mercredi 31 janvier 2018

Ecrire est une enfance - Philippe Delerm

Ecrire est une enfance, de Philippe Delerm

145 pages
Editions Points
Parution : Mars 2013


4ème de couverture :
     
Comment devient-on écrivain ? Pour Philippe Delerm, la réponse se trouve dans l'enfance : entre les murs des salles de classes où il a grandi, dans le secret de ses " amours silencieuses ", cette adolescence rêveuse et solitaire, mais aussi dans les pages de Proust... Il nous raconte ce goût de la mélancolie et du bonheur qui a fait de lui l'écrivain célébré des plaisirs minuscules.



    Comment devient-on écrivain ? L'une des questions qui interpellent le plus ceux qui rêvent de se voir un jour publier.
   Écrire n'est pas facile, il faut un sujet, de l'inspiration et du temps. Auquel doit nécessairement se mêler une pointe de talent qui fera que l’ouvrage fonctionnera ou non. Ainsi qu'une certaine part de chance.
    A travers ce livre Philippe Delerm remonte aux sources. Il va à la recherche de l'écrivain qu'il est devenu ; il refait le chemin en sens inverse afin de comprendre où tout a commencé pour lui, au cœur de l'enfance ; et pourquoi ?
    L'écriture est venue, mais le succès s'est fait attendre. Beaucoup de gens écrivent, beaucoup de gens lisent, mais il faut attendre le bon moment pour que la magie de la rencontre opère entre l'auteur et le lecteur. Ce moment où le texte va toucher le public et où il a une place sur le marché. Car il ne faut pas être naïf, la littérature est un produit comme un autre avec des parts de marché, des créneaux à prendre, des attentes du public et un chiffre d'affaire à fournir ; aussi triste que cela soi.
    Pour Philippe Delerm, la rencontre a été longue et est survenue bien après la publication de son premier ouvrage. Pourquoi un jour tout a décollé pour lui ? C'est une des réponses auxquelles il essaye de répondre.

    A travers ce livre, il nous parle de l'écriture, de sa vie d'auteur et de sa famille. Notamment de sa femme Martine, artiste, dessinatrice et auteur, qui partage sa vie et qui a totalement été éclipsée par son succès à lui alors qu'elle a commencé à être connu bien avant lui. Il nous parle de la souffrance que cela lui a causé de le réaliser, mais aussi de la force de leur couple qui a su survivre à ce coup porté par le public. Aucun des deux n'a cessé pour autant de se livrer à l'art, et ce pour notre plus grand plaisir.
    Il nous parle aussi de ce fils, Vincent, qui sait lui aussi si bien manier les mots et pour qui le succès a été immédiat. Il nous parle de sa fierté de père avec beaucoup de tendresse. Et le soulagement qu'il a eu de l'accueil du public pour son talent et non pas parce qu'il est "le fils de".

   Il revient également sur les sources de son inspiration : la musique, le cinéma, les auteurs qu'il aime tant lire, de la vie quotidienne, ... de toutes ces choses du quotidien dans lesquelles il puise l'essence de ses écrits.
   Il est souvent taxé "de peintre de la vie quotidienne", et cette affirmation n'est que trop vraie. Cet auteur pour qui l'écriture est un exercice quotidien pouvait-il choisir meilleur sujet que celui qui lui colle à la peau ?
   Il essaye de comprendre ce besoin si fort d'écrire ; de poser les mots sur le papier pour s'exprimer. Comment ce qui était plus un jeu est devenu un besoin vital journalier ?
   Comment lui qui est si fasciné par Proust est devenu le maître absolu du texte court ?

   Lire cet ouvrage est fascinant et éclaire l'ensemble de son oeuvre. Cela permet de mieux comprendre l'homme qui transparait derrière chacun de ses texte. De comprendre cet acharnement à s'interroger au travers de chacun de ses recueils encore un peu plus sur la vie de tous les jours, sur les gestes quotidiens, sur les phrases banales que l'on prononce, ... Sur ce qui fait la vie de tout un chacun sans distinction d'âge, de milieu ou de sexe.
    Cela permet de comprendre cet amour de la simplicité qui fascine et qui fait, que nous lecteur, nous prenons tant de plaisir à lire chacun de ses textes. Cette simplicité toute relative, car chacun d'entre eux ne manquent pas de susciter interrogations ou rêveries.

   J'ai toujours aimé la plume de Philippe Delerm, et le découvrir à travers cette introspection m'a permis de mieux le comprendre et d'apprécier encore davantage ces écrits.
    Il est toujours intéressant de lire ce qu'un auteur peut nous raconter de son rapport à l'écriture.
    Si Philippe Delerm est un auteur que vous appréciez, je vous invite vivement à lire ce petit ouvrage, rédigé de la même façon que les autres en petits chapitres indépendants les uns des autres qui développent chacun un thème précis.

mardi 30 janvier 2018

Challenge Random Pal 2018

Bonjour, bonjour !

