lundi 30 novembre 2015

C'est lundi que lisez-vous ? [68]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?

Ce que j'ai lu la semaine passée :

Du 23 au 29 novembre 2015
Une belle semaine de lecture, j'ai pu enchaîner des lectures toutes aussi variées qu'agréables les unes que les autres.
J'ai également pu reprendre mes publications ici, ce qui m'avait manquer. Il n'y a pas à dire une connexion 4G sur un téléphone, ça ne vaudra jamais une ligne ADSL et un ordinateur de bureau !

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**- Le sixième sommeil, de Bernard Werber
- L'accélérateur d'amour, de Arnaud Tiercelin
- Même les profs ont une famille, de Gwladys Constant
- Des mots jamais dits, de Violaine Bérot

Ce que je suis en train de lire : 
   
     Il y avait longtemps que je n'avais pu lu de nouvelles, alors je me suis plongée avec délice dans ce recueil :



- Les lumières de Central Park, de Tom Barbash
  "Mademoiselle ! Mademoiselle, s'il vous plaît ! Tu crois qu'elles s'occuperaient de nous, ces vieilles toupies ? C'est vraiment plus possibles, les grands magasins ... Mademoiselle, s'il vous plaît !
- Ah flûte ! Je me suis encore cognée dans ce fichu tiroir. Et naturellement... Oui madame, vous désirez ?
- C'est combien ce sac-là ? Non, pas là... Là ! 495F ? Mais on a vu le même au rayon à côté pour moins de 300F.
- C'était le même sauf que c'était pas le même, madame... C'était du plastique, que là, c'est du cuir.
- Du cuir ! Alors ça, ça m'étonnerait !
- Mais, madame, puisque je vous le dis ! C'est marqué dans toutes les langues sur l'étiquette, tenez, regardez : leather, cuoio, leder, pelle, cuir véritabke.
- Tiens, Jeanine, renifle-moi un peu ça pour voir."
    Des paroles en l'air, des propos de comptoir, Tatoune et Poupette, deux vendeuses, en entendent tous les jours. Leur vie est une comédie irrésistible aux cent actes divers. Pleine de tendresse douce-amère.
   Pour écrire Mademoiselle, s'il vous plaît !, Claude Sarraute a été trois mois vendeuse aux Galeries Lafayette.
 
 Mes prochaines lectures :
Une lecture qui ne parlera ni de grands magasins ni de supermarché, il est temps de je ressorte de cet univers.

vendredi 27 novembre 2015

La grève des enfants - Julien Artigue

La grève des enfants, de Julien Artigue

43 pages
Oskar éditeur
Parution : août 2015

4ème de couverture :
Bastien, Nico et le reste de la bande sont unanimes : ils détestent l’école. Alors quand la maîtresse leur annonce qu’elle va faire la grève, c’est l’explosion de joie ! Malheureusement, dès le lendemain il faut retourner en classe. Bastien a alors une idée de génie. Pourquoi les enfants n’auraient-ils pas le droit, eux aussi, de faire grève ? La révolte de la cour d’école est en marche... 




    Quel écolier n'aime pas lorsque les instituteurs font grèves ? S'il y en a, soyons honnêtes, ils se comptent sur les doigts d'une main ! Une journée de grève de la maîtresse, c'est une journée sans école, à rester chez soi ou à aller chez des copains ou à faire n'importe quoi d'autres que d'aller s'asseoir pendant des heures, sur une chaise, à apprendre tout un tas de trucs qui paraissent inutiles à l'écolier.
    Seulement si les élèves ne vont pas l'école, il faut occuper ceux dont les parents travaillent, et ce n'est pas une mince affaire. Mais leur dernière idée a tellement plu aux enfants, qu'ils n'attendent plus qu'une seule chose : la prochaine grève de la maîtresse. Sauf que celle-ci ne semble pas très coopérative ...
    Une idée leur vient à l'esprit : et si c'était eux qui faisaient grève ? 
    La maîtresse en profite alors pour leur donner une leçon d'éducation civique : on ne fait pas grève pour rien, il faut préparer une liste de revendications. Un peu désarçonnés les élèves s’exécutent, sentant déjà leur plan leur échapper. Ils rédigent une liste typique de revendications d'écoliers, et contre toutes attentes : la maîtresse accepte de se plier à leurs revendications et de les suivre à la lettre dès le lendemain.
    Non seulement, le lendemain les élèves devront aller à l'école, mais ils vivront la plus longue journée de leur vie ...

    Ce petit livre est une façon ludique et amusante d'expliquer aux enfants ce qu'est ce mouvement populaire qui est un droit pour tous : la grève. Non seulement, il leur explique le procédé, mais il leur faire aussi prendre conscience qu'il faut bien choisir ses revendications, et qu'un système en place n'est pas à 100% mauvais.
    Bien sûr, le texte est écrit de façon simple, pour se mettre à la portée des plus jeunes lecteurs.
    Bien sûr il le fera rêver de cette journée si spéciale qui semble à ses yeux presque parfaite, mais cela l'amènera à réfléchir par lui-même sur ce qui ne pouvait pas fonctionner.
    Je pense qu'il faut accompagner ce livre d'une discussion avec le jeune lecteur, pour s'assurer qu'il en a compris les enjeux, mais aussi répondre à ses questions.
    Julien Artigue nous livre un texte drôle et riche en enseignements !

