jeudi 6 mars 2014

Amélia la Scandaleuse - Pauline Libersart

Amélia la scandaleuse, de Pauline Libersart

Nouvelle de 15000 mots (80 pages sur ma liseuse)
Editions Laska
Parution : février 2014
Livre électronique

Présentation de l'éditeur :
Depuis son enfance, Amelia a dû subir les mauvaises plaisanteries de son frère et de son inséparable comparse, Damian, le jeune duc de Knightbridge. Mais à quelques jours de son entrée dans le monde, une nouvelle farce dégénère. Cette ultime humiliation la pousse à la rébellion. Elle quitte la demeure familiale pour rejoindre sa tante, et prend fait et cause pour les suffragettes.

Pour Damian, la révélation est brutale. Il réalise qu’ils sont allés trop loin et surtout, qu’Amelia a grandi. Elle est devenue une belle jeune femme qui suscite son admiration autant que son désir. Dès lors, il ne souhaite plus qu’une chose : être pardonné. Malheureusement, la guerre éclate en Europe, jetant le monde dans le chaos…


      Ce livre se laisse dévorer : il est court, très bien écrit, et l’intrigue est prenante. Il occupe très agréablement une soirée, comme le ferait un film.

     C’est bien évidemment une histoire d’amour, et, comme toutes les romances, elle se finit bien. C’est ce dernier point qui en fait une lecture agréable et de détente. Il n’y a pas besoin de réfléchir, d’angoisser quant au destin des personnages : nous savons par avance que la belle retrouvera son prince, enfin, son duc présentement, et qu’ils convoleront en justes noces ; il ne nous reste donc plus qu’à nous laisser porter par les évènements et suivre leurs chemins de vie, confiants.

     Amélia est la seule fille d’une famille de quatre enfants. Ses parents, petits nobles de campagne, se voient attribuer le plaisir et l’honneur de recevoir pendant la moitié des vacances scolaires le jeune duc de Knightbridge, Damian, ami de leur fils aîné, Nathan. Ce que préfèrent plus que tout les deux garçons, c’est embêter la fillette. Celle-ci sera ainsi martyrisée des étés durant, sans que personnes ne prenne sa défense : ses parents ne prendront jamais le risque de s’opposer à un duc, bien que celui-ci ait l’âge de leur fils.
     Mais l’année des 16 ans d’Amélia, Damian et son frère vont trop loin, altérant l’image même de la jeune fille. Bien que le geste fatal soit dû à la maladresse, les dégâts n’en sont pas moins irréversibles. La douce Amélia, petite fille sage et sans histoires, se métamorphose en femme, au caractère bien trempé. Ne recevant qu’un appui médiocre de sa famille suite à l’outrage subi sur sa personne, elle quittera la maison familiale pour rejoindre sa tante.
     Cette dernière, célibataire, est brouillée avec le reste de sa famille à cause de ses idées novatrices, et pour cause : elle est suffragette ! Amélia embrassera bien entendu leur cause.
       Pendant ce temps en Europe la situation dégénère, et la guerre est déclarée. Nathan et Damian chercheront à s’engager dans l’armée de sa Majesté. Quelle voie Amélia empruntera-t-elle ? Rejoindra-t-elle sa famille ? Continuera-t-elle de vivre sa vie comme bon lui semble ?
       Depuis le drame, elle n’a plus voulu de contact avec le duc, comment ses deux jeunes gens pourront-ils se retrouver ? Comment Damian parviendra-t-il à se faire pardonner ?

