vendredi 19 décembre 2014

Les caractères mobiles - Olympe Vainsaï


Les caractères mobiles, de Olympa Vainsaï

200 pages
Editions Blookly
Parution :  Juin 2014
Livre électronique

Présentation de l'éditeur :
Une campagne de publicité pour une grande marque de cosmétique est piratée. Que s'est-il passé ?
De la directrice marketing du groupe à la responsable commerciale, leurs conjoints, leurs familles, ce torpillage qui aurait pu n'être qu'une mauvaise blague, affecte six vies interconnectées :
Trois femmes : ambitieuses. Peuvent-elles réellement concilier carriérisme et maternité ? Que sont-elles prêtes à sacrifier ? Leur couple, leurs valeurs, leur bonheur ?
Trois hommes : idéalistes. Peuvent-ils défendre leurs idéaux écologiques, patriotiques ou humanistes tout en conservant l'estime de leurs compagnes ? Que sont-ils prêts à perdre ? Leur confort social, leur prestige, leur bonheur ?
Six vies interconnectées, acculées à des changements d'existence, dans la douleur. Six vies, et toute notre fragilité dans ce monde mobile et connecté, mobile et trop rapide.

     Quelle surprise quand une campagne publicitaire se trouve parasitée par une autre ? Quel étonnement de recevoir une pub SMS d'un grand groupe de cosmétique pour son dernier produit, suivi aussitôt d'un second SMS proposant un ramassage écolo robotisé des déchets. C'est d'autant plus surprenant que le grand groupe ne fait pas encore dans l'écologique et le traitement des déchets, et que ce ramassage proposé par une petite entreprise toute nouvelle, ne s'adresse pas au grand public. Que s'est-il donc passé ? Sabotage ? Erreur humaine ?
    Il faut aussitôt faire face au "problème" occasionné et vite remettre la machine en route.
     Le grand groupe veut sauver la face et se dit que racheter la petite entreprise peut peut-être rafraîchir son image.
    La société de publicité responsable des envois SMS se doit vite de trouver un coupable, car on ne mélange pas une campagne de millions de SMS au grand public avec une toute petite d'un millier destiné aux collectivités !
    La machine humaine est en route, il faut trouver des coupables, comprendre, et pour les différentes personnes concernées : tirer son épingle du jeu.
    Si certains décident de démissionner avant même d'être soupçonné, d'autres se retrouvent mise au placard avant même d'avoir pu tenter quoique se soit. Car le soucis, c'est que quelques liens familiaux et amicaux se trouvent pris dans l'étau, et les dirigeants ne cherchent pas à savoir.
    Autour des quelques carriéristes au centre de l'histoire, évolue quelques personnes en marge comme le jeune Sébastien qui n'aspire qu'à devenir papa au foyer, mais n'ose le dire à sa femme ; ou Michel, professeur à l'université, qui tente de lutter contre le développement économique chinois et son emprise sur le milieu économique français, et qui fait des parallèles entre la vie en société des abeilles et le notre.
    Comment tout cela finira-t-il ?

    La lecture est agréable car l'auteur insère régulièrement les échanges SMS des différents protagonistes, et chacun devient régulièrement à son tour le personnage mis au coeur du récit. Nous avons ainsi différents point de vue, avec les espoirs et les incompréhensions de chacun.

    Olympe Vainsaï a la plume assassine avec ses personnages et ne les épargnent pas, soulignant plus souvent leurs défauts que leurs qualités. Sauf pour Sébastien qui semble être son petit chouchou et le seul que l'on a envie de protéger.
     Elle souligne l'écart entre les problèmes de boulot et les problèmes plus graves de la vie, comme une soeur qui disparait du jour au lendement. Elle souligne l'aberration de la société dans laquelle nous vivons, qui ne nous fait vivre que pour notre travail, et nous cantonne à rester dans des cases.
Qui choisissez-vous d'être ?

