vendredi 11 mai 2018

Sens dessus dessous - Chantal Thomass

Sens dessus dessous, de Chantal Thomass

295 pages
Editions Michel Lafon
Parution : Septembre 2017

Présentation de l'éditeur :
     L'autobiographie de l'une des plus grandes icônes du glamour français.
     Une plongée inédite au cœur de l'intimité d'une femme libre qui dévoile pour la première fois son parcours professionnel mais aussi sa vie privée d'épouse et de mère.

    C'est l'histoire d'une jeune fille de banlieue qui rêve d'une autre vie que celle de ses parents. Une jeune fille timide et complexée qui ne sourit pas, ne parle pas et n'existe vraiment que lorsqu'elle sort vêtue de ses créations extravagantes, confectionnées par sa mère couturière.
     Avec Bruce Thomass, le garçon qu'elle rencontre à l'âge de 15 ans, son futur mari et associé pendant vingt-cinq ans, elle va briser les codes pour s'imposer dans un monde de la mode largement masculin. Avec ses meilleurs amis comme Thierry Mugler, Jean-Charles de Castelbajac ou Kenzo, elle va vivre la folie des défilés et des années Palace, l'hécatombe des années sida, et va se faire un nom.
     Une femme libre et sans compromis qui a gagné de nombreuses batailles et en a perdu beaucoup.... Après l'évincement de sa propre marque par ses actionnaires japonais, Chantal Thomass va reconquérir son nom, sa place dans l'univers de la mode où elle deviendra l'icône française des dessous chics.


    Ce sont les questions de sa petite-fille qui ont décidé Chantal Thomass à prendre la plume et à raconter ses débuts dans la mode. Ainsi elle nous raconte comment tout est parti de ses envies de vêtements excentriques qu'elle demandait à sa mère de lui coudre lorsqu'elle était jeune, jusqu'à ce qu'elle crée sa ligne de prêt-à-porter dont elle était si fière.
    Chantal Thomass c'est avant tout une personnalité hors de commun, au caractère bien trempé, qui a su se donner les moyens de réussir dans une époque où les femmes restaient encore en marge de la société. Elle, rien ne lui a fait peur. Elle était certaine de ce qu'elle voulait faire, alors aidée de son mari, ils se sont donné tout donné pour atteindre leur but.

   C'était dans une époque où l'univers de la Haute-Couture avait encore une dimension humaine et artistique, où l'on créait de réelles amitiés entre créateur, où l'argent n'était pas le seul moteur, ni le seul enjeu. Où l'on pouvait s'exprimer sans contraintes en tant qu'artiste et où la mode savait passionner les foules. Aujourd'hui le monde de la mode a bien changé, et cela Chantal Thomass le ressent bien chaque jour.
    Ce changement lui laissera pour toujours un goût amer, car il lui a fait perdre sa ligne de Prêt-à-porter, ce qu'elle préférait entre tout, mais lui laissera sa ligne de lingerie qu'elle continue de défendre bec et ongles.

    Il est très intéressant de lire le parcours extraordinaire de cette femme qui a su s'imposer dans le domaine si masculin de la mode. Et pourtant qui mieux qu'une femme peut savoir embellir et habiller une femme ? Lui permette de se mettre en valeur, de se sentir bien dans son corps tel qu'il est plutôt que d'essayer de le façonner pour qu'il corresponde à des critères standardisés et peu réalistes ?
    Elle défend aujourd'hui le fait qu'une femme s'habille avant tout pour elle-même. Et que même le choix de sa lingerie est d'abord un choix égoïste qui lui donnera de la force et de l'aplomb dans sa vie de tous les jours. Car n'est-on pas plus forte et sûre de soi lorsque l'on porte des vêtements que l'on aime et qui nous vont bien ?

    Lire cette autobiographie permet de mieux comprendre les évolutions du monde de la mode. C'est un univers qui fascine : tout ce luxe d'étoffes et de perles, toutes ces idées folles ou sages de créateurs, ces tendances qu'ils tachent de lancer pour habiller hommes et femmes chaque jour... Un monde complexe où il est aujourd'hui difficile de percer. Et nous pouvons légitimement nous poser la question de l'avenir de la Haute-Couture . Quel avenir pour un milieu où un créateur peut perdre la Maison de Couture qui porte son nom ? Où seul l'argent et non plus l'amour de l'art textile est le moteur principal ?

    J'ai aimé découvrir cette femme forte, pleine d'idées et d'envie, qui depuis toujours se bat pour ce en quoi elle croit. Qui n'a jamais baissé les bras, qui a toujours su faire preuve d'ingéniosité, de créativité et de réalisme pour aller au bout de ses envies, aussi souvent que cela était possible.
    C'est selon moi un modèle inspirant pour toutes les femmes. Et ce qu'elle partage de sa vie ici sans fausse pudeur donne vraiment envie de la connaître et de la soutenir.
    Dans son métier, elle essaye chaque jour de faire changer les mentalités des femmes et des hommes, et j'espère sincèrement qu'elle y arrivera. Elle a déjà redonné confiance à des milliers de femme, espérons qu'elle le fera encore pendant très longtemps.