      Les éditions Laska sont spécialisées dans la romance française, mais comme vous pouvez le constater l’histoire se passe en Angleterre. Etonnant ? Pas tellement. Les premières romances que nous lisons enfant, ce sont les contes de fées, nous sommes bercés de ces histoires de princes et de princesses, et même si les enfants ont grandi, ces histoires nous font toujours rêver. Mais en France, nous n’avons plus de princes ni de princesses depuis que ce pauvre Louis XVI a perdu la tête un jour de janvier 1793. Les titres de noblesse passés aux oubliettes, les écrivains de romances se voient bien démunis dans notre beau pays, il leur faut donc ruser.
     Et c’est ce que fait ici Pauline Laubersart : les personnages sont issus de la noblesse anglaise, et bien sûr le jeune homme est d’un statut social plus élevé que la demoiselle.
     Pour adhérer vraiment aux codes du genre, la demoiselle est un brin rebelle et compte bien mener sa vie comme elle l’entend.
      Cela peut paraître surfait et prévisible, mais ce sont ces repères qui font que l’histoire fonctionne et que le lecteur se prendra à rêver et se passionnera pour les personnages.
      Et la France du coup ? Est-elle passée à la trappe ? Bien sûr que non. La guerre a lieu sur le territoire français, nos héros devront donc s’y risquer. Mais je ne vous en dirai pas plus sur ce qui se passe par chez nous. Une chose est sûre, c’est que notre pays tient un rôle clef dans cette histoire.

    La lectrice que je suis, a d’abord été un peu déçue par le dénouement, mais, à bien y réfléchir, il ne pouvait en être autrement.
      Pourtant Amélia devient suffragette, prenant ainsi des risques, se battant pour ses idées et se mettant à dos toute sa famille. Amélia, si indépendante en apparence, revient un peu vite sur cette liberté acquise, sans même évoquer les conséquences de son nouvel engagement sur celle-ci. Mais finalement qu’importe, ce n’est pas un traité féministe, mais bien une romance où l’amour a pour mission de triompher envers et contre tout.
     De la même façon, nous pouvons lui reprocher de pardonner bien vite, mais il ne faut pas oublier le contexte : la guerre. Une guerre sombre et meurtrière, où elle voit des hommes s’éteindre sous ses yeux. Dans ce contexte la vie et l’amour n’apparaissent-ils pas comme des cadeaux ? Voir des miracles auxquels il faut se raccrocher ? Incitant au pardon ?
      Cette romance, comme tant d’autres, portent en elle le message de l’amour plus fort que tout, sentiment inaltérable, que rien ne peut ébranler, cet amour que chaque être aspire à ressentir un jour dans sa vie.
     Ce fond de guerre ancre la romance dans le réel, mais lui confère également une sorte de cadre rêvé et hors du temps, renforçant le côté unique de cette histoire.

     Pauline Libersart a créé des personnages à fort caractère, qui auraient sûrement agi différemment dans un autre contexte historique, mais ses choix font que cette histoire se tient et peut faire rêver les lecteurs le temps de quelques pages.
      J’ai beaucoup apprécié son écriture riche et soignée. Elle utilise un vocabulaire très vaste, n’hésitant pas à se servir de synonymes et de figures de style. Il y avait longtemps que je n’avais pas lu une romance aussi bien écrite, où la fluidité de l’écriture nous emporte.
     La construction du récit est elle-même judicieuse, nous faisant faire des retours en arrière avant de rejoindre et prolongé le présent. Cela rend le texte vivant, y introduisant une pointe de suspens et attisant la curiosité du lecteur.

    C’est donc un texte simple de par son histoire, mais complet et très agréable à lire. Il offre une belle soirée de romantisme et de détente.

     "Seuls l'affection et le respect qu'il éprouvait pour cette mère qui l'avait élevé seule, affrontant toutes les difficultés avec honneur, l'empêchaient de se conduire comme un sauvage. Mais pour combien de temps encore ? Chaque jour, les démons qui hantaient son âme gagnaient du terrain."

     "- Oh, ça ? fit innocemment la jeune fille, en tapotant avec une feinte coquetterie ses courtes boucles blondes. C'est moderne, non ? Il parait que c'est la dernière mode à Paris. Je ne vous plais pas ?"

     "- Vais-je obtenir justice cette fois ? poursuivit-elle froidement. allez-vous enfin intervenir ou allez-vous encore me dire que c'est une charmante plaisanterie et que je dois en rire ? Et vous, mère, allez-vous me sermonner ? Me dire que je ne dois pas vexer un duc ? Qu'une lady doit toujours être parfaite, et que je dois le prendre avec grâce et élégance en restant, bien évidemment, souriante ?"

      J'ai reçu ce livre en partenariat avec les éditions Laska et le forum Have a Break, Have a book, et je les en remercie. 

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