    J'ai passé un agréable moment avec ce livre, il m'a replongé dans mes souvenirs d'enfance et ce fut agréable. Il nous rappelle aussi quel écolier nous avons été, et nous permet de mieux comprendre nos enfants en se reconnectant avec celui que l'on a été.
    Les livres pour enfant sont précieux, d'autant plus quand ils sont partagés. Les premières lectures solo devrait toujours l'être ensuite.



    Après tout, pourquoi la maîtresse serait-elle la seule à disposer de ce privilège, hein ? Il n'y a pas de raison : tous les hommes naissent libres et égaux en droits, c'est même Mme Lafrape qui nous a enseigné ça en cours d'histoire. Donc les enfants sont comme les maîtresses, ils ont le droit de faire grève ! Pourquoi on n'y avait pas pensé plus tôt ? C'était si simple ! Après tout, Bastien est peut-être un génie incompris ...

    Hum, quel régal ce repas ! Je le voyais un peu comme une récompense après toutes ces années passées à manger des légumes repoussants ! C'est vrai quoi, on nous avait assez pris pour des ruminants !

    Enfin, la journée  arrivait à son terme. Je devrais dire heureusement ! Et pourtant, elle m'avait semblé interminable ! Entre la matinée de jeux ennuyeux et le repas trop copieux ... mais le pompon, ça avait été ce fichu cours de sport ... j'étais bien content que ça finisse.

jeudi 26 novembre 2015

Charles de Gaulle, L'insoumis, 1940-1945 - Céline Anché

Charles de Gaulle, L'insoumis, 1940-1945, de Céline Anché

109 pages
Editions Oskar, Collection Histoire-Société
Parution : Juin 2015

4ème de couverture :
    Le 18 juin 1940, depuis Londres, Charles de Gaulle lance son appel à la résistance. En pleine débâcle, il fait le choix de dire non à l’occupant et au gouvernement de Vichy. Avec lui commence l’épopée de la France libre. Il se bat pour faire entendre la voix de la patrie, malgré la défiance des Alliés. Le Général va construire sa légitimité politique, s’appuyant sur les Free French pour rassembler la Résistance sous sa bannière et faire figurer la France parmi les vainqueurs. Le 26 août 1944, en descendant les Champs-Élysées, celui qui était la voix sans visage de l’espérance incarne l’honneur et la liberté retrouvée des Français.

    Vous le savez déjà, vu que j'ai déjà du le dire une bonne dizaine de fois : j'adore ce genre de petit livre qui vous raconte une tranche d'histoire de façon romancée. C'est toujours une jolie façon de découvrir les faits, de les remettre en perspective dans leur époque. Pour les jeunes (et moins jeunes) lecteurs c'est aussi une façon d'aborder l'histoire et les faits de société sans avaler une simple chronologie. J'aurais aimé ce genre d'ouvrage entre les mains lorsque j'étais encore à l'école !

    Dans ce petit livre Céline Anché, nous propose de suivre le parcours de Charles de Gaulle pendant la Seconde Guerre mondiale : de sa fuite vers l'Angleterre, du fait de sa situation non-grata sur le sol français ; de son installation temporaire sur le sol anglais et son combat pour pouvoir de là-bas continuer la lutte ; puis son départ vers l'Afrique où les colonies françaises ont décidé de le soutenir et de ranger à ses côtés ; et enfin sa "victoire" et celle de la France enfin libérée.
    Pour rendre le récit plus vivant, l'auteur a choisit de mentionner régulièrement la famille de Charles de Gaulle, on le voit ainsi en père et époux, avec ses peurs et ses hésitations.
    Et puis il y a le jeune Adrien, ce jeune adolescent, qui croit en la France libre et qui décide de quitter les siens pour se rallier au général de Gaulle.
    Ce récit c'est à la fois celui d'un général des armées, mais aussi celui de milliers de jeunes qui ont décidé de croire et de tout sacrifier pour la liberté.

    Une chose m'a marquée à la lecture de ce récit : le très grand rôle qu'ont joué les colonies françaises dans la libération de la France. Et ce qui m'a encore plus marqué : c'est que je ne me souviens pas que ce point ait été particulièrement abordé pendant mes cours d'histoire, que ce soit au collège ou au lycée ...
   N'est-ce pas étonnant que ceux qui se sont le plus investit au départ était les plus éloignés ? Que ce soit ceux-là qui ont cru en la stratégie de ce général isolé et banni de son pays ?
   L'aide ne vient pas toujours de là où on l'attend.

   C'est un petit récit qui se lit très vite, dont la lecture est très agréable. Il est à la portée des plus jeunes et n'ennuiera pas un lecteur plus âgé.
   Le texte est comme toujours accompagné de documents : une carte du monde en 1942, des précisions sur les différents types de résistance et sur le rôle qu'a joué la radio pendant le conflit, ainsi qu'une chronologie.
    Une fois encore le corpus de documents annexes est judicieux et complète à merveille le texte. 

