lundi 25 avril 2016

C'est lundi que lisez-vous ? [72]

"C'est lundi ! Que lisez-vous?" C'est une idée originale créé par Mallou, maintenant coordonnée par Galleane.

On répond comme chaque Lundi à trois petites questions :

1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ?

 

Ce que je suis en train de lire : 
    
Du 18 au 24 avril 2016
     Ciel que le temps passe vite, je n'ai pas vu filé ce début d'année ... Déjà avril, le printemps et les journées qui rallongent ?! Dans un sens tant mieux, cela me donne encore plus envie de bouquiner et si possible en extérieur, même si aux vues des températures annoncées pour la semaine, il va falloir encore patienter un petit peu.
    J'ai repris un bon rythme de lecture cette semaine, dévorant deux jolis petits pavés. Deux lectures vraiment différentes autant par l'écriture que par leurs sujets. Deux vraiment chouettes moments de lecture qui me donne envie de continuer dans cette lancée et de continuer à dévorer.


 - Un jeune homme superflu, de Romain Monnery
- La grande panne, de Hadrien Klent


Ce que je suis en train de lire : 
   
    Je vais relire ce petit livre, parce que j'ai envie de le prêter à un ami. Je sais que ce sera une lecture courte et agréable, de celles qui nous ravissent toujours.

- Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, de Mathias Malzieu
      " Comment on va faire maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi ? Qu'est-ce que ça veut dire lavie sans toi ? Qu'est-ce qui se passe pour toi là ?Du rien ? Du vide ? De la nuit, des choses de ciel,du réconfort ? "
    Mathias, une trentaine d'années mais une âme d'enfant, vient de perdre sa mère. Sans le géant qu'il rencontre sur le parking de l'hôpital, que serait-il devenu ? Giant Jack, 4,50 mètres, " docteur en ombrologie ", soigne les gens atteints de deuil. Il donne à son protégé une ombre, des livres, la capacité de vivre encore et de rêver malgré la douleur... Il le fera grandir.
    Mathias Malzieu nous entraîne dans un monde onirique, intimiste et poignant, dans la lignée d'un Lewis Carroll ou d'un Tim Burton.
 
 Mes prochaines lectures :

J'hésite encore entre deux livres, je ne sais pas encore par lequel des deux je vais commencer, mais une chose est sûre : je vais les lire tous les deux, et si possible dans la semaine.
Et vous que lisez-vous ?

mardi 12 avril 2016

Une nuit d'été - Chris Adrian

Une nuit d'été, de Chris Adrian

445 pages
Editions Albin Michel
Parution : 4 janvier 2016

4ème de couverture :
  Libre transposition dans le San Francisco d'aujourd'hui du Songe d'une nuit d'été, le roman de Chris Adrian est un livre surprenant, où réalité et féerie se télescopent pour interroger la nature exacte de l'amour.
    Henry, Will et Molly ne se connaissent pas mais ils ont quelque chose en commun. Tous trois viennent de perdre un être cher dans la mort ou la rupture. Un soir d'été, tandis qu'ils se rendent à une soirée, ils s'égarent dans Buena Vista Park sans savoir que ce lieu est devenu le refuge secret de Titania et Obéron, les souverains du royaume légendaire immortalisés dans la pièce de Shakespeare, inconsolables depuis la mort de leur fils... Ensemble, ils vont vivre une nuit à nulle autre pareille.
    A l'image d'Obéron, doté du pouvoir de sonder le coeur humain, Chris Adrian explore la puissance et le mystère de l'amour, se jouant de la frontière entre mythe et réalité, grâce et gravité. Il réussit un roman drôle et émouvant, d'une inventivité rarement égalée.


    Quoi de mieux qu'une soirée d'orage où tout parait un peu surnaturel pour vous parlez d'un livre où il est question d'Elfes, d'Humain et de fin du monde ?