Je vous retrouve aujourd'hui avec un nouveau challenge auquel j'avais très envie de participer l'an dernier mais pour lequel je n'avais pas effectué le tirage du sort...
Il s'agit du Challenge Random Pal proposé sur le forum Livraddict.

Le principe de ce challenge est simple : vous tirer au sort 18 livres de votre Pal et au moins 12 d'entre eux devront avoir été lus à la fin de l'année. 

J'aime bien ce genre de challenge qui permet de mettre en avant des livres que l'on avait parfois oublié posséder (la preuve dans la vidéo d'ailleurs) et qui n'impose que peu de contraintes. Car quoi de pire que le sentiment de lire sous la contrainte ?! 

Je vous laisse avec la vidéo pour le tirage au sort et la présentation des livres :)



Je viendrais mettre cet article à jour au fil des mes lectures :)

lundi 29 janvier 2018

C'est lundi que lisez-vous ? [s4]

 
Du 22 au 28 janvier 2018


Les livres terminés cette semaine : 
    
    Il a ce livre que vous choisissez parce que vous vous dites qu'il vous fera la soirée, qu'il sera vite lu... mais qu'au final vous trainer toute la semaine...  C'est ce qu'il s'est passé pour moi avec Je ne t'aime pas, Paulus. Pourtant c'est un roman jeunesse, accessible et facile à lire ...
    En revanche je me suis fais quelques séries de bandes dessinées très girly, ce dont j'avais sûrement besoin au final.
    J'ai fini par ma semaine avec Laisser le silence s'installer, qui était le plus petit livre de ma Pal, et qui fut une lecture très poétique, pleine de sensibilité sur l'attente et le lâcher prise.



- Je ne t'aime pas, Paulus, de Agnès Desarthe
- Laisser le silence s'installer, de Valérie Gabriel


Ce que je suis en train de lire : 
 
 
    J'ai mis très longtemps à lire En attendant Bojangles, ce que je regrette un peu. Du coup, je me rattrape et je lis sans tarder le nouveau titre d'Olivier Bourdeaut : Pactum Salis

 
 
4ème de couverture :
    Très improbable, cette amitié entre un paludier misanthrope, ex-Parisien installé près de Guérande, et un agent immobilier ambitieux, prêt à tout pour « réussir ». Le premier mène une vie quasi monacale, déconnecté avec bonheur de toute technologie, tandis que le second gare avec fierté sa Porsche devant les boîtes de nuit.

    Liés à la fois par une promesse absurde et par une fascination réciproque, ils vont passer une semaine à tenter de s'apprivoiser, au coeur des marais salants.











Ma prochaine lecture
 
Nous verrons cela en temps voulu ;)

Et vous que lisez-vous ?  Belle semaine livresque!

mercredi 24 janvier 2018

Les p'tits nouveaux dans ma bibliothèque - Décembre 2017


Avec les Fêtes de Noël, on pourra croire décembre dangereux pour la Pal, mais au final pas tant que ça. Il faut dire que je ne demande que très très rarement des livres à Noël. Et cette année j'ai taché de rester raisonnable et de ne pas acquérir plus de livres que j'en ai lu dans le mois afin de garder ma Pal à l'équilibre.
Mais assez blablater, je vous montre tout cela en vidéo :

Les promesses - Amanda Sthers

Les promesses, de Amanda Sthers

306 pages
Editions Grasset
Parution : Septembre 2015

Présentation de l'éditeur :
    La vie, en général, n’en finit pas de faire des promesses qu’elle prend plaisir, ensuite, à ne pas tenir – et telle est bien l’histoire d’Alexandre, le héros de ce roman.
    On lui avait ainsi promis, dès sa naissance, le bonheur, l’amour, le soleil, l’Italie et toutes les nuances du plaisir, et il en eut sa part. Mais il s’avisa, à mesure, que chaque promesse accomplie portait également en elle une part de regret, une zone de mélancolie où le destin murmurait : « le bonheur, ce n’était donc que cela ? »
    Dans ce roman qui se déploie entre Paris et l’Argentario, cette presqu’île bénie de Toscane, on croisera beaucoup de désirs, de folles sensualités, des jours glorieux, des amantes, des amis fidèles – et, en même temps, leurs contrepoints douloureux et sombres.
   Cette histoire, on l’aura deviné, concerne la plupart des hommes qui entrent dans l’existence en grands vivants. Qui en jouissent. Et qui, par négligence, y font d’irrémédiables dégâts.
Surtout dans le cœur des femmes qui ont pris le risque de les aimer.