   C'est un petit livre à conserver dans sa bibliothèque pour y revenir facilement pour une revue rapide du conflit. Je vous conseille cet ouvrage et vous invite à le mettre entre toutes les mains. Il peut aussi être un support idéal pour une discussion sur la libération de la France pendant la Seconde Guerre Mondiale.

    Le général de Gaulle sait bien, au moment où il prononce ces mots, que l'aventure ne sera pas des plus faciles. Du haut de ses quarante-neuf ans, il a conscience qu'il vit alors les heures les plus terribles de son existence et de l'histoire de France.

   En écoutant parler leur fils, Aristide et Louise ont compris qu'ils auront bien du mal à le retenir. Sa soif d'aventure, son enthousiasme juvénile et son obsession à rejoindre e Gaule coûte que coûte sont plus forts que tout !

    Une croix de Lorraine au coeur d'une France unis est peinte et dessinée sur les chars, les drapeaux et les uniformes des unités. Au moment où la Force L devient la 2°DB, Leclerc en profite pour intégrer aux Forces Françaises Libres des unités de l'armée d'Afrique : le 24 août 1943, elle se compose de 14000 hommes dont près de 4000 Africains ! Ils viennent de toutes origines. Du Cameroun, du Tchad, du Sénégal, du Maroc, d'Algérie, des comptoirs indiens, du Liban, de Syrie. Qu'ils soient républicains espagnols, catholiques ou protestants, juifs, musulmans, ou même repris de justice, ils sont tous volontaires et unis dans le même désir de libérer la France.

jeudi 5 novembre 2015

Camille, mon envolée - Sophie Daull

Camille, mon envolée - Sophie Daull

186 pages
Editions Philippe Rey
Parution : Août 2015

4ème de couverture :
    Dans les semaines qui ont suivi la mort de sa fille Camille, 16 ans, emportée une veille de Noël après quatre jours d’une fièvre sidérante, Sophie Daull a commencé à écrire.
    Écrire pour ne pas oublier Camille, son regard « franc, droit, lumineux », les moments de complicité, les engueulades, les fous rires ; l’après, le vide, l’organisation des adieux, les ados qu’il faut consoler, les autres dont les gestes apaisent… Écrire pour rester debout, pour vivre quelques heures chaque jour en compagnie de l’enfant disparue, pour endiguer le raz de marée des pensées menaçantes.
    Loin d’être l’épanchement d’une mère endeuillée ou un mausolée – puisque l’humour n’y perd pas ses droits –, ce texte est le roman d’une résistance à l’insupportable, où l’agencement des mots tient lieu de programme de survie : « la fabrication d’un belvédère d’où Camille et moi pouvons encore, radieuses, contempler le monde ».


    On a beaucoup parlé de ce livre lors de la rentrée littéraire, et à mon humble avis, ce n'est pas volé. Ce n'est pourtant pas ce qui m'a donné envie de le lire, car je n'ai pas été lire les avis et je n'avais pas fait le lien avec la comédienne,je ne retiens jamais les noms des acteurs de toute façon, et ne connait pas leur vie. Non ce qui m'a vraiment envie de me plonger dans ce livre, c'est sa quatrième de couverture . Cette promesse d'un livre vivant sur le deuil. Depuis le début de l'année, c'est au moins le 3ème livre que je lis sur le sujet, tous ont été des lectures intéressantes, de par leurs différences et l ressenti de chaque auteur.

    Comment survivre à la mort d'un proche ? Car c'est bien ce que c'est le deuil : la survie de soi, jusqu'au moment où l'on s'autorise à nouveau à vivre et à exister alors que l'être cher, lui, n'est plus.
Ce temps de latence, d'errements de l'être est plus ou moins long selon les personnes ; chacun se raccroche à ce qu'il peut. 
    Pour Sophie Daull, il a fallu les mots, des mots posés avec ordre et méthode dans un petit cahier bleu à couverture de plastique bleu, un cahier comme ceux qu'utilisait sa fille. La perte d'un enfant est sûrement la plus douloureuse qui soi, car aucun parent ne devrait avoir à enterrer son enfant. Et cette douleur est encore augmentée lorsque l'on ne s'y attend pas, quand la mort s'invite un jour dans votre petite vie tranquille sans crier gare. Sophie Daull a du surmonté tout cela, heureusement pour elle, elle n'était pas seule.

