lundi 25 juillet 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [78]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?


Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 18 au 24 juillet 2016
    Soyons honnête : 1984 n'est absolument pas le livre à lire pendant une semaine chargée, où les seuls temps de lecture sont avant de dormir, lorsque l'on est épuisé. J'ai eu l'impression de piétiner dans ma lecture, car j'ai plusieurs fois du abandonner ma lecture pour sombrer dans le sommeil. C'est un livre dense, très intéressant et qui fait réfléchir, mais qui demande vraiment une grande disponibilité mentale au moment de sa lecture. J'ai fini par me caler une soirée au calme, juste pour le finir et tant pis pour les cartons. Je suis ensuite passée à des lectures plus "légères", dirons-nous, qui me faisaient très envie. Non seulement, elles se sont laissées dévorées, mais en plus, elles m'ont incitée à lever un peu le pied en cette fin de semaine ; ce en quoi mon dos les remercie.
Si vous me suivez sur Instagram, vous avez du constater que j'ai été emballée par la fin de Célibataire longue durée : une fin inattendue et qui fait un bien fou ! Alex au pays des livres est un petit roman jeunesse sur un petit garçon qui pensait ne pas aimer la lecture et Monsieur l'Ecrivain est une réflexion passionnante sur le fait d'écrire, qui, comment et celui d'être éditer ou non. Mais je vais laisser se décanter ce dernier dans mon esprit avant de vous en parler. 




- 1984, de George Orwell
- Célibataire longue durée, de Véronique Poulain


- Alex au pays des livres, de Christine Beigel & Martine Blandin
- Monsieur l'écrivain, de Joachim Zelter

Ce que je suis en train de lire : 


    J'avais envie d'un petit roman jeunesse, et celui me faisait de l'oeil avec sa jolie couverture, et son résumé parlant de plantes. J'espère qu'il serait aussi bien qu'il promet de l'être !


- Le secret du prince disparu, de Aurélie Cubizolles
     Parce qu'il a toujours la tête dans les nuages, Simon de Beauvais, 12 ans, est envoyé par son père au château du roi pour travailler avec son grand-oncle, Trublius Lampfrois, le plus célèbre botaniste du royaume. Un monde étrange et fascinant, où se côtoient fleurs luminescentes et plantes carnivores, s'ouvre alors à lui.
    Mais une nuit, il aperçoit de la lumière à l'étage interdit de la grande serre. Que cache Trublius Lampfrois ?
Et si cela avait un lien avec la légende du prince disparu ? Accompagné de la pétillante Tallis, le garçon n'est pas au bout de ses surprises ...

 
 Mes prochaines lectures :

Comme d'habitude, je choisirai selon mon envie du moment. :)

Je vous souhaite de belles lectures au soleil !


Les chroniques publiées cette semaine sur le blog :

http://www.lalecturienne.com/2016/07/olivia-dorothy-bussy.html*http://www.lalecturienne.com/2016/07/en-finir-avec-monica-candace-bushnell.html*

- Olivia, de Dorothy Bussy
- En finir avec Monica, de Candace Bushnell
- Le vainqueur de la nuit, de J. Christiaens



Et vous que lisez-vous ?

jeudi 21 juillet 2016

Le vainqueur de la nuit - Janète Christiaens

Le vainqueur de la nuit, de Janète Lauliac- Christiaens

188 pages
Éditions Hachette jeunesse, Collection Le Livre de Poche

Année de parution : 1990

4ème de couverture :
    Fils d'un bourrelier de Coupvray (près de Meaux), Louis Braille devint accidentellement aveugle à l'âge de 3ans. Son intelligence et sa gentillesse attirèrent sur lui l'attention, et il obtint une bourse pour l'Institution des Jeunes Aveugles, à Paris. Il inventa bientôt l'alphabet qui porte son nom, et qui devait permettre à tous les aveugles de sortir de "leur nuit" pour devenir semblables aux voyants.
Ecrite dans un style simple et vivant, cette biographie exemplaire et attachante est enrichie d'une excellente documentation.