    Le plus gros reproche que je fais à ce livre, c'est sa fin ! Pour moi il n'y en a pas. On ne sait pas ce qui arrive finalement aux différents personnages ? quelle va être leur décision finale ? quelle direction vont-ils décider de donner à leur vie ?
    Je déteste quand un livre s'achève ainsi, cela me donne l'impression que l'auteur n'a pas pris le temps ou n'a pas eu le courage d'écrire la fin. Il n'y a rien de plus frustrant que de refermer son livre en ce disant : "tout ça pour ça ? j'ai l'impression d'avoir perdu mon temps car au final je ne sais pas, je ne suis pas plus avancer qu'avant."

    C'est un livre très actuel, avec une réflexion intéressante, mais auquel il manque la fin, pour moi. Qui gagnerait à être retravaillé et écrémé de tous les mots compliqués que l'auteur a cru bon d'ajouter, et qui sont 9 fois sur 10 mal employés. Ils ralentissent le lecteur et n'apportent rien à l'histoire.

    "Ils sont des parents-minutes, des parents qui exigent le meilleur en instantané. Ils voudraient une logiciel qui automatise la gestion de l'enfance avec des modules alimentation, éducation et santé, un logiciel aisé à paramétrer, que les nounous successives pourraient utiliser et qui suivrait la vie de la famille bien mieux qu'un psychologue, un pédiatre, un précepteur."

    "Elle pense alors à son amoureux : ne fait-elle pas une erreur en décidant de vivre avec lui . Peut-être que Maxime ne lui a présenté que son emballage impriné de promesses chamarrées et de conseils avisés et qu'elle a être déçue en quelques jours de cohabitation avec lui. Elle aurait voulu lui faire passer un test qualité, elle aurait voulu ...Ah ! elle s'imagine elle et Maxime se tournant le dos chacun avec leurs portables, mobiles et ordinateurs, partageant le même wifi mais pas la confiance assortie ; peut-être comme tant de couples : Sabine n'a pas foi en Michel et pourtant leur vie conjugale se perpétue, comme si ce n'était pas important."

    "Elle n'est pas la femme qu'une choisit pour se caser, elle n'est pas la femme avec qui on couche vite fait ; elle est la femme d'une belle histoire."

    "Dans quel lieu ? Sandra ne sait pas, elle sait simplement qu'elle voudrait s'enraciner, avoir une meilleure amie qui habite une maison au coin de la rue, fonder une dynastie, avec des enfants, neveux, petits enfants qui partent mais toujours reviennent. Ne plus bouger. Cristalliser très vite, comme du miel à forte teneur en glucose."


    Je remercie l'auteur et le forum Have a Break, Have a Book pour la découverte de ce livre.

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Livre lu dans le cadre des challenges : (cliquez sur les images pour voir les challenges)

http://www.lalecturienne.com/2014/10/challenge-couleurs-dautomne.html*http://www.lalecturienne.com/2014/09/challenge-arche-de-noe.html
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http://www.lalecturienne.com/2014/08/challenge-1-mois-1-nouvelle-plume.htmlhttp://www.lalecturienne.com/2014/01/challenge-des-100-lectures-2014.html
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http://www.lalecturienne.com/2014/07/challenge-un-mois-une-lettre.html*http://www.lalecturienne.com/2014/07/un-marathon-litteraire-par-thematique.html





jeudi 4 décembre 2014

L'heure du bilan : Novembre 2014


Le bilan est bien maigre, moi qui voulait faire une boulimie de lecture, je me suis heurté à deux livres qui m'ont bien ralentie, et comme je ne lis jamais deux livres en même temps, et que je n'abandonne jamais ... et bien je les ai trainé plusieurs jours durant ; mais au final je suis tout de même contente de les avoir lus.

Je vous laisse découvrir mon avis sur mes six lectures de ce mois-ci dans cette petite vidéo :



Mes lectures du mois :
- De la littérature industrielle, Sainte-Beuve
- Les brumes du Caire, R. Thomas
- Les caractères mobiles, O. Vainsaï
- STYx, J.-M. Calvez
- Réparer les vivants, M. de Kerangal
- Le vent d'Anatolie, Z. Zatèli

J'espère que mes lectures de décembre seront plus nombreuses et plus fluides !

Et vous qu'avez-vous lu ce mois-ci ? 
N'hésitez pas à me laisser en commentaires les liens vers vos bilans, que je puisse aller les voir !