    Les premiers mots, elle les a posé sur le papier, quatre jours après le décès de sa fille, loin de chez elle, dans une chambre d’hôtel en bord de mer, séjour offert par des amis, l'enterrement est dans deux jours. Elle commence a posé les premières pierres du chemin de la survie. Elle y pose ses sentiments, et referme le cahier. Qu'elle réouvrira une dizaine de jours plus tard pour cette fois se livrer à un exercice de mémoire.
    C'est décidé, elle va raconter Camille, elle va raconter les quatre dernières journées de sa fille, puis la semaine d'errance avant l'enterrement, cette semaine où il faut avancer, comprendre et s'abrutir de fatigue pour mieux repartir le lendemain. C'est tout cela qu'elle décide de livrer au papier, pour ne pas oublier, pour passer encore quelques heures avec sa fille.
   Mais Sophie Daull ne fait pas une simple chronologie des évènements, elle ne se plonge pas tête baissée dans l'écriture pour n'en ressortir qu'une fois le texte achevé, non. Elle prend chaque jour le temps d'écrire quelques lignes dans le cahier, elle distille le souvenir dans sa vie, elle donne à sa fille une place entre le chagrin, la douleur et sa vie qui doit reprendre. Elle définit un équilibre, elle s'habitue doucement à ce vide en elle.
    Si elle suit la chronologie des évènements, elle ne nous raconte pas tout d'un coup, le récit du passé et entrecoupé de tranches de présent. Sophie Daull se livre, livre son ressenti, des passages de sa vie, ses pensées ; elle se donne une place dans la mort de sa fille, dans le vide qu'elle a laissé, ce n'est qu'à ce prix qu'elle pourra parvenir à survivre.

    Ce texte, elle ne l'a pas écrit pour nous, ce n'était pas un texte destiné à être lu, elle l'écrit pour elle et pour sa fille, pour sa mère aussi par rebond. Elle choisit le "tu" pour parler à Camille, pour la rendre vivante et lui redonner la présence dont elle a encore besoin pour tenir debout.
    Et c'est ce mode de narration choisi qui donne toute la puissance au texte, qui l'empêche de tomber dans le pathos, qui permet l'humour et la légèreté parfois. Cela permet aussi d'aller au plus simple des mots pour exprimer les plus fortes émotions. Il ne faut que peu de mots à cette maman pour qu'on la comprenne et que l'on pleure et sourit avec elle.

    Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce texte, c'est toute l'honnêteté dont fait preuve Sophie Daull, elle est franche, elle dit les choses clairement, même si cela peut paraître peu reluisant, comme ce qu'elle appelle ses "mauvaises pensées", mais qui lors d'un deuil n'en a pas eu ? Car ces mauvaises pensées, ce sont de petites bulles d'oxygène qui permettent au corps de se ressourcer, au cerveau de faire une pause, au coeur de ne plus souffrir. Il faut s'accorder ces petits moments de pensées égoïstes, elles sont salutaires, elles sont signes que la vie cherche à renaître, que le temps fait son oeuvre. J'apprécie que Sophie Daull fasse tomber ce tabou, j'apprécie qu'elle avoue que la douleur des autres puisse parfois soulager la sienne, que les objets peuvent être comme des coups de couteaux au coeur chaque fois qu'on les croise, et que pour sa propre survie il faut parfois tout faire disparaître très vite.
    J'ai apprécié cette confidence, et elle déculpabilise par avance. Un jour où l'autre nous serons tous confronté à la mort et au deuil, et avoir lu un livre tel que celui-ci, peut nous aider à vivre cette perte simplement, sans se poser de questions, sans culpabiliser sur ses ressentis qui seront forcément complexes et variés.
    Il faut prévenir que guérir ; si on ne peut jamais totalement guérir de la perte d'un être cher, ce livre lu un jour, pourrait nous donner quelques clefs simples pour faire son chemin vers la paix.

    Sophie Daull a choisit de ne pas trop s'étendre, de limiter cette phase de chagrin intense dans le temps. A travers l'écriture, elle cherche à garder un lien très étroit avec sa fille, elle cherche sa présence ; mais le temps fait son oeuvre, elle sait qu'elle doit laisser partir sa fille, qu'elle sera toujours là dans son cœur et ses pensées. 4 mois après le décès de sa fille, elle décide qu'il est temps de mettre un point final à ce cahier, de rompre ce lien qui subsistait encore, d'accepter que sa fille trouve la paix et que la vie continue.

    Ce livre est magnifique d'émotions et de sincérité. J'avoue avoir pleuré abondamment avec cette maman, mais quel lecteur pourrait resté insensible ?
    En se racontant simplement, en mêlant humour, colère et tristesse, en se livrant sans fard, Sophie Daull nous fait vibrer à l'unisson de son coeur. C'était un très beau moment de lecture, et de partage, je la remercie de la confiance qu'elle a eu pour se livrer ainsi, et l'admire pour son courage.

    Tout à l'heure, plus tard, on verra bien, je te raconterai la suite. Je te raconterai la première nuit, la deuxième nuit, la troisième nuit sans toi... Je te raconterai le devis aux Pompes funèbres, les réveillons délirants, la géante orgie de malheur. Je te raconterai peut-être même aussi ton enterrement.

    Je supporte mal l'idée de te survivre un temps long comme l'oubli de ta mort.
    Je supporte mal l'idée de vivre encore au moins un temps long comme ta vie, seize ans. Et  pourtant mon espérance de vie statistique m'y condamne à coup sûr.

    Dans cette maison, on s'aimait, on s'engueulait, on riait ; on était délicieusement libres de s'aimer, de s'engueuler, de rire. Ton jeune sang et le nôtre un peu plus épais formaient un fleuve intranquille où l'avenir battait pavillon.