    Dans l'imaginaire collectif, l'Elfe est plutôt un être sympathique, que ce soit dans les romans ou dans les légendes. Il y a certes des Elfes facétieux, mais en général, c'est un peuple qui se tient loin des humains et évite au maximum d’interagir avec eux. Ce n'est pas le cas ici. Non seulement ils ne sont pas vraiment sympathiques, bien que certains soient vraiment amusants, mais surtout ils intègrent régulièrement le monde des humains pour leur propre plaisir, sans se soucier du mal qu'ils provoquent.
    Il est ici question d'un petit groupe d'Elfe qui a élu domicile sous la colline d'un parc de San Francisco. Il a sa tête la reine Titania rongée par le chagrin depuis que son mari est parti. Le peuple déjà totalement soumis au couple royal et devant obéir à ses quatre volontés, se retrouvent sous les ordres d'une femme à la fois tyrannique et complètement amorphes et désintéressée de son royaume. Ce désintérêt et le chagrin va jusqu'à lui faire commettre l'irréparable : elle libère Puck de son joue. Libéré la bête équivaut à provoquer la fin du monde des Elfes, et peut-être même celui des humains. Ce que Titania comprend, mais un peu tard.
    Pour laisser une chance à son peuple de survivre, elle se doit de terrasser Puck, et décide donc de partir à sa poursuite. Elle lance alors un sort pour sceller les issues du parc : jusqu'à l'aube nul ne pourra s'échapper.

    Mais les Elfes ne sont pas seuls dans ce parc cette nuit-là, il a la jeune Molly qui tente de reprendre le contrôle de sa vie depuis le suicide de son compagnon, Henry qui lui essaye de se remettre de sa rupture amoureuse, et le beau Will qui s'en veut d'avoir trompé sa femme. Et puis il y a ce groupe de SDF qui pensent avoir découvert un complot et tente de monter une comédie musicale pour le dénoncer. Pour chacun d'eux le parc représente des souvenirs et y sont déjà venus. Et si chacun s'y arrête pour se pencher sur le passé et mesurer le chemin parcouru, ils n'imaginent pas dans quelle course folle ils vont être plongés.
    Ils croiseront tous des Elfes décidés à les sauver en même temps qu'eux-même, malgré l'incompréhension de ces premiers. Quand le fantastique rencontre la réalité, il est difficile d'y croire, même avec l'esprit embrouillé par d'autres préoccupations.
    Lyon, Fell et Oak arriveront-ils à sauver les trois humains ? Titania arrivera-t-elle à se débarrasser de Puck ?
     Molly, Henry et Will trouveront-ils les réponses aux questions qu'ils se posent depuis toujours ? Parfois la vérité vient d'ailleurs, serait-ce le cas ici ?

     C'est un livre que j'ai lu petit à petit, qui est vraiment très dense, tant au niveau de l'écriture que dans la foule des faits racontés. Nous ne suivons pas que les aventures de la nuit dans le parc qui sont déjà très riches, l'auteur nous raconte également la vie de chacun des personnages. Nous apprenons tout de la tristesse de Titania, de la douleur de Molly, de la vie particulière de Henry, de la fascination de Will pour sa compagne...
    Pendant longtemps je me suis demandée où l'auteur voulait en venir. J'avoue avoir été surprise par cette fin, assez inattendue je dois dire, mais peut-être un peu brouillon aussi, du moins l'ai-je ressenti ainsi. Mais je ne suis pas sûre d'être particulièrement bon juge, car je n'ai pas vraiment pris de plaisir à cette lecture ; je ne me suis pas attachée aux personnages, aucun ne m'a touchée et j'ai parfois eu du mal à suivre les péripéties saugrenues de l'auteur. Le côté provoquant basé sur la sexualité des personnages m'a semblé réellement inutile, mais ce doit être dans l'air du temps et vendeur.
    J'aurais aimé davantage de douceur, plus d'empathie de l'auteur envers les personnages. Certes nous vivons dans un monde dur, que les Elfes ici accentue encore plus, mais cela ne fait pas de tous les humains, des personnes froides, provocantes, torturées et/ou insignifiantes. J'aurais aimé plus d'humanité.
    Dans ce livre aucun sentiment ne m'a paru beau : ni l'amour d'une mère pour son fils, ni celui d'un homme pour sa femme ou inversement ; tous sont pervertis par de la violence, de la sexualité, de la contrainte, de l'autorité, de la soumission, de la dureté, de l'égoïsme... Pourtant qu'y a-t-il de plus beau dans la vie que le fait d'aimer ? 


    Je suis vraiment mitigée au sujet de cette lecture, j'ai l'impression d'être passée complètement à côté, malgré une grande ouverture d'esprit je n'ai pas réussi à rentrer dans l'univers assez torturé de l'auteur.
    J'ai laissé passer un peu de temps, pour que la lecture se décante dans mon esprit, mais malgré le temps qui a passé je reste sur mon impression de départ.
    Si ce n'était clairement pas un livre pour moi, je suis sûre qu'il saura charmé les fans de fantastique qui souhaitent découvrir un autre aspect du monde des Elfes.



dimanche 10 avril 2016

Le ravissement des innocents - Taiye Selasi

Le ravissement des innocents, de Taiye Selasi

419 pages
Editions Gallimard, Collection Folio
Parution : Février 2016

4ème de couverture :
    C’est l’histoire d’une famille, des ruptures et déchirements qui se produisent en son sein, et des efforts déployés par chacun pour œuvrer à la réconciliation. En une soirée, la vie de la famille Sai s’écroule : Kweku, le père, un chirurgien ghanéen très respecté aux États-Unis, subit une injustice professionnelle criante. Ne pouvant assumer cette humiliation, il abandonne Folá et leurs quatre enfants. Jusqu’à l'irruption d’un nouveau drame qui les oblige tous à se remettre en question. 



