dimanche 15 février 2015

Aliocha - Henri Troyat

Aliocha, de Henri Troyat

123 pages
Editions J'ai lu
Année de parution : 1998

4ème de couverture :
" A quatorze ans et demi, élève de troisième, il se considérait comme un étudiant. D'ailleurs, il ne portait plus de culottes courtes, mais des knickerbockers. C'était là une étape décisive dans sa vie. "
1924. Aliocha, élève au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, a le sentiment d'appartenir à une race à part : les émigrés. Il est le " sale petit étranger ", dont le nom est écorché par les railleries de ses camarades. Etranger aussi aux yeux de ses parents, car sa volonté d'intégration est un affront à leur obsession, retourner en Russie.
Récit en grande part autobiographique, Aliocha nous dévoile l'itinéraire touchant d'un adolescent apatride qui trouvera dans l'amitié et l'étude le courage de s'épanouir.


    Ce livre fait parti de mes livres chouchous. C'est un livre que j'ai lu et relu tellement de fois, que j'en ai perdu le fil. Il y a environ 15ans qu'il est entré dans ma bibliothèque. J'étais encore au lycée à l'époque et je dévorais les livres, est-ce pour cela qu'il m'avait autant touchée ? Peut-être, ... mais ce qui est chouette, c'est que des années plus tard, je prends toujours autant de plaisir à le relire et à en savourer chaque page. Chaque relecture se déguste lentement, page après page, dans le calme absolu. S'il y a du bruit autour de moi, cela me gâche tout le plaisir, et je préfère arrêter ma lecture, ce qui n'est pas forcément le cas lorsque je lis un livre pour la première fois.

    Mais de quoi parle donc ce livre ? C'est l'histoire d'Alexis, un jeune garçon de 14ans qui a fui la Russie avec ses parents quelques années auparavant, lorsque les soviétiques ont pris le pouvoir. Si ses parents regrettent chaque jour leur chère patrie perdue, Alexis, surnommé Aliocha, lui se plait à vivre en France. Il en aime tout : la cuisine, les rues, les gens, la langue et surtout la littérature. Il lui semble que le fossé entre lui et les autres est immense : car s'il se sent Français avant tout, on le regarde comme un Russe vivant en France. Il rêve d'être comme ses camarades de classe : ni plus ni moins. C'est la mort de Lénine qui va lui permettre de vivre un petit peu de ce rêve au travers d'une amitié impromptue avec Thierry, le premier de la classe.
    Thierry est comme lui : différent. Non par ses racines, mais parce qu'il est bossu. Mais pour lui, la différence n'est pas un problème, il faut au contraire la cultiver pour qu'elle vous donne de l'importance.
    Thierry est un mordu de littérature et s'il encourage Aliocha à découvrir les auteurs français tel qu'Anatole France, il l'envie de pouvoir lire les auteurs russes dans le texte, et l'y encourage sans cesse. Alexis résiste : pour lui la Russie est un fardeau qui appartient au passé, une patrie qui n'est plus et qu'ils ne reverront jamais, il lui faut vivre dans le présent et souhaiterait que ses parents fassent de même.
    Mais peut-on rejeter sans cesse ses racines ? Peut-on oublier ce qui a fait de nous ce que nous sommes ? Alexis peut-il vraiment tourné le dos à cette partie si importante de la vie de ses parents ?

    Ce texte est superbement bien écrit, et Henri Troyat partage avec nous des réflexions qu'il a lui-même du avoir à l'adolescence. Dire que ce texte est autobiographique serait exagéré, mais on sent à travers le texte que l'auteur livre un peu de lui-même.

    C'est une belle histoire d'amitié et de passion. Alexis et Thierry se comprenne, malgré le fait qu'ils viennent de milieu qui leur semble si différent, ils ont des avis très différents sur certains sujets et même ils cultivent ses différences car se sont elles qui font que la conversation est possible. Thierry les définis comme "deux âmes soeurs" de l'amitié, ce qui est joliment dit.

    Ce texte date un peu, mais il nous interroge sur qui nous sommes et d'où nous venons ? Serions-nous plus heureux ailleurs ? dans une autre maison avec une autre famille ? serions-nous plus heureux avec plus d'argent ?
    Le foyer d'Alexis est modeste mais l'amour y est très présent et montré, chez Thierry les convenances mettent de la distance entre les parents et leur fils. Alexis s'en fera très vite la réflexion et il sera heureux de rentrer chez lui, retrouver ses parents et son divan, même s'il gardera en mémoire cette parenthèse enchantée qu'ont été ces vacances à la montagne avec son ami.

    Aliocha est vraiment un très beau livre, très simple et d'une vérité profonde. Il est de ces petits livres qu'il est toujours bon de relire pour apprécier ce que l'on a, nous rappeler de ne pas oublier d'où l'on vient et qui nous sommes, et nous redonner foi en la vie.

     "Il lui semblait qu'en contestant ses souvenirs on lui volait un bien précieux, un trésor de famille, le meilleur de lui-même. Et pourtant, il s'agissait d'un passé qu'il récusait et qu'il regrettait presque 'avoir raconté dans le "cahier-journal". Allez donc y comprendre quelque chose !"

     "Il aime la nature, la marche, le grand air et il aime la poésie ; il aime le rire et il aime la méditation, se dit Alexis avec élan. C'est vraiment un homme complet. Il faut que j'arrive à lui ressembler coûte que coûte !"



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Livre lu dans le cadre des challenges : (cliquez sur les images pour voir les challenges) 

 *http://www.lalecturienne.com/2014/09/challenge-lecture-de-pal-en-cours.html

http://www.lalecturienne.com/2015/01/challenge-az-2015.htmlhttp://www.lalecturienne.com/2014/11/challenge-cold-winter-2014.html
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2 commentaires:

  1. J'adore Henri Troyat, mais je n'ai lu que ses biographies, jamais ses romans. Et celui à l'air très bien. Je le note !

    Mélia - https://melia06.wordpress.com/

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  2. Je l'avais lu quand j'étais jeune, mais il m'avait beaucoup touchée :)

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