    Comme vous l'aurez deviné, je vous conseille pleinement de lire ce récit, qui trace le portrait d'une femme au parcours professionnel passionnant, mais également une fresque d'un des patrimoines culturel de notre pays : la Haute-Couture.


    Il n'empêche, je sais pertinemment ce dont je rêve : créer des vêtements pour les jeunes femmes de mon âge, à une période où en France rien n'existe en dehors des grandes maisons de couture, chasse gardée, ou d'un prêt-à-porter s'adressant au plus grand nombre, beaucoup trop sage à mon goût.

     Le résultat est très joyeux avec toutes ces couleurs vives. Reste à convaincre le public. Va-t-il aimer ou détester ? Pour la première fois de l'histoire de la mode, je fais monter la lingerie sur le podium dans un défilé de prêt-à-porter. En toute discrétion toutefois.

    Il existe une réelle différence entre la mode des hommes et celle des femmes. Pourquoi ? Car tous les hommes, qu'il s'agisse de Galliano, McQueen, Alaïa, Gaultier, Mugler et bien d'autres peuvent aller très loin dans l'extravagance et la création spectaculaire, quand nous les femmes, Coco Chanel la première, Sonia Rykiel, Agnès B., Jacqueline Jacobson, Anne-Marie Beretta ou moi nous l'autorisons moins, tout simplement parce que nous concevons des modèles dont nous sommes les premiers mannequins et que nous pourrions porter. Il s'agit donc d'une mode certes d'apparence plus sage, mais plus proche des femmes...

    Nous avons toutes nos petits secrets ! Je n'ai pas, comme Coco Chanel, la phobie des genoux, mais je l'aime pas les miens ; c'est bien pour cela que j'ai inventé les collants opaques !
   
    Je me défends, toujours sur la même ligne. Je fais de la lingerie pour que les femmes se trouvent belles - ne doit-on pas tous les jours mettre un slip et un soutien-gorge ? - sans pour autant se déshabiller devant un homme. Je veux que les femmes se sentent bien dans leur peau, qu'elles se fassent plaisir - et si elles plaisent aux hommes, tant mieux. Ne salit-on pas le corps de la femme en condamnant sa nudité ?

    Sans doute ai-je eu la chance d'avoir eu vingt ans en 1968, à une époque formidable et dans un univers placé sous le signe de l'extravagance et de la tolérance. Moi qui n'est jamais souffert d'être une femme, j'ai voulu créer une mode pour des femmes sûres de leur séduction, qui n'auraient pas renoncé à la féminité et à la douceur pour autant.

mercredi 9 mai 2018

Dans l'ombre d'Ana - Marjorie Motto

Dans l'ombre d'Ana, de Marjorie Motto

266 pages
Editions de la Rémanance
Parution : Février 2016


Présentation de l'éditeur :

    Un peu ronde mais bien dans sa peau, Elsa est une jeune femme heureuse. Pour elle, tout va pour le mieux : un travail prenant, des amis et une famille aimante, des loisirs et des projets. Comment imaginer qu’une simple rencontre puisse venir bouleverser sa vie, que perdre du poids pour entrer dans le moule des canons de beauté modernes devienne son obsession ?



     Il n'est jamais facile de parler de la maladie, et encore moins d'une maladie aussi insidieuse et sournoise que l'anorexie. Marjorie Motto s'y essaye avec beaucoup de finesse, de simplicité et de justesse.
 
    Dans ce roman, nous allons faire la connaissance d'Elsa, une jeune femme mal dans sa peau à cause du regard des autres et qui va se laisser entrainer petit à petit dans la spirale infernale de la minceur et de la destruction de son corps, de son moral et de son caractère.
    Vouloir plaire est légitime, mais pas à n'importe quel prix ! Lorsque Elsa rencontre ce jeune homme, c'est une jeune femme épanouie, bien dans sa vie, bien qu'un peu seule, qui aime manger, rire et profiter de la vie. Séduite, elle se laisse petit à petit atteindre par les phrases piquantes de son compagnon. Il ne veut pas s'afficher avec elle, cela la blesse ; mais au lieu de remettre en question le comportement malsain de son compagnon, elle en déduit que c'est de sa faute, que c'est à cause de l'image que le miroir lui renvoie. Elle si gourmande, commence à se priver. Première étape : ne plus déjeuner, et se cacher pour que les autres ne la voient pas. Elle se coupe de ses collègues, de ses amis...  Le non-manger devient son obsession, son combat. Elle se cache, ment, s'isole... et le pire dans tout cela : se ment à elle-même. Elle refuse d'écouter les autres, qui sentent qu'elle part à la dérive.
    Elle se laissera sombrer jusqu'à mettre sa vie en danger. Et pourquoi ? pour un homme qui n'en vaut pas la peine, qui l'a rejeté. Mais heureusement pour elle, la vie mettra sur sa route, une personne qui saura l'écouter, l'épauler et qui la trouvera belle de l'intérieur. Qui décidera de se battre avec elle sans rien attendre en retour, à part sa guérison.

