jeudi 8 septembre 2016

Les années d'illusion - A.J. Cronin

Les années d'illusion, de Archibald Joseph Cronin

243 pages
Éditions Le Livre de Poche
Première parution française : 1952
Traduit de l'anglais par Florence Glass


4ème de couverture :

   Paralysé d'un bras, sans appui, renié d'abord par sa mère, un jeune homme, Duncan Stirling, vaincra tous les obstacles au nom de sa vocation. Après bien des combats et des déchirements, il atteindra son but et deviendra le médecin, éminent et aimé de tous que, dès son enfance, à s'était promis d'être. Un des plus beaux et des plus célèbres romans de Cronin : on le lit d'une haleine, ému par le destin exemplaire de Duncan Stirling. 


    Duncan Stirling est un jeune homme obstiné, qui n'a qu'un rêve : devenir médecin. Doué à l'école, il décide de tenter l'entrée à l'université de médecine Saint-Andrews, afin d'obtenir une bourse d'étude, sans laquelle ce projet est tout simplement inenvisageable. Mais pour pouvoir le faire, il doit s'opposer à sa mère, et se faire refuser le poste à la ville qu'elle convoite pour lui depuis es années. Un petit poste tranquille qui lui aurait assuré de belles années de vie sans risques. Seulement Duncan n'est pas de cette trempe-là, la tranquillité ne lui vaut rien, il n'a aucune envie de reprendre le flambeau de son père et de rester là. Il a un don, il le sait et il veut l'exploiter. C'est un pari risqué : se fâcher avec sa mère sans même avoir la certitude de pouvoir étudier la médecine ... mais entêté et sûr de lui comme il est, il en prend le risque.
    Mais est-ce vraiment un risque ? Toutes ces dernières années, il n'a passé son temps qu'à étudier dans ce but. Mais cela valait-il de perdre le lien avec ses parents ?
     On dit que les rêves sont plus forts que tout, qu'il faut les vivre à fond. Mais cela n'est pas possible si on ne se donne corps et âme dans la bataille pour les voir se réaliser.

    Au cours de sa vie, Duncan aura la chance de rencontrer des personnes pouvant le booster et lui faire franchir plus vite les étapes. Il y a aura tout d'abord ce médecin de campagne, chez qui il s'abrite une nuit, mais avec qui il gardera contact par la suite, il y aura cette jeune chirurgienne orthopédique, sa voisine, qui le poussera sans cesse et qui lui proposera une opération exceptionnelle pour lui rendre l'usage de son bras. Mais ne nous y trompons pas, ce ne sont pas des personnages philanthropiques, chacun d'eux a un intérêt personnel à cette relation.
    Le docteur Overton a besoin d'un adversaire pour se stimuler et rester dans la course. Anna, l'amie chirurgienne, en boostant sa carrière, fera avant tout décoller la sienne ; et si en tant que femme elle ne peut atteindre les sommets qu'elle convoite, elle y poussera Duncan pour en être aussi. Le médecin de campagne espère secrètement avec un remplaçant, mais surtout, discuter médecine avec Duncan le stimule et l'amuse : il n'a guère l'occasion de discuter avec un jeune érudit par chez lui.
    Cela peut paraître choquant, et nous donner l'impression qu'aucune de ces relations est vraie, que toutes sont perverties et pleine de tromperie. Mais ne nous y leurrons pas, Duncan n'est pas un pauvre jeune homme abusé par ses amis. Lui aussi se sert d'eux à chaque instant pour avancer vers son rêve. Ils sont son moteur, son refuge, sa consolation, sa porte d'entrée dans le monde de la médecine.
    Et c'est ce que j'ai particulièrement aimé dans ce livre : Cronin ne nous décrit pas des personnages qui semblent tout droit sortis d'un conte de fées, avec d'un côté les bons et de l'autre les méchants. La nature humaine n'est pas ainsi, chacun est bon et mauvais. La pure philanthropie n'existe pas, ses personnages en sont donc dénués. Ce sont des humains, avec tout ce que leur humanité leur fait faire.
      Et ne soyons pas hypocrites, nous aussi nous trouvons tous un intérêt à nos amitiés, est-ce pour autant qu'elles sont fausses ? Et nos amis trouvent un intérêt personnel à ce que nous soyons leur ami, sinon il n'y aurait pas de lien.

    C'est un joli roman, que l'on lit avec plaisir. J'ai aimé la fin, où Duncan semble enfin se retrouver et qu'il plonge tête baissée dans cette vie qu'il imaginait au départ. Cronin nous dépeint une vie sans fard, où l'Homme est au centre avec ses ambitions, ses rêves, ses illusions, ses combats, ... Un livre plein de réalisme, qui donne envie d'espérer et de croire en ses rêves.

   Je conseille ce livre à ceux et celles qui plongées dans des études, ou qui cheminent sur le chemin de leur rêve, et qui parfois peuvent se démotiver. Parfois la route est tortueuse, et la vie nous fait faire des détours, mais peu importe, si on y croit et que l'on s'en donne vraiment les moyens, on finit par arriver là où on le souhaitait.

    Il éclata d'un rire amer et lui dépeignit la situation en quelques traits acides.
- Eh bien, eh bien ! commenta-t-elle, il n'y avait pas de quoi en faire un drame ! Dites-moi, en voulez-vous à votre père ?

- Non, c'est à moi que j'en veux. A quoi voulez-vous vous attendre d'un imbécile qui n'a qu'un seul bras par dessus le marché ?
    Elle se mit au piano et, tandis qu'il s'asseyait devant le feu qui brûlait gaiement dans la cheminée, elle joua pour lui. Insensiblement, tandis que la mélodie envahissait la pièce et se mêlait aux craquements des bûches, il sentit une quiétude le pénétrer. Quand elle eut terminé, il était de nouveau en paix.
- Alors, vous voulez toujours vous enfuir ?
- Non. Vous savez bien que je veux continuer, faire des choses
... de grandes choses en médecine.


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