    Janète Christiaens a beaucoup travaillé avec les aveugles, et c'est dans une démarche de sensibilisation à ce "monde" qu'elle a décidé d'écrire ce livre destiné aux enfants.

    C'est une petite biographie de Louis Braille, de sa petite enfance jusqu'à sa mort. On y apprend notamment, que le petit Louis n'est pas né aveugle, il l'est devenu suite à un accident.
    Au début du 19ème siècle, nombre d'aveugles finissaient par mendier, abandonner de tous, car que faire d'une bouche supplémentaire à nourrir inutile ? Mais c'est un raccourci réducteur, car un aveugle possède de grandes ressources et pour peu que l'on prenne un petit peu le temps de l'écouter, on peut l'intégrer dans une vie presque normale. Un aveugle développant d'autres sens, il peut tout à fait travailler. Si de nos jours cela semble logique, à cette époque cela ne l'était pas.

    Heureusement le petit Louis vit dans un petit village où lui et sa famille sont très aimé. Chacun fait attention à lui, surtout le jeune abbé qui décide de l'instruire, avant de lui donner l'envie d'aller à l'école. Cela semble insensé, car il ne peut ni lire ni écrire, mais l'abbé souligne qu'il peut écouter, et l'instruction s'est aussi les connaissances. Mais très vite le jeune Louis n'a plus rien à apprendre de l'instituteur du village. L'abbé trouve alors une autre solution : il y à Paris, à 30km de là, une institution pour aveugle. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour que le jeune Louis puisse intégrer cette école où on lui apprendra non seulement à lire, mais aussi à écrire et différents métiers.
    Fou de joie à l'idée d'enfin apprendre à lire, Louis déchante peu à peu, la méthode alors utilisée est sommaire, et les livres rares. Cependant elle a le mérite d'exister.

    Tout basculera pour Louis lorsque le capitaine Barbier se pointera à l'école, munit du système qu'il a inventé pour coder des messages militaires. Ce système repose sur un système de points perforés, ce qui permet de les lire dans le noir sans attirer l'attention. Louis y voit aussitôt un espoir, cependant le système en l'état n'est pas suffisant pour les aveugles : il a besoin d'être simplifié et perfectionné. Cela va être la seule obsession de Louis pendant de longs mois et de longues années. Mais une fois la solution trouvée, la mettre en place ne s'avère pas aussi simple que cela...

    L'auteur a choisi une narration vivante et très agréable à lire, où le jeune lecteur y trouve du suspens et de l'envie d'en savoir plus. Elle parcourt les différents étapes de la vie de Louis et laisse le lecteur juge de l’appellation de la méthode.

    A travers ce livre, elle encourage les enfants à travailler, elle donne au lecteur envie d'en savoir plus et d'étudier sérieusement. Du moins je sais que c'est l'impact qu'aurait eu ce livre sur la jeune lectrice que j'étais alors.
    Mais surtout, Janète Christiaens, nous fait comprendre notre chance de pouvoir voir, mais aussi de pouvoir lire et écrire si simplement. Et elle nous donne envie d'aller nous essayer au braille, de comprendre ce que cela peut faire de lire avec les doigts, et je trouve que ce serait une idée intéressante à développer dans les écoles sous forme d'ateliers pédagogiques.

    Il chantonne généralement en marchant ; à Mme Boury, la voisine, qui lui en demandait la raison, il a répondu :
- C'est pour ne pas me cogner.
- Pour ne pas te cogner ... Je ne comprends pas !
- Si ! Quand il y a quelque chose devant, le chant n'est plus pareil.

L'obstacle change le son et se signale ainsi à son oreille attentive.
Evidemment, il faut faire attention et Louis est devenu un garçon très réfléchi.

