vendredi 30 septembre 2016

La valse des arbres et du ciel - Jean-Michel Guenassia

La valse des arbres et du ciel, de Jean-Michel Guenassia

298 pages
Editions Albin Michel
Parution : Septembre 2016

4ème de couverture :
    Auvers-sur-Oise, été 1890. Marguerite Gachet est une jeune fille qui étouffe dans le carcan imposé aux femmes de cette fin de siècle. Elle sera le dernier amour de Van Gogh. Leur rencontre va bouleverser définitivement leurs vies.
   Jean-Michel Guenassia nous révèle une version stupéfiante de ces derniers jours.
    Et si le docteur Gachet n'avait pas été l'ami fidèle des impressionnistes mais plutôt un opportuniste cupide et vaniteux ? Et si sa fille avait été une personne trop passionnée et trop amoureuse ? Et si Van Gogh ne s'était pas suicidé ? Et si une partie de ses toiles exposées à Orsay étaient des faux ?…

    Autant de questions passionnantes que Jean-Michel Guenassia aborde au regard des plus récentes découvertes sur la vie de l'artiste. Il trouve des réponses insoupçonnées, qu'il nous transmet avec la puissance romanesque et la vérité documentaire qu'on lui connaît depuis Le Club des incorrigibles optimistes.

    Il y a dans la vie des mystères qui nous interpellent, qui nous fascinent, qui nous interrogent et auxquels nous imaginons mille explications.
    Il y a de ces artistes qui nous captivent, nous fascinent, devant les œuvres desquels nous restons sans voix.
    Imaginez que Jean-Michel Guenassia ait rencontré les deux dans le destin d'un seul homme ? Car il est évident à la lecture de ce roman, que la peinture de Vincent Van Gogh subjugue l'auteur !
    Comment pourrait-il en parler si bien sinon ? S'être penché sur des études de ces œuvres, avoir fouillé la vie du peintre, avoir observer ses toiles, n'est pas suffisant pour les rendre vivantes à travers les mots ; il faut pour cela une vraie sensibilité et une vraie affinité.
    Il est plaisant de lire Jean-Michel Guenassia nous racontant ce peintre si célèbre aujourd'hui et si méconnu de son vivant. Il sait nous scotcher à ses mots, éveiller en nous le rêve et les images. Sans connaître les oeuvres mentionnées, on peut les imaginer rien qu'en se basant sur les quelques peintures que l'on connait de Van Gogh.
    Raconter, romancer la peinture et l'acte de peindre est un exercice difficile, car il ne faut pas tomber dans le piège de la simple description qui ennuierait le lecteur. Il faut savoir faire vibrer les mots, rendre réel le bruit du pinceau sur la toile, la disposition des couleurs. Laisser la place à l'oeuvre en cours ...

    Ce n'est pas la vie de Van Gogh qui nous est racontée ici, seulement quelques mois de sa vie. Ceux qu'il est allé passé à Auvers-sur-Oise, à la rencontre d'un médecin, mais surtout des paysages de la région. Ce sont aussi les derniers mois de sa vie ; ce qu'il pensait n'être qu'une courte étape, une petite pause avant de sa lancer dans ambitions plus grande, prit une tournure définitive. Mais çà il ne le sait pas encore, dès son arrivée il se jette dans le travail. Il peint sans relâche les paysages qui l'entourent. Mais les peint-il vraiment ? Les voit-il seulement ? C'est la période où il fut le plus prolifique avec plus d'une toile finie par jour, c'est énorme.
    Ce séjour, fut également une des périodes les plus heureuses de sa vie. Vie qu'il partage entre la peinture et Marguerite. Qui est-elle ? Je vous laisse le découvrir en lisant le livre.

    Ce roman, car c'en est bien un : Jean-Michel Guenassia ne nous livrant ici qu'une supposition de ce qui a pu être, est vraiment passionnant. Il nous fait entrevoir certains traits de la personnalité de Vincent. Cet homme que l'on disait tourmenté l'est-il tant que cela ? Là dessus, l'auteur ne se prononce pas, ce n'est pas ce qu'il a voulu mettre en avant.
    On peut s'interroger sur la pertinence de ce récit vu qu'il met en scène un personnage réel dans une situation hypothétique. Ou sur sa légitimité ? Pourquoi ne le serait-il pas ? Jean-Michel Guenassia a fait des recherches sur Van Gogh, sur son époque, sur la vie de ceux qui l'ont entouré. Il a même ponctué son texte d'extrait de lettres et de coupure de journaux. Il livre des informations fiables et distille au compte gouttes la part de supposition. Ce qui est important c'est le peintre en lui-même, sa façon de travailler et ses toiles, le reste n'a au final pas beaucoup d'importance, car ce n'est pas ce qui a fait de lui l'homme qu'il était.
    Et la fin ? La thèse du suicide de Van Gogh a été très rapidement contesté, mais avec les faible moyen de l'époque et faute de preuves, l'enquête n'a pas été approfondie. L'idée du suicide accentuait le côté tourmenté de l'artiste et a servi à entretenir cette légende. Ici Jean-Michel Guenassia nous raconte ce qui a pu se passer selon lui. Il n'affirme en rien détenir la vérité, mais il partage l'idée qu'il a eu en faisant ses recherches.

    L'autre thème abordé dans ce roman, c'est la place des femmes dans cette société de la fin du 19ème siècle. Ce thème il le développe beaucoup à travers les coupures de journaux, et à travers la jeune Marguerite. Et si au fond elle était là, la réflexion principale du roman, bien caché par un destin d'homme ? Comme c'est si souvent le cas à l'époque ? Une époque où une femme n'est rien sans son père ou son mari. Un roman où Marguerite n'aurait pu prendre la première place, et dont elle ne peut être le sujet qu'à travers le destin d'un homme ... Et si l'héroïne c'était elle ?

Je vous invite à vous plonger dans ce roman pour vous faire une idée sur le sujet , et à venir ici me donner votre avis !

    Ma brosse est raide et sans grâce, un bâton qui gigote sur la toile et, quels que soient ma peine et le temps que j'y passe, mes dessins sont guindés, à croire que j'ai trempé mon talent dans l'amidon. 

    Et Vincent a dit sa fascination pour Rembrandt, le plus grand de tous, mais c'est moi qui écris fascination, Vincent a parlé d'amitié, oui de l'amitié qu'il avait pour ce peintre mort deux cent vingt ans plus tôt, et qui l'accompagnait chaque jour dans sa démarche. Il avait compris que, dans le portrait moderne, la ressemblance ne s'obtenait plus par un artifice du dessin, une pâle imitation de la photographie apportait mieux, mais par une maîtrise de la couleur et de l'éclairage, un travail sur l'expression et une exaltation du caractère.

    Je me suis souvent demandé comment Vincent voyait le monde. Chaque jour de ma vie, je me suis interrogée : qui avait-il de si particulier dans ses yeux, de si extraordinaire dans son regard, pour qu'il peigne de cette façon ? Je n'ai pas la réponse.

jeudi 29 septembre 2016

Partition amoureuse - Tatiana de Rosnay

Partition amoureuse, de Tatiana de Rosnay

224 pages
Éditions Le Livre de Poche
Parution : Février 2016

Présentation de l'éditeur :
« Quatre hommes, quatre notes.
Toi un do, première note de la gamme comme alpha est la première lettre de l’alphabet.
Manuel est un sol aux accents inquiétants, la dominante de la gamme de do.
Pierre est un long tourmenté.
Hadrien ne serait-il pas mon la, note de référence, celle dont un chef a besoin pour diriger un orchestre, celle qu’il me faut désormais pour apprendre à diriger ma vie ? »
T. R.
Margaux, célèbre chef d'orchestre, décide, à l’approche de ses 40 ans, d'inviter à dîner les hommes qui ont le plus compté pour elle. C’est l’occasion d’un bilan, le moment d’assumer les échecs du passé afin de mieux savourer ses bonheurs présents.  Avec lucidité, Margaux dresse l’inventaire de sa vie amoureuse, comme elle le ferait sur une partition, chacun de ses amants apportant sa cadence.