    Les promesses, voici le livre type qui semblait prometteur mais qui fut pour moi une réelle déception.

    Dans ce roman nous faisons la connaissance de Sandro, un homme d'une cinquantaine d'année qui recroisant une femme qu'il a désirée mais jamais possédée revient sur ce que fut sa vie. 
    Cette femme c'est Laure, une belle beauté promise à un autre qu'il rencontre quelques temps avec ses noces. Fou d'amour pour cette femme, il aimerait la voir quitter cet autre et se donner à lui, même si cela implique pour lui de laisser femme et enfant. Car oui, il est comme ça, Sandro. La belle ne l'entendant pas de cette oreille, et si elle apprécie la compagnie de cet homme, elle n'en continue pas moins sa route sur le chemin qu'elle s'est tracée.
    Même s'il n'obtient pas les faveurs de la belle, il décide tout de même de divorcer de sa femme Bianca, avec laquelle il ne se serait marié que par obligation à cause de la grossesse de celle-ci. Schéma qu'il reproduira à l'identique quelques années plus tard avec Gilda.
    Il finira par retourner sur les terres de son enfance pour prendre définitivement possession du vieux domaine familial et devenir le digne héritier de son grand-père tout aussi pétri de mépris envers les femmes.

    L'enfance de Sandro est censée excuser ce comportement égoïste et irresponsable : au décès de son père qui toujours le poussait à se surpasser, il a vécu dans l'ombre d'un grand-père n'utilisant les femmes que pour son plaisir. Sa mère, la seule femme qui aurait pu le remettre sur le droit chemin, est une femme complètement effacée dans l'ombre du grand-père. Ainsi donc en grandissant il reproduit le schéma ancestral et on est censé le plaindre et compatir pour lui.
    Ce avec quoi je ne suis pas d'accord : ce qui fait de nous des adultes est justement notre propension à faire des choix, nos choix. Sandro fait des choix, les mauvais semble-t-il, mais il les fait et donc ne peut prétendre en être la victime. Il a fait le choix d'épouser Bianca et Gilda, il est trop facile d'ensuite leur reprocher de faire son malheur. Et comment ne pas le trouver pathétique d'accuser son épouse de le rendre malheureux juste parce qu'il a croisé une belle femme qui le fascine... Si Laure n'avait pas été présente à ce dîner, aurait-il décidé qu'il était si malheureux ? Aurait-il épousé Gilda pour se venger d'elle et de son bonheur matrimonial ensuite ?
    S'il aimait tant l'homme qu'il était auprès de Laure, pourquoi ne pas avoir tout fait pour devenir cet homme au quotidien ? Donnant l'impulsion à son couple pour évoluer et le rendre plus heureux ? Il ne faut pas compter sur les autres pour nous changer, il faut se trouver soi-même et assumer l'être.
    Certes, en faisant le choix du mariage, Sandro a à chaque fois respecter les conventions et la morale, mais ces choix l'on rendu malheureux et a détruit les femmes qu'il a épousé. Il vaut parfois mieux se révéler lâche, plutôt que d'enfermer l'autre dans une situation qui ne peut que le détruire. Bianca et Gilda méritait mieux, pourront-elles un jour se relever et donner à nouveau leur confiance ? Si Bianca possède assez de caractère pour cela, il en est moins certain pour Gilda.

    Oui, le personnage de Sandro m'a dérangée dans son mépris des femmes ; mais ce qui m'a le plus perturbée c'est l'écriture. Si j'avais lu ce roman à l'aveugle, j'aurais juré qu'il avait été écrit par un homme. Vous savez un de ces auteurs un peu misogyne qui force le trait pour provoquer son lecteur. Et le fait qu'il ait été écrit par une femme m'a gênée. La façon dont elle parle et traite son propre sexe est déroutant. S'il s'agit d'un exercice littéraire auquel Amanda Sthers s'est livré, alors c'est très réussi ! Sinon ... je ne sais quoi en penser. Il faudra qu'à l'occasion je tente un autre de ces textes.
    En dehors de ce trait particulier, l'écriture du livre est intéressante. Mais j'avoue avoir peiné à avancer dans la lecture ; ne pas prendre de plaisir à ce que l'on lit n'aide pas à avoir envie de se laisser porter et de s'oublier dans le récit. J'aurais certes pu abandonner ma lecture, mais je voulais tout de même connaître le fin de cette histoire. Peut-être n'était-ce pour moi pas le bon moment de le lire ...