     D'une voix mal assurée, Louis Braille déclare :
- Des points, c'est tout à fait ce qu'il nous faut, mais il y en a trop...
- Trop, fait Barbier, vexé d'être discuté par un gamin de cet âge.
- Oui, il y en a beaucoup, fait la voix qui s'affermit, huit à douze pour une lettre, plus de vingt pour un mot, c'est trop à retenir... C'est trop à sentir avec un doigt... Il faudrait en diminuer le nombre.

Le capitaine est suffoqué d'indignation.
- Alors, vous voulez transformer ma méthode ?
- On pourrait peut-être y apporter de petits changements, risque l'interlocuteur qui ajoute : Et oui, il y a l'orthographe !
- Qu'avez-vous à faire de l'orthographe ? Pourvu que vous puissiez lire et écrire, c'est tout ce que vous pouvez espérer.

- Mais, monsieur, affirme Louis, nous avons autant besoin de l'orthographe que les voyants pour écrire correctement !

mercredi 20 juillet 2016

En finir avec Monica - Candace Bushnell

En finir avec Monica, de Candace Bushnell

357 pages
Editions Albin Michel
Parution : Juin 2016
Traduit de l'américain par Nathalie Cunnington et Béatrice Taupeau

4ème de couverture :
    Elle a captivé des millions de lectrices, accros aux aventures Carrie Bradshaw et sa bande de trentenaires. Candace Bushnell, l'auteur de Sex and the city, est de retour !

    Presse, télé, couloirs du métro, réseaux sociaux… Impossible d'échapper à Monica, la plus glamour des glamours girls, l'héroïne de romans et de films au succès planétaire. Adulée du public et des éditeurs (money, money, money !), elle donne pourtant des envies de meurtres à sa créatrice, Pandy Wallis, qui aimerait se consacrer à une VRAIE carrière d'écrivain… sans cette ombre qui lui colle à la peau !
    Dans le monde impitoyable du showbiz, pas si facile de tuer celle par qui le succès est arrivé…

    Difficile de sortir un nouveau roman après avoir publié un best-seller comme Sex and the City. Candace Bushnell en sait quelque chose, et c'est sur cela qu'elle revient au cours de ce roman. Non pas directement en parlant de sa propre histoire, mais en racontant celle d'une femme écrivain, Pandy, qui rêve de pouvoir enfin écrire autre chose qu'un Monica. Monica, c'est l'héroïne dans le vent qu'elle a créé étant adolescente pour amuser sa soeur, et dont elle a publié les histoires sous forme de roman. Si elle a écrit le premier dans un but alimentaire, ses autres écrits étant refusés, elle s'est en quelque sorte retrouvée victime du succès de son héroïne et s'est laissée emporter par la tourmente médiatique.
    Le succès est tel qu'on lui demande aussitôt d'en publier un second, puis un troisième. A chaque fois elle s'y refuse, avant de s'exécuter sous les contraintes financières de sa vie.
     Mais arrivée à la quarantaine, elle en a assez. Assez d'être Monica, de devoir écrire des Monica ; son divorce derrière elle, elle a envie de vivre sa vie, de s'affirmer en tant que femme et en tant qu'écrivain. Elle a envie de s'affranchir des contraintes et de n'écrire sur les sujets qu'elle a envie, quand elle en a envie. Après avoir passé deux ans à écrire un nouveau roman, avec une nouvelle héroïne, elle ne s'attend pas à ce que celui-ci soit refusé par ses éditeurs, et s'il l'est ce n'est pas avec le contrat d'un million de dollar qu'ils lui avaient promis, ce dernier était pour un Monica. Cet imprévu va bouleverser la vie de Pandy : elle était si sûre d'elle, si sûre de son succès, sûre que ce million de dollar lui serait enfin versé pour pouvoir enfin tourner une bonne fois pour toute la page de son passé.
    Que faire alors ? Céder à la pression et écrire un quatrième Monica ? Le faire une fois de plus sans envie, uniquement pour éviter la catastrophe ?
    Elle ne s'attendait pas à être la seule à en avoir assez de Monica. Si tout le monde a toujours considéré Pandy comme l'incarnation vivante de Monica, elle n'est pas la seule à devoir chaque jour en endosser l'image. Si dans un sens pour elle cela reste simple étant donné qu'elle a créé son personnage en s'inspirant de sa propre vie, il n'en va pas de même pour l'autre ... Mais comment aurai-telle pu se douter ?