    Qui n'a pas un jour imaginé écrire un roman/recueil de nouvelles pour parler des différents hommes/femmes qui ont traversé sa vie amoureuse ; revenir sur le passé, sur ces histoires heureuses où malheureuses... Ces histoires qui en disent beaucoup de nous, qui nous ont façonnés, transformés en meilleur ou en pire, qui ont pu nous grandir ou nous détruire.
    Il n'est pas toujours bon de se retourner et de se replonger dans le passé, les souvenirs sont parfois trompeurs et souvent aguicheurs... il faut être sûr de soi et de sa force pour regarder en arrière sans flancher.
    C'est cette idée de départ qu'à développer Tatiana de Rosnay dans ce roman. Initialement paru sous le titre "le dîner des ex", celui de "Partition Amoureuse" lui sied davantage à mon humble avis. En effet le premier était trompeur sur son contenu, alors que le second fait formidablement bien écho et à la découpe du texte, et à la profession du personnage principal : Margaux, chef d'orchestre.
    Plus que l'histoire en elle-même, c'est le parallèle entre musique et écriture qui m'a plu. Le livre est structuré comme le serait un opéra, les mots semblent donner le ton et le mouvement à chaque partie, sous la baguette de Margaux.
    Margaux est une jeune femme ni plaisante, ni désagréable ; je ne l'ai pas particulièrement apprécié. Mais je n'ai pas l'impression qu'il y avait là un des objectifs de l'auteur.
    Plus que la femme, c'est le chef d'orchestre qui est intéressant et comment Tatiana de Rosnay met en mots ce métier. Un chef d'orchestre est toujours de dos, et dans l'esprit du commun des mortels : interchangeables. Il faut être passionné de musique pour se rendre compte des différences musicales d'un même morceau sous différentes baguettes. Ainsi Margaux, dans sa vie de femme est interchangeable, elle pourrait être le lecteur, la voisine de palier, la cousine ou la femme croisé dans le métro, pourvu que celle-ci ait autour de la quarantaine. Car tout part de la : cette approche de la quarantaine, ce changement de décennie qui fait peur. C'est lui qui fait remonter les interrogations de Margaux, qui la met face à sa vie, à son célibat, à sa maternité. Seule sa carrière semble parfaite et la satisfaire. Mais à quarante ans est-ce suffisant ? Atteindre les sommets occupe et le corps et l'esprit ; mais une fois parvenu en haut, que faire de plus ? Avec qui partagé tout cela ?
    C'est ainsi que Margaux se retourne sur son passé, et se raconte à travers une longue lettre. Elle pose des mots sur chacune de ses relations, celles qui ont compté du moins. Et à qui l'adresser cette lettre, à part à celui qui l'a connu encore fraîche, dans l'insouciance de la vie, la tête pleine de rêves, comme "neuve" ? Lui seul connait la vraie Margaux, celle des débuts, à lui seul elle peut se confier sans honte ni remord. Seul le premier amour est entier et pur, rares sont ensuite les relations où l'on se livre tout entier.

    C'est un court roman qui se laisse bien lire. Si certains passages un peu trop sexuels m'ont pesé, car n'apportant rien au roman, ils ne m'ont pas empêché d'apprécier l'histoire. Le style mi épistolaire mi-narratif est une idée originale qui fonctionne bien, tout comme la découpe du roman.
    C'est le premier roman que je lis de cet auteur, pourtant très reconnu, et j'ai apprécié son écriture. Je découvrirai avec plaisir d'autres de ces écrits, qui m'ont semblé être dans des styles très variés, ce que je trouve intéressant.
    Petit coup de coeur pour la couverture qui en plus d'être ravissante correspond vraiment au texte.





mardi 27 septembre 2016

La suture - Sophie Daull

La suture, de Sophie Daull

200 pages
Editions Philippe Rey
Parution : Août 2016


4ème de couverture :
    Alors qu'elle vient de perdre Camille, sa fille de seize ans, Sophie Daull se penche sur le passé de sa mère, Nicole, une femme mystérieuse, disparue elle aussi, il y a trente ans. Munie de maigres indices - quelques lettres et photos tenant dans une boîte à chaussures -, elle entreprend de déchiffrer les lieux et paysages où Nicole a vécu, les visages qu'elle a connus, et tente de reconstituer ainsi une existence troublante.
    A larges aiguillées joyeuses, poétiques ou bancales, l'auteure va coudre passé et présent, fiction et réalité, grand-mère et petite-fille, dans ce roman en forme d'enquête généalogique, qui vagabonde dans la France de l'après guerre jusqu'aux années 80. 
    Se dessine ainsi la figure de Nicole, dont la frêle beauté et la timidité intriguent, porteuse d'une énigme qu'elle semble elle-même ignorer, chahutée depuis l'enfance par les rudesses d'une vie sans ménagement. Nicole, que le lecteur débusquera avec émotion derrière ses larges lunettes et la fumée de ses Gitanes...


    Dans la vie de Sophie Daull, il y a deux grandes absentes : sa fille et sa mère. Dans son premier livre, Camille, mon envolée, elle nous raconte sa fille, la douleur de sa mort, le chemin de l'acceptation, la voie du deuil. C'est un livre fort, poignant et plein de sensibilité. L'avoir écrit semble avoir rendue cette mère plus forte, comme recomplétée. Mais il reste une autre blessure, un autre deuil, une autre morte à raconter : sa mère.
    Alors Sophie Daull a repris sa plume et à travers ce récit va essayer de nous raconter Nicole.
Mais, vite,survient une difficulté : comment parler d'une partie de la vie de quelqu'un que l'on n'a pas partagée et dont on ne nous a rien dit ? S'engage alors un formidable jeu de piste, où les mairies et les services d'état civils sont des points de repères.

    De sa mère, il ne lui reste pas grand chose. Ce petit bout de femme a été tué alors que Sophie n'était encore qu'une adolescente. L'enfance est trop courte pour se faire des souvenirs, quelques années à peine. Mais il lui reste des chansons, des images, mais aussi beaucoup de silences et de questions esquivées. Et pour ceux qui ne le savent pas : le silence est lourd à porter face aux questions.

    Sophie aurait aimé pouvoir nous raconter la vie de sa mère, n'être que la main qui trace sur le papier les mots entendus auparavant. Mais il lui faudrait être plus qu'un scribe : il va lui falloir composer.
    Tâche difficile : comment composer sans trahir ? sans extrapoler ?
    Point de départ : une boîte à chaussures où sont rangées de vieilles photographies, des analyses de sang, quelques bulletins de salaire et une poignée de cartes postales. Mais aussi une date et un lieu de naissance.
    Les indices ne sont pas suffisant, Sophie Daull a besoin de se rendre sur le terrain, essayer de marcher dans les pas de sa mère, ou de ceux qu'elle peut imaginer avoir été les siens. En quelques décennies les choses ont beaucoup changées, mais on peut toujours chercher le squelette du passé derrière la modernité actuelle des lieux.
    En cheminant ainsi, elle va pouvoir remettre les éléments à leur place, comprendre le sens de certaines choses... Et ce n'est pas seulement sa mère qu'elle va chercher à comprendre, mais aussi sa grand-mère et sa tante, des femmes qui comme sa mère ont eu des choses à cacher. C'est un secret qu'il va falloir révéler au grand jour, comprendre et accepter, un secret qui explique bien des choses et bien des silences.
     Ce texte est loin de raconter Nicole, il ne nous fait part que d'une petite partie de ce qu'elle a pu vivre, de ce qu'elle a pu être. Les nœuds qui ont été défaits, les voiles qui se sont levés, vont avoir besoin de la complicité du temps pour que l'auteur puisse prendre toute la mesure de l'évènement qui a frappé sa mère. En toute chose il faut avancer une étape à la fois.