    Dans ce livre nous faisons la connaissance des membres d'une famille déchirée et éparpillée à travers le monde, à qui il est arrivé une suite d'évènements malheureux et où la communication a été rompue.
    Tout d'abord il y a ce père, Kweku, jeune homme brillant qui décide de réussir dans la médecine, et pour cel quitte son Afrique. Il s'installe en Amérique, et rencontre Fola et se marie jeune. Il mène de front vie de famille et études, puis internat puis poste fixe à l'hôpital.
    Puis il y a la mère,Fola,  jeune femme brillante, qui sacrifie ses études pour que son homme puisse réussir les siennes, mère de quatre enfants, elle reste forte et indépendante, créant sa petite boutique de fleuriste par passion.
   Il y a Olu, le fils ainé de la fratrie, qui décide de suivre les traces de son père et s'engage dans la médecine. Il y aussi Taiwo et Kehinde, les jumeaux, fusionnels durant toute leur enfance et leur adolescence, ils s'éloigneront petit à petit l'un de l'autre. Et puis il y a Sadie, la petite dernière, qui a failli ne pas survivre à sa naissance, la petite protégée de la famille.
    Tout aurait été simple pour cette famille, si le père n'avait pas perdu son travail, ou du moins s'il l'avait accepté. S'il avait accepté de dire à sa femme, qu'il avait été renvoyé. Mais par fierté il a laissé le mensonge s'installer, et ne faisant pas face il décide de prendre la fuite. Ce qu'il n'avait pas mesuré, c'est que le jour où il viendrait s'excuser : il trouverait porte close et sa famille envolée.
    Est-ce à cause de ce mensonge que la famille finit par s'éparpiller ? Que chacun traîne sa petite dose de problèmes et de non-dits ? L'auteur tenterait de nous faire croire que oui, que tout découle de cet acte d'abandon. Mais si la problème était plus profond ?
    Pour moi il me parait évident que cette famille n'avait pas compris quel était le pilier central de cette famille, pilier qui s'ignorait lui-même.
    Aucune famille n'est parfaite, chacun fait des erreurs, mais le plus important est de communiquer car le silence fait des ravages. Si pour Sadie, il devient nécessaire, c'est parce se tourne vers elle toutes les paroles, toutes les attentions, tous les espoirs que sa mère a pour ses quatre enfants, mais n'ayant qu'elle, c'est à elle qu'elle donne tout. Mais un enfant ne peut recevoir pour quatre.
    Si Kehinde avait parlé, alors la situation de toute sa famille aurait peut-être été différente ; si Olu avait été à la place de Kehinde aurait-il parlé ? Tant de questions restent sans réponses, des questions qu'aucun membre de la famille ne soulève jamais...
    Quand la famille est amenée à enfin se retrouver, les non-dits se révèlent, mais rien ne semble réglé pour autant ? Et pourquoi avoir attendu si longtemps ?

   Le livre est construit en trois parties, la première nous fait surtout rencontré le père et sa vie. La seconde, nous parle des 4 enfants et de leur mère, et le dernier chapitre de leurs retrouvailles en Afrique.
    J'ai aimé la première partie, la façon dont elle est construite, le rythme des mots, la poésie de l'écriture. C'est une partie que j'ai lu presque d'une traite à haute voix avec plaisir.
    J'ai commencé à décrocher un peu à la seconde partie, le style commence à changer, les évènements racontés ne sont plus de même nature, mais restent assez superficiels du coup.
    En revanche, je n'ai pas du tout aimé la dernière partie, elle m'a fait l'impression d'une douche froide, pourquoi avoir glissé ces éléments aussi durs ainsi à la fin ? Leurs descriptions crues n'apportent rien à l'histoire, est-ce pour laisser le lecteur sur des images chocs, comme pour cacher des approximations et des manques de cohérences ou approfondissement dans le reste du livre ? J'en ai presque été choquée. Pourquoi fallait-il que ce livre qui commençait emprunt de poésie et de mystère, plein de réflexion et de portes ouvertes vers notre imagination, finisse dans de tels étalages inutiles ?
   Une façon de s'assurer que le lecteur "en ait pour son argent" ?
Une façon d'être sûre de justifier son histoire, en posant des horreurs tangibles et facilement visualisables ? Comme si le silence et la distance, n'était pas suffisant, comme si le double abandon des jumeaux n'étaient pas suffisant à leur errance ? La subtilité de l'idée que développait l'auteur n'aurait-elle pas pu suffire ?
    J'aurais aimé ne pas lire cette fin, j'aurais préféré pas de fin du tout à la rigueur. Je suis persuadée que l'auteur aurait pu nous livrer une fin de la même trempe que la première partie, toute en légèreté. Mais c'était un exercice littéraire périlleux, que je regrette qu'elle n'ait pas tenté.