    Candace Bushnell nous emmène dans une histoire pleine de rebondissements. On est assez loin du glamour et des paillettes de Sex and the City, comme si l'auteur souhaitait elle-même s'en affranchir. Mais rassurez-vous, si elle n'entre pas dans les détails ses personnages sont toujours glamour et baigne à 100% dans la vie New New-yorkaise qui fait tant rêver.

    J'avoue avoir été un peu déçue, car si j'ai apprécié ma lecture et que j'ai passé un agréable moment, je n'ai pas pu m'attacher aux personnages. Je les ai trouvé lointains tous autant qu'ils sont, voir désagréables. Pandy ne m'a pas fait rêver, pas plus que SondraBeth. Est-ce une façon de nous dire que le rythme de vie New-yorkais et le showbiz change les gens, les obligeant à jouer un rôle et les éloignant ainsi des autres et de nous ? Que ses personnages évoluent dans un monde froid et superficiel ? Où il est si facile de se perdre soi-même ? Et n'est-ce pas ce qu'à fait Pandy ces dernières années : se perdre elle-même ? Oublier ses rêves, ses ambitions et ses envies, au profit de ce que l'on attendait d'elle, que ce soi professionnellement, amicalement ou sentimentalement ?

    A travers ce roman, elle en profite pour s'interroger sur ce que l'on attend d'une femme au cours de sa vie. Aux Etats-Unis, le schéma mariage-enfants est encore plus ancré que chez nous, mais comment concilier cela à une vie professionnelle ? et encore plus à une vie professionnelle réussie ? A quarante ans, Pandy s'interroge et fait un point sur sa vie.

    C'est un livre parfait pour l'été, qui saura vous surprendre. Car honnêtement qui aurait pu prédire une fin pareille ? Qui aurait pu imaginer un tel renversement de situation ? Candace Bushnell a su introduire une pointe de folie dans son récit pour notre plus grand plaisir. L'audace ne paye pas toujours, mais elle a bien fait d'oser.

- Tu es vierge en amour, renchérit Portia. Tu as pratiquement quarante ans, et tu n'as jamais réellement été amoureuse.
- Faux ! Archifaux ! J'étais amoureuse de tous les hommes avec lesquels je suis sortie. Vous ne voyez donc pas ? C'est précisément ça le problème. Je crois être amoureuse, et puis brusquement ce sentiment disparaît. Et alors impossible de le retrouver ! Sans compter que je suis parfaitement heureuse en ce moment. Pourquoi j'irais me compliquer la vie avec un Jonny Balaga ? Ou n'importe quel autre mec d'ailleurs .
- Tu vois ? Il est là le problème ! clama Portia. Tu n'es pas vulnérable. Avec les hommes, il faut montrer son côté vulnérable. C'est pour ça que personne ne t'a demandé en mariage. Quand tu ne montres pas ta vulnérabilité, les hommes pensent que tu n'as pas besoin d'eux.
- Mais je n'ai effectivement pas besoin d'eux, insista Pandy, en pensant à son million de dollars.
- Toutes les femmes ont besoin d'amour.
- Non. Ce dont elles ont besoin, c'est d'un million sur leur compte en banque. Qu'elles ont gagné en travaillant dur, rétorqua Pandy. 

mardi 19 juillet 2016

Olivia - Dorothy Bussy

Olivia, de Dorothy Bussy

134 pages
Editions Mercure de France, Collection Bibliothèque Etrangère
Parution : Juin 2016
Traduit de l'anglais par Roger Martin du Gard et l'auteur


