lundi 24 octobre 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [86]



"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?


Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 17 au 23 octobre 2016
   Jolie semaine de lecture ; il fallait absolument que je me rattrape de la lecture longue et ennuyeuse du Club de le petite librairie. Je déteste abandonner un livre alors j'ai persisté sur les plus de 400 pages nourrissant un secret espoir ... bien vain en réalité. Quand un livre est mauvais, il n'y a rien à espérer. Du coup j'ai dévoré le très original Chemin de Fer, bien que sa lecture soit étrange et un poil inconfortable, je n'ai pas réussi à lâcher le livre jusqu'à la fin. Et j'ai enchainé sur le très léger Coeur Cerise, qui fut exactement ce que j'attendais de lui : divertissant.


- Le club de la petite librairie, de Déborah Meyler
- Chemin de fer, de Michel Joiret
- Cœur Cerise, de Cathy Cassidy
Ce que je suis en train de lire : 

     Dès que je l'ai eu entre les mains, j'ai su que ce serait ma prochaine lecture. J'avoue avoir été un peu déboussolée à la lecture des premières pages, et il m'a fallu m'y reprendre à deux fois (commencer le livre avant de dormir ne semblait pas judicieux). Il semblerait que l'auteur souhaite nous surprendre avec ce roman.

- Demain les chats, de Bernard Werber
    Pour nous une seule histoire existait : celle de l'Humanité. Mais il y a eu LA rencontre. Et eux, les chats, ont changé à jamais notre destinée 

 Mes prochaines lectures
 
Aucune idée pour le moment, il sera toujours tant de voir après cette lecture ;)

Et vous que lisez-vous ?
Belle semaine livresque à toutes et tous !

lundi 17 octobre 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [85]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?


Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 10 au 16 octobre 2016
    Cette lecture fut un vrai voyage dans le temps, j'ai beaucoup aimé. Ce n'est peut-être pas un livre qui restera gravé pour toujours dans ma mémoire, mais certains détails : si. Et c'est sans compter le plaisir de parcourir cette vie au fil des pages.


- La Repasseuse, de Bénédicte Lapeyre


Ce que je suis en train de lire : 

 C'est le mot "librairie" qui a attiré mon attention. Le résumé quand à lui semble prometteur. Comme tous les lecteurs : j'aime les livres qui parlent de livres. Pour le moment le début me laisse perplexe, j'espère être agréablement surprise d'ici quelques dizaines de pages.


- Le club de la petite librairie, de Déborah Meyler
    Jeune femme brillante, Esme obtient une bourse à l'université de Columbia à New York. Dans cette ville où tout est tellement éphémère, elle tombe amoureuse de Mitchell. Tout va bien. Jusqu'à ce qu'elle soit enceinte : là, Mitchell annonce qu'il s'en va.
    Déterminée à reprendre sa vie en main, Esme trouve un travail dans une petite librairie de quartier, tenue par George, son propriétaire excentrique, et le taciturne Luke dont le rêve est de devenir guitariste. Au milieu des livres, la jeune femme trouve un réconfort bienvenu, tout comme auprès des clients de la librairie qui deviennent des amis et des soutiens.
    Et puis, un jour, Mitchell revient. Esme a-t-elle vraiment envie de lui accorder une seconde chance ? Le bonheur est-il à ce prix ?

 Mes prochaines lectures

Je ne sais pas quel livre se sera, mais il faudra qu'il soit différent des précedents.



Et vous que lisez-vous ?
Belle semaine livresque à toutes et tous !

jeudi 13 octobre 2016

Le liseur du 6h27 - Jean-Paul Didierlaurent

Le liseur du 6h27, de Jean-Paul Didierlaurent

218 pages
Editions Au diable Vauvert
Parution : mai 2014

4ème de couverture :
   «Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écoeurement qui l'étouffait à l'approche de l'usine.» 
    Employé discret, Guylain Vignolles travaille au pilon, au service d'une redoutable broyeuse de livres invendus, la Zerstor 500. Il mène une existence maussade mais chaque matin en allant travailler, il lit aux passagers du RER de 6h27 les feuilles sauvées la veille des dents de fer de la machine...
    Dans des décors familiers transformés par la magie de personnages hauts en couleurs, voici un magnifique conte moderne, drôle, poétique et généreux : un de ces livres qu'on rencontre rarement.


    Ce livre, je ne sais combien de fois il m'a été conseillé, combien de fois j'en ai entendu du bien ; donc lorsque je l'ai croisé à la bibliothèque, je n'ai pas pu m'empêcher de le prendre, et pire : de plonger dedans aussitôt ma précédente lecture terminée.
    J'en avais entendu parlé mais je ne savais pas de quoi il parlait. Une fois on avait bien mentionné que c'était l'histoire d'un jeune homme qui lit des morceaux de livres dans le métro, mais rien de plus. Et j'avoue ne même pas avoir pris le temps de lire la quatrième de couverture avant d'entamer ma lecture. D'ailleurs je ne l'ai parcourue qu'au moment de l'insérer en en-tête de cet avis. Et au final, elle ne m'en aurait pas plus appris que ce que je savais déjà...

    Du coup comment vais-je faire pour vous parler de ce livre sans vous en dévoiler trop ? Sans vous gâcher la surprise ? Car oui, ce livre est plein de rebondissements, de faits inattendus, d'histoires enchassées, de personnages hauts en couleurs et d'alexandrins. Peut-être même qu'il pourrait il y avoir une petite pointe d'amour, histoire d'assaisonner tout ça...

     Ce roman est une petite bouffée d'air frais, de légèreté, de patience, de douce folie, voir même de gourmandise. La vie de Guylain est simple, mais sa nature généreuse et loyale la lui rendent belle et pétillante. Il sait faire attention aux autres, mais il sait aussi se faire discret. Lui qui a souffert toute sa vie à cause de son nom a trouvé refuge dans l'effacement et les mots. Il sait voir les être au-delà des apparences et des handicaps. Il n 'attend rien des autres. Il vit dans le présent, accroché à des petits bonheurs quotidiens qui lui donnent la force et l'envie d'avancer.

