mercredi 12 octobre 2016

Devenir Christian Dior - François-Olivier Rousseau

Devenir Christian Dior, de François-Olivier Rousseau

320 pages
Editions Allary
Parution : 15 septembre 2016

Présentation de l'éditeur :
    Paris, années 1920 : un jeune homme cherche sa voie. Il passe ses soirées au Bœuf sur le toit en compagnie d'artistes déjà célèbres qui tous le reconnaissent comme l'un des leurs. Et pourtant Christian Dior ne sait pas encore comment exprimer son talent. C'est en crayonnant des modèles de chapeaux et en dessinant des robes pour des rubriques de mode qu'il découvre enfin sa vocation. Mais la guerre coupe court à ses ambitions.
     Démobilisé, Christian Dior rentre à Paris et seconde Lucien Lelong qui se bat contre l'occupant pour garder en France l'industrie de la couture. En 1947, il présente sa première collection : le New Look.
     Le succès est foudroyant et planétaire. La maison Dior devient l'incarnation du chic français, et son créateur un mythe instantané.
     Voyage dans l'avant-garde artistique des Années folles et dans l'univers effervescent de la mode, cette biographie romancée fait revivre le destin mouvementé d'un créateur d'exception. 


    Qui ne connait pas Christian Dior et son célèbre New Look avec ses jupes corolles et ses tailles de guêpes ? C'est une des figure principale du style d'après-guerre de la Haute-Couture, et l'un des couturier les plus célèbres et reconnus à travers le monde.

    Que de chemin parcouru depuis les allées de la grande résidence de son enfance ! Que de tentatives, de questionnements, de rebondissements ! C'est ce que ce livre nous propose de découvrir.
    On y suit Christian tout au long de sa vie, de son adolescence à sa reconnaissance, à sa mort. Et Dieu sait qu'il en a connu des choses au cours de son existence, il a traversé deux guerres, connu les années-folles et les restrictions, le travail de la terre et celui des étoffes les plus précieuses, traversé la maladie et pris plusieurs "nouveaux départs"... Mais sans jamais trahir l'homme qu'il était, ses aspirations et ses idées. Suivre sa vie est passionnant !

    Ce roman est également une belle ode à l'amitié, car sans ses amis, Christian Dior ne serait probablement pas arrivé aux sommets. Grâce à eux, il a pu saisir des occasions exceptionnelles. A plusieurs on est toujours plus fort, on réfléchit mieux, on a un plus grand réseau, on n'est jamais seul, ... et cette petite bande, formée au Boeuf dans les années 20, l'a bien compris. Ils sauront de tous temps rester soudés et pourront à chaque instant compter les uns sur les autres.

     Mais ce roman n'est pas seulement une biographie, c'est aussi un portrait : celui du monde de la Haute-Couture pendant tout le début du 20ème siècle. Comment un art qui peut paraître si futile peut avoir traversé deux guerres, avoir survécu aux pénuries ? Et surtout : pourquoi ? comment ?
      J'ai trouvé captivante la découverte de ce monde à part, qui fascine de tout temps. Saviez-vous que pendant la seconde Guerre Mondiale, les nazis avaient essayé de déplacer toutes les grandes maisons de couture parisienne à Berlin ? Cela parait fou ! Et pourtant ... C'est autant de petites informations et anecdotes que vous allez découvrir en lisant ce livre !

     Ce fut un vrai régal de lire les mots de François-Olivier Rousseau. Son écriture sait rester simple pour ce mettre aux services de toutes les informations qu'il nous dispense. J'aime ces livres bien documentés qui nous enseignent une foule de chose sous une forme agréable et accessible.
    Cependant je vous mets en garde : ce livre vous donnera envie de sortir vos crayons de couleurs et du papier, et vous vous surprendrez à essayer de griffonner une ou deux pièces du vestiaire féminin.


"Tu dis des âneries ! mais pour te prouver que je ne t'en veux pas je vais te révéler une vérité profonde : il y a des limites à ce que l'on peut se contraindre à faire par devoir et ta conduite en est la meilleure démonstration. Si la conférence d'André Siegfried t'intéressait un tant soit peu, tu ne te réveillerais pas après qu'elle a déjà commencé, et si tu souscrivais à la version de ton avenir décidée par ton père, tu ne passerais pas tes nuits au Boeuf, ce n'est pas un endroit convenable pour préparer le concours du quai d'Orsay... D'ailleurs, est-ce que tu t'imagines en diplomate de troisième classe, en train de te morfondre au fond d'une ambassade en Bolivie ou au Siam ?"

Qui osera dire, songea-t-il, le tort qu'une femme peut se causer à elle-même en s'habillant mal, par indifférence ou par mauvais goût ? 

"Vous dirais-je encore que lorsque je les vois toutes s'affairer, dans cet état de tension et de sang-froid qui caractérise les veilles de présentation de collection, à ce moment où rien ne va plus et où rien n'est prêt, je me dis que me pays qui disposerait d'une armée de femmes gagnerait sans doute toutes les guerres ..."

Quelqu'un au moins se félicite du renoncement de Christian, c'est Lucien Lelong. Dior lui reste ... Mais pour combien de temps ? Plus clairvoyant que Christian lui-même, il sait que son modéliste vedette a atteint ce palier d'une carrière au-delà duquel un changement radical est impérieux si l'on veut éviter l'ennui qui sclérose. 

A intervalles réguliers, la tentation me frôle de devenir mon propre maître, c'est vrai, mais je ne souhaite pas ressusciter une enseigne... Je ne peux m'imaginer qu'à la tête d'une maison où tout serait nouveau, le personnel, le décor, le style. C'est d'ailleurs la seule manière raisonnable d'aborder l'ère nouvelle dans laquelle nous entrons ...

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