    Ce que j'ai beaucoup apprécié, c'est que Sophie Daull se livre entièrement, sans faux-semblants. Elle ne cherche pas à s'améliorer, à se donner le beau rôle... on la sent intègre, imparfaite avec des défauts qu'elle ne cherche même pas à cacher. On sent la fragilité de cette femme à travers ses mots, mais on sent également sa grande force.
    Les mots ancrent. Les psys ne conseillent-ils pas de poser ses idées, ses interrogations, sa tristesse ou sa rage sur le papier ? Pour y voir plus clair, pour se délester du trop plein, pour restructurer les choses, pouvoir se reconstruire en enlevant l'excédant et en complétant les vides ?
C'est d'une certaine façon, ce que fait ici l'auteur : elle se complète en racontant sa mère, elle complète la Vie, en rendant vivante aux yeux des lecteurs celle qui n'est plus.

   C'est un roman couleur sépia. Derrière les mots se cachent une certaine poésie, de la nostalgie mais aussi une grande envie de vivre.
    Merci à Sophie Daull de partager avec nous les femmes de sa vie et de leur redonner vie à travers ses mots.
C'est une auteur qui sait me toucher dans sa façon d'écrire et que je lis avec plaisir.

    Après la soupe, tout le monde ira se coucher tôt, dans le souci de faire durer la trêve, dans l'effroi de la semaine à venir... L'armistice du dimanche soir a le même goût douteux que celui signé par la France dans les semaines précédentes.

    Cette année, Nicole aurait son certif'. Elle se l’était juré. Au café, sur le faubourd de Montanglaust, ne pas avoir d'instruction passait inaperçu, ça rassurait même. Ici, au Blanc, les filles ont de l'éducation, du savoir, même un tout petit peu ; et le savoir engendre des discussions, c'est-à-dire le contraire de vociférations d'ivrognes ; et les discussions permettent de mettre au jour des affinités, c'est-à-dire le contraire de rapports forcés ; et les affinités font voir la vie en plus grand. Plus grande la vie.
    Alors le certificat d'études, ce serait cette année. Juin 1953.

    L'artère principales, le faubourg de France, a connu, durant sa longue vie pavée, à la fois les escarpins de Nicole, mes mocassins d'écolière et les baskets de Camille. Jamais ensemble cependant... Cette rue est comme la nervure selon laquelle nous raccommoder.

    Puis viendra le temps des colères et des silences au goût d'amanite.
    J'ai 12 ans.
    Les foyers français sont équipés à 79% d'appareils de télévision, les voisins ont désormais le leur. Ca fait longtemps qu'on a marché sur la Lune, et Francis et Nicole en explorent douloureusement les cratères !, Une fine suie noire nécrose les dîners où la télé est toujours allumée. La réunion devant le poste n'est plus une communion : le vin de messe est devenu pain quotidien, un bruit de fond. En payant la redevance on achète une digue contre les scènes de ménage. Qui cède souvent.

lundi 26 septembre 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [82]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?


Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 19 au 25 septembre 2016
Une belle semaine lecture, avec un livre que j'avais hâte de découvrir, mais que j'avais mis de côté pour le savourer lorsque je serais plus au calme. Grand bien m'en a fait ! Une lecture amusante, désarmante et dont l'écriture m'a séduite. Je parle bien sûr de La suture, de Sophie Daull.
J'ai poursuivi avec un délicieux livre jeunesse : Les larmes de la maîtresse, de Véronique Delamarre Bellégo. Je ne m'attendais pas à être aussi prise par l'histoire, j'avoue avoir peiné à lâcher le livre. Une lecture fraîche et vraiment plaisante.
Je vous parle très vite de ces deux ouvrages plus en détails sur le blog.

**
- La suture, de Sophie Daull
- Les larmes de la maîtresse, de Véronique Delamarre Béllego


Ce que je suis en train de lire : 

   J'ai adoré la quatrième de couverture de ce roman, il semblait à la fois amusant et criant de vérité froide. C'est avec joie que je me suis plongée dedans. Je vous préviens, il est très addictif ! Il ne me reste qu'une cinquantaine de pages à lire, et j'ai hâte d'en connaître le dénouement... s'il y en a un ...

 
- Un enfant plein d'angoisse et très sage, de Stéphane Hoffmann
     Dans ce portrait d'une famille où la tendresse passe mal, on croise une chanteuse qui ne veut plus chanter, un Anglais qui n'aime que les chaussettes et la reine, un petit chien bien imprudent et une égoïste qui veut être ministre. On fait des virées à Londres et à Monaco et une traversée du lac Majeur. Il y a encore des blessures d'amour mal guéries et, bousculant tout ce monde, un enfant qui cherche la liberté.Stéphane Hoffmann retrouve ici le ton des Autos tamponneuses, des Filles qui dansent et de Château Bougon. Il aime rire des choses graves et nous émouvoir du spectacle souvent pitoyable des grandes personnes.
 
 Mes prochaines lectures

Tout dépendra de comment finira le roman en cours et dans quel état d'esprit il me laissera :)

 Les chroniques publiées cette semaine
 
- Patients, de Grand Corps Malade

    J'ai eu le temps cette semaine de préparer plusieurs chroniques mais je n'ai pas pu les mettre en ligne : je n'ai toujours pas d'internet chez moi ce qui complique bien les choses. J'espère pouvoir les partager avec vous cette semaine !


Et vous que lisez-vous ?
Belle semaine livresque à toutes et tous !

jeudi 22 septembre 2016

Patients - Grand Corps Malade

Patients, de Grand Corps Malade

164 pages
Editions Don Quichotte
Année de parution : 2012

4ème de couverture :
    "J'ai envie de vomir.
J'ai toujours été en galère dans les moyens de transport, quels qu'ils soient. J'ai mal au coeur en bateau, bien sûr, mais aussi en avion, en voiture... Alors là, allongé sur le dos à contresens de la marche, c'est un vrai calvaire.
Nous sommes le 11 août et il doit bien faire 35 degrés dans l'ambulance. Je suis en sueur, mais pas autant que l'ambulancier qui s'affaire au-dessus de moi ; je le vois manipuler des tuyaux, des petites poches et plein d'autres trucs bizarres. Il a de l'eau qui lui glisse sur le visage et qui forme au niveau du menton un petit goutte-à-goutte bien dégueulasse.
Je sors tout juste de l'hôpital où j'étais en réanimation ces dernières semaines. On me conduit aujourd'hui dans un grand centre de rééducation qui regroupe toute la crème du handicap bien lourd : paraplégiques, tétraplégiques, traumatisés crâniens, amputés, grands brûlés...
Bref, je sens qu'on va bien s'amuser."


    Je ne sais plus où, ni comment j'avais entendu parler de ce livre, mais je sais qu'à un moment donné j'avais eu envie de le lire. Ne l'ayant, jusque là pas croisé sur mon chemin, j'étais passé à autre chose. Sauf que l'autre jour, en passant à la bibliothèque, il était là, posé à plat sur une étagère, afin d'attirer l'attention ; et du coup il a eu toute la mienne.
    Je me suis même empressée de finir ma lecture en cours, pour pouvoir le commencer. J'avais un week-end chargé en perspective, mais peu importait, il fut un bon compagnon de route.