    Ce roman est une sorte de conte moderne, avec un prince, un dragon, une marraine la fée,  des épreuves et peut-être même un donjon avec une princesse. Mais ici contrairement aux contes de fées, rien n'est sûr, et l'histoire pourrait bien n'aboutir à rien. Mais comme qui tente rien n'a rien, Guylain va tenter l'aventure. Sait-on jamais, peut-être cela le mènera-t-il quelque part.

    Mais il n'est pas question que de choses légères dans ce roman. Le handicap et les accidents du travail y sont abordés, ainsi que les duretés du travail et la tyrannie patronale. Pourtant les petits bonheurs de la vie reviennent sans cesse pour adoucir les maux, comme le soleil revient toujours après la pluie.

    J'ai aimé le personnage de Yvon, loufoque, mais fidèle à lui-même, qui dans l'ingratitude de son emploi arrive à trouver le moyen de vivre tout de même sa passion. C'est une figure rafraîchissante, qui fait du bien ; Guiseppe et son idée fixe, les mots du 1.doc et tous les autres, Josy et Julie et leur façon de voir le monde, les deux sœurs aux cheveux blanc-violet et Guylain bien sûr. Tous ces personnages que l'auteur sait nous rendre proche et attachant, et que l'on pourrait croiser à n'importe quel coin de rue.

    J'aime beaucoup la plume de Jean-Paul Didierlaurent, que j'avais déjà eu le plaisir de découvrir dans son recueil de nouvelles Macadam. C'est une plume poétique, légère qui maîtrise parfaitement la langue française. Il possède une imagination plein d'humour et ancrée dans la réalité des choses. J'ai hâte de mettre la main sur son dernier livre, qui je l'espère sera aussi bien que les deux précédents !

    Le liseur du 6h27 est un roman à lire absolument. Il ne saurait vous décevoir !
Voilà, j'espère sans en avoir trop dit, vous avoir donner envie de lire.


    Il se surprenait  de plus en plus souvent à parler à son poisson. Guylain se plaisait à croire que le carassin l'écoutait, là, suspendu au centre de la sphère, toutes ouïes ouvertes sur le récit de sa journée. Avoir pour confident un poisson rouge impliquait de ne rien attendre d'autre de lui que cette écoute passive et silencieuse, même s'il croyait déceler dans le filet de bulles qui sortait de sa gueule un début de réponse à son questionnement.

    C'était bien un nouveau. Ça leur faisait souvent ça la première fois. L'alexandrin les prenait de court. Les rimes leur tombaient dessus, les asphyxiant aussi sûrement qu'une volée de coups portée en plein plexus. "C'est droit comme une épée, un alexandrin, lui avait un jour expliquer Yvon, c'est né pour toucher au but, à condition de bien le servir. Ne pas le délivrer comme de la vulgaire prose. Ça se débite debout. Allonger la colonne d'air pour donner souffle aux mots. Il faut égrener les syllabes avec passion et flamboyance, le déclamer comme on fait l'amour, à grands coups d'hémistiches, au rythme de la césure. Ca vous pose un comédien, l'alexandrin. Et pas de place à l'improvisation. On ne peut pas tricher avec un vers de douze pieds, petit."
   A 59 ans, Yvon était passé maître dans l'art de les décocher. 


    14 717, c'est tout en os, un nombre pareil. Ca vous expose sa maigreur sans détour, vous agresse la rétine de l'aigu de ses angles. Quoique vous fassiez, une fois exposez sur le papier, ça reste toujours une suite de droites fracturées. Il suffirait d'une seule faïence de plus ou de moins pour habiller ce nombre antipathique d'un début de rondeur avenante.

mercredi 12 octobre 2016

Devenir Christian Dior - François-Olivier Rousseau

Devenir Christian Dior, de François-Olivier Rousseau

320 pages
Editions Allary
Parution : 15 septembre 2016

Présentation de l'éditeur :
    Paris, années 1920 : un jeune homme cherche sa voie. Il passe ses soirées au Bœuf sur le toit en compagnie d'artistes déjà célèbres qui tous le reconnaissent comme l'un des leurs. Et pourtant Christian Dior ne sait pas encore comment exprimer son talent. C'est en crayonnant des modèles de chapeaux et en dessinant des robes pour des rubriques de mode qu'il découvre enfin sa vocation. Mais la guerre coupe court à ses ambitions.
     Démobilisé, Christian Dior rentre à Paris et seconde Lucien Lelong qui se bat contre l'occupant pour garder en France l'industrie de la couture. En 1947, il présente sa première collection : le New Look.
     Le succès est foudroyant et planétaire. La maison Dior devient l'incarnation du chic français, et son créateur un mythe instantané.
     Voyage dans l'avant-garde artistique des Années folles et dans l'univers effervescent de la mode, cette biographie romancée fait revivre le destin mouvementé d'un créateur d'exception. 


    Qui ne connait pas Christian Dior et son célèbre New Look avec ses jupes corolles et ses tailles de guêpes ? C'est une des figure principale du style d'après-guerre de la Haute-Couture, et l'un des couturier les plus célèbres et reconnus à travers le monde.

    Que de chemin parcouru depuis les allées de la grande résidence de son enfance ! Que de tentatives, de questionnements, de rebondissements ! C'est ce que ce livre nous propose de découvrir.
    On y suit Christian tout au long de sa vie, de son adolescence à sa reconnaissance, à sa mort. Et Dieu sait qu'il en a connu des choses au cours de son existence, il a traversé deux guerres, connu les années-folles et les restrictions, le travail de la terre et celui des étoffes les plus précieuses, traversé la maladie et pris plusieurs "nouveaux départs"... Mais sans jamais trahir l'homme qu'il était, ses aspirations et ses idées. Suivre sa vie est passionnant !

    Ce roman est également une belle ode à l'amitié, car sans ses amis, Christian Dior ne serait probablement pas arrivé aux sommets. Grâce à eux, il a pu saisir des occasions exceptionnelles. A plusieurs on est toujours plus fort, on réfléchit mieux, on a un plus grand réseau, on n'est jamais seul, ... et cette petite bande, formée au Boeuf dans les années 20, l'a bien compris. Ils sauront de tous temps rester soudés et pourront à chaque instant compter les uns sur les autres.