    Si cette histoire vous intrigue n'hésitez pas à lire ce roman, afin de vous faire votre propre opinion, car bien que le thème et le style choisi d'écriture ne m'ait guère plus, ce roman n'est pas dénué d'intérêt littéraire.

lundi 22 janvier 2018

C'est lundi que lisez-vous ? [s3]

 
Du 15 au 21 janvier 2018
Il y a de ces semaines où vous avez beau vouloir lire encore et encore, il vous est impossible de trouver du temps à consacrer à votre livre. Celle-ci en fait partie semble-t-il


Les livres terminés cette semaine : 
    
    J'ai pris plaisir à terminer La Citadelle des Dragons, dont j'ai beaucoup aimé l'univers et les dragons bavards. Je me demande ce que me réserve le tome 2...
    Dans l'ombre d'Ana a été une lecture hyper prenante, on y suit le parcours d'une jeune femme qui se laisse glisser dans l'anorexie. C'est super bien écrit, sans pathos avec réalisme et vécu de l'intérieur. Écrit par une nutritionniste, il permet d'ouvrir les yeux sur cette maladie sournoise.




- La citadelle des dragons, de Isabelle Morot-Sir
- Dans l'ombre d'Ana, de Marjorie Motto




Ce que je suis en train de lire : 
 
 
J'avais envie de découvrir l'homme qui fut la source d'inspiration d'Edmond Rostand. J'ai choisi ce titre là, me doutant qu'il ferait écho au passage de la lune de l'acte III de la pièce. Je ne me suis pas trompée. J'en ai lu un peu plus de la moitié, mais j'avoue hésiter à le terminer. Il est certes très intéressant de suivre le mode de réflexion, de pensées et de recherche de l'époque quand à l'astronomie, mais c'est tellement désuet que cela en perd de son intérêt réel. Pourtant ce livre est un réel précurseur à des textes tel que le voyage de Gulliver. Mais tout de suite je pense que j'ai besoin d'une lecture plus captivante et divertissante. Mais peut-être reviendrais-je un peu plus tard.
 


Ma prochaine lecture
 
J'en choisirai une ce soir qui correspondra à mon état d'esprit à ce moment là. 

jeudi 18 janvier 2018

Blaise Cyrano, le raté magnifique - Arthur Ténor

Blaise Cyrano, le raté magnifique, de Arthur Ténor

192 pages
Oskar Editeur, Collection La Vie
Parution : Septembre 2017

4ème de couverture :
    Blaise Cyrano, élève de 3e au collège Rostand, surnommé "Monsieur Molière" pour sa maîtrise de la langue française et sa grande culture littéraire, ne laisse personne indifférent. Car en plus d'un fort tempérament et d'une répartie toujours cinglante, le garçon est affublé d'un menton plus long que la moyenne. Bien que son esprit supérieur compense son complexe physique, Blaise n'ose déclarer sa flamme à Roxane. Par surcroît, la belle n'a d'yeux que pour Christian Neuvillette, lequel brille davantage par sa beauté que par son intelligence.
    Mais par amour pour Roxane, ce Cyrano 2.0 se résigne à aider son rival en écrivant à sa place des missives enflammées... 


    Cyrano de Bergerac, le classique d'Edmond Rostand, cela vous dit bien quelque chose ? Et si on vous demande ce que cela vous évoque : histoire de cape et d'épées, texte en vers, classique de la littérature, 19ème siècle,... sont des termes qui viennent spontanément à l'esprit.
    A partir de là, on imagine mal comment cette histoire d'adultes d'un autre temps pourrait être transposé dans le monde adolescent de notre époque. C'est pourtant le pari osé qu'a fait Arthur Ténor en écrivant ce roman.

    J'étais fort curieuse de voir comment il allait tourner les choses pour les rendre cohérentes tout en restant proche du texte originel et que ce soit lisible par des adolescents. Et je peux vous dire que j'ai été littéralement soufflée ! C'est à la fois simple et recherché.

    Dans ce roman, Arthur Ténor a créé un Cyrano aussi puissant que celui de Rostand ; si différents ils sont pourtant si semblables, et l'un ne renierait pas l'autre s'ils se croisaient. L'auteur a eu l'habileté de changer quelque peu la particularité physique de son personnage et il ne s'agit plus ici du nez mais du menton. Ce changement lui permet de déployer son imagination en imitant son aîné sans pour autant le copier, ce qui est très appréciable.
     Il a également su nous rendre ici Christian plus sympathique que dans la version originale, où il brille par sa fadeur et son commun. Dans ce texte, Christian est un adolescent pourvu d'un certain caractère qui parfois n'hésite pas à bousculer Cyrano, ce qui est fort plaisant il faut bien dire.

