mardi 30 juillet 2013

Couleur de Sang - Nathy

Couleur de sang, de Nathy

25 pages, Nouvelle
Editions Artalys
Parution 30 mai 2013

Illustration : Nathy

Présentation de l'éditeur :
" Très librement inspirée du Petit Chaperon Rouge, cette nouvelle relate la rencontre amoureuse de deux êtres que tout aurait dû séparer, issus de deux mondes ennemis, celui de la forêt et celui des hommes, entre lesquels ne règnent qu’incompréhension et haine. Grâce à un style poétique où chaque phrase brille comme un diamant, Nathy tisse un conte inoubliable qui possède la saveur des légendes d’antan."

     Me revoici avec un peu de fantaisie pour trancher avec tout le réalisme de mes dernières lectures.

     C'est une nouvelle, donc un texte assez court, qui se lit vite. L'auteur nous entraine sur les traces d'un petit chaperon rouge, dans une forêt magique gardée par un homme-loup. La douce enfant naïve tombant inévitablement sous le charme de l'homme aux yeux topaze qui croisera son chemin. 


     Dans cette nouvelle on retrouve tous les éléments qui font le conte traditionnel du petit chaperon rouge : loup, grand-mère, chaperon rouge, panier, galette et bien sûr, chasseur. On retrouve également dans cette nouvelle, une forte inspiration de la légende de la bête du Gévaudan, surtout dans les premiers paragraphes.


     L'univers est très sombre, et je n'ai jamais réussi à trouver la forêt accueillante ou magique. Mais un lecteur plus averti saura sans doute être davantage touché que moi par l'imaginaire de l'auteur.  Les personnages me sont restés distants, mais sur un conte d'aussi peu de pages, peut-il en être autrement ?  Je n'ai pu que sourire de la naïveté de la belle et me suis grandement interrogée sur un point : comment une pucelle pourrait faire l'amour la première fois d'une façon aussi chaude, torride et innée ? Le héros, quant à lui, n'avait rien pour lui ; homme-loup blessé, luttant pour sa survie et pour la charge qui lui est imparti, il découvre que l'on peut se battre par volonté et non plus seulement par devoir. 


     Autant l'idée et l'histoire me semble très judicieusement trouvée, autant j'ai été gênée par la plume de l'auteur. Rendons à César ce qui est à César : Nathy sait particulièrement bien utiliser les adjectifs et possède un vocabulaire des plus riches. Mais paradoxalement, c'est ce qui m'a quelque peu empêcher de rentrer totalement dans le récit. Je pense que du fait que ce soit un texte très court, l'abondance de vocabulaire détaillé l'alourdit beaucoup : les contes restent toujours simples dans leur narration. 

    Je tiens à faire remarquer la magnifique couverture, réalisée par l'auteur, qui est une réelle porte d'entrée dans l'univers de la nouvelle. Il est vraiment agréable de trouver d'aussi belle couverture pour des ebooks !

     C'est un texte intéressant, chargé de références, que les amoureux de fantaisie devrait beaucoup apprécier !




 

samedi 27 juillet 2013

L'Oreille du Libraire, François Perche

L'oreille du libraire, de François Perche

136 pages
HB Editions
Année de parution 2003

4ème de couverture:
"Depuis que j'ai ouvert cette librairie, j'ai toujours été entouré de voix.
Dès les premiers jours, les gens découvraient un libraire qui savait les écouter.
Plus tard, j'ai appris que l'on m'appelait " la grande oreille ".
J'ai acheté un cahier.
Besogneux du crayon et du papier, j'écrivais chaque jour le produit du rapt quotidien, les paroles ramassées au-dessus des livres, les confidences, les cris, les murmures, les angoisses, les appels au secours.
J'ai la même perception pour " mes " voix que pour les livres que j'expose dans les rayons et sur les tables : une commune vibration d'humanité."


     Voici un autre livre que j'ai découvert sur les rayons de la bibliothèque. Je n'en avais jamais entendu parler mais le titre m'a accroché, je suis donc repartie avec.

     Nous sommes une fois de plus dans le réalisme. L'auteur François Perche a été libraire un temps et nous livre ici des extraits pris sur le vif de cette période de sa vie, où les gens de son quartier passait dans sa librairie dans l'espoir d'y trouver une oreille attentive.
    François était là, toujours là, à tendre son oreille et à soulager ses esprits qui débordaient. Mais à trop écouter tous ses mots qui débordent, son esprit se trouve envahi et possédé. Comment résister à toutes ces voix ? Comment faire survivre l'homme qu'il est au milieu de tout ce brouhaha de vie ? Il lui vient alors l'idée d'écrire, de poser tous ces mots, toutes ces voix sur un cahier. Il collecte ses petits moments de vies, un à un, par petites brides pour reposer son esprit.
    Ce sont ces moments là qu'il nous livre ici, dans leur plus simple appareil. Juste des mots et des tranches de vies et de souvenirs.
     Le livre est entrecoupé de passages plus personnels, toutes ces Voix font remonter des souvenirs enfouis dans la mémoire de l'auteur. Il les transcrit au fil de sa pensée, rebondissant sur les mots des Voix.
   
    François Perche est un auteur de poésie et de théâtre et cela se sent à travers son écriture. Sa plume est simple et l'oralité révèle toute la force de ses phrases. De plus il a pris soin de structurer la forme même de ce texte, pour mieux mettre ses mots en valeur et insufflé du rythme à son écrit.
     Ce ouvrage demeure assez brut dans sa structure et son écriture, comme un travail préparatoire, un cliché pris sur le vif attendant d'être affiné et modelé. Il serait une matière première idéale pour un orchestre de lecteurs ou pour une troupe de théâtre.

     J'ai passé un agréable moment en compagnie de François et de toutes ses Voix, ils m'ont tour à tour fait sourire ou réfléchir sur ma propre vie. Les personnages sont attachants, tout en restant anonyme, ils le sont car c'est l'humanité au travers d'eux qui est attachante. L'humanité est fascinante et sensible, nous la heurtons trop souvent, et oublions d'en prendre soin.

" Écrire c'est comme se trouver devant une immensité où grouillent de fulgurantes images, des paroles égarées, des lambeaux de vie, qui flottent à la dérive.
L'écriture, c'est le temps, c'est la vie.
L'écriture abolit le temps."


"Il y a des gens qui se tiennent immobiles, que l'on croit immobiles, et pourtant ce sont des errants, ils errent entre le passé, le présent et le futur. Ils fuient le monde dans l'immobilité ; ils ne sont pas sédentaires, ils sont à la limite de la vie, ils nous échappent toujours."

" Mais je ne vis pas pour mes souvenirs.
Ils sont là, je les garde, ça fait du bien. Mais la vie, c'est aussi le reste.
Il y a tout le reste."