     Mais ce roman n'est pas seulement une biographie, c'est aussi un portrait : celui du monde de la Haute-Couture pendant tout le début du 20ème siècle. Comment un art qui peut paraître si futile peut avoir traversé deux guerres, avoir survécu aux pénuries ? Et surtout : pourquoi ? comment ?
      J'ai trouvé captivante la découverte de ce monde à part, qui fascine de tout temps. Saviez-vous que pendant la seconde Guerre Mondiale, les nazis avaient essayé de déplacer toutes les grandes maisons de couture parisienne à Berlin ? Cela parait fou ! Et pourtant ... C'est autant de petites informations et anecdotes que vous allez découvrir en lisant ce livre !

     Ce fut un vrai régal de lire les mots de François-Olivier Rousseau. Son écriture sait rester simple pour ce mettre aux services de toutes les informations qu'il nous dispense. J'aime ces livres bien documentés qui nous enseignent une foule de chose sous une forme agréable et accessible.
    Cependant je vous mets en garde : ce livre vous donnera envie de sortir vos crayons de couleurs et du papier, et vous vous surprendrez à essayer de griffonner une ou deux pièces du vestiaire féminin.


"Tu dis des âneries ! mais pour te prouver que je ne t'en veux pas je vais te révéler une vérité profonde : il y a des limites à ce que l'on peut se contraindre à faire par devoir et ta conduite en est la meilleure démonstration. Si la conférence d'André Siegfried t'intéressait un tant soit peu, tu ne te réveillerais pas après qu'elle a déjà commencé, et si tu souscrivais à la version de ton avenir décidée par ton père, tu ne passerais pas tes nuits au Boeuf, ce n'est pas un endroit convenable pour préparer le concours du quai d'Orsay... D'ailleurs, est-ce que tu t'imagines en diplomate de troisième classe, en train de te morfondre au fond d'une ambassade en Bolivie ou au Siam ?"

Qui osera dire, songea-t-il, le tort qu'une femme peut se causer à elle-même en s'habillant mal, par indifférence ou par mauvais goût ? 

"Vous dirais-je encore que lorsque je les vois toutes s'affairer, dans cet état de tension et de sang-froid qui caractérise les veilles de présentation de collection, à ce moment où rien ne va plus et où rien n'est prêt, je me dis que me pays qui disposerait d'une armée de femmes gagnerait sans doute toutes les guerres ..."

Quelqu'un au moins se félicite du renoncement de Christian, c'est Lucien Lelong. Dior lui reste ... Mais pour combien de temps ? Plus clairvoyant que Christian lui-même, il sait que son modéliste vedette a atteint ce palier d'une carrière au-delà duquel un changement radical est impérieux si l'on veut éviter l'ennui qui sclérose. 

A intervalles réguliers, la tentation me frôle de devenir mon propre maître, c'est vrai, mais je ne souhaite pas ressusciter une enseigne... Je ne peux m'imaginer qu'à la tête d'une maison où tout serait nouveau, le personnel, le décor, le style. C'est d'ailleurs la seule manière raisonnable d'aborder l'ère nouvelle dans laquelle nous entrons ...

lundi 10 octobre 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [84]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?


Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 3 au 9 octobre 2016
    J'ai passé les deux premiers jours de la semaine en compagnie de cette adolescente un peu perdue. Je m'arrivais pas à lâcher le livre. C'est un roman enveloppant, qui reste dans la tête, et qui soulève beaucoup de question en nous. Une fois terminé, je n'ai pas pu plonger dans un autre roman, il me fallait un petit peu de temps, alors j'en ai profité pour lire ce superbe ouvrage sur le thé. Une lecture à déguster petit à petit, tranquillement.

**
  - Les règles d'usage, de Joyce Maynard
- Le Thé, de Annie Perrier-Robert


Ce que je suis en train de lire : 

    Ce livre est magnifique ! Regardez-moi cette couverture ! Et son résumé est riche en promesse. J'aime beaucoup les romans qui nous font découvrir les vieux métiers. La quatrième de couverture est ambitieuse et le livre assez court. J'espère que le sujet aura tout de même assez de place pour être développé et qu'il ne laissera pas de goût de trop peu.
    Ce que j'en ai lu pour le moment me plait beaucoup.


- La Repasseuse, de Bénédicte Lapeyre
  De sa mère, Mone a appris les gestes minutieux du métier de repasseuse. Manipuler le linge délicat et les fers est une voie toute tracée pour cette jeune femme discrète qui n'a jamais quitté Senlis. Pourtant, Mone sait tout. Elle sait tout grâce au linge qu'on lui apporte chaque jour. Car si les gens parlent, le linge aussi: des problèmes financiers de l'aristocratie aux secrets d'alcôve, l'intimité se dévoile à travers les étoffes. L'élégante et digne repasseuse traversera les deux guerres, découvrira l'héroïsme et la collaboration, mai 68 et Rachmaninov. Elle connaîtra des amitiés cruelles et des amours éphémères. Mais c'est à l'automne de sa vie que son destin prendra des détours insoupçonnés…
    Le portrait émouvant et tendre d'une femme en avance sur son temps, chronique subtile des bouleversements du XXe siècle.


 Mes prochaines lectures

Trop de livres me font envie, je choisirais en fonction du moment. Mais je n'oublie pas mon idée de Triathlon-Cyrano. 