    Lire ce texte, mets en lumière certains traits des personnages et certaines situations de la pièce inspiratrice. Il permet de mettre en perspective deux époques, et nous rappelle également qu'autrefois l'âge adulte survenait plus vite et que les personnages de Rostand ne sont pas si éloignés que cela de ceux d'Arthur Ténor. A bien y regardé, sur certains points les adolescents de nos jours ne sont pas si différents de nos aïeux, et certains ont tout autant de liberté que les adultes de l'époque.

    Je ne peux guère vous parlez de ce roman en détails sans prendre le risque de vous gâcher la surprise, ce qui serait fort dommage. Mais croyez-moi Arthur Ténor a réussi un joli tour de force en nous livrant un roman bien pensé, bien écrit et bien mené.
J'ai pris énormément de plaisir à lire ce roman, et je vous le conseille.

    C'est  une belle façon d'aborder ce classique incontournable de la littérature française, en nous montrant que l'histoire de base est intemporelle et que donc ce classique ne saurait être démodé !

mercredi 17 janvier 2018

Cyrano de Bergerac - Edmond Rostand

Cyrano de Bergerac, de Edmond Rostand

Théâtre 
Texte classique tombé dans le domaine public
250 pages
Première représentation : 28 décembre 1897



     Savant fou tombé de la Lune ou ferrailleur éblouissant, si tous se reconnaissent en lui, s'il nous arrache des larmes, c'est parce qu'il est vrai, d'une profonde vérité humaine. C'est lui que Roxane aimait, son intelligence, son esprit. Cyrano est une part de nous-mêmes, le vengeur des humiliés et des offensés, des timides et des ratés de l'amour. À la fin de l'envoi, c'est toujours lui qui gagne.




    Ce moment gênant où tu te rends compte qu'au final tu ne connais pas vraiment l'une des plus célèbres histoires du théâtre français et qu'il serait temps de réparer ce tort... Comme beaucoup de monde, j'avais entendu parler de ce personnage haut en couleurs, au long nez, mais l'image que l'on m'en avait donné était celui d'un personnage de farce, ce qui est complètement erroné.

     En effet Cyrano de Bergerac est de ces héros tranquille, posé, maniant aussi bien le verbe que l'épée et qui ne saurait souffrir de se mettre en ridicule posture. La droiture, l'élégance, l'honneur et le sang-froid sont ses maîtres mots. Et quand il tombe amoureux, et que la belle lui avoue en aimer un autre qui l'aime en retour ; il se met en devoir d'aider son rival à séduire la gente demoiselle. Car oui, Cyrano est un homme de cœur, qui ne saurait forcé des sentiments à son endroit et préfère voir sa douce heureuse avec un autre, même si cela lui coûte.

     En écrivant cette pièce Edmond Rostand oublie toutes les règles du théâtre classique : sa pièce se déroule en maints lieux différents à des dates très éloignées, et il s'y passe beaucoup de chose, comme si l'amour n'était qu'un prétexte d'écriture pour parler de milles autres choses et laisser ainsi place à toute son imagination. Et lui qui peinait tant à être connu et reconnu, qui essuyait échec après échec, se fait pour une fois confiance et ose se lancer dans le pari fou de cette pièce, y engageant ses derniers deniers. Et il a eut bien raison, car sa pièce est unique et longuement applaudie par un public des plus enthousiastes. Son texte lui vaudra de recevoir la Légion d'Honneur, une distinction qu'il n'aurait su espérer.

     Lire du théâtre peut paraître fastidieux, ou bien fade, mais pas ici. J'ai eu l'impression de parcourir un roman, où les descriptions auraient été placées systématiquement en tête de chapitre, pour laisser plus de place aux personnages. Edmond Rostand se fend de longues didascalies pour introduire chaque acte et ainsi situer la nouvelle action ; il nous entraîne ainsi dans des lieux tout aussi divers qu'étonnants et c'est avec plaisir que nous suivons Cyrano, Christian et Roxane. Bien que parfois on se demande comment dans un tel environnement il va pouvoir les mettre en scène et faire avancer l'intrigue amoureuse. Mais dans toute cette profusion, jamais il ne se perd, ni ne perd son lecteur. 
    Lire cette pièce a été un délice, et je suis très curieuse de lire les écrits du vrai Hercule Savinien de Cyrano de Bergerac, cet auteur oublié de nos jours qui fut la source de l'inspiration d'Edmond Rostand. Et je ne serais pas surprise de retrouver dans la pièce des clins d'oeil non dissimulé à ces textes qu'il devait bien connaître. Ils devraient notamment expliquer pourquoi le Cyrano de Rostand se met soudainement à épiloguer sur les astres et l'univers.