Réparer les vivants - Maylis de Kerangal

Réparer les vivants, Maylis de Kerangal

281 pages
Editions Gallimard , Collection Verticales
Parution : Janvier 2014

4ème de couverture :
    "Le coeur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps". 
    Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le coeur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.

    J'avais découvert ce livre dans le numéro de LIRE qui parlait de la rentrée littéraire de janvier, et qui en faisait une critique plus qu'élogieuse. J'avoue que souvent cet engouement pour un livre me laisse sceptique : réalité ou publicité ? L'ayant également aperçu par-ci par-là, je me suis dit que si je le croisais sur ma route, je pousserai la curiosité jusqu'à la lire. Et je fus exaucée car je l'ai trouvé à la bibliothèque, sitôt vu, sitôt embarqué !
     Je n'avais pas pris la peine de relire la 4ème de couverture, je me rappelais vaguement le sujet, je me suis plongée dans ma lecture curieuse et sans attente. Et ce fut une bonne surprise ! J'ai constaté ces derniers temps que je peinais souvent à rentrer dans l'histoire, que les premières pages étaient souvent difficiles à lire, mais pas là.
     Dès les premières lignes Maylis de Kerangal nous entraine dans une histoire qui ne durera au final que 24h, mais ça nous ne le savons pas encore. Nous rencontrons le jeune Simon et ses amis, prêts à aller prendre la vague malgré le froid glaçant de l'hiver. Ce premier chapitre déborde de vie, de joie et de précisions. Il nous happe sans autre forme de procés.
    Et puis tout s'enchaine, l'accident, les parents, les décisions à prendre sans avoir pleinement le temps de réaliser ce qui se passe, le temps est compté à chaque instant.
     Le temps est compté il faut faire vite, mais la lecture n'est pas stressante, car l'auteur prend le temps de nous présenter des petits morceaux de la vie de tous les protagonistes de l'histoire, les rendant ainsi humains à nos yeux de lecteur et non pas seulement un engrenage d'une machine bien rodée, froide et efficace. Derrière chaque intervenant se cache un être humain, avec une vocation, une vie, ses faiblesses et ses espoirs.

    Le sujet traité est difficile, le don d'organe n'est pas un sujet dont on parle beaucoup de nos jours. C'est un sujet que l'on aborde peu avec ses proches, par peur de s'attirer le malheur sur soi ? parce que la vie nous semble trop belle pour s'arrêter brutalement ? C'est justement pour ça qu'il faut en parler, pour que dans tous les cas la vie puisse continuer pour les vivants : les proches et les inconnus. En parler et donner son point de vue sur le sujet à ses proches leur évitera si le cas se présente de devoir se torturer les méninges et d'endosser une responsabilité alors au-dessus de leurs faibles forces du moment, leur évitera une éventuelle culpabilité.

     Ecrire ce roman était un exercice difficile pour son auteur, car il fallait toujours rester dans la juste mesure, ni trop en faire de peur de lasser le lecteur, ni rester dans le simple schéma descriptif.
    Dans cet exercice Maylis de Kerangal a excellé, ne tombant jamais dans le pathos qui aurait été un calvaire à lire, mais qui par ses descriptions simples et son agilité à manier les mots, nous fait ressentir chacune des émotions. Nous nous mettons tour à tour dans la peau de ce jeune qui s'amuse sur son surf, à la place de cette mère complètement perdue qui ne sait plus ce qu'il lui arrive, de cette femme qui prend conscience que cela aurait pu être son fils, ce père qui regrette d'être parti 4 mois plus tôt, de cette petite fille qui ne comprend rien ; mais aussi de ce médecin de service qui découvre ce patient au début de sa garde et se sent impuissant, de cet infirmier spécialisé qui prendra le temps d'accompagner les parents, de cette jeune infirmière qui découvre ce service, de ce jeune médecin qui devra prélever le greffon et son interne curieuse qui devra garder son sang froid. Nous devenons tour à tour chacun d'eux, car l'auteur sait nous les rendre proche, sait en quelque mot nous glisser leur état d'esprit du moment et nous enfilons une nouvelle peau à chaque début de chapitre.
     J'avoue que plusieurs fois les larmes ont coulées sur mes joues, sans que les sentent venir, appelée par une phrase ou deux, jamais plus.