 Les chroniques publiées cette semaine :
- Les larmes de la maîtresse, de Véronique Delamarre-Bellégo
*


Et vous que lisez-vous ?
Belle semaine livresque à toutes et tous !

mardi 4 octobre 2016

Les larmes de la maîtresse - Véronique Delamarre Bellégo

Les larmes de la maîtresse, de Véronique Delamarre Bellégo

151 pages
Oskar Editeur
Parution : Avril 2016

4ème de couverture :
    Une école, une nouvelle maîtresse, des copains : c'est la rentrée !
    L'année commence bien pour Marie et ses amis, dans la classe de la merveilleuse Julia Jour. Bonne humeur, joie de vivre, blagues et éclats de rire, comédie musicale, chaperon rouge et méchant loup, jokers, soleil et météo, ce CM1 ne ressemble à aucun autre.
    Jusqu'au jour où Julia arrive à l'école les joues couvertes de larmes. Son chagrin déteint vite sur ses élèves. Que se passe-t-il ? Qui la fait souffrir ? Les enfants vont mener l'enquête et voler au secours de leur maîtresse tant aimée.


    La rentrée des classes, c'est toujours un moment inquiétant : nouvelle classe, nouveau programme, nouvelle façon de travailler … C'est encore plus inquiétant dans les écoles où les classes peuvent se faire et se défaire au fil des années et qu'il y a plusieurs maîtres et maîtresses par niveau.
C'est le cas dans l'école de Marie, Manon et Rose : il y a deux classes par niveau, alors il faut croiser les doigts très fort en espérant avoir le bon professeur, surtout en CM1 où il est possible de se retrouver avec Sergent-le-Terrible, le directeur de l'école. Et il ne rigole pas : ni avec la discipline, ni avec le programme.
    Mais cette année, il y a du changement dans l'équipe pédagogique : une jeune et jolie maîtresse, en robe rouge à pois et escarpins rouge fait son apparition.
    Il paraîtrait que dans sa classe on apprend en s'amusant, qu'il y aurait des boites magiques et qu'une comédie musicale sur le Petit Chaperon Rouge se préparerait...
    Marie et ses amis auront-ils la chance d'être dans la classe de cette jolie maîtresse ? Peut-on vraiment apprendre en s'amusant ?

    A travers ce roman, Véronique Delamarre Bellégo, glisse le message qu'il est plus facile d'apprendre en s'amusant et que la confiance est importante. Un enfant en qui on a confiance est un enfant qui évolue plus vite , qui a envie d'apprendre et d'aller à l'école. C'est une piste qui devrait être davantage explorée dans l'éducation nationale, surtout dans le primaire.
    J'ai adoré l'idée des boites magiques de la maîtresse. Cela me donne envie en tant que maman, de mettre ce livre entre les mains de toutes les enseignants qu'aura ma fille au cours de sa scolarité pour qu'ils les mettent en place. Cela me donne aussi envie d'en mettre en place à la maison, pas les mêmes car elles ne seraient pas vraiment adaptées, mais sous d'autres formes (sachant qu'on en a déjà une spéciale jeux).

   L'histoire est passionnante, l'écriture de l'auteur sait captiver notre attention et nous emmener toujours plus loin dans la lecture ; et c'est exactement ce qu'il faut pour un livre jeunesse. Si le jeune lecteur s'ennuie, c'est le drame.
    J'ai beaucoup aimé les différents thèmes abordés dans le livre : amitié, jalousie, racisme... Ils sont traités de façon très légère, avec humour et suffisamment rapidement pour que le message passe sans être moralisateur et devenir pénible au lecteur. C'est très bien joué de la part de l'auteur.
    Je suis plus mitigé quant à l'enquête. La fin du livre, la réflexion sur le Loup, est très intéressante, c'est une jolie métaphore et un joli message.
    Mais l'enquête en elle-même … c'est plus compliqué. D'un côté j'ai adoré, j'ai plongé tête baissé dedans, mais de l'autre côté, avec le recul et mon regard de maman, le non-respect de la vie privée me gêne un petit peu. Il est important de respecter le silence des autres, surtout celui des grandes personnes quand on est un enfant. Une maîtresse n'est pas une copine et la vie qu'elle mène en dehors de l'école ne regarde qu'elle. Heureusement les éléments du livre sont assez imaginaires et romancés pour que cela ne puisse pas vraiment se passer dans la vraie vie. Je sais que je chipote un petit peu. C'est le seul petit bémol que je mettrais à ce livre.

    C'était une lecture fraîche, légère, avec des personnages attachants. Beaucoup de joie et de vie dans ce roman jeunesse. Un livre à lire avant la rentrée des classes pour rêver un petit peu. Mais aussi un livre a prêter aux maîtresses pour leur donner des idées et les mettre en garde contre la curiosité de plus en plus poussée des enfants.
    C'est un livre que j'ai beaucoup aimé, que je vais glisser dans la bibliothèque « pour quand elle sera plus grande » de ma fille.


   - Pendant quelques minutes, chacun pourra fermer ses livres et ses cahiers, ranger ses crayons, poser sa tête sur ses mains ou regarder le ciel, et faire le rêve de son choix : bâiller, somnoler, sourire, partir en songes vers des pays merveilleux et lointains, s'endormir même. Mais il y a une condition : silence absolu. Interdiction de prononcer le moindre mot tant que la boîte est ouverte. Sinon vous risquez de faire fuir les rêves de vos camarades avant qu'ils ne soient finis et ça, c'est vraiment désagréable.

   - Son robinet à chagrin est grand ouvert, a soupiré Antoine, derrière moi. Comment faire pour le fermer ?
Tous les garçons de sentaient soudain des vocations de plombiers.

lundi 3 octobre 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [83]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?


Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 26 septembre au 2 octobre 2016
Grosse semaine lecture pour moi. Encore une fois j'ai choisi des livres très différents les uns des autres ; cela m'évite de mélanger toutes les histoires dans ma tête. Le dernier n'était pas du tout prévu au programme, mais lorsqu'il a croisé ma route, je n'ai pas pu m'empêcher de le lire. Il faut dire que j'en avais tellement entendu parlé.
**
  - Un enfant plein d'angoisse et très sage, de Stéphane Hoffmann
- Le premier jour du reste de ma vie ..., de Virginie Grimaldi
- Le liseur du 6h27, de Jean-Paul Didierlaurent


Ce que je suis en train de lire : 
Il me fallait souffler un peu, rechargé les batteries avant de pouvoir attaquer ce jolie petit pavé qui promet d'être très très très chargé en émotions. Le texte est dense et l'écriture totalement addictive. Je sens que je vais passer quelques heures délicieuses en compagnie de ce texte.


