mercredi 13 septembre 2017

La Lettre à Helga - Bergsveinn Birgisson

La Lettre à Helga, de Bergsveinn Birgisson

131 pages
Editions Zulma
Année de parution : 2013
Traduit de l'Islandais par Catherine Eyjolfsson

Résumé rabat de couverture :
"Mon neveu Marteinn est venu me chercher à la maison de retraite. Je vais passer le plus clair de l’été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme que vous habitiez jadis, Hallgrímur et toi". Ainsi débute la réponse, tardive, de Bjarni à sa chère Helga qu’il aima d’un amour fou mais impossible. Et c’est tout un monde qui se ravive : entre son élevage de moutons et sa charge de contrôleur du fourrage, on découvre son âpre existence tout au long d’un monologue saisissant de vigueur. Car Bjarni est un homme simple, taillé dans la lave, pétri de poésie et d’attention émerveillée à la nature sauvage. Ce puissant roman se dévore, tant on est troublé par l’étrange confession amoureuse d’un homme qui s’est lui-même spolié de l’amour de sa vie.

    Il me semble, mais je ne saurais l'affirmer que ce livre avait un petit peu parler de lui à sa sortie ... du moins le titre me disait-il quelque chose.
Ce fut ma première lecture d'un auteur Islandais, et celle-ci me semble assez particulière. Mais est-ce juste ce récit-ci ou est-ce un style mélancolique typique de cette littérature ? Je ne saurais le dire, mais en tout cas c'est le sentiment que m'en a laissé celle-ci.

    Ce roman n'est en réalité d'une sorte de longue lettre qu'adresse Bjarni sur la fin de sa vie à Helga, une femme qu'il a passionnément aimé dans sa jeunesse.
    C'est l'histoire de cet amour passionné, mais pas suffisant pour lui faire changer de vie. Marié à une femme stérile, qui souffre de cette stérilité et qui le pousse à l'abandonner à son triste sort et à se trouver une compagne fertile, Bjarni décide de rester auprès d'elle tout au long de sa vie. Choix dont il souffre à chaque instant a-t-on l'impression à la lecture de ce texte. Car si une chose semble évidente c'est que Bjarni a des remords, il regrette de ne pas avoir eu le courage de suivre Helga lorsque celle-ci un jour lui demande.
     Peur du changement ? Peur de la ville, lui si habitué à sa campagne déserte ? Pur honneur de respecter ses voeux de mariage ? Tout semble un peu mêlé et confus à la fois.
    Dans ce texte, il nous raconte sa vie, ses sentiments, ses ressentis, ses engagements, ses doutes, ses joies ...
    Le texte est court mais semble long, de par cette nostalgie, ce vide, cette mélancolie qui s’égrènent tout au long du récit. La vie de campagne en Islande est faite de silence et de solitude. 

    C'est une lecture à la fois intéressante et presque inutile, mais une lecture était-elle utile au fond ; dans le sens où elle ne vous apprend pas grand chose, autre le ressenti de cet homme dont la vie n'a finalement rien d'exceptionnel. C'est un homme comme des milliers d'autres sur terre qui essaye de mener bon-gré mal-gré leur petit bonhomme de chemin, et qui un jour se retourne sur leur passé.
    On y découvre tout de même une multitude de petites choses sur la paysannerie Islandaise, sur la façon dont les habitants s'arrangent du climat si froid et cette nature hostile, ... c'est une autre vie, mais les Hommes restent les mêmes partout sur Terre avec leurs sentiments et leurs doutes. Et c'est ce qui reste l'axe principal de ce texte.

    J'imagine que ce texte a plus de sens et de force dans sa langue d'origine ; c'est toujours le drame des traductions où les mots d'une langue à l'autre ne savent jamais vraiment exprimé la même émotion, le même sentiment ou la même atmosphère, et que l'on ne peut que vraiment saisir que sur place.

    Je me réessayerai à l'occasion à la littérature Islandaise, car elle semble pleine de promesse et d'un style différent de notre littérature française. 

     J'en ai eu gros sur le cœur quand la médisance a fait son chemin dans la contrée, ou plutôt, comment dire,la médisance a gonflé sa grosse bulle autour de mon cœur. Je n'avais plus goût aux travaux ni aux jours, j'étais devenu impatient et irritable, incapable de gérer ce qui remuait en moi. Il me semblait qu'on me regardait avec défiance.

    J'avais beau essayer de m'endurcir, les pleurs sourdaient comme du sang à travers un pansement. Ils en étaient tout caricaturés. Je sentis la volonté se propager jusqu'à mes chevilles, elle voulait que je me lève, que je sorte et que j'aille te dire : "partons". Rien que ce seul mot, "Partons". Mais je me raidis. Il fallait se remettre d'aplomb.

    J'aurais mangé du savon pour toi si tu me l'avais demandé. Mais renoncer à moi-même, à la campagne et au travail de la terre auquel je m'identifiais, ça je ne pouvais pas.

    Croire au progrès et se l'approprier est une chose, mais c'en est une autre de mépriser le passé. 

    On pourrait à la rigueur accepter de vivre en ville si l'on n'y devenait pas tellement ennuyeux à force d'y habiter.

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