    Je suppose que si je vous dis Grand Corps Malade, cela doit résonner quelque part dans votre cerveau, et doivent vous venir à l'esprit la silhouette d'un gars très grand, à la démarche saccadé puisqu'il s'appuie sur une béquille, et au timbre de voix très grave. Dans la vie, il est artiste. Vous avez sans doute déjà entendu un ou deux de ses slams, si ce n'est pas le cas, je vous invite à chercher sur le net, car ses textes sont superbes, débordant de force de vivre et aux mots vrais et piquants.

    Grand Corps Malade, Fabien de son prénom, n'est pas né avec son handicap. C'est lors d'un plongeon trop haut, dans une piscine pas assez pleine, qu'il se déplace une vertèbre cervicale. Ses médecins sont peu optimistes quant à ses chances de remarcher un jour. Lui, qui était un grand sportif, voit sa vie basculer.
    Il se retrouve allongé, bloqué dans son propre corps. Il va quitter le service de réanimation de l'hôpital où il est resté plusieurs semaines, pour un centre de rééducation, où le personnel soignant doit l'aider à accepter et à vivre avec son handicap. Mais Fabien ne l'entend pas de cette oreille, il y a une chance, une minuscule chance pour qu'il récupère quelques unes de ces capacités, et ainsi de l'autonomie ; alors il va se battre.
    C'est de ce moment dont parle son livre ; de ces quelques mois en centre de rééducation. Il nous ouvre les portes d'un monde fermé, qui fait peur. Pourquoi d'ailleurs ? Ce n'est pas un mal contagieux. Mais voir le handicap, nous ramène à notre propre vulnérabilité et c'est ce qui nous effraie. Un handicapé, qu'il soit paraplégique ou tétraplégique,souvent, n'est pas "beau" ou "agréable" à regarder, il a besoin d'assistance pour les gestes du quotidien, mais il n'en reste pas moins une personne qui lutte chaque jour pour accomplir chacun de ces gestes. Ce combat peut nous paraître insignifiant pour nous, valide, mais porter une fourchette à sa bouche, peut représenter une véritable lutte et un réel accomplissement pour une personne handicapée. C'est de tout cela que nous parle Fabien à travers son texte. Et pour le faire, il n'a pas choisi la voix des longs discours, il ne se fait pas moralisateur. Au contraire, il reste humble et parle simplement. Pourtant, il aurait des raisons de s'envoyer des fleurs, car c'est un véritable exploit qu'il a réalisé dans ce centre : se remettre debout, reprendre le dessus sans se décourager, réessayer encore et encore.
    Il nous parle simplement des petites victoires accomplies, de ces étapes importantes qu'il a su passer, mais il ne crie jamais victoire, il ne fanfaronne pas. D'autant qu'au centre, il prend soin de ne pas décourager ceux de ses camarades dont l'état ne pourra jamais s'améliorer, mais qui doivent malgré tout avancer et garder le moral.
    Au final, il parle peu de lui, il nous raconte surtout les autres : leur vie, leur état d'esprit, leur soutien, leur façon d'être,... par petites brides. Certaines figures reviennent plusieurs fois, au fil des chapitres, d'autres ne sont que fugitives. Mais à chaque mot, il nous montre la personne derrière le handicap, jamais il ne s’apitoie: il n'y a pas le temps pour cela.

    Ce livre, qui se pourrait dur, ne l'est en aucune façon. Tout un chacun peut le lire, un jeune lecteur n'y trouvera rien de choquant. C'est une ode à la vie, un tableau de vie quotidienne, où il n'est question que d'hommes et de femmes avançant dans la même direction dans un même but.

    Je suis contente d'avoir pu le lire, j'ai aimé l'écriture simple et pleine de l'artiste. J'ai aimé le naturel de ses phrases, et je suis certaine qu'assis à une terrasse de café, il ne nous raconterait pas autrement ce moment. Quand les mots viennent du cœur, il est impossible de ne pas le ressentir.
    Il parle sans détours, levant le voile sur des questions tabous, il nous livre en quelques lignes le déroulement de la journée d'un tétraplégique sans oublier aucuns de ces moments « triviaux » pourtant nécessaire à notre survie.
    C'est un témoignage qui se veut ouvert d'esprit, simple et honnête. Grâce à lui, le lecteur peut découvrir ce que vit un handicapé, et il répond à des questions que chacun se pose sans oser les verbaliser.

    Je remercie cet artiste d'avoir pris le temps de poser ces mots sur le papier, pour informer le plus grand nombre. Merci de nous avoir fait connaître ces hommes et ces femmes qui peuplaient le centre, merci de leur avoir donné une vie et une âme aux yeux de ses lecteurs.
    Grand Corps Malade est un grand poète, qui sait manier les mots et qui saura toujours me toucher droit au cœur.

    Quand tu es dépendant des autres pour le moindre geste, il faut être pote avec la grande aiguille de l'horloge. La patience est un art qui s'apprend patiemment.

    Dans sa chute, il ne parvient pas à se redresser et ne voit pas où sont passée ses jambes.
Reprenant mes esprits, je lui réponds : « Ben, y en a une sur le lit et une autre qui pend sur le côté ; fais gaffe de pas glisser. Bouge pas, j'appelle un aide-soignant. »
Elle est marrante aussi, cette phrase réflexe : « Ne bouge pas. » Dans notre situation, elle est complètement inappropriée, mais on la sort quand même à tout bout de champ.
C'est comme quand tu dis à un aveugle : « On se voit demain. »

lundi 19 septembre 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [81]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?


Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 12 au 18 septembre 2016
J'ai passé une belle semaine à la découverte de la vie de Christian Dior et du monde de la Haute Couture au moment de la Seconde Guerre Mondiale. C'était une lecture passionnante, où j'ai appris plein de choses. Bref une lecture comme je les aime.
Ce week-end j'ai emmené le livre de Grand Corps Malade avec moi sur la route. C'est un texte fort, plein d'humanité, sans fioritures qui nous ouvrent les yeux sur un monde souvent trop dissimuler : celui des handicapés moteurs.
Deux belles lectures dont je vais vous parler très vite sur le blog, restez à l'écoute !

**
- Devenir Christian Dior, de François-Olivier Rousseau
- Patients, de Grand Corps Malade


Ce que je suis en train de lire : 

    J'avais adoré la plume de Sophie Daull dans son premier roman : Camille, mon envolée ; c'est dont avec plaisir que je la retrouve cette année avec La Suture.Je m'en suis réservée la lecture, pour un moment où je serais un petit peu plus posée, un petit peu plus au calme, et ce moment est enfin arrivé.
    Commencé ce matin au petit déjeuner, j'ai eu beaucoup de mal à le poser au bout de 40 pages, je sens qu'il va m'accompagner une bonne partie de la journée. J'attends avec impatience midi pour m'y replonger !


- La suture, de Sophie Daull
      Alors qu'elle vient de perdre Camille, sa fille de seize ans, Sophie Daull se penche sur le passé de sa mère, Nicole, une femme mystérieuse, disparue elle aussi, il y a trente ans. Munie de maigres indices - quelques lettres et photos tenant dans une boîte à chaussures -, elle entreprend de déchiffrer les lieux et paysages où Nicole a vécu, les visages qu'elle a connus, et tente de reconstituer ainsi une existence troublante.
    A larges aiguillées joyeuses, poétiques ou bancales, l'auteure va coudre passé et présent, fiction et réalité, grand-mère et petite-fille, dans ce roman en forme d'enquête généalogique, qui vagabonde dans la France de l'après guerre jusqu'aux années 80. 
    Se dessine ainsi la figure de Nicole, dont la frêle beauté et la timidité intriguent, porteuse d'une énigme qu'elle semble elle-même ignorer, chahutée depuis l'enfance par les rudesses d'une vie sans ménagement. Nicole, que le lecteur débusquera avec émotion derrière ses larges lunettes et la fumée de ses Gitanes...