    Dans le temps, les gens portaient un brassard ou des habits noirs pour signaler qu'ils venaient de perdre un proche. Ça les plaçait momentanément hors de la communauté des humains, ça forçait la distance, la délicatesse ; ça offrait le privilège de ne pas être tenu de se comporter comme tout le monde, de ne pas être mal considéré si on était plus lent, plus sombre, plus solitaire, plus réservé. On était repéré comme endeuillé, et les autres nous foutaient la paix. On avait le droit d'occuper une marge.

    Une nouvelle "mauvaise pensée" m'a assailli l'esprit ; je me suis réjouie que nous n'ayons jamais partagé le plaisir de cuisiner. Parce que, tu vois, la cuisine n'est pas infestée de souvenirs inssuportables. Je ne t'y ai jamais vu râter une pâte à crêpes, y éplucher des légumes, lire une recette, enfiler une manique pour mettre un plat au four, pas même y faire une vaisselle. Ou si peu. Ou si rarement. Assez peu en tout cas pour que je puisse en conserver le royaume sans m'y effondrer. Sans que j'inonde de larmes une cuillère en bois ou un bol doseur. C'est ça les "mauvaises pensées". Tu verras, il y en a d'autres, elles participent à la dévastation de ta mort sans aucun filtre de pudeur, avec aplomb, avec cynisme - toutes ces pensées en embuscade qui escortent l'avancée de la charogne.

    Je deviens ton enfant : j'ai peur quand tu n'es pas là et je sens que tu me protèges. Sans ascendant ni descendant, les fantômes sont ma seule couverture de survivante unique; et déloyalement en vie. 
   J'ai décidé que je n'irai au cimetière que les jours où le temps sera beau.

   Maintenant il va falloir finir d'écrire ; écrire était encore un tremblement, un spasme de ta vie dans mes mots. J'ai peur de te laisser, mais je me l'impose. Ne pas pleurnicher quatre ans quand tu t'es battue quatre jours. Tu as été si courageuse que mon courage sera dans ce tout dernier prochain point final.

mercredi 4 novembre 2015

La nuit de feu - Eric-Emmanuel Schmitt

La nuit de feu, de Eric-Emmanuel Schmitt

183 pages
Editions Albin Michel
Parution : Septembre 2015

4ème de couverture :
    À vingt-huit ans, Eric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée dans le grand sud algérien. Au cours de l’expédition, il perd de vue ses compagnons et s’égare dans l’immensité du Hoggar. Sans eau ni vivres durant dans la nuit glaciale du désert, il n’éprouve nulle peur mais sent au contraire se soulever en lui une force brûlante. Poussière d’étoiles dans l’infini, le philosophe rationaliste voit s’ébranler toutes ses certitudes. Un sentiment de paix, de bonheur, d’éternité l’envahit. Ce feu, pourquoi ne pas le nommer Dieu ?
    Cette nuit de feu – ainsi que Pascal nommait sa nuit mystique –, Eric Emmanuel Schmitt la raconte pour la première fois, dévoilant au fil d’un fascinant voyage intérieur son intimité spirituelle et l’expérience miraculeuse qui a transformé sa vie d’homme et d’écrivain. Les chemins qu’il trace ici sont inscrits en chacun de nous.

   Ce livre est de loin le plus personnel qu'Eric-Emmanuel Schmitt ait écrit, et pour cause ! Dans ce livre il nous raconte avec des mots simples, ce voyage à travers le désert qu'il a effectué pour son travail, qui a changé sa vie à jamais.
   Pour survivre dans le désert, il faut voyager en groupe, on ne reste jamais seuls, l'isolement peut être fatal. Chacun se fait les yeux et les oreilles de l'autre pour guetter les moindres dangers, les moindres risques, rattraper le moindre feux pas. Il faut faire front tous ensemble, aussi différents que soient de nous les autres membres de la caravane. Mais c'est aussi le lieu où l'on se sent le plus seul, une immense solitude à l'intérieur de soi, comme un grand vide. Ce vide, l'auteur l'a bien ressenti.
   Dans cette caravane, Eric-Emmanuel ne se sent pas vraiment à l'aise, il n'y a pas de vrai cohésion entre les membres, aucuns points communs, si ce n'est cette traversée du désert, et encore ... car tous ne l'effectuent pas dans le même but ni pour les mêmes raisons. Si certains y cherchent le dépassement de soi en vivant dans un milieu hostile, l'autre n'y cherchera que des traces du passé à travers les roches et la végétations, un autre ne s'intéresse qu'au ciel, et d'autres ne sont là que pour voir. Lui est ici, parce que son patron a décidé de venir repérer des lieux pour le tournage d'un film et qu'il l'a emmené dans ses bagages.
   Eric-Emmanuel ne se sent proche que d'un homme, Abayghur, le bédouin en charge de guider la caravane à travers l'hostile désert. Cet homme fascine l'auteur, il admire sa foi, sa joie de vivre, sa confiance en toutes choses, son économie des gestes et des paroles. Tout ce que fait cet homme semble avoir un sens, et il n'a pas besoin des mots pour se faire comprendre et partager ses pensées et tourments.
   Eric-Emmanuel Schmitt nous plonge dans ses souvenirs de ce voyage. Il revient sur ce qui l'a marqué : les interrogations, les lieux, les discussions. Il nous livre une chronologie romancée du périple, jusqu'au Grand Moment, celui où sa vie a basculé : ce moment où il pense avoir rencontré Dieu. S'il ne peut affirmer avec certitude l'avoir rencontré, il est certains en revanche que sa foi s'est allumée ce jour-là. Une foi universelle et puissante, qui ne se limite pas à une seule religion, mais qui embrase l'univers tout entier, le connectant avec lui.