    Marjorie Motta a-t-elle un jour été confrontée directement ou indirectement à cette maladie pour si bien nous en décrire les étapes mentales et physiques ? Ce pourrait être un témoignage tellement le texte est personnel et précis. 
    C'est un ouvrage très intéressant à lire. Sous couvert d'un roman, c'est un document complet sur cette maladie. Celui qui le lit sera plus facilement alerté par les dérives alimentaires des personnes qui l'entourent. C'est important d'être informé jeune sur le sujet, car dès le collège ou le lycée ce mal-être sait s'insinuer.
    Nous avons tous une responsabilité quant aux personnes qui nous entourent, et plus particulièrement pour ce type de pathologie où le malade nie la réalité et se ment à lui-même. Bien sûr nous ne pouvons pas le "sauver" nous-même, mais détecter le problème et mettre en alerte l'entourage du malade c'est réellement lui sauver la vie. Il est important de ne pas se taire, de parler de ses doutes. Il vaut mieux risquer de se tromper plutôt que prendre le risque de laisser quelqu'un se détruire.

    Malgré le sujet assez difficile, la lecture de ce roman est fluide. Elsa est attachante et nous avons envie qu'elle s'en sorte. Je ne vous cache pas que j'ai eu plus d'une fois envie de la secouer, ce qui en soi n'aurait pas servi à grand chose, car il s'agit d'une maladie et non seulement de quelqu'un qui baisse les bras. Lire ce roman permet de mieux comprendre les tenants et les aboutissants, de comprendre le mal-être sous-jacent, la pression psychologique, le dénie et l'excès dans le comportement. Cela m'a permis de comprendre le mécanisme de la maladie, et je remercie Marjorie Motto de nous offrir un texte à la fois plaisant à lire et si informatif.

    La seule chose qui m'a dérangé, c'est que du point de vue de sa description physique Elsa est loin d'être ronde, c'est une femme tout à fait normal avec moins d'une dizaine de kilos en trop. Porter une taille 40, ce n'est pas être ronde !

    C'est un roman que je conseille à tous les lecteurs. Et je pense qu'il serait important de le mettre dans les mains des adolescents, qui font partie des plus touchés par ce mal, afin qu'ils puissent ne pas s'y laisser entrainer et/ou qu'ils puissent veiller sur leurs camarades.

mardi 1 mai 2018

Les mots entre mes mains - Guinevere Glasfurd

Les mots entre mes mains, de Guinevere Glasfurd

448 pages
Editions Préludes, Collection Préludes littératures
Parution : Août 2016

Présentation de l'éditeur :
    Helena Jans van der Strom n’est pas une servante comme les autres. Quand elle arrive à Amsterdam pour travailler chez un libraire anglais, la jeune femme, fascinée par les mots, a appris seule à lire et à écrire. Son indépendance et sa soif de savoir trouveront des échos dans le coeur et l’esprit du philosophe René Descartes. Mais dans ce XVIIe siècle d’ombres et de lumières, leur liaison pourrait les perdre. Descartes est catholique, Helena protestante. Il est philosophe, elle est servante. Quel peut être leur avenir ?
   En dévoilant cette relation amoureuse avérée et méconnue, Guinevere Glasfurd dresse le portrait fascinant d’une femme lumineuse, en avance sur son temps, et révèle une autre facette du célèbre philosophe français.


    Il est rare que je finisse pas un roman, mais celui-ci en fait hélas parti. Je me suis arrête au trois quarts car honnêtement je m'ennuyais.

    Le personnage d'Helena est, certe, sympathique, mais manque de force, de caractère,... de ce petit plus qui fait que l'on s'attache à lui. Je m'attendais à une héroïne forte, puissante, au caractère bien trempé. Je l'ai trouvé effacée et un peu trop en retenu. Il est vrai qu'à cette époque, les femmes n'avaient pour place que celle de tenir la maison, mais tout de même. Si cette jeune femme avait le talent pour apprendre à lire seule, pour s'intéresser et se cultiver, alors que c'était l'apanage des garçons, c'est qu'elle devait avoir un fort caractère. Ici je n'ai rencontré qu'une jeune femme fade, qui deviendra presque transparente quand elle rencontrera Descartes.

    Guinevere Glasfurd semble s'être bien documenté sur cette histoire qui serait vraie (ne l'ayant pas vérifié moi-même, je ne peux l'affirmer) et peut-être l’exercice de recherche a quelque peu figé son écriture ? Il n'est pas facile de romancer un morceau d'Histoire sans avoir le sentiment de la trahir en l'embellissant trop où en brodant autour des quelques faits avérés que l'on peut avoir collectés. Peut-être est-ce cela qui l'a empêchée de donner plus de force à ses personnages, de peur de les trahir ?

    Je reconnais que j'attendais sûrement trop de ce roman. Peut-être ne l'ai-je pas lu au bon moment ? Peut-être ai-je raté le meilleur en ne lisant pas les dernières pages du récit. Difficile donc pour moi de donner un avis sur ce roman, je ne peux que faire des suppositions quant à la façon dont l'idée a commencé à prendre forme sous la plume de l'auteur.

    Je vous conseille de le lire afin de vous faire votre propre avis, et j'espère que vous saurez mieux l'apprécier que moi !