 Mes prochaines lectures

Je préfère ne pas me projeter déjà dans ma prochaine lecture, je la choisirai en fonction de mon état d'esprit du moment.

 Les chroniques publiées cette semaine

- Qui veut la peau d'Otto Dafé ?, de Justine Jotham
- Monsieur l'écrivain, de Joachim Zelter
Et vous que lisez-vous ?
Belle semaine livresque à toutes et tous !

jeudi 15 septembre 2016

Monsieur l'écrivain - Joachim Zelter

Monsieur l'écrivain, de Joachim Zelter

128 pages
Editions Grasset
Parution : Mai 2016

Présentation de l'éditeur :
    « Selim Hacopian a écrit un livre. » Un écrivain renommé reçoit un beau jour ce curieux mail, envoyé par un drôle de personnage qui s’exprime à la troisième personne et souhaite que l’on « jette un coup d’euille » à ses écrits. L’écrivain refuse poliment, mais quelques jours plus tard, l’inconnu l’interpelle au détour d’une rue et, à coup de « Monsieur l’Ecreuvain », finit par obtenir gain de cause. L’écrivain s’engage alors, sans le savoir, dans une entreprise littéraire de longue haleine, à laquelle il va se consacrer corps et âme.
    Entre les étagères poussiéreuses de la bibliothèque, autour d’un café ou dans le minuscule appartement de Selim, il apporte des corrections, prodigue des conseils, souffle des idées de nouvelles au jeune homme (lui qui a vécu en Égypte, pourquoi ne pas écrire sur les chameaux ?) qui, bien vite, est contacté par une prestigieuse maison d’édition.
    Le succès d’Hacopian grandit à mesure que celui de l’écrivain, ayant délaissé ses propres romans, décline. Il lui vient alors une idée : pourquoi n’utiliserait-il pas Selim pour publier sa propre prose ?


    Asseyez-vous à votre bureau, bien calé dans votre fauteuil, les doigts sur le clavier ou tenant votre stylo, relisant les lignes et les lignes de texte que vous venez d'écrire. Jetez un oeil à la bibliothèque en face de vous, et admirez les quelques volumes bien alignés qui portent tous votre nom. Souriez à cette douce pensée : "je suis un écrivain reconnu , je vis de ma plume !" Ça y est ? Vous y êtes ?
    Imaginez un jour que vous receviez un message d'un fan qui veut vous soumettre son texte, et auquel vous répondez comme toujours, que non ce n'est pas possible. Imaginez que ce fan n'en reste pas là ... et qu'il finit par se retrouver sur votre route en chair et en os ... Vous ne pouvez pas décemment le repousser : c'est un fan après-tout.
    Il a apporté votre livre et vous parle de vos autres textes. Alors docile, vous acceptez de prendre un café avec lui... et l'entretien qui ne devait durer que quelques minutes s'étirent sur de longues heures, le texte que vous aviez refusé de lire finit par sortir comme par enchantement du sac à dos, et vous acceptez d'y jeter un oeil. Les deux même, car vous êtes grand prince.
    Cette petite pause au café se renouvelle, une fois, deux fois, vous tentez d'y échapper, mais vous y revenez sans cesse. Le fan vous énerve autant qu'il vous fascine, une part de vous s'exprime à travers lui, et sa présence vous conforte dans le fait qu'il n'est personne et que vous êtes connu.
   Et puis un jour tout bascule, il sort de l'anonymat, ses textes sont un succès et vous réalisez que vous n'êtes pas totalement étranger à ce succès. Vous avez envie de vous l'accaparer et de montrer que vous aussi vous pouvez le faire, mais il n'en est rien. Vous n'êtes pas cet homme qui vous paraissait si naïf et qui a su enchanter les lecteurs. Vous n'avez pas son vécu, son histoire, son imagination ... Vous n'êtes que vous. Cela vous perturbe, vous n'arrivez plus à écrire, vous vous sentez perdu ... 

    Dans ce livre Joachim Zelter évoque le métier d'écrivain, le monde de l'édition, mais il va surtout explorer la nature humaine et chercher à comprendre ce qui peut faire un écrivain et ce qui peut faire un succès littéraire. Le monde de l'édition est impitoyable et peut sembler injuste, mais ce n'est pas l'éditeur qui décide le succès d'un texte. Bien sûr les budgets de communication mis en place aide grandement à la diffusion, ainsi que la notoriété de l'auteur, mais ce sont avant tout les lecteurs qui font le succès d'un livre.
    Et ce que semble oublier cet écrivain plutôt prétentieux et un peu trop sûr de son succès, c'est qu'il y a tout type de lecteurs et qu'il faut donc tout type de littérature. Se comparer à ce fan devenu auteur est d'une stupidité sans nom : jamais ils ne pourront écrire de textes semblables : chacun étant unique. C'est au lecteur de choisir quelle lecture l'attire et l'enchante, et ce n'est pas parce que l'on apprécie un auteur que l'on rejette tous les autres. Rare doivent être les lecteurs exclusifs !

   Les deux personnages sont forts, et tous les deux se disputent notre sympathie. Malgré le fait que le texte soit rédigé à la première personne, notre amitié passe de l'un à l'autre, pour parfois n'être pour personne. Chacun est énervant à son tour, cela donne une lecture assez cocasse.
    Joachim Zelter sait tenir son lecteur en alerte en permanence dans un texte sans réelle action, sans déroulement du temps précis, ce qui, j'ai trouvé est une belle prouesse.

   C'était une lecture agréable, parfaite avant d'attaquer la rentrée littéraire et son lot de surprises.


    Et c'est là qu'il avait découvert mes livres. Il les avais découverts en dépoussiérant les étagères. Et il avait commencé à les lire. Avant même la fin de son travail. Assis derrière des étagères. Ou bien aux toilettes. Puis il avait emprunté les livres et les avait emportés chez lui. Parce qu'il avait, dit-il, une passion pour les livres. Il en parlait comme d'amis. Il ne parlait pas seulement en ces termes de mes livres à moi, mais aussi d'autres livres. Il les traitait comme des alliés ou des copains, des créatures humaines avec lesquelles on se divertit, on se querelle ou l'on part en voyage.

    Il voulait absolument savoir tout cela, alors que moi, j'avais juste envie de boire un café et de lire un journal, juste et simplement lire un journal, tandis que lui n'arrêtait pas de poser des questions.