     Bien que la pièce soit totalement écrite en vers, ce qui était jugé ringard à cette l'époque, cela ne gêne absolument pas la lecture. On oublie complètement cette fantaisie de l'auteur au profit de l'histoire et de ses personnages. Donc si cela pouvait vous effrayer, ne vous arrêter pas à ce fait et oser tourner la première page.

    Je regrette de ne pas avoir lu plus tôt ce chef-d’œuvre de la littérature française, et je regrette qu'il ne soit pas intégré dans les programmes scolaires. D'ailleurs je regrette que le peu de fois où la pièce ait été mentionnée, cela ait été pour la présenter comme une farce, ce qu'elle est loin d'être à mon sens.
     Si vous n'avez jamais lu ce texte, je vous invite chaudement à vous y plonger ; je doute que vous soyez déçu !


mardi 16 janvier 2018

Le joueur d'échec - Stefan Zweig

Le joueur d'échec, de Stefan Zweig

95 pages
Editions Le Livre de Poche
Traduction de Delachaux et Niestle
Année parution originale : 1941

4ème de couverture :
     Qui est cet inconnu capable d'en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu'antipathique ? Peut-on croire, comme il l'affirme, qu'il n'a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot de luxe aimeraient bien percer.
    Le narrateur y parviendra. Les circonstances dans lesquelles l'inconnu a acquis cette science sont terribles. Elles nous reportent aux expérimentations nazies sur les effets de l'isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.   
    Une fable inquiétante, fantastique, qui, comme le dit le personnage avec une ironie douloureuse, " pourrait servir d'illustration à la charmante époque où nous vivons ".



    Je n'avais jamais lu Zweig, pourtant ce n'est pas faute d'entendre partout des éloges sur ces oeuvres. Du coup lorsque celle-ci m'est passé sous le nez, je me suis dépêchée de la lire, et quel grand bien m'en a pris ! Je me suis octroyée quelques heures un dimanche matin rien que pour me plonger dans ce court texte. Il fait vraiment parti de ces textes qu'il faut lire d'une traite si l'on veut en saisir toute la saveur, selon moi.

    Dans ce court roman, nous découvrons d'abord Czentovic, un jeune homme pauvre de la campagne, recueilli par le curé du village. Pauvre ère, il ne semblait pas briller par son intelligence, jusqu'au jour où elle semble se manifester devant un échiquier. Ce jeune garçon pour qui les mots et la lecture était une torture se révèle un fantastique stratège capable d'anticiper plusieurs coups d'avance. C'est ainsi, complètement par hasard que débutera sa carrière.
     Puis le narrateur fait la rencontre d'un inconnu, qui éblouira tout le monde en battant Czentovic sur son propre terrain : les échecs.
     Mais cette prouesse n'est pas sans explications, et une explication qui donnera froid dans le dos du lecteur et qui poussera cet inconnu à ne pas récidiver sa prouesse, faute d'y laisser la raison.

    A travers ce court texte, Zweig explore l'incroyable machine qu'est le cerveau humain. Il nous offre deux exemples incroyables et a eu l'idée sublime de les rassembler sur un même terrain : le damier des échecs.
     Tout en faisant une histoire prenante et palpitante, il en profite pour dénoncer certaines méthodes vraiment inhumaines de torture mentale des nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale, et explore un des mécanisme de défense qu'a pu trouver le cerveau humain.
    Mais comme tout mécanisme de défense, il ne saurait être bon d'en prolonger l'utilisation, et en cela il met le lecteur en garde. Certains dons peuvent se développer parce que la survie en dépend, mais il est bon de les laisser aller une fois le danger passer. 

    J'ai été captivée par cette histoire qui se laisse littéralement dévorer, et je vous conseille vraiment de lui accorder deux heures pour la découvrir. Vous ne sauriez être déçu ! 



lundi 15 janvier 2018

C'est lundi que lisez-vous ? [s2]


Ce que j'ai lu cette semaine : 
    
Du 8 au 14 janvier 2018
    Semaine de rentrée ! Ce qui à la maison, veut dire mille et une choses à faire, ce qui ne m'a pas laissé autant de temps que je l'aurais souhaité pour lire ; mais promis je me rattrape les prochaines semaines. Par contre j'ai pris quelques heures pour ranger et réorganiser un peu ma bibliothèque (et enfin ranger les livres qui trainaient partout dans la maison... ahem). J'en ai profité pour sortir quelques titres oubliés de la Pal que je souhaiterais lire cette année et dont je vous reparle très vite.