4ème de couverture :
     En relevant la tête, j’ai rencontré son regard fixé sur moi. Sans réfléchir, sans avoir prémédité mon geste, j’ai cédé à une impulsion inconnue d’une violence irrésistible et je me suis tout à coup trouvée à ses genoux, couvrant ses mains de baisers et répétant à travers mes sanglots : « Je vous aime ! Je vous aime ! Je vous aime ! » Je sentais sous mes lèvres la douce chaleur de sa peau, la dureté de ses bagues
     Venue parachever son éducation en France, Olivia, une jeune Anglaise de seize ans à peine, va être subjuguée par la directrice de son école, la très belle Mlle Julie qui lui fait découvrir la poésie, le théâtre, la peintureRien de plus vrai, de plus frais que ce premier amour d’une adolescente entraînée sans défense dans une aventure qui la dépasse. Mais si elle sait très bien jouer avec les sentiments exaltés de sa jeune élève, Mlle Julie vit en même temps une autre passion. Avec pour seules armes sa candeur et sa pureté, Olivia va se retrouver au cœur d’un drame. « Lyrisme passionné, spontanéité qui jamais n’échappe au contrôle, goût parfait, tels sont les caractères distinctifs de l’art de l’auteur », a écrit Rosamond Lehmann, qui ajoutait : « c’est pourquoi Olivia est une des rares œuvres que je relirai avec la certitude de n’en avoir jamais épuisé le suc. »
      Quand Olivia parut en Angleterre en 1949, simplement signé « par Olivia », ce fut un succès immédiat. On sait aujourd’hui que l’auteur se nommait Dorothy Bussy, qu’elle était la sœur de Lytton Strachey, et une grande amie de Virginia Woolf et d’André Gide qu’elle traduisait en anglais. Née en 1865 et décédée en 1960, elle n’a écrit que ce mince roman devenu un classique. 

    Me plonger dans ce livre a été comme me plonger dans un bon bain tiède après une longue journée. Ce fut une lecture plaisante, douce comme une caresse, pleine de sensibilité et de retenue.
    Dorothy Bussy nous ouvre une porte feutrée pour nous faire pénétrer dans le calme et la douceur d'un pension de jeunes filles du début du siècle dernier. "Douceur" et "pension", ce n'est pourtant pas la première association de mots qui nous vient à l'idée, mais pour Olivia c'est le cas. Certes, elle est dans une école particulière avec peu d'élèves uniquement issues de grandes familles, donc ayant reçu une très bonne éducation. Mais Olivia vit à travers le prisme de l'amour, sa fascination pour Melle Julie, l'une des directrices enveloppent son quotidien de bonheur, de douceur, de rêve et de ravissement.
    Si vous cherchez quelque chose de scandaleux : passez votre chemin ! Tout dans ce récit est contenu. La retenue est une règle chez les jeunes filles de bonne éducation, et les transports amoureux ne débordent jamais. La pudeur est reine, et si la tempête des sens se réveille en soi-même, il est de bon ton de n'en rien laissé paraître. C'est aussi l'époque où l'on savait se contenter de peu, et où chaque geste était apprécié à sa juste valeur. Une main donnée, valait autant qu'un baiser passionné, et celui qui avait la joie de la tenir se sentait si privilégié et heureux qu'il n'aurait osé demander plus. Qu'il est loin ce temps-là...
    Dans ce monde où tout va trop vite, où l'amour est bafoué, consommé ; où on ne lui laisse plus le temps de se construire, et de nous emporter petit à petit ; relire les livres anciens fait un bien fou et semble nous reconnecter avec notre romantisme. Car oui c'est bien de cela dont il s'agit ici : du romantisme, poussé à l'extrême par l'innocence de l'adolescence qui ignore tout des jeux de l'amour.
    Qui peut lire ce livre sans se rappeler sa propre adolescence ? ou du moins son enfance ? Lorsque amoureux, il attendait un sourire, un mot, une attention de l'être aimé, auquel jamais il n'osait se déclarer ? Qui n'a pas rêvé de l'amour pur et parfait à cette période de sa vie ? Lorsque l'innocence était encore à ses côtés ?