   A travers l'écriture de ce grand moment, on ressent la force de ce que ressent Eric-Emmanuel, un ressenti qui dépasse les mots. Peut-on écrire l'invisible ? Peut-on raconter l’indicible ? l'intime ?
L'auteur essaye tout de même de poser des mots, afin de partager avec nous, ce bonheur et cette joie, ressentis ce jour-là.
    Avant de reprendre le récit de son voyage, récit où son regard sur les choses a changé et où ses sentiments ne sont plus les mêmes. Il n'est alors plus vide, il se sent plein, plein d'amour de joie, de ce qu'il sentait vibrer chez Abayghur, qu'il enviait sans savoir ce que c'était.

    Se raconter est difficile, il ne faut pas trop en faire, mais il ne faut pas paraître trop modeste non plus sinon cela sonne faux. Pour se raconter, il faut avoir trouver la paix, une paix intérieure, avoir fait la paix avec soi-même et ses sentiments, savoir qui on est. Je crois qu'Eric-Emmanuel Schmitt est en paix avec lui-même, et c'est ce qui lui a permis de nous livrer aujourd'hui un texte aussi intime et personnel.

   J'ai aimé lire ce livre, qui nous en apprend beaucoup sur l'homme qui se cache derrière l'auteur. Un homme que nous laissait deviner ses autres écrits, dont la sensibilité et l'humanité ne sont plus à démontrer, et que nous confirme ce texte.
    Je doute qu'un jour cet auteur écrive ses mémoires, il fait parti de ces gens qui ont compris qu'il n'est pas important de tout raconter, mais qu'un évènement peu valoir que l'on prenne la plume pour le transcrire sur le papier pour le partager.
    C'est une lecture que j'ai aimé, j'ai aimé le suivre au désert, suivre le cheminement de ses réflexions, lire ces sentiments si forts. Je n'ai pu lâché le livre avant de l'avoir fini. C'est un livre qui nous donne envie de croire, de croire en l'Homme et en quelque chose de plus fort, qui nous dépasse mais qui rassure, de se laisser porter par ce sentiment de bien-être que procure la foi et de sourire à la vie.

    Si vous ne connaissez pas cet auteur, je vous déconseille de commencer par ce livre, car il s'éclaire grâce à la lecture de ses autres textes. Ce livre est pour moi, comme une préface à tous les livres qu'il a déjà écrits.

    Pourtant, quoique aimant ma discipline, je me défiais du chemin que les gens discernaient devant moi... Était-ce le mien ou la suite logique de mes études ? S'agissait-il de ma vie ou de celle d'un autre ? 

   Il ne s'agissait ni d'un coup de foudre amoureux, ni d'un coup de foudre amical, mais d'un coup de foudre... comment dire... humain. J'adorai aussitôt la civilisation que cet homme incarnait, j'adorai l'Histoire que sa présence racontait, j'adorai son insolente tranquillité, le sourire dont il nous régalait, un sourire empreint d'accueil et de sérénité, un sourire qui nous promettait des moments envoûtants.

   - Aucun de nous ne verra sa figure durant dix jours ! avait conclu Ségolène.
   Cette perspective lui déplaisait ; moi elle me ravissait.
   Depuis toujours j'entretiens des relations compliquées avec les miroirs. Si mon enfance les ignora, mon adolescence se planta en face d'eux. Combien de journées avais-je consacrées à me déchiffrer ? Il ne s'agissait pas de narcissisme, plutôt de désarroi. Je ne comprenais pas ...  

   Sur terre, ce ne sont pas les occasions de s'émerveiller qui manquent, mais les émerveillés.

   Je manifestais moins d'impatience. Ma conception du voyage avait changé : la destination importe moins que l'abandon. Partir, ce n'est pas chercher, c'est tout quitter, proches, voisins, habitudes, désirs, opinions, soi-même. Partir n'a d'autre but que de se livrer à l'inconnu, à l'imprévu, à l'infinité des possibles, voire même à l'impossible. Partir consiste à perdre ses repères, la maîtrise, l'illusion de savoir et à creuser en soi une disposition hospitalière qui permet à l'exceptionnel de surgir. Le véritable voyageur reste sans bagage et sans but.

   Le hasard existe-t-il ? N'est-il pas plutôt le nom que collent à ma réalité ceux qui veulent ignorer le destin ?

mardi 3 novembre 2015

L'heure du bilan - Septembre 2015


    Bonjour à tous !
   Il était temps que je fasse enfin le bilan de mes lectures de septembre !
Le temps file à une vitesse incroyable depuis quelques mois, j'ai l'impression de ne rien faire et de ne rien lire, et pourtant lorsque je regarde la somme des choses accomplies et la pile des livres lus, je peux constater que le mois a été productif à tous les points de vue.