- Les règles d'usage, de Joyce Maynard
    Wendy, treize ans, vit à Brooklyn. Le 11 septembre 2001, son monde est complètement chamboulé : sa mère part travailler et ne revient pas. L'espoir s'amenuise jour après jour et, à mesure que les affichettes DISPARUE se décollent, fait place à la sidération. Le lecteur suit la lente et terrible prise de conscience de Wendy et de sa famille, ainsi que leurs tentatives pour continuer à vivre.
    Le chemin de la jeune fille la mène bientôt en Californie chez son père biologique qu'elle connaît à peine - et idéalise. Son beau-père et son petit frère la laissent partir le cœur lourd, mais avec l'espoir que cette expérience lui sera salutaire. Assaillie par les souvenirs, Wendy est tiraillée entre cette vie inédite et son foyer new-yorkais qui lui manque. Elle délaisse les bancs de son nouveau collège et, chaque matin, part à la découverte de ce qui l'entoure, faisant d'étonnantes rencontres : une adolescente tout juste devenue mère, un libraire clairvoyant et son fils autiste, un jeune à la marge qui recherche son grand frère à travers tout le pays. Wendy lit beaucoup, découvre Le Journal d'Anne Frank et Frankie Addams, apprend à connaître son père, se lie d'amitié avec sa belle-mère éleveuse de cactus, comprend peu à peu le couple que formaient ses parents - et les raisons de leur séparation. Ces semaines californiennes la prépareront-elles à aborder la nouvelle étape de sa vie ? Retournera-t-elle à Brooklyn auprès de ceux qui l'ont vue grandir ?
   Émouvante histoire de reconstruction, Les règles d'usage évoque avec brio la perte d'un être cher, l'adolescence et la complexité des rapports familiaux. Un roman lumineux.

 Mes prochaines lectures

J'ai bien envie de me faire une petite thématique Cyrano, car j'ai trois livres dans la Pal qui tourne autour de ce personnage... A moins que je ne me laisse séduire par une lecture plus légère... Nous verrons bien !

 Les chroniques publiées cette semaine

J'essaye de tenir le rythme de publication malgré les difficultés techniques, et cela me fait un bien fou !

 

- La suture, de Sophie Daull
- Partition amoureuse, de Tatiana de Rosnay
- La valse des arbres et du ciel, de Jean-Michel Guenassia


http://www.lalecturienne.com/2016/09/la-suture-sophie-daull.html*http://www.lalecturienne.com/2016/09/partition-amoureuse-tatiana-de-rosnay.html*http://www.lalecturienne.com/2016/09/la-valse-des-arbres-et-du-ciel-jean.html


Et vous que lisez-vous ?
Belle semaine livresque à toutes et tous !

vendredi 30 septembre 2016

La valse des arbres et du ciel - Jean-Michel Guenassia

La valse des arbres et du ciel, de Jean-Michel Guenassia

298 pages
Editions Albin Michel
Parution : Septembre 2016

4ème de couverture :
    Auvers-sur-Oise, été 1890. Marguerite Gachet est une jeune fille qui étouffe dans le carcan imposé aux femmes de cette fin de siècle. Elle sera le dernier amour de Van Gogh. Leur rencontre va bouleverser définitivement leurs vies.
   Jean-Michel Guenassia nous révèle une version stupéfiante de ces derniers jours.
    Et si le docteur Gachet n'avait pas été l'ami fidèle des impressionnistes mais plutôt un opportuniste cupide et vaniteux ? Et si sa fille avait été une personne trop passionnée et trop amoureuse ? Et si Van Gogh ne s'était pas suicidé ? Et si une partie de ses toiles exposées à Orsay étaient des faux ?…

    Autant de questions passionnantes que Jean-Michel Guenassia aborde au regard des plus récentes découvertes sur la vie de l'artiste. Il trouve des réponses insoupçonnées, qu'il nous transmet avec la puissance romanesque et la vérité documentaire qu'on lui connaît depuis Le Club des incorrigibles optimistes.

    Il y a dans la vie des mystères qui nous interpellent, qui nous fascinent, qui nous interrogent et auxquels nous imaginons mille explications.
    Il y a de ces artistes qui nous captivent, nous fascinent, devant les œuvres desquels nous restons sans voix.
    Imaginez que Jean-Michel Guenassia ait rencontré les deux dans le destin d'un seul homme ? Car il est évident à la lecture de ce roman, que la peinture de Vincent Van Gogh subjugue l'auteur !
    Comment pourrait-il en parler si bien sinon ? S'être penché sur des études de ces œuvres, avoir fouillé la vie du peintre, avoir observer ses toiles, n'est pas suffisant pour les rendre vivantes à travers les mots ; il faut pour cela une vraie sensibilité et une vraie affinité.
    Il est plaisant de lire Jean-Michel Guenassia nous racontant ce peintre si célèbre aujourd'hui et si méconnu de son vivant. Il sait nous scotcher à ses mots, éveiller en nous le rêve et les images. Sans connaître les oeuvres mentionnées, on peut les imaginer rien qu'en se basant sur les quelques peintures que l'on connait de Van Gogh.
    Raconter, romancer la peinture et l'acte de peindre est un exercice difficile, car il ne faut pas tomber dans le piège de la simple description qui ennuierait le lecteur. Il faut savoir faire vibrer les mots, rendre réel le bruit du pinceau sur la toile, la disposition des couleurs. Laisser la place à l'oeuvre en cours ...

    Ce n'est pas la vie de Van Gogh qui nous est racontée ici, seulement quelques mois de sa vie. Ceux qu'il est allé passé à Auvers-sur-Oise, à la rencontre d'un médecin, mais surtout des paysages de la région. Ce sont aussi les derniers mois de sa vie ; ce qu'il pensait n'être qu'une courte étape, une petite pause avant de sa lancer dans ambitions plus grande, prit une tournure définitive. Mais çà il ne le sait pas encore, dès son arrivée il se jette dans le travail. Il peint sans relâche les paysages qui l'entourent. Mais les peint-il vraiment ? Les voit-il seulement ? C'est la période où il fut le plus prolifique avec plus d'une toile finie par jour, c'est énorme.
    Ce séjour, fut également une des périodes les plus heureuses de sa vie. Vie qu'il partage entre la peinture et Marguerite. Qui est-elle ? Je vous laisse le découvrir en lisant le livre.