    Olivia est attachante dans sa légèreté et dans sa naïveté, elle aime entièrement et passionnément. C'est une adolescente romantique, qui se surpasse pour qu'on la remarque, pour qu'on l'aime. Quand l'amour nous permet de nous améliorer pourquoi lui résister ?
    Melle Julie quant à elle demeure une figure assez mystérieuse. Elle nous est décrite à travers les yeux d'Olivia, donc de façon partiale et partielle. Elle semble être une femme douce, charismatique, de grande beauté et cultivée. C'est aussi une femme droite et fidèle. Lors de la lecture, on peut s'interroger sur la relation qu'elle entretient avec Melle Cara, dépeinte elle sous des traits assez désagréables, il faut bien l'avouer. Mais au final qu'importe que cette relation soit d'une intense amitié ou de nature amoureuse ? Cela ne change rien à la loyauté de Melle Julie envers Melle Cara, ni les sentiments d'Olivia.

    A travers l'écriture, on retrouve bien cette petite caractéristique du roman anglais. Je n'ai encore jamais lu Virginia Wolf, lacune que je tâcherais de combler rapidement, mais la comparaison peut se faire avec Jane Austen ou les soeurs Brontë. On est dans la pudeur anglaise et la retenue de la même façon, même si la pension de Melle Julie se trouve en France.

    C'est une agréable lecture, et un roman qui gagne à être connu. Je le conseille à tous les fans de Jane Austen et de littérature anglaise. C'est une petite gourmandise littéraire à déguster avec un grande théière de thé noir. 

    J'ai mis à profit ce morne et vide hiver pour composer ce récit. Je l'ai écrit sans modestie comme sans fatuité, sans autre but que ma satisfaction personnelle, sans me soucier d'autrui, sans m'inquiéter de peiner ou de scandaliser les vivants, sans me laisser retenir par des scrupules envers les morts.
    Les pires calamités planent sur le monde. Je ne l'ignore pas ; je suis aussi préoccupée que quiconque des bouleversements sociaux qui nous ont happés et nous roulent dans leurs vastes remous, de l'effroyable déluge qui peut-être s'apprête à nous engloutir. Mais que puis-je contre ces menaces ? Dans le chaos de cette tempête qui nous assiège de toutes parts, j'ai cherché un refuge momentané sur ce frêle radeau, construit avec les épaves du souvenir ; et, tant bien que mal, j'ai tenté de le conduire jusqu'aux eaux sereines de ce port qui s'appelle l'art, et auquel je n'ai cessé de croire ; j'ai fait ce que j'ai pu pour éviter les récifs et les bancs de sable qui en défendent l'accès. 

    - Ah ! Voilà Olivia ! Approche, ma chère petite. Assieds-toi près de moi, et dis-moi si tu as des nouvelles de ta chère maman.
    La voix était toute douceur et caresse ; les manières, engageantes et pleines d'affection. Ces dames, qui m'avaient connue enfant, me tutoyaient depuis toujours, et cela me faisait plaisir. J'aimais cette habitude française, qui ajoutait à leurs propos cette nuance exquise de tendresse que l'anglais, hélas ! avec son immuable vousoiement, sera toujours incapable d'exprimer.

lundi 18 juillet 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [77]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?


Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 11 au 17 juillet 2016
En ce moment c'est un peu le chaos dans ma vie, je suis à la fois en Auvergne, et à la fois dans le sud. D'un côté dans les cartons de déménagements, et de l'autre dans les travaux. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître j'ai tout de même beaucoup lu la semaine dernière, alors que les semaines précédentes je n'avais pas le temps d'ouvrir un livre.
Ce fut donc une belle semaine de lecture avec des livres très différents : un peu de chick-lit, un roman composé de 5 nouvelles, un petit classique et un livre de science-fiction conseillé par mon chéri.
Cette semaine étant de retour dans les cartons, j'espère réussir à garder le rythme ...