    Il n'avait rien d'un véritable écreuvain. Ce qu'il voulait, en réalité, c'était le calme et la paix d'un écrivain. Ou ce qu'il considérait comme le calme et la paix d'un écrivain. Peut-être imaginait-il aussi les après-midis au café avec moi, ou bien des étagères pleines de livres qu'il souhaitait lire en toute quiétude au fil des ans. Il voulait - disait-il - un petit coin d'existence paisible, sans cris et sans bruit. Quelle que fût la manière dont il se représentait le métier d'écrivain, c'était en fin de compte sous la forme d'une pure contemplation.
 

mercredi 14 septembre 2016

Qui veut la peau d'Otto Dafé ? - Justine Jotham

Qui veut la peau d'Otto Dafé ?, de Justine Jotham

197 pages
Oskar Editeur
Parution : Mai 2016

4ème de couverture :
    Depuis trente ans, l'infame dictateur Otto Dafe fait régner la terreur. Pour lui, les livres sont dangereux. Il a donc anéanti la littérature. Le peuple est devenu ignorant et triste. Un jour, le jeune Lazarillo découvre un mystérieux message de son oncle Don Quichotte : « LA PLUME EST LA LANGUE DE L’ÂME. » Il en parle a son vieil ami Pangloss, un ancien libraire. Ce dernier voit en Lazarillo, celui qui va pouvoir l'aider a ressusciter les livres et les partager. Avec quatre amis du journal du collège, Rouletabille, Shéhérazade, Peter Pan et Nemo, Lazarillo part en guerre contre Otto Dafé pour que le pays redevienne libre de penser, de lire et de s'ouvrir au monde. 

    Imaginez un monde où vous porteriez des prénoms tel que Peter Pan, Rouletabille ou Shéhérazade sans pouvoir savoir d'où ils proviennent ? Où la littérature serait purement et simplement bannie depuis une génération. Où les parents se souviendraient mais n'auraient pas le droit d'en dévoiler le secret à leurs enfants... Ce monde là, c'est celui de Lazarillo et de ses amis.
    C'est un monde froid, triste, sous contrôle. Sont-ils malheureux ? Pas vraiment, car comment être triste ou ressentir le manque à propos de quelque chose que l'on ignore ? Pourquoi ne pas trouver normal le monde dans lequel on est né ? Si personne n'allume l'étincelle du doute ou celle du rêve, si personne ne réveille les souvenirs du passé, la vie continuerait sûrement de s'écouler ainsi pendant encore de longues années.
    Mais un jour, un message codé reçu de son oncle Don Quichotte, entame la curiosité de Lazarillo. De fil en aiguilles il part à la recherche du sens caché de ce message. Et qui d'autre que le vieux fou du village pourrait l'aider ? Avec ses meilleurs copains de classe, il va se lancer dans une aventure dont il ne mesure pas toute la portée, si les bouleversements et les risques qu'elle pourrait engendrer.

    Ce résumé ne vous fait-il pas pensé à d'autres livres ? des grandes classiques de la littérature d'anticipation ? 1984, Farenheit 451 ? On voit que Justine Jotham y a puissé son inspiration, et pour tout vous dire, on sent que ce choix est assumé à 100%. Elle en profite pour y glisser des renvois au livre de Cervantès, aux Contes des Milles et Une Nuits, à Peter Pan ... Est-ce de sa part un manque d'imagination que de puiser ainsi dans l'imaginaire des autres ? Bien au contraire ! Mon impression, c'est qu'elle a voulu ce livre comme une porte. Une porte vers la littérature des classiques. Elle souhaite donner envie au lecteur de ressortir ces vieux romans des bibliothèques et de les découvrir. Elle nous dit que malgré leur écriture ancienne, ils encore beaucoup de choses à nous dire, et que ce serait un tort de les oublier.
    D'ailleurs, je me suis rendue compte que si j'avais les références, je n'ai jamais lu un certains nombres de ces livres. Honte à moi ! Il sera temps d'en sortir quelques uns de ma Pal prochainement...

    Les autodafés sont dangereuses, elles sont le fait de régimes totalitaires. Il y en a eu un grand nombre par le passé, mais on ne le mentionne que rarement. Il est important d'en parler aujourd'hui aux enfants, dans ce monde où les libertés menacent doucement de s'éteindre les unes après les autres, où la liberté d'expression n'est plus que les lambeaux de ce qu'elle a été. Lire, rêver, penser, imaginer sont vital pour l'Humain, il est important de protéger ce droit, et plus tôt on en prend conscience, plus tôt nous serons en capacité d'agir.
    Prendre conscience de la porté des mots, des idées, de tout le potentiel d'un livre, c'est faire un grand pas en avant.

    Vous l'aurez compris, j'ai adoré ma lecture. Peut-être pas pour l'aventure en elle-même, bien que je pense qu'elle soit parfaite pour captiver le lecteur : mais pour tout ce que ce livre peut porter comme message à son lecteur. Il est vrai que j'ai tendance à analyser les livres jeunesse d'un point de vue de maman : chaque livre lu nous construit un peu plus chaque jour, alors autant donner de la bonne graine à nos jeunes lecteurs !
    Un livre à mettre entre toutes les mains, de 11 à 111ans, comme indiqué au dos du livre ;)

    - Don Quichotte m'a annoncé son départ. Il ne savait ni le lieu ni la durée de son exil/ Il était juste certain de ne pas vouloir vivre dans un pays sans liberté et sans littérature. En me faisant ses adieux, il m'a demandé ce que je comptais faire. Alors, je lui ai montrée les plans que j'avais élaborés. Il a tout de suite compris que je n'y parviendrais jamais seul, et il a proposé de me prêter main-forte. A deux, nous avons abattu ce travail en une nuit. Nous pouvions être fiers. Mais le plus dur restait à faire : choisir quels livres je garderais. Et d'une, je ne pouvais pas tous les conserver ; et de deux, ils étaient tous répertoriés. Un véritable dilemme. J'en ai éliminé quatre-vingt(dix-neufs de mes registres, et nous les avons montés ici.

    - Faites attention à vous. Vous portez la promesse d'un monde meilleur. Ce n'est pas la moindre des responsabilités.

lundi 12 septembre 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [80]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?


Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 4 au 11 septembre 2016

Si j'ai pu sans trop de soucis trouver du temps pour lire en début de semaine, il n'en a pas été de même sur la fin. Après de longues journées, je me suis endormie aussitôt couchée, trois soirs de suite.
Vivement que je sois enfin installée et que je puisse profiter d'une heure ou deux dans la matinée pour bouquiner avec un thé ... que je puisse profiter du calme du début d'après-midi au frais dans la maison pour plonger dans ma lecture et du début de soirée, plein de fraicheur, au jardin... Vivement !
En attendant, je lis quand je peux, où je peux, et je profite pleinement de ces petits moments.

    Cette semaine j'ai poursuivi ma lecture de Partition Amoureuse : une construction sympa, une belle écriture, mais peut-être pas le sujet idéal en ce moment. J'en garde tout de même un bon souvenir rassurez-vous. J'ai ensuite sorti Zinzin, livre jeunesse que je m'étais mis de côté afin de le lire pour la rentrée... j'ai juste un petit peu de retard... Une lecture pétillante et vraiment plaisante, un intermède plein de fraîcheur et de légèreté dans ces journées chargées.
J'ai pris le temps d'aller m'inscrire à la bibliothèque de ma nouvelle ville, c'est un lieu vraiment sympa. Le coin enfant est vraiment bien conçu, ma puce appréciant vraiment d'y aller en sortant de l'école, je pense qu'ils vont souvent nous y voir. Et j'ai pu trouvé dans leurs bandes dessinées ado, le premier tome des aventures de mon homonyme un poil machiavélique. C'est avec grand plaisir que je l'ai rapporté à la maison, pour le lire au calme.

*http://www.lalecturienne.com/2016/09/zinzin-sophie-benastre-anne-junker.html*
- Partition amoureuse, de Tatiana de Rosnay
- Zinzin, de Sophie Bénastre & Anne Junker
- Mortelle Adèle, T& : Tout ça finira mal, de Mr Tan & Miss prickly


Ce que je suis en train de lire : 

    Moi qui ai des envies de couture depuis quelques temps, je ne pouvais qu'avoir envie de dévorer ce livre. Je n'en suis qu'au tout tout tout début, mais pour le moment la plume de l'auteur sait me porter à travers les lignes de mots.


