vendredi 10 juin 2016

La voix intérieure - Vincent Pieri

La voix intérieure, de Vincent Pieri

156 pages
Editions Mercure de France
Parution : Mars 2016

4ème de couverture :
    Depuis ses treize ans, la voix est là, en sourdine ; elle le frôle, le pénètre, se tapit au creux de ses entrailles, hante ses rêves, ses pensées. Un jour, il ne l’entend plus, il l’imagine dans un autre corps, enfin ; le lendemain, elle revient, il la sent rôder. Quelques mois de répit, l’illusion d’en avoir réchappé et elle se manifeste avec la rancune d’une maîtresse jalouse, menaçant de le plonger dans la folie.
    Jean est violoncelliste et joue dans les plus grands orchestres. Il entend en permanence une voix étrange et sublime, une voix qui le comble par sa perfection, l’obsède par sa présence entêtante et le transporte dans des crises violentes... Son ami Nathanaël, un luthier, intervient alors et l’envoie vers le Sud, à la rencontre d’un obscur gitan, un certain Manuel d’Algirdas, qui pourrait l’apaiser. Seul, jean part à la recherche de ce guérisseur connu de tous et si difficile à trouver, à la découverte d’un monde singulier, inquiétant et fascinant, avec ses codes sévères, ses rituels impénétrables. 


    Ce livre, je savais d'avance que j'allais l'aimer. Il en est toujours ainsi avec les volumes de la Collection Bleu de chez Mercure de France. Dans cette collection l'écriture est toujours sublimée par les auteurs, elle nous porte, nous fait vibrer. Les auteurs savent prendre des risques, sortir des sentiers battus, proposer des histoires où la sensibilité humaine est à fleur de peau, sans jamais tombé dans le pathos ou trahir la langue française.

    Dans ce roman, Vincent Pieri mets à nu ses personnages, il nous les livre dans toute leur sensibilité et leur fragilité. Il fait tomber le voile de ce que l'on cache habituellement. Qui de nos jours ose montrer sa faiblesse ? sa faille ? Pourtant elles sont là, tapies dans l'ombre, et dès que la porte de notre appartement s'est refermée sur nous, elles jaillissent et nous submergent. Dans ce roman, Vincent Pieri est derrière la porte, et nous livre sans détour ce qui s'y passe.
    Ces personnages sont sans fard, dans leurs tourments, humains à 100%. D'ailleurs Vincent Pieri ne s'arrête presque que sur cet état de fait, le reste ne l'intéresse pas. Il veut aller au fond de l'âme de Nathanaël et au fond de l'âme de Jean. Il veut les comprendre et il sait que les moteurs de nos vies sont nos peines, nos rêves et nos souffrances.

    A tout cela Vincent Pieri mêle l'amour et la magie. Il nous emmène à la suite des peuples gitans du sud de la France, avec leurs dons et leurs pouvoirs, leurs règles strictes et leurs légendes. Il nous fait rêver de ce monde hors du monde. S'il souligne la poésie de ce peuple, il en souligne aussi la rudesse. Mais est-ce pour autant que nous devons tout rejeter de cette culture ?

    Pour aider Jean, Nathanaël l'envoi à la recherche d'un de ces cousins, car lui seul possède le don qui pourra le libérer.
    Quelle est cette voix qui obsède Jean à longueur de temps ? Qui lui envahit la tête, l'empêchant de vivre normalement sa vie de musicien. Il faut du courage pour subir cela année après année, et il en faut encore plus pour oser un jour en parler.

    Nathanaël est un personnage fascinant, que l'on aurait envie de rencontrer. Silencieux, il respecte les coutumes de son peuple, tout en vivant ancré dans le monde moderne. Avec ses mains il touche, et redonne souffle de vie aux instruments qu'on lui apporte dans son atelier, et n'oublie jamais le musicien. Il est entouré d'une aura magique, douce et bienveillante, mais tout ceci est bien caché derrière une façade rude.

    Vincent Pieri a su composer des personnages magnifiques, que l'on suit avec plaisir, qui nous touche jusqu'au fond de nous-même. L'histoire en elle-même, n'a rien d'extraordinaire, mais elle se suffit largement à elle-même, elle est réaliste. Les évènements les plus importants de nos vies, sont rarement des épisodes incroyables.

    Ce roman est passionnant, envoutant, merveilleusement bien écrit. C'est un plaisir à lire, et je vous le conseille. Il nous fait voyager, pleurer et rêver. C'est avec plaisir que je retrouverai la plume de Vincent Pieri dans d'autres de ses ouvrages.

    Briser tous les objets qu'elle a touchés, tous ces objets témoins de leur amour et qui ne cessent de murmurer son nom. Il s'empare d'un deuxième violon ; son bras s'arrête juste avant que le bois ne touche le mur.
    Ou partir. Quitter sa vie, vingt-neuf ans à apposer ses mais sur les instruments, les musiciens, dix-ans à aimer sa femme, au quotidien, dans es joies et ses douleurs les plus intimes. Tout quitter et retourner sur les terres craquelées se son enfance, brûlées par le soleil, les couleurs.

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