    Ce livre se lit incroyablement vite, malgré le sujet il est prenant et on ressort changé de notre lecture. Le premier mot que j'ai eu pour qualifier ce livre : Waouh !
     Le succès rencontré par ce roman est totalement justifier à mes yeux, c'est un exercice de haute voltige littéraire.
     C'est un livre a avoir lu une fois dans sa vie, mais pas un livre que l'on relit. C'est un livre qui doit circuler pour sensibiliser le plus grand nombre.

     "[...] rien ne lui a jamais semblé plus violent, plus complexe, que de venir se placer à côté de cette femme afin qu'ils creusent ensemble dans cette zone fragile du langage où se déclare la mort, pour qu'ils y avancent, synchrones. Il annonce : Simon ne réagit plus aux stimuli douloureux, des troubles oculaires et végétatifs sont apparus, notamment des troubles respiratoires, avec un début d'encombrement pulmonaire, et par ailleurs les premiers scanners ne sont pas bons - sa phrase est lente, ponctuée de reprises de souffle, manière d'y inscrire son corps, de le rendre présent dans la parole, de faire de la sentence clinique une empathie, il parle comme s'il ciselait une matière, et maintenant  ils se tiennent les dans les yeux, se font face, c'est cela, rien d'autre que cela, un absolu face-à-facen et celui-là s'accomplit sans faillir, comme si parler et se regarder étaient le recto et le verso d'un même geste, comme s'il s'agissait de se faire face autant que de faire face ç ce qui se profile dans une des chambres de l'hôpital."

     "Ils sont l'ombres d'eux-mêmes aurait-on dit pour les décrire, la banalité de l'expression relevant moins de désagrégation intérieure de ce couple que soulignant ce qu'ils étaient encore le matin même, un homme et une femme debout dans le monde, et à les voir marcher côte à côte sur le sol laqué de lumière froide, chacun pouvait saisir que désormais ces deux-là poursuivaient la trajectoire amorcée quelques heures auparavant, ne vivaient déjà plus tout à fait dans le même monde que Cordélia et les autres habitants de la Terre, mais effectivement s'en éloignaient, s'en absentaient, et se déplaçaient vers un autre domaine, qui était peut-être celui où survivaient un temps, ensemble et inconsolables, ceux qui avaient perdus un enfant."

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Livre lu dans le cadre des challenges : (cliquez sur les images pour voir les challenges) 

http://www.lalecturienne.com/2014/07/un-marathon-litteraire-par-thematique.htmlhttp://www.lalecturienne.com/2014/01/challenge-des-100-lectures-2014.html
http://www.lalecturienne.com/2014/08/challenge-1-mois-1-nouvelle-plume.html

lundi 1 décembre 2014

C'est lundi que lisez-vous ? [46]


"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?

 Ce que j'ai lu la semaine passée :


Du 24 au 30 novembre 2014
J'ai enfin terminé mon livre-boulet, et j'avoue avoir été déçue par la fin. Et j'ai enfin pu dévorer Réparer les vivants, qui lui fut presque un coup de coeur !

http://www.lalecturienne.com/2014/11/styx-jean-michel-calvez.html*http://www.lalecturienne.com/2014/12/reparer-les-vivants-maylis-de-kerangal.html

- STYx, de Jean-Michel Calvez 
- Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal
 
Ce que je suis en train de lire : 
 
 - Le vent d'Anatolie, de Zyrànna Zatèli
Une enfant bizarre rend visite à une vieille femme malade, plus bizarre encore. Le quotidien d'un coin perdu de Grèce du Nord transfiguré par le souvenir et l'imagination... Un monde à part, étrange et familier. La vie est pleine de merveilles, et la. mort aussi, semble nous dire Zyrànna Zatèli, la magicienne au sommet de son art..
Entre innocence et cruauté, Le Vent d'Anatolie est une nouvelle d'une rare beauté.

 Mes prochaines lectures :

Je vais finir de piocher dans ma Pal de novembre et dans celle du Challenge Cold Winter, en attendant de définir plus précisément celle de décembre.

Et vous que lisez-vous ?