace vers le nord, et la France
décide à son tour de procéder à un black-out sur son propre réseau. Le
gouvernement part s’installer sur l’île de Sein, en Bretagne, pour
superviser la panne qui s’annonce.
Commençant comme une série
catastrophe, déroulant l’agenda d’une cellule de crise, La Grande Panne
se transforme peu à peu en un roman inattendu mêlant les histoires
d’amour aux arcanes du pouvoir, les trahisons amicales aux menaces
d’attentat, la surveillance policière aux banalités d’une vie suspendue à
l’attente du retour à la normale. On y croise un révolutionnaire qui
rêve de mettre en place une insurrection civile, des conseillers qui
tentent de contenir les humeurs d’un président de la République
désabusé, un écrivain improductif qui observe son île devenue le centre
hystérique d’un pays en état de choc, un brocanteur qui se trouve
embrigadé malgré lui par un service secret étranger, un journaliste
revanchard qui fait le portrait d’une France en apesanteur... La Grande
Panne, ou le portrait d’une humanité un peu paumée, qui l’emporte sur la
violence officielle du monde.
Pourquoi une vieille mine de graphite abandonnée depuis des années exploserait-elle soudain ? Est vraiment un hasard que le nuage formé par l'explosion s'enflamme au contact des lignes électriques ? Quel lien y a-t-il entre Nathanaël, Nomand et Jean-Charles ? Quel rôle ont-ils à jouer dans cette histoire ? Qui est ce mystérieux Emiliano qui prend le temps de rédiger un cahier à l'attention de Jean-Charles ? Pourquoi Normand s'est-il retiré sur l'Ile de Sein ? et pourquoi se trouble-t-il lorsque arrive Alexandrine, secrétaire générale de l'Elysée ? D'ailleurs que vient-elle faire ici, sur cette terre reculée ? Pourquoi Nathanaël se voit-il contraint de quitter sa petite boutique tranquille du jour au lendemain et de s'inviter chez Normand ?
Voilà toute une série de questions, riches en promesses auxquelles ce livre vous apportera des réponses.
Hadrien Klent nous plonge ici dans un tourbillon de décisions présidentielles, de réunions au sommet et de sentiments humains. La grande panne nous ne la vivrons pas auprès d'un habitant lambda de France, mais directement dans le cercle fermé du pouvoir, et ce n'est pas tout rose. Prendre une telle décision : couper tout le réseau électrique sur le territoire français, ne se prend pas à la légère ; et même si le gouvernement peut s'appuyer sur l'expérience italienne, il faut tout envisager, tout prévoir, ne rien laisser de côté. Quand le peuple français s'apprête à se plonger pour quelques jours dans l'obscurité et dans un retour aux sources, dans un environnement absolument plus prévu pour cela ; le gouvernement doit quant à lui se déplacer dans un lieu où l'électricité ne sera pas coupée, afin de pouvoir maintenir la paix et le calme dans le pays. Ce paradoxe, certes nécessaire, n'est pas simple à gérer, tant au niveau logistique qu'émotionnel. A travers ce livre nous découvrons quelques facettes du pouvoir présidentiel et comment un homme peut réagir face à tout cela. Hadrien Klent souligne avec honnêteté les pressions, les réflexions et les contraintes que peut subir le premier homme de France dans ce genre de situation extrême. Heureusement, il n'est pas seul, c'est la force de son équipe et des gens qui travaillent dans l'ombre qui fait que tout se déroule pour le mieux, qu'il ne s'effondre pas et peut soutenir son peuple.
Même sans être féru de politique, ce livre passionnera son lecteur, car les évènements s'enchainent à merveilles et l'on est vite pris dans la tourmente. Il est quasiment impossible de lâcher le livre du début à la fin. Hadrien a choisi une écriture dynamique, rédigeant son livre comme une sorte de journal de bord en zoomant sur les protagonistes chacun leur tour. Nous savons ce qui se passe heure après heure ou presque, jour après jour, et c'est passionnant. Pour alléger quelque peu son récit, l'auteur y mêle quelques histoires d'amitiés, d'amours anciennes, des réflexions personnelles de certains personnages, des extraits du passé, et cela fonctionne merveilleusement bien.
C'est un des meilleurs livres que j'ai lu depuis le début de cette année 2016 : il est bien écrit, bien construit, entrainant et l'histoire est étoffée de faits concrets et d'historiques : on sent que l'auteur a pris le temps de faire des recherches sur son sujet. Il a également su doser son récit et lui donner de la crédibilité en limitant les effets de la grande panne dans le temps : il ne souhaitait pas faire une dystopie, ce qui n'aurait probablement pas fonctionner à moyen terme, alors il s'est concentré sur le plausible, et j'apprécie.
Il y a une petite chose que j'ai vraiment adoré dans ce livre, c'est cette petite porte sur un monde un peu nostalgique et rêvé de retour en arrière qu'il ouvre, avec ce directeur de presse qui défie le temps et la technique pour pouvoir continuer à éditer son journal. Cette parenthèse est une bouffée d'air frais dans ce roman ! Et c'était du génie d'y avoir penser et d'avoir chercher comment cela pourrait se mettre en place. Si jamais une telle panne avait eu lieu, quelqu'un y aurait-il seulement pensé ?
La grande panne est un livre que je ne saurais que vous recommander : lisez-le, offrez-le et relisez-le.
Hadrien Klent est un auteur que je vais suivre car il a quelque chose dans sa façon d'écrire et de traiter son sujet qui relève selon moi du génie. J'espère qu'il ne me décevra pas lors de prochaines lectures.
Il faut bien, un jour, il faut bien se reconnecter au monde. Tu écris seul, tu marches la nuit seul, tu ne fais pas de courses parce que tu as ce qu'il te faut et que tu es habitué à une vie frugale, et puis un matin tu éprouves à nouveau cette envie d'aller prendre un café entouré d'autres êtres humains.
Ça fait quatre jours qu'on est privés d'électricité en Italie, et c'est génial. Tu les verrais, tous ces êtres mal dessinés, tous ces désirants de la consommation, tu les verrais : on dirait des enfants privés de dessert, de jouets, d'activités. Ils sont tous perdus, tu les vois dans la ville, avec leurs smartphones éteints , leurs frigos vides, leurs télévisions noires, on dirait des fantômes. On dirait que c'est l'Apocalypse.
Je ne sais pas ce qui va leur arriver, s'ils vont réfléchir, changer vraiment, ou s'ils vont tous redevenir des moutons électriques quand le courant sera revenu.
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