    Ce fut une lecture agréable pendant 350pages, dont j'ai apprécié de lire des passages à voix haute et dont je pense que l'auteur peut écrire de superbes choses si elle ose davantage laisser sortir la poésie qui est en elle.



     Elle ne ressemble à aucune femme qu'il a connue.
    Ou à aucune femme qu'il a aimée.
    Il n'est pas certain de les avoir connues, d'y etre parvenu, ou qu'un homme soit capable de connaître une femme. 

    Partager la vie d'une femme heureuse en permanence, au repos - heureuse ? Et avec lui. Son bonheur n'est pas un évènement, une réaction, une réponse à ce qu'il a fait ou doit continuer à faire s'il souhaite qu'elle reste heureuse, elle ne tourne pas constamment la manivelle, ne remonte pas inlassablement la boîte à musique, danse singe, danse ! Il la rend heureuse, l'a rendue heureuse et, par miracle, elle l'est toujours non ? Elle a la faculté de rester heureuse, avec lui, au fil du temps ?
    Il ignorait que ce fût humainement possible, ou possible pour une femme. 

Merci au forum Livraddict et aux éditions Folio pour la découverte de ce livre.

jeudi 7 avril 2016

L'univers à peu près - Didier Tronchet

L'univers à peu près, Petit imprécis de culture approximative, de Didier Tronchet

136 pages
Editions Les Echappés
Parution : 3 mars 2016

4ème de couverture :
" De toutes choses, tentons d'avoir une connaissance "à peu près". Car c'est laisser à notre monde l'occasion de nous surprendre encore.
Il est urgent de former les générations futures à l'approximation. De vagues cours magistraux seront donnés par des professeurs traversés de doutes lumineux, merveilleusement hésitants. les étudiants auront tout le diplôme (à peu près), et la mention "connaissances approximatives" sera la plus recherchée.
Le XXème siècle a vu les effets du rationalisme poussé à l'extrême : taylorisme, économie libérale, rigueur financière.
Le XXIème siècle sera approximatif ou ne sera pas. En gros. "

Au fil des ces 100 chroniques sur des sujets aussi graves que les tongs, le pique-nique, les testicules, le gaz de chips ou les miroirs déformants, Didier Tronchet se plaît à déloger nos certitudes les plus endurcies et ne recule devant aucun raccourci saisissant pour redonner à l’Univers tout son sens : celui de l’humour. 

    Quand j'ai eu ce livre entre les mains, je n'ai d'abord pas trop su quoi en penser, à part "mais qu'est-ce que c'est que ce livre ?". La couverture est à mille lieues de ce que je lis d'habitude, elle me fait penser à un dessin de presse, de celle que je ne lis jamais, bon en fait je ne lis aucune presse, comme ça c'est dit. Mais le titre avait un petit quelque chose, tout de même. Alors je me suis empressée de jeter un oeil à la quatrième de couverture, histoire de savoir à quelle sauce j'allais être mangée. Ben ma foi, cela semblait prometteur, alors j'avoue ne pas avoir attendue pour l'ouvrir à la première page.

