mercredi 17 janvier 2018

Cyrano de Bergerac - Edmond Rostand

Cyrano de Bergerac, de Edmond Rostand

Théâtre 
Texte classique tombé dans le domaine public
250 pages
Première représentation : 28 décembre 1897



     Savant fou tombé de la Lune ou ferrailleur éblouissant, si tous se reconnaissent en lui, s'il nous arrache des larmes, c'est parce qu'il est vrai, d'une profonde vérité humaine. C'est lui que Roxane aimait, son intelligence, son esprit. Cyrano est une part de nous-mêmes, le vengeur des humiliés et des offensés, des timides et des ratés de l'amour. À la fin de l'envoi, c'est toujours lui qui gagne.




    Ce moment gênant où tu te rends compte qu'au final tu ne connais pas vraiment l'une des plus célèbres histoires du théâtre français et qu'il serait temps de réparer ce tort... Comme beaucoup de monde, j'avais entendu parler de ce personnage haut en couleurs, au long nez, mais l'image que l'on m'en avait donné était celui d'un personnage de farce, ce qui est complètement erroné.

     En effet Cyrano de Bergerac est de ces héros tranquille, posé, maniant aussi bien le verbe que l'épée et qui ne saurait souffrir de se mettre en ridicule posture. La droiture, l'élégance, l'honneur et le sang-froid sont ses maîtres mots. Et quand il tombe amoureux, et que la belle lui avoue en aimer un autre qui l'aime en retour ; il se met en devoir d'aider son rival à séduire la gente demoiselle. Car oui, Cyrano est un homme de cœur, qui ne saurait forcé des sentiments à son endroit et préfère voir sa douce heureuse avec un autre, même si cela lui coûte.

     En écrivant cette pièce Edmond Rostand oublie toutes les règles du théâtre classique : sa pièce se déroule en maints lieux différents à des dates très éloignées, et il s'y passe beaucoup de chose, comme si l'amour n'était qu'un prétexte d'écriture pour parler de milles autres choses et laisser ainsi place à toute son imagination. Et lui qui peinait tant à être connu et reconnu, qui essuyait échec après échec, se fait pour une fois confiance et ose se lancer dans le pari fou de cette pièce, y engageant ses derniers deniers. Et il a eut bien raison, car sa pièce est unique et longuement applaudie par un public des plus enthousiastes. Son texte lui vaudra de recevoir la Légion d'Honneur, une distinction qu'il n'aurait su espérer.

     Lire du théâtre peut paraître fastidieux, ou bien fade, mais pas ici. J'ai eu l'impression de parcourir un roman, où les descriptions auraient été placées systématiquement en tête de chapitre, pour laisser plus de place aux personnages. Edmond Rostand se fend de longues didascalies pour introduire chaque acte et ainsi situer la nouvelle action ; il nous entraîne ainsi dans des lieux tout aussi divers qu'étonnants et c'est avec plaisir que nous suivons Cyrano, Christian et Roxane. Bien que parfois on se demande comment dans un tel environnement il va pouvoir les mettre en scène et faire avancer l'intrigue amoureuse. Mais dans toute cette profusion, jamais il ne se perd, ni ne perd son lecteur. 
    Lire cette pièce a été un délice, et je suis très curieuse de lire les écrits du vrai Hercule Savinien de Cyrano de Bergerac, cet auteur oublié de nos jours qui fut la source de l'inspiration d'Edmond Rostand. Et je ne serais pas surprise de retrouver dans la pièce des clins d'oeil non dissimulé à ces textes qu'il devait bien connaître. Ils devraient notamment expliquer pourquoi le Cyrano de Rostand se met soudainement à épiloguer sur les astres et l'univers.

     Bien que la pièce soit totalement écrite en vers, ce qui était jugé ringard à cette l'époque, cela ne gêne absolument pas la lecture. On oublie complètement cette fantaisie de l'auteur au profit de l'histoire et de ses personnages. Donc si cela pouvait vous effrayer, ne vous arrêter pas à ce fait et oser tourner la première page.

    Je regrette de ne pas avoir lu plus tôt ce chef-d’œuvre de la littérature française, et je regrette qu'il ne soit pas intégré dans les programmes scolaires. D'ailleurs je regrette que le peu de fois où la pièce ait été mentionnée, cela ait été pour la présenter comme une farce, ce qu'elle est loin d'être à mon sens.
     Si vous n'avez jamais lu ce texte, je vous invite chaudement à vous y plonger ; je doute que vous soyez déçu !


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