   Un seul livre terminé cette semaine : Et vous avez eu beau temps ? de Philippe Delerm que j'ai beaucoup aimé.


- Et vous avez eu beau temps ?, de Philippe Delerm

Ce que je suis en train de lire : 
 
 Gagné lors d'un concours et reçu en décembre, je n'avais pas envie de le laisser attendre. Une histoire fantasy pleines de dragons comme j'en lis rarement mais qui me dépayse complètement et que je prends plaisir à suivre. Seul point assez déroutant : l'absence de chapitres.
4ème de couverture :    
    Comment peut-on passer d'une vie fade de secrétaire dans un cabinet notarial parisien, à celle de gardienne d'un pouvoir mythique ? De surcroît au milieu de plaines immobiles, sous un soleil écrasant, dans une citadelle en guerre, parcourue par des dragons et leurs non moins terrifiants dragonniers... C'est bien ce que risque de découvrir Mona à son coeur défendant, elle qui meurtrie par la vie ne souhaite plus dans son existence que l'amitié de sa plante carnivore...
    Et si notre place n'était pas celle que l'on croit ? Et si notre monde en cachait un autre ? Et si notre destin était écrit ? L'héroïne d'Isabelle Morot-Sir ne se doutait pas qu'une visite chez l'antiquaire pouvait transformer sa vie... Et pourtant ! Cocktail entraînant de fantasy et de romance, « La Citadelle des dragons » veille à garder grandes ouvertes les portes de l'imagination.



Mes prochaines lectures
Je pense pouvoir annoncer sans trop m'avancer que ce sera un roman contemporain. Mais à savoir lequel ...

*****

J'ai toutefois profiter de cette semaine pour vous faire un petit bilan de mon année livresque en vidéo 




Et vous que lisez-vous ?
Belle semaine livresque

mercredi 10 janvier 2018

L'heure du Bilan - 2017


Et voilà ! Une année de plus qui s'achève ! Il est temps de faire un point sur l'année passée et de choisir la direction vers laquelle tendre en 2018 !

2017 fut une année riche en belles lectures, ce fut une réappropriation de ce blog et de youtube.

2017 ce fut également un tournant dans notre vie vie avec l'attente et la rencontre de notre second enfant.

2018 sera une année nouvelle, où nous allons devoir réinventer le quotidien et apprendre à gérer le temps différemment.

2018 est une année vers laquelle, je me tourne sereine et pleine de joie.

Je vous propose de clore en beauté cette année avec une petite vidéo bilan de 2017 et objectifs pour 2018.


Belle année à vous !!

mardi 9 janvier 2018

Mon père n'est pas un escargot - Agnès Lestrade & Amandine Laprun

Mon père n'est pas un escargot, de Agnès Lestrade & Amandine Laprun

64 pages
Oskar Editeur, Collection Ottokar

Parution : Septembre 2017

4ème de couverture :
    Les parents de Prune sont séparés, alors quand son père appelle pour passer des vacances avec elle c'est le bonheur. Surtout lorsqu'elle n'a pas eu de nouvelles de lui depuis quelque temps... mais elle pardonne tout à son père car c'est un artiste. "Il a des doigts d'artiste, une vie d'artiste et un emploi du temps très artistique aussi !"
Et lorsqu'elle apprend que son père n'a plus de maison Prune est désespérée : "Tout à coup, je comprends pourquoi son vélo était chargé comme un baudet. Il porte sa vie sur son dos. Comme un escargot. Sauf que mon père n'est pas un escargot, mais un être humain."
Mais dans la vie les choses finissent souvent par s'arranger d'une manière ou d'une autre... 


    Je vais vous faire un aveu : j'adore le titre de ce livre ! Il a tout ce qu'il faut de mignon pour un livre pour enfant, tout en attisant la curiosité du lecteur.

    Dans ce livre, nous faisons la connaissance de Prune, une jeune fille qui vit avec sa maman depuis le divorce de ses parents. Elle adore son père musicien et déplore de le voir si peu. Si bien que le jour où il lui propose de passer une semaine ensemble en camping elle saute de joie.
    Jusqu'à ce qu'elle comprenne que ce ne sont pas vraiment des vacances, et que ce n'est pas vraiment du camping ... Elle se retrouve à partager un secret trop lourd pour ses épaules d'enfant ; mais une promesse est une promesse ! Alors elle tiendra sa langue jusqu'à ce qu'un de ses camarades de classe comprenne la situation et en quelques mots la dédramatise et lui donne de bons conseils.