    Ce roman, car c'en est bien un : Jean-Michel Guenassia ne nous livrant ici qu'une supposition de ce qui a pu être, est vraiment passionnant. Il nous fait entrevoir certains traits de la personnalité de Vincent. Cet homme que l'on disait tourmenté l'est-il tant que cela ? Là dessus, l'auteur ne se prononce pas, ce n'est pas ce qu'il a voulu mettre en avant.
    On peut s'interroger sur la pertinence de ce récit vu qu'il met en scène un personnage réel dans une situation hypothétique. Ou sur sa légitimité ? Pourquoi ne le serait-il pas ? Jean-Michel Guenassia a fait des recherches sur Van Gogh, sur son époque, sur la vie de ceux qui l'ont entouré. Il a même ponctué son texte d'extrait de lettres et de coupure de journaux. Il livre des informations fiables et distille au compte gouttes la part de supposition. Ce qui est important c'est le peintre en lui-même, sa façon de travailler et ses toiles, le reste n'a au final pas beaucoup d'importance, car ce n'est pas ce qui a fait de lui l'homme qu'il était.
    Et la fin ? La thèse du suicide de Van Gogh a été très rapidement contesté, mais avec les faible moyen de l'époque et faute de preuves, l'enquête n'a pas été approfondie. L'idée du suicide accentuait le côté tourmenté de l'artiste et a servi à entretenir cette légende. Ici Jean-Michel Guenassia nous raconte ce qui a pu se passer selon lui. Il n'affirme en rien détenir la vérité, mais il partage l'idée qu'il a eu en faisant ses recherches.

    L'autre thème abordé dans ce roman, c'est la place des femmes dans cette société de la fin du 19ème siècle. Ce thème il le développe beaucoup à travers les coupures de journaux, et à travers la jeune Marguerite. Et si au fond elle était là, la réflexion principale du roman, bien caché par un destin d'homme ? Comme c'est si souvent le cas à l'époque ? Une époque où une femme n'est rien sans son père ou son mari. Un roman où Marguerite n'aurait pu prendre la première place, et dont elle ne peut être le sujet qu'à travers le destin d'un homme ... Et si l'héroïne c'était elle ?

Je vous invite à vous plonger dans ce roman pour vous faire une idée sur le sujet , et à venir ici me donner votre avis !

    Ma brosse est raide et sans grâce, un bâton qui gigote sur la toile et, quels que soient ma peine et le temps que j'y passe, mes dessins sont guindés, à croire que j'ai trempé mon talent dans l'amidon. 

    Et Vincent a dit sa fascination pour Rembrandt, le plus grand de tous, mais c'est moi qui écris fascination, Vincent a parlé d'amitié, oui de l'amitié qu'il avait pour ce peintre mort deux cent vingt ans plus tôt, et qui l'accompagnait chaque jour dans sa démarche. Il avait compris que, dans le portrait moderne, la ressemblance ne s'obtenait plus par un artifice du dessin, une pâle imitation de la photographie apportait mieux, mais par une maîtrise de la couleur et de l'éclairage, un travail sur l'expression et une exaltation du caractère.

    Je me suis souvent demandé comment Vincent voyait le monde. Chaque jour de ma vie, je me suis interrogée : qui avait-il de si particulier dans ses yeux, de si extraordinaire dans son regard, pour qu'il peigne de cette façon ? Je n'ai pas la réponse.

jeudi 29 septembre 2016

Partition amoureuse - Tatiana de Rosnay

Partition amoureuse, de Tatiana de Rosnay

224 pages
Éditions Le Livre de Poche
Parution : Février 2016

Présentation de l'éditeur :
« Quatre hommes, quatre notes.
Toi un do, première note de la gamme comme alpha est la première lettre de l’alphabet.
Manuel est un sol aux accents inquiétants, la dominante de la gamme de do.
Pierre est un long tourmenté.
Hadrien ne serait-il pas mon la, note de référence, celle dont un chef a besoin pour diriger un orchestre, celle qu’il me faut désormais pour apprendre à diriger ma vie ? »
T. R.
Margaux, célèbre chef d'orchestre, décide, à l’approche de ses 40 ans, d'inviter à dîner les hommes qui ont le plus compté pour elle. C’est l’occasion d’un bilan, le moment d’assumer les échecs du passé afin de mieux savourer ses bonheurs présents.  Avec lucidité, Margaux dresse l’inventaire de sa vie amoureuse, comme elle le ferait sur une partition, chacun de ses amants apportant sa cadence.