    Je ne sais pas si j'arriverai au bout des 100 livres lus à la fin de l'année, je l'espère. Je fais surtout attention à prendre plaisir à chacune de mes lectures, à les choisir avec soin, et tant pis si parfois il me faut une semaine entière pour finir un livre.

   Je ne regrette aucune de mes lectures de septembre, elles ont été variées, et très enrichissantes, chacune à sa façon.
   Je vous en parle plus en détails en vidéo 


Livres lus ce mois-ci :
    Je me suis rendue compte après coup que j'ai oublié de mentionner Le choix de la Banshee, de Fanny André, alors n'hésitez pas à aller lire ma chronique pour en savoir plus sur ce livre.

Je vous retrouve très vite pour vous parler de mes lectures d'octobre, qui ont été tout aussi bonnes !

Bonnes lectures !

Peer Gynt - Henrik Ibsen

Peer Gynt, de Henrik Ibsen

399 pages
Editions Gallimard, Collection Folio Théâtre
Parution : Juin 2015
Traduction de François Regnault

4ème de couverture :
    Ce jeune homme, qu'Ibsen emprunte à des contes norvégiens, plein d'imagination et de rêves, nous le trouvons oisif dans sa Norvège natale, racontant des contes à dormir debout, courant après les filles, ayant le coup de foudre pour la pieuse et sage Solveig, rencontrant des êtres fantastiques (les trolls, ce grand Courbe qui lui conseille de «faire le détour»), quittant son pays natal, faisant du trafic et des affaires douteuses, traversant l'Afrique d'Ouest en Est, jouant le prophète pour une fille du désert et côtoyant la folie, avant de revenir dans sa Norvège par tempête et naufrage, sans avoir rien acquis, et nous le retrouvons vieux, aux prises avec des créatures métaphysiques lui renvoyant la question de sa vie : a-t-il été soi-même ? Ni héros ni pécheur, mais, en un sens, tellement moderne : quelconque ! Toute sa vie, il a «fait le détour» : le fera-t-il encore lorsqu'il retrouve la femme qui l'attend ? Mais il reste de lui seulement ce poème. 

   Henrik Ibsen dit lui-même que cette pièce de théâtre est ce qu'il a écrit de plus fou, et c'est on ne peut plus vrai. Cette pièce est dingue, complètement dingue, elle nous transporte d'un univers à l'autre, d'un monde à l'autre avec une facilité déconcertante, et c'est ce qui fait tout son charme.

    Dans cette pièce nous faisons la connaissance de Peer Gynt, un norvégien issu d'un milieu modeste. Il n'a eu une enfance ni heureuse, ni malheureuse, mais pas facile. Peer Gynt, c'est un gentil naïf, un peu simplet, il est la risée du village qui se moque de lui. Impulsif il se laisse porter par les évènements et agit souvent sans réfléchir d'abord ; c'est ainsi qu'il se trouve un soir à kidnapper la mariée du mariage où il est invité, ce qui va l'amener à errer dans la montagne où il rencontrera une jeune fille troll qui veut l'épouser. Sans hésiter il dit oui, avant même de connaître les conditions de sa famille, il lui faudra fuir pour éviter le pire. Sa fuite le mènera en Afrique, loin de tous, il arrivera à se construire une petite vie prospère, avant que le vent ne tourne à nouveau et qu'il soit projeté dans des évènements plus cocasses les uns que les autres.
Et lorsqu'enfin il retournera dans son pays, où il aurait voulu revenir en Empereur et en maître, il se rend compte que personne n'a oublié les frasques de son passé, et que son nom est passé à la postérité dans le folklore local.

   La vie de Peer Gynt est partagé entre trois choses : le mensonge, l'envie de plaire et celle d'être lui-même. Mais il lui semble impossible de pouvoir combiner les trois. Le mensonge est la première arme qu'il utilise avec beaucoup de grossièreté, avec le temps, il tend à s'assagir, mais prétendre s'être trouver soi-même n'est-ce pas de nouveau un mensonge ?
    Partager entre son désir de plaire aux femmes et aux autres, il se perd lui-même alors que son envie est de se trouver lui-même ; alors il se ment à lui-même, et c'est peut-être le pire de tous les mensonges.
   Mais heureusement pour lui Peer Gynt garde une lueur de lucidité, et il sait lorsqu'il a poussé la farce trop loin et qu'il ne pourra plus faire machine arrière. Alors à chaque fois, il fuit, souhaitant repartir à zéro ailleurs, comme une répétition pour qu'un jour ce retour à zéro il puisse le faire dans son pays.

    Cette pièce de théâtre retrace toute la vie d'un homme comme un songe, mêlant monde réel et imaginaire, projetant les personnages fictifs sur des personnages réels.
   Est-ce un rêve ? Est-ce une allégorie de la vie ? Henrik Ibsen ne nous donne pas la réponse à cette question, laissant chaque lecteur, acteur et metteur en scène se débattre avec cette question. Il nous livre un texte fou et nous laisse libre d'en penser ce que nous voulons.