- En finir avec Monica, de Candace Bushnell
- Coeur croisé, de Pilar Pujadas


- Le philtre, de Stendhal
- Demain les rats, de Christopher Stork

Ce que je suis en train de lire : 
   
    Cela fait des années que je souhaite le lire, mais je n'arrivais pas à me le procurer, ou alors je n'avais pas le temps pour une lecture aussi dense. Mais lorsque je l'ai croisé dans la bibliothèque chez le père de mon chéri, je n'ai pas hésité et je l'ai commencé le soir même.
    J'en suis actuellement au tiers et je ne saurais me prononcer ; je sens et j'espère que tout va basculer dans la suite du récit, pour le moment je suis encore dans la découverte du monde de Big Brother.


- 1984, de George Orwell
  De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée.

 
 Mes prochaines lectures :

Roman indien ou littérature jeunesse sont en tête de liste, à voir ce qui me fera envie sur le moment :)

Et vous que lisez-vous ?

vendredi 15 juillet 2016

Germania - Joël Schmidt

Germania, de Joël Schmidt

201 pages
Editions Albin Michel
Parution : Juin 2016

4ème de couverture :
    Est-il possible, au XXe siècle, que deux familles, l'une française, l'autre allemande, parviennent à s'entendre ? Le roman de Joël Schmidt rêve cette harmonie à travers une histoire d'amour sombre et passionnée.
    C'est en France, où elle est partie poursuivre ses études au lendemain de la Première Guerre mondiale, que Karoline, une jeune Allemande éprise de littérature romantique, rencontre Jean. Très vite, ils s'aiment, mais leur amour, symbole de la réconciliation entre deux pays ennemis, est vite menacé par l'Histoire : contraints de se réfugier dans le château familial en Corrèze lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale, ils subissent de plein fouet cette nouvelle page meurtrière, déchirés de voir leurs cultures respectives se livrer une guerre sans nom. Quelques années plus tard, naît le rêve, fou et audacieux, de leur fils : fonder Germania, un centre culturel allemand, comme une minuscule enclave au coeur de la France. Mais cette Allemagne idéale est-elle possible dans d'autres esprits que les leurs ?
    Saga familiale qui parcourt le XXe siècle, voyage au coeur de l'imagination, Germania appartient à cette tradition du romantisme allemand cher à Joël Schmidt, qui lui a consacré de nombreux romans. 


    Ce qui m'a tout d'abord surprise c'est l'association "saga familiale" et "200 pages". Je ne sais pas vous, mais personnellement j'ai plus le souvenir de saga familiale de 500 pages et plus, que sous le format d'un court roman. Mais après tout, pourquoi pas.
    Très vite on se rend compte que ce n'est pas vraiment une "saga" comme on l'entend le plus souvent. Certes le roman relate la vie des parents, puis celle de leur fils, mais de façon très sommaire, sans entrer dans les détails. Seuls certains sont rapportés, et beaucoup sont passés sous silence.
    J'avoue que j'aurais bien du mal à dire que je "connais" les personnages, comme cela peut être le cas avec ceux d'autres sagas. L'auteur ne nous en fait pas des amis proches dont on découvre l'intimité, les joies et les peines. Jean et Karoline, nous apparaissent comme un couple de jeune gens libre et romantique, hors du temps. Leur fils Gunter nous est déjà plus proche, mais pas suffisamment pour s'en faire un "ami".
    Le terme de "saga familiale" en quatrième de couverture est-il alors exagéré ? Je dirais que non, car l'auteur a bien eu l'intention de nous raconter la vie de cette famille sur deux générations (voir trois si on prend en compte ce que l'on sait des parents de Jean et Karoline). Mais il semble avoir choisi de le faire à travers un autre type de récit, plutôt qu'un roman au long court, s'est plutôt comme s'il avait cherché dans les archives à reconstruire le récit de la vie de cette famille en ces périodes de guerre. Et comme lorsqu'on se met en quête de l'Histoire, on n'en retrouve que des fragments. Et ceux-ci ne vous rapporte que les grands faits : déménagements, emplois, écrits, actions, etc ..., cela ne vous rapporte rien de l'intimité des personnes, ou rarement.
    J'avoue cependant, avoir eu un sentiment de trop peu, comme si l'auteur n'avait fait qu'effleurer son sujet, sans prendre le courage de l'approfondir vraiment. Avec cette sensation de rester dans l'idée première. Il est vrai que pour approfondir davantage, cela aurait nécessité davantage de recherches sur la période, les évènements, vérifier si les évènements familiaux et maritaux auraient été possible ... Rester en superficie permet de donner l'impression que tout était possible au lecteur sans qu'il ne se pose de question.
   Mais je reste une lectrice indécise sur le sujet : d'un côté j'ai l'impression d'avoir été flouée, de ne pas en avoir assez et de l'autre d'en avoir eu largement assez, comme si plus allait m'amener de la lassitude. Oui, parfois je suis une femme compliquée...