    Qui n'a pas un jour imaginé écrire un roman/recueil de nouvelles pour parler des différents hommes/femmes qui ont traversé sa vie amoureuse ; revenir sur le passé, sur ces histoires heureuses où malheureuses... Ces histoires qui en disent beaucoup de nous, qui nous ont façonnés, transformés en meilleur ou en pire, qui ont pu nous grandir ou nous détruire.
    Il n'est pas toujours bon de se retourner et de se replonger dans le passé, les souvenirs sont parfois trompeurs et souvent aguicheurs... il faut être sûr de soi et de sa force pour regarder en arrière sans flancher.
    C'est cette idée de départ qu'à développer Tatiana de Rosnay dans ce roman. Initialement paru sous le titre "le dîner des ex", celui de "Partition Amoureuse" lui sied davantage à mon humble avis. En effet le premier était trompeur sur son contenu, alors que le second fait formidablement bien écho et à la découpe du texte, et à la profession du personnage principal : Margaux, chef d'orchestre.
    Plus que l'histoire en elle-même, c'est le parallèle entre musique et écriture qui m'a plu. Le livre est structuré comme le serait un opéra, les mots semblent donner le ton et le mouvement à chaque partie, sous la baguette de Margaux.
    Margaux est une jeune femme ni plaisante, ni désagréable ; je ne l'ai pas particulièrement apprécié. Mais je n'ai pas l'impression qu'il y avait là un des objectifs de l'auteur.
    Plus que la femme, c'est le chef d'orchestre qui est intéressant et comment Tatiana de Rosnay met en mots ce métier. Un chef d'orchestre est toujours de dos, et dans l'esprit du commun des mortels : interchangeables. Il faut être passionné de musique pour se rendre compte des différences musicales d'un même morceau sous différentes baguettes. Ainsi Margaux, dans sa vie de femme est interchangeable, elle pourrait être le lecteur, la voisine de palier, la cousine ou la femme croisé dans le métro, pourvu que celle-ci ait autour de la quarantaine. Car tout part de la : cette approche de la quarantaine, ce changement de décennie qui fait peur. C'est lui qui fait remonter les interrogations de Margaux, qui la met face à sa vie, à son célibat, à sa maternité. Seule sa carrière semble parfaite et la satisfaire. Mais à quarante ans est-ce suffisant ? Atteindre les sommets occupe et le corps et l'esprit ; mais une fois parvenu en haut, que faire de plus ? Avec qui partagé tout cela ?
    C'est ainsi que Margaux se retourne sur son passé, et se raconte à travers une longue lettre. Elle pose des mots sur chacune de ses relations, celles qui ont compté du moins. Et à qui l'adresser cette lettre, à part à celui qui l'a connu encore fraîche, dans l'insouciance de la vie, la tête pleine de rêves, comme "neuve" ? Lui seul connait la vraie Margaux, celle des débuts, à lui seul elle peut se confier sans honte ni remord. Seul le premier amour est entier et pur, rares sont ensuite les relations où l'on se livre tout entier.

    C'est un court roman qui se laisse bien lire. Si certains passages un peu trop sexuels m'ont pesé, car n'apportant rien au roman, ils ne m'ont pas empêché d'apprécier l'histoire. Le style mi épistolaire mi-narratif est une idée originale qui fonctionne bien, tout comme la découpe du roman.
    C'est le premier roman que je lis de cet auteur, pourtant très reconnu, et j'ai apprécié son écriture. Je découvrirai avec plaisir d'autres de ces écrits, qui m'ont semblé être dans des styles très variés, ce que je trouve intéressant.
    Petit coup de coeur pour la couverture qui en plus d'être ravissante correspond vraiment au texte.





mardi 27 septembre 2016

La suture - Sophie Daull

La suture, de Sophie Daull

200 pages
Editions Philippe Rey
Parution : Août 2016


4ème de couverture :
    Alors qu'elle vient de perdre Camille, sa fille de seize ans, Sophie Daull se penche sur le passé de sa mère, Nicole, une femme mystérieuse, disparue elle aussi, il y a trente ans. Munie de maigres indices - quelques lettres et photos tenant dans une boîte à chaussures -, elle entreprend de déchiffrer les lieux et paysages où Nicole a vécu, les visages qu'elle a connus, et tente de reconstituer ainsi une existence troublante.
    A larges aiguillées joyeuses, poétiques ou bancales, l'auteure va coudre passé et présent, fiction et réalité, grand-mère et petite-fille, dans ce roman en forme d'enquête généalogique, qui vagabonde dans la France de l'après guerre jusqu'aux années 80. 
    Se dessine ainsi la figure de Nicole, dont la frêle beauté et la timidité intriguent, porteuse d'une énigme qu'elle semble elle-même ignorer, chahutée depuis l'enfance par les rudesses d'une vie sans ménagement. Nicole, que le lecteur débusquera avec émotion derrière ses larges lunettes et la fumée de ses Gitanes...


    Dans la vie de Sophie Daull, il y a deux grandes absentes : sa fille et sa mère. Dans son premier livre, Camille, mon envolée, elle nous raconte sa fille, la douleur de sa mort, le chemin de l'acceptation, la voie du deuil. C'est un livre fort, poignant et plein de sensibilité. L'avoir écrit semble avoir rendue cette mère plus forte, comme recomplétée. Mais il reste une autre blessure, un autre deuil, une autre morte à raconter : sa mère.
    Alors Sophie Daull a repris sa plume et à travers ce récit va essayer de nous raconter Nicole.
Mais, vite,survient une difficulté : comment parler d'une partie de la vie de quelqu'un que l'on n'a pas partagée et dont on ne nous a rien dit ? S'engage alors un formidable jeu de piste, où les mairies et les services d'état civils sont des points de repères.

    De sa mère, il ne lui reste pas grand chose. Ce petit bout de femme a été tué alors que Sophie n'était encore qu'une adolescente. L'enfance est trop courte pour se faire des souvenirs, quelques années à peine. Mais il lui reste des chansons, des images, mais aussi beaucoup de silences et de questions esquivées. Et pour ceux qui ne le savent pas : le silence est lourd à porter face aux questions.

    Sophie aurait aimé pouvoir nous raconter la vie de sa mère, n'être que la main qui trace sur le papier les mots entendus auparavant. Mais il lui faudrait être plus qu'un scribe : il va lui falloir composer.
    Tâche difficile : comment composer sans trahir ? sans extrapoler ?
    Point de départ : une boîte à chaussures où sont rangées de vieilles photographies, des analyses de sang, quelques bulletins de salaire et une poignée de cartes postales. Mais aussi une date et un lieu de naissance.
    Les indices ne sont pas suffisant, Sophie Daull a besoin de se rendre sur le terrain, essayer de marcher dans les pas de sa mère, ou de ceux qu'elle peut imaginer avoir été les siens. En quelques décennies les choses ont beaucoup changées, mais on peut toujours chercher le squelette du passé derrière la modernité actuelle des lieux.
    En cheminant ainsi, elle va pouvoir remettre les éléments à leur place, comprendre le sens de certaines choses... Et ce n'est pas seulement sa mère qu'elle va chercher à comprendre, mais aussi sa grand-mère et sa tante, des femmes qui comme sa mère ont eu des choses à cacher. C'est un secret qu'il va falloir révéler au grand jour, comprendre et accepter, un secret qui explique bien des choses et bien des silences.
     Ce texte est loin de raconter Nicole, il ne nous fait part que d'une petite partie de ce qu'elle a pu vivre, de ce qu'elle a pu être. Les nœuds qui ont été défaits, les voiles qui se sont levés, vont avoir besoin de la complicité du temps pour que l'auteur puisse prendre toute la mesure de l'évènement qui a frappé sa mère. En toute chose il faut avancer une étape à la fois.