    En lisant la pièce, je me suis tout de suite dit que cela ferait des scènes cinématographiques superbes, que le cinéma d'auteur pourrait prendre cette pièce à bras le corps et nous livrer un film merveilleux, déroutant et plein de sous-entendus. Il y a tellement de lieu, tellement de descriptions de décor, que je me suis demandée, par contre, comment porter ce texte à la scène. Ce texte transgresse toutes les règles du théâtre classique : point d'unité de lieu et de temps, rien que de l'extravagance et une imagination débordante : une débauche de lieux et de personnages.
   Ce texte a pourtant été joué, certaines représentations ont durées plus de 5h, c'est énorme pour du théâtre ! Ce doit être une expérience unique à monter, à jouer et à voir.

   J'ai beaucoup aimé que dans cette édition le traducteur François Regnault, nous livre beaucoup de clefs pour comprendre le texte. Une préface nous donne les clefs de compréhension, nous dit à quoi nous attendre, nous détaille le procédé de création, certains mécanismes ... et heureusement ! Plonger dans le texte sans cette préparation préalable serait déroutante, alors que là nous plongeons avec délice dans le texte, car il a su aiguisé encore davantage notre curiosité.
   Le texte est également enrichi d'un corpus de textes annexes : une chronologie de la vie d'Ibsen, plusieurs pages de notes, mais surtout les contes populaires norvégiens qu'avait collectés Ibsen avant d'écrire cette pièce. C'est intéressant de pouvoir en prendre connaissance après la pièce, cela l'inscrit plus profondément dans la culture et le floklore norvégien.

   Cette pièce se lit comme un roman et non comme une pièce de théâtre, sa lecture est fluide et variée. C'est une lecture amusante, déroutante et prenante. Celui qui tente l'aventure au côté de Peer Gynt ne serait être déçu !

   Assez radoté comme une veille femme ! C'est quand la chance a fait défaut qu'elle revient comme il faut.

   Il faut que tu saches que je ne suis ni prince ni riche ; pèse-moi ou mesure-moi tant que tu voudras, tu ne gagneras pas grand-chose à m'avoir.

   Fais enterrer ma mère avec honneur. Moi, je m'enfuis.

   On ne doit pas lire pour engloutir, mais pour voir si ça peut servir.

   Être soi-même par la puissance de l'argent, c'est bâtir sa demeure sur le sable.


   Il faut être soi-même, il faut s'occuper de soi, de ce qui est à soi, en gros et en détail. Et si on n'a pas eu de chance, il vous reste toujours l'honneur d'avoir vécu en accord avec la doctrine.


lundi 2 novembre 2015

C'est lundi que lisez-vous ? [67]



"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?

Ce que j'ai lu la semaine passée :

Du 26 octobre au 1er novembre 2015
Une semaine assez chargée, mais où j'ai quand même pu trouver assez de temps pour lire :)
Après une lecture pas un peu déroutante et décevante, je me suis accordée une pause sourire avec une mignonne lecture jeunesse, et j'ai fini par un livre qui a été très présent sur les étals de la rentrée littéraire, et qui s'est révélé très agréable à lire.

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- L'été contraire, de Yves Bichet
- La grève des enfants, de Julien Artigue
- Ressources inhumaines, de Frédéric Viguier

Ce que je suis en train de lire : 
   
     Ma dernière lecture m'a donnée envie de me plonger dans ce livre de ma Pal qui parle aussi de grands magasins et de la vie de ses vendeuses.


- Mademoiselle, s'il vous plaît !, de Claude Sarraute
  "Mademoiselle ! Mademoiselle, s'il vous plaît ! Tu crois qu'elles s'occuperaient de nous, ces vieilles toupies ? C'est vraiment plus possibles, les grands magasins ... Mademoiselle, s'il vous plaît !
- Ah flûte ! Je me suis encore cognée dans ce fichu tiroir. Et naturellement... Oui madame, vous désirez ?
- C'est combien ce sac-là ? Non, pas là... Là ! 495F ? Mais on a vu le même au rayon à côté pour moins de 300F.
- C'était le même sauf que c'était pas le même, madame... C'était du plastique, que là, c'est du cuir.
- Du cuir ! Alors ça, ça m'étonnerait !
- Mais, madame, puisque je vous le dis ! C'est marqué dans toutes les langues sur l'étiquette, tenez, regardez : leather, cuoio, leder, pelle, cuir véritabke.
- Tiens, Jeanine, renifle-moi un peu ça pour voir."
    Des paroles en l'air, des propos de comptoir, Tatoune et Poupette, deux vendeuses, en entendent tous les jours. Leur vie est une comédie irrésistible aux cent actes divers. Pleine de tendresse douce-amère.
   Pour écrire Mademoiselle, s'il vous plaît !, Claude Sarraute a été trois mois vendeuse aux Galeries Lafayette.
 
 Mes prochaines lectures :
Une lecture qui ne parlera ni de grands magasins ni de supermarché, il est temps de je ressorte de cet univers.