    L'idée centrale du roman, cette Germania que va faire naître le fils au coeur de la France, est originale. Elle est inspirée de la Nueva Germania, qui a vu le jour en Amérique du Sud en 1886. Mais contrairement à celle-ci, elle n'est pas destinée à créer un lieu de préservation de la race Aryenne. Dans l'idée, cette Germania serait une reproduction de la vie en Allemagne avant que les nazis arrivent au pouvoir, ce devrait être un haut lieu de la culture allemande ; une façon de redorée l'image de l'Allemagne, de repartir à zéro et de montrer aux autres peuples que ce n'est pas une nation de sauvage primaire et antisémite. Ce devrait être un lieu d'échange entre les cultures. Mais un tel projet peut-il marcher si peu de temps après la seconde guerre mondiale ?
    Malgré son amour pour l'Allemagne Romantique, cette famille pourra-t-elle lui donner une nouvelle impulsion ?

Ce roman est aussi une quête d'identité. Comment réussir à se définir et à grandir en tant qu'adulte dans un monde où vos deux pays d'origines se déchirent et se détestent. Comment assumer son côté allemand en France et comment reconnaître aimer la France et ses valeurs, dans cette Allemagne qui souhaitent les anéantir. Comment se choisir, et se créer une personnalité complète, quand on vous reproche vos origines ? Si pour Jean et Karoline, la décision semble simple, pour leur fils, la question sera d'autant plus difficile, qu'il est tenu à l'écart du conflit mondial. Ce n'est qu'à la fin de la guerre, qu'il prendra conscience de celle-ci, de ses enjeux, et réalisera que le monde idéal de tolérance et d'amour entre les deux nations que ses parents entretiennent autour de lui, n'est qu'illusion. Si la prise de conscience sera rude, n'est ressortira-t-il pas plus fort ?

   A travers ce roman, Joël Schmidt soulève un grand nombre de question, et on sent qu'il souhaite inviter le lecteur à se poser des questions. On sent son amour de l'Allemagne de jadis et son envie de la faire découvrir, et de donner à son lecteur l'envie de s'y intéresser.
C'est un livre original, qui se laisse bien lire, offrant un point de vue originale et qui change, à mi-chemin entre réalité et utopie.

    Toute sa vie de petit garçon est à repenser. Il s'est fourvoyé et va devoir longtemps payer cette erreur indigne ! Avoir pensé que la guerre est un jeu, contre tout ce qu'il entendait, éprouvait, voyait, c'est une lâcheté.

    Que choisir entre l'Allemagne et la France ? Comment éviter ces contradictions, qui d'année en année, vont le torturer en silence, sans qu'il ose l'avouer à ses familles ? Comment ne pas se sentir scindé en deux, littéralement scié au point de souffrir d'épouvantables migraines ? Comment parler à la fois deux langues sans savoir laquelle est sa langue natale ?