- Devenir Christian Dior, de François-Olivier Rousseau
    Paris, années 1920 : un jeune homme cherche sa voie. Il passe ses soirées au Bœuf sur le toit en compagnie d'artistes déjà célèbres qui tous le reconnaissent comme l'un des leurs. Et pourtant Christian Dior ne sait pas encore comment exprimer son talent. C'est en crayonnant des modèles de chapeaux et en dessinant des robes pour des rubriques de mode qu'il découvre enfin sa vocation. Mais la guerre coupe court à ses ambitions.
     Démobilisé, Christian Dior rentre à Paris et seconde Lucien Lelong qui se bat contre l'occupant pour garder en France l'industrie de la couture. En 1947, il présente sa première collection : le New Look.
     Le succès est foudroyant et planétaire. La maison Dior devient l'incarnation du chic français, et son créateur un mythe instantané.
     Voyage dans l'avant-garde artistique des Années folles et dans l'univers effervescent de la mode, cette biographie romancée fait revivre le destin mouvementé d'un créateur d'exception. 



 Mes prochaines lectures

Un peu de théâtre je pense, car j'ai une pièce sur Cyrano qui me tente beaucoup dans ma Pal. Et un conte de Perrault afin de pouvoir vous parler du dernier livre d'Amélie Nothomb.

 Les chroniques publiées cette semaine

- Les années d'illusion, de A.J. Cronin
- Zinzin, de Sophie Bénastre & Anne Junker


Et vous que lisez-vous ?
Belle semaine livresque à toutes et tous !

vendredi 9 septembre 2016

Zinzin - Sophie Bénastre & Anne Junker

Zinzin, de Sophie Bénastre & Anne Junker

84 pages
Oskar Editeur, Collection Ottokar
Parution : Juin 2016

4ème de couverture :

    A l'école, entre Zoé la zinzin et Rose la poupée, c'est le choc. Ze battle entre celle qui ne fait jamais rien comme tout le monde et miss Parfaite. Oui enfin bon, le choc, il est surtout pour Ange, qui voit sa zozoteuse adorée rentrer dans le rang, et se mettre à copier la nouvelle, la fille à qui toutes les filles veulent ressembler. Il faut absolument empêcher ça ! C'est la mission qu'Ange s'est fixée. Et pour y parvenir, tous les moyens sont bons ... même les plus zinzins !



    Le CM2 est une année charnière, celle où l'on se cherche, où l'on ne veut plus être des enfants, mais que l'on n'est pas tout à fait des ados non-plus. Dans les classes de CM2 se forment souvent des groupes : les élèves qui restent dans l'insouciance de l'enfance et qui continue à s'en donner à cœur joie, à jouer Au Loup, à la récréation et à s'amuser ; et les autres, qui commencent à se poser pour discuter, s'inventant une vie plus adulte. Il n'est pas facile de trouver sa place et encore plus difficile de le faire sans être juger.

     Ce petit roman a été comme un retour vers le passé, moi aussi j'ai eu une Rose Paradis qui est arrivé dans ma petite classe tranquille et joyeuse de CM2 et qui a tout changé. Mais dans ma classe il n'y avait pas une Zoé rigolote et encore moins un Ange qui allait tout faire pour la rappeler à la raison. Du coup l'année est passé dans une ambiance bizarre, sans grain de folie, ni de magie et s'en est presque dommage.

    Vous l'aurez compris les personnages de ce roman, sont une bande d'enfants de CM2 qui sont confrontés aux changements, à la standardisation qui rassure, à l'envie d'appartenance, à la liberté de choisir ... Et cela fait beaucoup de choses à la fois.
     Mais heureusement "à plusieurs on est plus fort" et ce que l'un remarque, l'autre ne l'avait pas remarqué et l'analyse de l'un est différente et complète parfaitement l'analyse de l'autre. C'est de cette façon que Ange, Simon et Jeanne vont comprendre et analyser ce qui se passe dans leur classe.

    J'ai beaucoup aimé ce personnage de Zoé, qui est libre. Libre dans sa tête, dans sa façon d'être, elle est heureuse, et ce bonheur dégouline d'elle et ensoleille la vie de ceux qui l'entourent. Et j'ai aimé le personnage de Ange, qui est adoration devant cette demoiselle qui ne fait rien comme les autres. Il a bien compris que c'est cela qui faisait sa force et son unicité.
    Mais Zoé nous rappelle aussi qu'il n'est pas toujours facile d'être différent, et qu'il est parfois reposant de se fondre dans la masse, de rejoindre un groupe, de mettre son cerveau sur veille pour certaines choses. Mais elle nous enseigne aussi que ce qui fait le bonheur c'est avant-tout de rester soi-même en toute circonstance et que l'on doit être en accord avec ce que l'on dit, porte et fait. Si dans un de ces domaines, on se force à ne pas être soi trop longtemps, on perd de l'assurance, mais surtout une grande part de notre bonheur.
    Ce petit livre plein de joie de vivre et de farfelouterie, nous rappelle aussi qu'il y aura toujours un Ange quelque part pour aimer notre différence, et que ce n'est qu'en étant à 100% soi-même, avec sa petite folie, qu'il pourra nous trouver et nous aimer. D'ailleurs n'est-ce pas ce petit côté zinzin chez l'autre qui nous attire ? 
    Et puis, à quoi bon vouloir grandir trop vite et devenir trop sérieux ? Même les adultes ont besoin de folie dans leur vie, heureusement d'ailleurs, sinon la vie serait bien triste...

     C'est un délicieux petit livre à faire lire aux enfants, pendant leur année de CM2, ou avant si le besoin s'en fait sortir. C'est également un livre à lire en tant que parents, pour comprendre et aider nos enfants, mais aussi pour se replonger en enfance.
    C'était vraiment un chouette moment de lecture, qui dans sa simplicité nous rappelle bien des choses et donne envie d'être soi-même chaque jour de notre vie.

    Moi, je voulais simplement lui montrer Zoé. Mais Jeanne, la maline, la première de la classe, a vu ce que je n'avais pas réussi à voir. Et pourtant, c'était évident. Toutes les filles portaient à peu près la même tenue, à tel point qu'on aurait dit un uniforme : jean bleu marine, petites baskets plates bleu ciel, chemise à carreaux dans les bleus aussi, nattes, et la touche finale ... petit sac en tissu avec des paillettes argentées. 

    Je ne veux pas changer Rose, ni influencer Sarah, ou transformer cette bande de filles. je veux juste faire en sorte que ma douce arrête de les copier, et retrouve sa folie légendaire ! Qu'elle redevienne elle-même !

    Hors de question d'en parler à Simon et aux autres Zinzins. C'était top secret, car top risqué !


jeudi 8 septembre 2016

Les années d'illusion - A.J. Cronin

Les années d'illusion, de Archibald Joseph Cronin

243 pages
Éditions Le Livre de Poche
Première parution française : 1952
Traduit de l'anglais par Florence Glass


4ème de couverture :

   Paralysé d'un bras, sans appui, renié d'abord par sa mère, un jeune homme, Duncan Stirling, vaincra tous les obstacles au nom de sa vocation. Après bien des combats et des déchirements, il atteindra son but et deviendra le médecin, éminent et aimé de tous que, dès son enfance, à s'était promis d'être. Un des plus beaux et des plus célèbres romans de Cronin : on le lit d'une haleine, ému par le destin exemplaire de Duncan Stirling. 


