vendredi 30 septembre 2016

La valse des arbres et du ciel - Jean-Michel Guenassia

La valse des arbres et du ciel, de Jean-Michel Guenassia

298 pages
Editions Albin Michel
Parution : Septembre 2016

4ème de couverture :
    Auvers-sur-Oise, été 1890. Marguerite Gachet est une jeune fille qui étouffe dans le carcan imposé aux femmes de cette fin de siècle. Elle sera le dernier amour de Van Gogh. Leur rencontre va bouleverser définitivement leurs vies.
   Jean-Michel Guenassia nous révèle une version stupéfiante de ces derniers jours.
    Et si le docteur Gachet n'avait pas été l'ami fidèle des impressionnistes mais plutôt un opportuniste cupide et vaniteux ? Et si sa fille avait été une personne trop passionnée et trop amoureuse ? Et si Van Gogh ne s'était pas suicidé ? Et si une partie de ses toiles exposées à Orsay étaient des faux ?…

    Autant de questions passionnantes que Jean-Michel Guenassia aborde au regard des plus récentes découvertes sur la vie de l'artiste. Il trouve des réponses insoupçonnées, qu'il nous transmet avec la puissance romanesque et la vérité documentaire qu'on lui connaît depuis Le Club des incorrigibles optimistes.

    Il y a dans la vie des mystères qui nous interpellent, qui nous fascinent, qui nous interrogent et auxquels nous imaginons mille explications.
    Il y a de ces artistes qui nous captivent, nous fascinent, devant les œuvres desquels nous restons sans voix.
    Imaginez que Jean-Michel Guenassia ait rencontré les deux dans le destin d'un seul homme ? Car il est évident à la lecture de ce roman, que la peinture de Vincent Van Gogh subjugue l'auteur !
    Comment pourrait-il en parler si bien sinon ? S'être penché sur des études de ces œuvres, avoir fouillé la vie du peintre, avoir observer ses toiles, n'est pas suffisant pour les rendre vivantes à travers les mots ; il faut pour cela une vraie sensibilité et une vraie affinité.
    Il est plaisant de lire Jean-Michel Guenassia nous racontant ce peintre si célèbre aujourd'hui et si méconnu de son vivant. Il sait nous scotcher à ses mots, éveiller en nous le rêve et les images. Sans connaître les oeuvres mentionnées, on peut les imaginer rien qu'en se basant sur les quelques peintures que l'on connait de Van Gogh.
    Raconter, romancer la peinture et l'acte de peindre est un exercice difficile, car il ne faut pas tomber dans le piège de la simple description qui ennuierait le lecteur. Il faut savoir faire vibrer les mots, rendre réel le bruit du pinceau sur la toile, la disposition des couleurs. Laisser la place à l'oeuvre en cours ...

    Ce n'est pas la vie de Van Gogh qui nous est racontée ici, seulement quelques mois de sa vie. Ceux qu'il est allé passé à Auvers-sur-Oise, à la rencontre d'un médecin, mais surtout des paysages de la région. Ce sont aussi les derniers mois de sa vie ; ce qu'il pensait n'être qu'une courte étape, une petite pause avant de sa lancer dans ambitions plus grande, prit une tournure définitive. Mais çà il ne le sait pas encore, dès son arrivée il se jette dans le travail. Il peint sans relâche les paysages qui l'entourent. Mais les peint-il vraiment ? Les voit-il seulement ? C'est la période où il fut le plus prolifique avec plus d'une toile finie par jour, c'est énorme.
    Ce séjour, fut également une des périodes les plus heureuses de sa vie. Vie qu'il partage entre la peinture et Marguerite. Qui est-elle ? Je vous laisse le découvrir en lisant le livre.

    Ce roman, car c'en est bien un : Jean-Michel Guenassia ne nous livrant ici qu'une supposition de ce qui a pu être, est vraiment passionnant. Il nous fait entrevoir certains traits de la personnalité de Vincent. Cet homme que l'on disait tourmenté l'est-il tant que cela ? Là dessus, l'auteur ne se prononce pas, ce n'est pas ce qu'il a voulu mettre en avant.
    On peut s'interroger sur la pertinence de ce récit vu qu'il met en scène un personnage réel dans une situation hypothétique. Ou sur sa légitimité ? Pourquoi ne le serait-il pas ? Jean-Michel Guenassia a fait des recherches sur Van Gogh, sur son époque, sur la vie de ceux qui l'ont entouré. Il a même ponctué son texte d'extrait de lettres et de coupure de journaux. Il livre des informations fiables et distille au compte gouttes la part de supposition. Ce qui est important c'est le peintre en lui-même, sa façon de travailler et ses toiles, le reste n'a au final pas beaucoup d'importance, car ce n'est pas ce qui a fait de lui l'homme qu'il était.
    Et la fin ? La thèse du suicide de Van Gogh a été très rapidement contesté, mais avec les faible moyen de l'époque et faute de preuves, l'enquête n'a pas été approfondie. L'idée du suicide accentuait le côté tourmenté de l'artiste et a servi à entretenir cette légende. Ici Jean-Michel Guenassia nous raconte ce qui a pu se passer selon lui. Il n'affirme en rien détenir la vérité, mais il partage l'idée qu'il a eu en faisant ses recherches.

    L'autre thème abordé dans ce roman, c'est la place des femmes dans cette société de la fin du 19ème siècle. Ce thème il le développe beaucoup à travers les coupures de journaux, et à travers la jeune Marguerite. Et si au fond elle était là, la réflexion principale du roman, bien caché par un destin d'homme ? Comme c'est si souvent le cas à l'époque ? Une époque où une femme n'est rien sans son père ou son mari. Un roman où Marguerite n'aurait pu prendre la première place, et dont elle ne peut être le sujet qu'à travers le destin d'un homme ... Et si l'héroïne c'était elle ?

Je vous invite à vous plonger dans ce roman pour vous faire une idée sur le sujet , et à venir ici me donner votre avis !

    Ma brosse est raide et sans grâce, un bâton qui gigote sur la toile et, quels que soient ma peine et le temps que j'y passe, mes dessins sont guindés, à croire que j'ai trempé mon talent dans l'amidon. 

    Et Vincent a dit sa fascination pour Rembrandt, le plus grand de tous, mais c'est moi qui écris fascination, Vincent a parlé d'amitié, oui de l'amitié qu'il avait pour ce peintre mort deux cent vingt ans plus tôt, et qui l'accompagnait chaque jour dans sa démarche. Il avait compris que, dans le portrait moderne, la ressemblance ne s'obtenait plus par un artifice du dessin, une pâle imitation de la photographie apportait mieux, mais par une maîtrise de la couleur et de l'éclairage, un travail sur l'expression et une exaltation du caractère.

    Je me suis souvent demandé comment Vincent voyait le monde. Chaque jour de ma vie, je me suis interrogée : qui avait-il de si particulier dans ses yeux, de si extraordinaire dans son regard, pour qu'il peigne de cette façon ? Je n'ai pas la réponse.

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