    L'expulsion, la perte du foyer, est un sujet rarement abordé dans les livres, surtout ceux pour les enfants, pourtant c'est un sujet qui concernent des centaines de famille chaque année. Alors même si les personnes concernées ne liront jamais les textes qui traitent du sujet, il est intéressant de sensibiliser les enfants à ce sujet car ils pourront un jour y être confronté indirectement. Et ce jour-là, il aura alors un bagage qui pourra lui permettre d'aider et de soutenir son camarade en difficulté.
    Tout comme il est important que l'enfant comprenne qu'avoir un toit au dessus de sa tête n'est pas quelque chose qui va forcément de soi.
    Et comme ce n'est pas un sujet facile à aborder directement, ce genre de livre permet de lui faire découvrir les choses de façon douce mais efficace.

     J'ai beaucoup aimé la façon dont Agnès Lestrade raconte cette histoire. L'angle choisi est à la fois simple et amusant pour le jeune lecteur. Les mots sont bien choisis, et le message clair : un enfant ne doit pas porter seul les secrets de ses parents. Elle invite le lecteur à s'ouvrir aux autres, mais aussi à être attentif à ceux qui gravitent autour de lui et à ne pas être indifférent s'il remarque une situation de souffrance.

    J'ai passé un agréable moment avec ce livre, et je ne saurais que le conseiller aux jeunes lecteurs !

    Ils ont fini par seulement se croiser juste le temps de s'enguirlander. Et puis, ils se sont  décroisés. J’avais cinq ans.

    Tout à coup, je comprends pourquoi son vélo était chargé comme un baudet. Il porte sa vie sur son dos. Comme un escargot. Sauf que mon père n'est pas un escargot, mais un être humain.

    Alors, je dis tout ce que je peux lui dire. [...] Que oui, il me manquait, que sa foutue musqiue nous séparait toujours. Que j'avais un père à rayures. Comme un zèbre, un jour blanc et transparent sans lui, et un jour noir, bien rempli, où il était là pour moi. Et ça, je le pensais vraiment.

lundi 8 janvier 2018

C'est lundi que lisez-vous ? [s1]


 Bonne Année à toutes et tous !
Que cette année vous soit douce, pleine de joie, de bonheur et de belles lectures :)


    Ici 2017 c'est merveilleusement terminé, avec la naissance de bébé mi-novembre. Le temps de tranquillement s'habituer à notre nouvelle vie à quatre, plus les fêtes de fin d'année, je dois vous avouer que si j'ai pu lire, je n'ai en revanche guère pu passer par ici. Mais ne vous inquiétez pas, je compte bien vite rattraper mon retard et partager avec vous mes lectures de ces dernières semaines :)


Ce que j'ai lu cette semaine : 
    
Du 1 au 7 janvier 2018

Un début d'année tout en douceur. J'ai commencé par me plonger dans la Saga des Soeurs Malone, qui est en réalité un recueil de trois courts romans, chacun sur une des soeurs Malone. C'était feel-good et parfait pour récupérer après les fêtes. Puis en rangeant ma bibliothèque j'ai remis la main sur ce livre de Madeleine Chapsal qui me tentait depuis fort longtemps. Ce fut une lecture des plus divertissantes, comme c'est si bien indiqué sur la couverture. Bref en ce début janvier, je me fais plaisir sans complexes.


- La Saga des soeurs Malone, de E. Richards, A. Leigh & P. Moreland
- Un oncle à héritage, de Madeleine Chapsal


Ce que je suis en train de lire : 
 
    Comment résister au dernier recueil de nouvelles de Philippe Delerm ?! Pous notre plus grand plaisir il renoue avec ce genre qui fut pendant si longtemps sa signature. C'est certes moins léger que ses premiers écrits, mais la maturité ne donne-t-elle pas sagesse et prise de recul ?
4ème de couverture :
     Est-on sûr de la bienveillance apparente qui entoure la traditionnelle question de fin d'été : " Et... vous avez eu beau temps ? " Surtout quand notre teint pâlichon trahit sans nul doute quinze jours de pluie à Gérardmer...

     Aux malotrus qui nous prennent de court avec leur " On peut  peut-être se tutoyer ? ", qu'est-il permis de répondre vraiment ?

     À la ville comme au village, Philippe Delerm écoute et regarde la comédie humaine, pour glaner toutes ces petites phrases faussement ordinaires, et révéler ce qu'elles cachent de perfidie ou d'hypocrisie. Mais en y glissant également quelques-unes plus douces, Delerm laisse éclater son talent et sa drôlerie dans ce livre qui compte certainement parmi ses meilleurs.



Mes prochaines lectures
Un roman ! Classique, jeunesse ou terroir ? nous verrons bien ;)


Et vous que lisez-vous ?
Belle semaine livresque