    Duncan Stirling est un jeune homme obstiné, qui n'a qu'un rêve : devenir médecin. Doué à l'école, il décide de tenter l'entrée à l'université de médecine Saint-Andrews, afin d'obtenir une bourse d'étude, sans laquelle ce projet est tout simplement inenvisageable. Mais pour pouvoir le faire, il doit s'opposer à sa mère, et se faire refuser le poste à la ville qu'elle convoite pour lui depuis es années. Un petit poste tranquille qui lui aurait assuré de belles années de vie sans risques. Seulement Duncan n'est pas de cette trempe-là, la tranquillité ne lui vaut rien, il n'a aucune envie de reprendre le flambeau de son père et de rester là. Il a un don, il le sait et il veut l'exploiter. C'est un pari risqué : se fâcher avec sa mère sans même avoir la certitude de pouvoir étudier la médecine ... mais entêté et sûr de lui comme il est, il en prend le risque.
    Mais est-ce vraiment un risque ? Toutes ces dernières années, il n'a passé son temps qu'à étudier dans ce but. Mais cela valait-il de perdre le lien avec ses parents ?
     On dit que les rêves sont plus forts que tout, qu'il faut les vivre à fond. Mais cela n'est pas possible si on ne se donne corps et âme dans la bataille pour les voir se réaliser.

    Au cours de sa vie, Duncan aura la chance de rencontrer des personnes pouvant le booster et lui faire franchir plus vite les étapes. Il y a aura tout d'abord ce médecin de campagne, chez qui il s'abrite une nuit, mais avec qui il gardera contact par la suite, il y aura cette jeune chirurgienne orthopédique, sa voisine, qui le poussera sans cesse et qui lui proposera une opération exceptionnelle pour lui rendre l'usage de son bras. Mais ne nous y trompons pas, ce ne sont pas des personnages philanthropiques, chacun d'eux a un intérêt personnel à cette relation.
    Le docteur Overton a besoin d'un adversaire pour se stimuler et rester dans la course. Anna, l'amie chirurgienne, en boostant sa carrière, fera avant tout décoller la sienne ; et si en tant que femme elle ne peut atteindre les sommets qu'elle convoite, elle y poussera Duncan pour en être aussi. Le médecin de campagne espère secrètement avec un remplaçant, mais surtout, discuter médecine avec Duncan le stimule et l'amuse : il n'a guère l'occasion de discuter avec un jeune érudit par chez lui.
    Cela peut paraître choquant, et nous donner l'impression qu'aucune de ces relations est vraie, que toutes sont perverties et pleine de tromperie. Mais ne nous y leurrons pas, Duncan n'est pas un pauvre jeune homme abusé par ses amis. Lui aussi se sert d'eux à chaque instant pour avancer vers son rêve. Ils sont son moteur, son refuge, sa consolation, sa porte d'entrée dans le monde de la médecine.
    Et c'est ce que j'ai particulièrement aimé dans ce livre : Cronin ne nous décrit pas des personnages qui semblent tout droit sortis d'un conte de fées, avec d'un côté les bons et de l'autre les méchants. La nature humaine n'est pas ainsi, chacun est bon et mauvais. La pure philanthropie n'existe pas, ses personnages en sont donc dénués. Ce sont des humains, avec tout ce que leur humanité leur fait faire.
      Et ne soyons pas hypocrites, nous aussi nous trouvons tous un intérêt à nos amitiés, est-ce pour autant qu'elles sont fausses ? Et nos amis trouvent un intérêt personnel à ce que nous soyons leur ami, sinon il n'y aurait pas de lien.

    C'est un joli roman, que l'on lit avec plaisir. J'ai aimé la fin, où Duncan semble enfin se retrouver et qu'il plonge tête baissée dans cette vie qu'il imaginait au départ. Cronin nous dépeint une vie sans fard, où l'Homme est au centre avec ses ambitions, ses rêves, ses illusions, ses combats, ... Un livre plein de réalisme, qui donne envie d'espérer et de croire en ses rêves.

   Je conseille ce livre à ceux et celles qui plongées dans des études, ou qui cheminent sur le chemin de leur rêve, et qui parfois peuvent se démotiver. Parfois la route est tortueuse, et la vie nous fait faire des détours, mais peu importe, si on y croit et que l'on s'en donne vraiment les moyens, on finit par arriver là où on le souhaitait.

    Il éclata d'un rire amer et lui dépeignit la situation en quelques traits acides.
- Eh bien, eh bien ! commenta-t-elle, il n'y avait pas de quoi en faire un drame ! Dites-moi, en voulez-vous à votre père ?

- Non, c'est à moi que j'en veux. A quoi voulez-vous vous attendre d'un imbécile qui n'a qu'un seul bras par dessus le marché ?
    Elle se mit au piano et, tandis qu'il s'asseyait devant le feu qui brûlait gaiement dans la cheminée, elle joua pour lui. Insensiblement, tandis que la mélodie envahissait la pièce et se mêlait aux craquements des bûches, il sentit une quiétude le pénétrer. Quand elle eut terminé, il était de nouveau en paix.
- Alors, vous voulez toujours vous enfuir ?
- Non. Vous savez bien que je veux continuer, faire des choses
... de grandes choses en médecine.


lundi 5 septembre 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [79]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?


Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 29 août au 4 septembre 2016
Toujours, et encore dans les travaux, toujours pas d'internet à la maison... Mais je prends davantage le temps de lire : j'en ai besoin.
J'ai commencé la semaine en compagnie de cet original livre jeunesse Qui veut la peau d'Otto Dafé ? qui n'est pas sans rappeler les deux chefs-d’œuvre de Georges Orwell et de Ray Bradbury. J'ai beaucoup aimé le fait qu'il y ait sans cesse des renvois vers des classiques littéraires. Ce livre peut-il est une porte pour les jeunes lectures vers d'autres lectures ?
Les mots entre mes mains, est un agréable roman inspiré de l'histoire. C'est le second livre que je lis ces dernières semaines où il est question de la relation entre une jeune femme et un artiste ; d'ailleurs au milieu de ma lecture je m'en suis trouvée un peu blasée, mais la douceur de l'écriture a su m'emporter au fil de l'histoire et le récit a pris une tournure différente du précédent livre.


- Qui veut la peau d'Otto Dafé ?, de Justine Jotham
- Les mots entre mes mains, de Guinevere Glasfurd


Ce que je suis en train de lire : 

    J'avais envie d'un petit roman plus contemporain, et je ne connaissais pas la plume de cet auteur. C'était donc l'occasion de le sortir de la pile à lire.


- Partition amoureuse, de Tatiana de Rosnay
    « Quatre hommes, quatre notes.
Toi un do, première note de la gamme comme alpha est la première lettre de l’alphabet.
Manuel est un sol aux accents inquiétants, la dominante de la gamme de do.
Pierre est un long tourmenté.
Hadrien ne serait-il pas mon la, note de référence, celle dont un chef a besoin pour diriger un orchestre, celle qu’il me faut désormais pour apprendre à diriger ma vie ? »
    Margaux, célèbre chef d'orchestre, décide, à l’approche de ses 40 ans, d'inviter à dîner les hommes qui ont le plus compté pour elle. C’est l’occasion d’un bilan, le moment d’assumer les échecs du passé afin de mieux savourer ses bonheurs présents.  Avec lucidité, Margaux dresse l’inventaire de sa vie amoureuse, comme elle le ferait sur une partition, chacun de ses amants apportant sa cadence.

(Roman précédemment paru sous le titre : Le dîner des ex)  
 Mes prochaines lectures

Un peu de jeunesse, un peu de contemporain, un peu de rentrée littéraire, ...

Je vous souhaite de belles lectures au soleil !

Et vous ? Que lisez-vous ?