    Ce que j'ai beaucoup apprécié, c'est que Sophie Daull se livre entièrement, sans faux-semblants. Elle ne cherche pas à s'améliorer, à se donner le beau rôle... on la sent intègre, imparfaite avec des défauts qu'elle ne cherche même pas à cacher. On sent la fragilité de cette femme à travers ses mots, mais on sent également sa grande force.
    Les mots ancrent. Les psys ne conseillent-ils pas de poser ses idées, ses interrogations, sa tristesse ou sa rage sur le papier ? Pour y voir plus clair, pour se délester du trop plein, pour restructurer les choses, pouvoir se reconstruire en enlevant l'excédant et en complétant les vides ?
C'est d'une certaine façon, ce que fait ici l'auteur : elle se complète en racontant sa mère, elle complète la Vie, en rendant vivante aux yeux des lecteurs celle qui n'est plus.

   C'est un roman couleur sépia. Derrière les mots se cachent une certaine poésie, de la nostalgie mais aussi une grande envie de vivre.
    Merci à Sophie Daull de partager avec nous les femmes de sa vie et de leur redonner vie à travers ses mots.
C'est une auteur qui sait me toucher dans sa façon d'écrire et que je lis avec plaisir.

    Après la soupe, tout le monde ira se coucher tôt, dans le souci de faire durer la trêve, dans l'effroi de la semaine à venir... L'armistice du dimanche soir a le même goût douteux que celui signé par la France dans les semaines précédentes.

    Cette année, Nicole aurait son certif'. Elle se l’était juré. Au café, sur le faubourd de Montanglaust, ne pas avoir d'instruction passait inaperçu, ça rassurait même. Ici, au Blanc, les filles ont de l'éducation, du savoir, même un tout petit peu ; et le savoir engendre des discussions, c'est-à-dire le contraire de vociférations d'ivrognes ; et les discussions permettent de mettre au jour des affinités, c'est-à-dire le contraire de rapports forcés ; et les affinités font voir la vie en plus grand. Plus grande la vie.
    Alors le certificat d'études, ce serait cette année. Juin 1953.

    L'artère principales, le faubourg de France, a connu, durant sa longue vie pavée, à la fois les escarpins de Nicole, mes mocassins d'écolière et les baskets de Camille. Jamais ensemble cependant... Cette rue est comme la nervure selon laquelle nous raccommoder.

    Puis viendra le temps des colères et des silences au goût d'amanite.
    J'ai 12 ans.
    Les foyers français sont équipés à 79% d'appareils de télévision, les voisins ont désormais le leur. Ca fait longtemps qu'on a marché sur la Lune, et Francis et Nicole en explorent douloureusement les cratères !, Une fine suie noire nécrose les dîners où la télé est toujours allumée. La réunion devant le poste n'est plus une communion : le vin de messe est devenu pain quotidien, un bruit de fond. En payant la redevance on achète une digue contre les scènes de ménage. Qui cède souvent.

lundi 26 septembre 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [82]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?


Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 19 au 25 septembre 2016
Une belle semaine lecture, avec un livre que j'avais hâte de découvrir, mais que j'avais mis de côté pour le savourer lorsque je serais plus au calme. Grand bien m'en a fait ! Une lecture amusante, désarmante et dont l'écriture m'a séduite. Je parle bien sûr de La suture, de Sophie Daull.
J'ai poursuivi avec un délicieux livre jeunesse : Les larmes de la maîtresse, de Véronique Delamarre Bellégo. Je ne m'attendais pas à être aussi prise par l'histoire, j'avoue avoir peiné à lâcher le livre. Une lecture fraîche et vraiment plaisante.
Je vous parle très vite de ces deux ouvrages plus en détails sur le blog.

**
- La suture, de Sophie Daull
- Les larmes de la maîtresse, de Véronique Delamarre Béllego


Ce que je suis en train de lire : 

   J'ai adoré la quatrième de couverture de ce roman, il semblait à la fois amusant et criant de vérité froide. C'est avec joie que je me suis plongée dedans. Je vous préviens, il est très addictif ! Il ne me reste qu'une cinquantaine de pages à lire, et j'ai hâte d'en connaître le dénouement... s'il y en a un ...

 
- Un enfant plein d'angoisse et très sage, de Stéphane Hoffmann
     Dans ce portrait d'une famille où la tendresse passe mal, on croise une chanteuse qui ne veut plus chanter, un Anglais qui n'aime que les chaussettes et la reine, un petit chien bien imprudent et une égoïste qui veut être ministre. On fait des virées à Londres et à Monaco et une traversée du lac Majeur. Il y a encore des blessures d'amour mal guéries et, bousculant tout ce monde, un enfant qui cherche la liberté.Stéphane Hoffmann retrouve ici le ton des Autos tamponneuses, des Filles qui dansent et de Château Bougon. Il aime rire des choses graves et nous émouvoir du spectacle souvent pitoyable des grandes personnes.
 
 Mes prochaines lectures

Tout dépendra de comment finira le roman en cours et dans quel état d'esprit il me laissera :)

 Les chroniques publiées cette semaine
 
- Patients, de Grand Corps Malade

    J'ai eu le temps cette semaine de préparer plusieurs chroniques mais je n'ai pas pu les mettre en ligne : je n'ai toujours pas d'internet chez moi ce qui complique bien les choses. J'espère pouvoir les partager avec vous cette semaine !


Et vous que lisez-vous ?
Belle semaine livresque à toutes et tous !