    Agréable surprise pour moi : ce ne sont que des courts textes à la façon de nouvelles ou de courtes réflexions. J'y ai retrouvé un je-ne-sais-quoi qui m'a rappelé Philippe Delerm à ses débuts, sans doute cette espèce de regard naïf, un poil enfantin posé sur le monde. Mais ce qui est encore plus plaisant, c'est que chaque texte déborde d'humour, parfois noir, parfois simplet, parfois tiré par les cheveux ... mais on ne s'ennuie jamais. 
    Didier Tronchet a du bien s'amuser en écrivant ces courts textes, qui semblent chacun surgi d'un seul coup d'un évènement de la vie quotidienne. Son inspiration il la trouve aussi bien face à un miroir, que devant un pot de sa glace préférée ou d'une balade au bord d'un étang. Mais il va aussi chercher des sujets beaucoup plus lourds comme la corrida, la seconde guerre mondiale, etc. Il les traite alors avec autant de légèreté que les autres sujets qui semblent anodins mais qui sont loin de l'être. A travers chaque objet/thème traité, il explore et analyse notre monde et notre société, il nous pousse à réfléchir à ce que nous sommes, ce que nous voulons être, ce que nous paraissons être et comment les autres nous perçoivent. Il nous remet à notre place si importante mais aussi si insignifiante d'être humain, un animal parmi les autres sur cette planète.
   Chaque sujet est traité indépendamment les uns des autres, parfois avec une logique évidente et parfois non ; mais il est évident que la succession des textes fait sens. J'ai beaucoup aimé cette idée que chaque texte parait annoncé une vérité claire et nette, une pensée pousser à son extrême qui ne semble plus pouvoir rencontrer d'opposition, comme s'il était vraiment allé au bout des choses ; et j'ai encore plus aimé que parfois il revienne sur une idée pour la corriger, l'approfondir ou la réctifier, nous signifiant par là que jamais rien n'est définitif et qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.

   Ce qui est amusant, c'est aussi que ce sont des pensées que tout un chacun peut avoir ou a eu à un moment dans sa vie, mais qu'en général nous taisons. Pourquoi les taire ? Peut-être simplement parce que nous ne savons pas comment les raconter ? ni à qui les raconter ? Prendre un carnet et tout noter ne nous semble pas faire sens, ce sont pour nous des pensées fugitives perdues au milieu de tant d'autres qui nous apportent un instant le sourire. Cela fait alors du bien que quelqu'un prenne le temps de les noter pour nous, et les partage avec nous, nous rappelant ainsi les nôtres, nous incitant à leur prêter plus d'attentions et à ne pas en rougir.

   C'est un petit recueil de textes, que j'ai vraiment pris plaisir à lire et que je sais que je relirai avec plaisir. Un de ces petits livres que l'on a envie d'offrir, parce qu'il est simple et qu'il a de quoi plaire à tout le monde, que l'on soit un grand lecteur ou non. C'est aussi un support amusant de réflexions, qui peut permettre à chacun de voir le monde plus grand.

    Et que se passe-t-il alors dans un miroir quand on ne le regarde pas ? Prend-il la peine de refléter même lorsque rien ne l'y oblige ? S'accorde-t-il un peu de repos, se met-il en veille ? Ou produit-il des images fantaisistes, comme on se dégourdit les jambes, avant de reprendre la pose ? Nul n'a jamais surpris un miroir en liberté. Ce qui prouve l'extrême vigilance des miroirs, qu'aucun humain ne prendra jamais en défaut.

    On ne drague pas en Pédalo, clope au bec, Ray-Ban sur les yeux, un coude sur le siège. On n'apostrophe pas les filles, la radio à fond. Sur un Pédalo, on rentre les épaules, on fait profil bas. Le Pédalo est une leçon d'humilité.

    C'est sans doute ce qui fait le plus défaut à l'homme moderne : la possibilité de dire : "Pouce !". La faculté de se mettre hors jeu, qui offre au remplacé le recul nécessaire à la lucidité, et la chance d'être meilleur la fois suivante.

    La voiture a tué plus de quarante millions d'êtres humains depuis sa création. A ce titre, on peut considérer que l'automobile est le premier prédateur de l'homme.
    Il est déjà sidérant d'imaginer que l'être humain ait engendré lui-même l'instrument de sa propre extermination, comme jamais aucune autre espèce de l'histoire. Il l'est encore plus de constater qu'il le fait avec enthousiasme. L'homme voue un véritable culte à al voiture, et se presse en masse au Salon de l'automobile.
    Jamais aucune souris ne se rendra au Salon du chat.


    Les glaces du pôle racontent l'histoire de la Terre. En les sondant très profondément, on peut connaître les évènements qui ont marqué la planète : les grandes mutations, les catastrophes écologiques, l'évolution du climat, etc. On peut même y déceler la trace des grands conflits mondiaux.
    A une échelle plus modeste, les glaces dans le congélateur racontent l'historique de l'appartement. Notamment celle à la vanille, avec des noix de macadamia. En la sondant à la petite cuillère, on peut y déceler les prémices d'un grand conflit avec les colocataires, car il en manque déjà la moitié, alors qu'on l'a achetée la veille.