Le Grand Ecart, de CKSCHMITT
32 pages
Auto-édition
Parution : février 2014
Livre électronique
Présentation de l'auteur :
8 femmes, 8 âges, 8 histoires. En reconnaîtrez-vous l'une d'elles?
Je dois reconnaître que ce n’était pas tout à fait ce que
j’attendais. Je pensais que les nouvelles rapporterais des anecdotes de
l’histoires de femmes célèbres, et qu’à la façon des devinettes nous devrions
les reconnaître. Et bien pas du tout, et ce que j’ai découvert était milles
fois mieux !
Dans ce recueil, la parole est donnée à 8 femmes, toutes
d’un âge différent : 16, 20, 30, 40, 50, 60, 70 et 80, environ. Chacune en
est à un stade différent dans sa vie amoureuse, et c’est ce que nous propose de
découvrir l’auteure. Et si on s’attend à une évolution croissante, nous sommes
quelque peu surpris de son choix de nous présenter cela à rebours. Je trouve
cette idée brillante, car cela évite la lassitude, et je dois avouer que j’ai
compris le truc qu’au bout de la cinquième nouvelle.
De cette décroissance nous apparaisse clairement deux
choses :
Il y a une certaine stabilité dans les réactions de 60 à 80 ans, comme si ces
femmes étaient hors temps, qu’elles avaient vécues les étapes importantes, et
qu’il ne leur restait qu’à vivre au jour le jour. Contrairement au 30 premières
années de la vie qui sont intenses et pleines de changements, de
rebondissements, et où la sagesse s’acquière doucement au fil des expériences
vécues.
La seconde c’est que la vieillesse pardonne tout, alors que la jeunesse est
rancunière. La jeunesse se blesse, et, pleine d’orgueil, rejette ce qui la
blesse ; la vieillesse, elle, accepte tout, y compris ce qui la blesse,
comme la maladie. La jeunesse se bat, lutte, et n’accepte pas les choses, quand
la vieillesse n’est qu’abandon.
J’ai beaucoup aimé découvrir la vieillesse sous la plume de
cette auteure, plus que la jeunesse finalement. La vieillesse ici, est belle,
légère, presque désirable.
Peut-être est-ce du au fait que sur les trois premières
nouvelles, l’auteure peut se laisser portée par la sérénité de la vieillesse,
mais qu’ensuite elle doit se confronter aux luttes de la maturité et de la
jeunesse, ce qui la fait, hélas, tomber dans certains clichés : la mère de famille
qui a l’impression de gâcher sa vie, la cinquantenaire qui se rend compte
qu’elle est cocue depuis des années, la quarantenaire qui dit « plus jamais
d’hommes » et qui retombe dans le panneau, avec un plus jeune qu’elle,
histoire de revivre à nouveau la même désillusion.
Malgré ces stéréotypes, les nouvelles se lisent avec
plaisir, car CKSCHMITT a un réel don pour manier les mots. Sa prose est
poétique, simple mais efficace ; les sentiments de ses personnages sont
percutants et vrais.
Je suppose que l’on doit pouvoir se retrouver dans ses
femmes, ou du moins celles de notre entourage dans ses portraits.
Il est intéressant en tant que femme de lire ces textes, qui abordent certaines
vérités et circonstances, à méditer et à analyser, peut-être pour ne pas faire
les mêmes erreurs.
Par contre je dois avouer que je n’ai été étonnée par
l’avant dernière nouvelle, qui pour moi avait un air de déjà vu, du au fait
qu’une des nouvelles de Charlotte Boyer reprenait la même histoire. Est-ce la
mode pour les jeunes filles de 20 ans de vouloir tuer plutôt que de perdre
celui qui nous repousse, et que l’on a déjà perdu de toute façon. Quelle bêtise
de s’aliéner ainsi et gâcher sa vie, pour être seule au final. Est-ce la
naïveté de l’âge qui parle ? Toujours est-il que j’ai été surprise de
retrouver ce même sujet en aussi peu de temps. Comme quoi, le hasard des
fois !
En bref c’est un petit recueil vraiment sympathique, qui se lit vite, à
l’écriture soignée et poétique, sur un sujet plein de vérité et d’existence. Si
vous avez l’occasion de le lire, surtout ne vous en privez pas !
"C'est drôle la vie, quand on y pense : on ne voit que ce que l'on est capable de comprendre ou de pardonner."
"A bientôt trente ans, elle n'a pas dévié une seule fois de la trajectoire lisse qu'elle s'est choisie. On la trouve intelligente, belle et posée. Elle se sent inintéressante, éteinte et fragile."
J'ai reçu ce livre en partenariat avec l'auteur et le forum Have a Break, Have a Book, et je les en remercie.