mercredi 9 mai 2018

Dans l'ombre d'Ana - Marjorie Motto

Dans l'ombre d'Ana, de Marjorie Motto

266 pages
Editions de la Rémanance
Parution : Février 2016


Présentation de l'éditeur :

    Un peu ronde mais bien dans sa peau, Elsa est une jeune femme heureuse. Pour elle, tout va pour le mieux : un travail prenant, des amis et une famille aimante, des loisirs et des projets. Comment imaginer qu’une simple rencontre puisse venir bouleverser sa vie, que perdre du poids pour entrer dans le moule des canons de beauté modernes devienne son obsession ?



     Il n'est jamais facile de parler de la maladie, et encore moins d'une maladie aussi insidieuse et sournoise que l'anorexie. Marjorie Motto s'y essaye avec beaucoup de finesse, de simplicité et de justesse.
 
    Dans ce roman, nous allons faire la connaissance d'Elsa, une jeune femme mal dans sa peau à cause du regard des autres et qui va se laisser entrainer petit à petit dans la spirale infernale de la minceur et de la destruction de son corps, de son moral et de son caractère.
    Vouloir plaire est légitime, mais pas à n'importe quel prix ! Lorsque Elsa rencontre ce jeune homme, c'est une jeune femme épanouie, bien dans sa vie, bien qu'un peu seule, qui aime manger, rire et profiter de la vie. Séduite, elle se laisse petit à petit atteindre par les phrases piquantes de son compagnon. Il ne veut pas s'afficher avec elle, cela la blesse ; mais au lieu de remettre en question le comportement malsain de son compagnon, elle en déduit que c'est de sa faute, que c'est à cause de l'image que le miroir lui renvoie. Elle si gourmande, commence à se priver. Première étape : ne plus déjeuner, et se cacher pour que les autres ne la voient pas. Elle se coupe de ses collègues, de ses amis...  Le non-manger devient son obsession, son combat. Elle se cache, ment, s'isole... et le pire dans tout cela : se ment à elle-même. Elle refuse d'écouter les autres, qui sentent qu'elle part à la dérive.
    Elle se laissera sombrer jusqu'à mettre sa vie en danger. Et pourquoi ? pour un homme qui n'en vaut pas la peine, qui l'a rejeté. Mais heureusement pour elle, la vie mettra sur sa route, une personne qui saura l'écouter, l'épauler et qui la trouvera belle de l'intérieur. Qui décidera de se battre avec elle sans rien attendre en retour, à part sa guérison.

    Marjorie Motta a-t-elle un jour été confrontée directement ou indirectement à cette maladie pour si bien nous en décrire les étapes mentales et physiques ? Ce pourrait être un témoignage tellement le texte est personnel et précis. 
    C'est un ouvrage très intéressant à lire. Sous couvert d'un roman, c'est un document complet sur cette maladie. Celui qui le lit sera plus facilement alerté par les dérives alimentaires des personnes qui l'entourent. C'est important d'être informé jeune sur le sujet, car dès le collège ou le lycée ce mal-être sait s'insinuer.
    Nous avons tous une responsabilité quant aux personnes qui nous entourent, et plus particulièrement pour ce type de pathologie où le malade nie la réalité et se ment à lui-même. Bien sûr nous ne pouvons pas le "sauver" nous-même, mais détecter le problème et mettre en alerte l'entourage du malade c'est réellement lui sauver la vie. Il est important de ne pas se taire, de parler de ses doutes. Il vaut mieux risquer de se tromper plutôt que prendre le risque de laisser quelqu'un se détruire.

    Malgré le sujet assez difficile, la lecture de ce roman est fluide. Elsa est attachante et nous avons envie qu'elle s'en sorte. Je ne vous cache pas que j'ai eu plus d'une fois envie de la secouer, ce qui en soi n'aurait pas servi à grand chose, car il s'agit d'une maladie et non seulement de quelqu'un qui baisse les bras. Lire ce roman permet de mieux comprendre les tenants et les aboutissants, de comprendre le mal-être sous-jacent, la pression psychologique, le dénie et l'excès dans le comportement. Cela m'a permis de comprendre le mécanisme de la maladie, et je remercie Marjorie Motto de nous offrir un texte à la fois plaisant à lire et si informatif.

    La seule chose qui m'a dérangé, c'est que du point de vue de sa description physique Elsa est loin d'être ronde, c'est une femme tout à fait normal avec moins d'une dizaine de kilos en trop. Porter une taille 40, ce n'est pas être ronde !

    C'est un roman que je conseille à tous les lecteurs. Et je pense qu'il serait important de le mettre dans les mains des adolescents, qui font partie des plus touchés par ce mal, afin qu'ils puissent ne pas s'y laisser entrainer et/ou qu'ils puissent veiller sur leurs camarades.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire