jeudi 7 septembre 2017

Les craies de couleur - Josette Boudou

Les Craies de couleur , de Josette Boudou

311 pages
Editions de Borée
Parution : Août 2012

4ème de couverture :
Nommée institutrice dans une classe de cours préparatoire, Diane se réjouit de ce nouveau départ après le cuisant échec de son mariage.
     La jeune femme prend à cœur la tenue de sa classe et retrouve du plaisir au contact de ses élèves pleins de vie et de leurs parents.
     Justement, Adrien, le père de Jérémie, la trouble : l'homme, délaissé par son épouse et dévoué à son fils, reste tourmenté par sa participation à la guerre d'Algérie...
    Saura-t-elle le faire vibrer à nouveau ? 


     De prime abord j'ai trouvé la couverture de ce livre superbe, sobre et colorée à la fois ; et c'est ce qui m'a donné envie d'en lire le résumé, puis de le lire.

    Dans ce roman, nous rencontrons Diane, une jeune femme qui décide de reprendre sa vie en main. Après un mariage des plus désastreux, elle accepte un poste d'institutrice dans une petite ville du Macif Central. Comme toutes les femmes seules qui décident de travailler à l'époque, elle doit se montrer forte et apprendre à mener sa vie. Heureusement pour elle, elle est bien entourée et ses élèves se révèlent charmants avec elle.
     Dans le même temps, nous faisons la connaissance d'Adrien, le papa de Jérémie, un des élèves de Diane. C'est un homme brisé, qui se concentre sur sa vie professionnelle et sur son fils pour ne pas sombrer. Abandonné par son épouse à son retour de la Guerre d'Algérie, il s'est installé chez sa mère, qui comme cela se faisait alors à l'époque prend soin du petit garçon.
     Et puis il y a Jérémie, ce petit garçon plein de vie et doué en dessin. Est-ce parce qu'il aimerait mettre de la vie et de la couleur dans la vie de son papa que ce petit garçon, haut comme trois pommes est fasciné par les craies de couleur ?

    Le roman tourne autour de trois thèmes : la vie de Diane, l'école et les ravages psychologiques qu'a pu faire la Guerre d'Algérie dans les esprits des hommes qui sont allés combattre là-bas.
    Il est agréable de découvrir la vie de Diane ; jeune femme insouciante qui épouse un peu trop vite son premier amour et qui finit vite par déchanter. Heureusement l'émancipation des femmes a commencé, et aidée par sa jeune tante, elle arrive de se sortir de ce mauvais pas. Ce qui creuse un fossé entre elle et sa mère ... difficile est l'entente et la compréhension entre les générations à cette époque de changements. Et pour ne rien arrangé dans ces rapports mère-fille, il y a une vieille rancœur bien ancrée.  
     L'école est toujours un sujet qui fascine. Est-ce parce que nous y avons passé tant de temps ? Toujours est-il que les lecteurs aiment découvrir l'école des temps passés, surtout à cette époque où il semblait souffler comme un air de liberté, où l'électronique n'avait pas envahit le marché, et où l'on pouvait rester jouer avec les copains après la classe sans risque sur la place du village ou dans les bois alentour. Les bêtises n'étaient pas les même, et elles donneraient presque envie ....
    Les années 60 sont marquées par la Guerre d'Algérie, que l'on soit allé sur place ou que l'on ait suivi l'affaire de loin, elle n'a laissé personne indifférent. Et pourtant, elle semble vite devenir un sujet tabou, et quelques décennies plus tard, plus personne ou presque n'ose encore l'évoquer ... pourquoi ? Pourquoi ce désir si fort de l'oubli ? Josette Boudou répond quelque peu à cette question au travers des souvenirs et blessures d'Adrien, disséminé au fil du récit. Elle revient sur cette incompréhension des soldats sur place, assistant impuissants à une boucherie dont ils ne voient pas l'utilité et dont ils ne savent se prémunir ou se protéger. Bien sûr, elle ne fait qu'évoquer tout cela, mais à travers le peu de pages dédiées au sujet, elle sait pointer les choses du doigt afin que les générations futures se posent les bonnes questions et peut-être ait envie de se pencher davantage sur cette tranche de notre passé.

     Cela semble faire beaucoup de sujets abordés dans ce roman somme toute assez court, mais la plume de Josette Boudou sait être efficace et pleine de vie. A aucun moment de la lecture, le malaise ne prend le lecteur, a aucun moment il souffre ou peine ; non, il a toujours envie d'aller plus loin dans la lecture, il suit la lumière que l'auteur allume de plus en plus intensément au fil des pages.

    Ce roman est avant tout un livre sur la vie, plein de vie et d'avenir.


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