mardi 14 janvier 2014

L'Italienne - Adriana Trigiani

L'Italienne, de Adriana Trigiani

560 pages
Editions Charleston
Parution : 13 janvier 2014

4ème de couverture :
1905, Alpes Italiennes. Enza et Ciro, deux enfants de la montagne, se rencontrent pour la première fois. Ciro, pour avoir découvert le comportement scandaleux du prêtre du village, est envoyé aux États-Unis, où il devient cordonnier. Enza doit à son tour s'exiler pour assurer l'avenir des siens. C'est à New York, dans cette ville magique, que le destin va à nouveau les réunir. Mais il est trop tard : la Première Guerre mondiale éclate et Ciro s'engage pour aller se battre en Europe. Enza, elle, entame une brillante carrière de costumière au Metropolitan Opera et se laisse emporter dans un tourbillon de vie mondaine dans le sillage du grand chanteur Enrico Caruso. Des riches demeures de Carnegie Hill aux ruelles de Little Italy en passant par les faubourgs ouvriers et les vastes plaines du Minnesota, ces jeunes amants finiront-ils par se retrouver à temps, malgré le poids de l'histoire et de la destinée ?


     A travers ce livre nous suivons Ciro et Enza, deux enfants des Alpes Italiennes, qui se rencontreront par hasard lors d’un évènement malheureux pour la famille d’Enza. Ils se plairont dès cette première rencontre, chacun remarquant la singularité de l’autre. Ciro est un jeune homme qui après avoir perdu son père, est laissé avec son frère dans un couvent par leur mère car elle ne pouvait s’occuper d’eux. Cette dernière leur promet de revenir les chercher l’été suivant, mais les semaines, les mois et les années passent sans qu’ils n’aient de nouvelles d’elle. Les deux frères se font à l’idée d’avoir perdu père et mère, et apprendront à compter l’un sur l’autre. Ils se rendent utiles au couvent où ils sont considérés comme les fils de la maison par les sœurs. Ciro grandit avec cette double blessure dans le cœur, tandis qu’Enza vit dans une famille nombreuse et soudée. Elle a 5 frères et sœurs sur lesquels elle veille avec amour. Son père gagne leur vie en offrant un service de fiacre dans ces montagnes escarpées qu’il connaît comme sa poche. Mais un triste évènement va ternir le bonheur simple de cette famille.
      Mais la vie de Ciro bascule et il sera envoyé en Amérique où il deviendra apprenti coordonnier dans l’atelier d’un cousin d’une des sœurs du couvent. Son frère, lui, prendra le chemin de Rome pour entrer au séminaire. Cette nouvelle séparation est un déchirement pour Ciro qui doit se reconstruire et se construire une vie sur ce nouveau continent, loin de sa montagne et des sœurs qui le protégeaient. Son départ précipité ne lui laisse pas le temps de faire ses adieux à Enza.
     Celle-ci traversera elle aussi l’Atlantique quelques mois plus tard, sans savoir qu’elle suit les traces de Ciro. Elle et son père se rendent en Amérique pour gagner plus d’argent afin de pouvoir enfin acheter la maison dont ils rêvent tant pour leur famille.
      A New York la vie est plus simple pour Ciro qui est aidé et encadré. D'abord seule, Enza fera une heureuse rencontre en la personne de Laura, une Irlandaise, qui l’aidera dans l’apprentissage de la langue et deviendra son amie. Toutes deux s’émanciperont et se lanceront à corps perdus dans la conquête de la ville et de la reconnaissance de leur travail, aspirant à une vie de plus belle qualité et plus riche en expériences.
      Ni Ciro, ni Enza, ne s’est exilé en quête du Rêve Américain, mais tout deux s’étourdiront dans l’Amérique libre, où tout abonde et où tout parait simple. Ils sont bien loin de la pauvreté de leur montagne natale, mais aucun des deux n’oublie d’où il vient.
       L’Amérique apportera beaucoup à chacun d’eux. Ciro y deviendra un homme travailleur, amoureux de son métier et développera même un réel talent de coordonnier. Mais Ciro reste un homme seul et fragile en son cœur. Il aspire à une vie de famille, à prendre femme, mais le souvenir d’Enza ne cesse de le hanter, et il ne la croise que de rares fois pour le reperdre aussitôt. Enza se construira à NewYork en tant que femme, Laura l’aidant à assumer son élégance naturelle et à lui faire prendre confiance en elle . Elle parviendra à obtenir une place de couturière et de brodeuse dans les ateliers du grand opéra, où elle s'épanouira et pourra laisser libre court à son talent. Enza devient une femme forte qui apprendra à penser à elle-même et non seulement aux autres. Elle se découvrira presque américaine s’étourdissant de soie et de soirées, pour finalement revenir à son Italie et à ses rêves de vie simple, dans le bonheur d’un foyer et d’une famille.
      Chaque fois que Ciro rencontrera Enza, il se sentira plus fort comme si la présence de cette femme remplissait le vide qu’il avait en lui. Elle le hante, sans qu’il sache qu’il hante ses pensées.
       La vie va trop vite, ils se croisent, se frôlent, se perdent, encore et encore. Les évènements s’enchaînent, la guerre est déclaré, les hommes s’engagent, …

      Dans cette épopée, nous suivons tour à tour Ciro et Enza, apprenant chacuns des évènements qui marqueront leur vie. Nous nous réjouissons pour l’un, nous attristons pour l’autre, pleurant parfois, souriant souvent.
       Leur vie est racontée de façon simple, parfois de façon trop superficielle. J’aurais aimé en savoir davantage sur le métier d’Enza, de sa passion pour la couture. J’aurais aimé connaître davantage le quotidien de Ciro. Connaître davantage leurs sentiments.
     La narration alternée n’altère en rien le récit, elle lui donne une certaine dynamique.
Le livre est séparé en plusieurs parties, et m'a parfois donné l'impression d'une première publication par épisode au vue de certaines répétitions d'informations en début de chapitre.J'ai noté quelques faiblesses dans la traduction, mais rien de gênant à la lecture : il s'agit que de quelques tournure maladroites.

       Les derniers passages sont les plus durs, car arrivant au terme de la vie des personnages, il y a forcément quelques larmes à verser. Quelques unes ont roulé sur mes joues je dois bien l’avouer. Mais la tristesse ne dure jamais bien longtemps car la vie continue, et elle est pleine de rebondissements. Ciro et Enza sont des êtres courageux qui avancent toujours et encore, et si le désespoir s’empare d’eux, il y a toujours quelqu’un de leur entourage pour les remettre sur les rails et leur rendre le sourire.

      La façon dont sont décrits les personnages, les valeurs qui sont les leurs : humilité, fidélité, modestie, économie, courage, travail, … m’ont fait penser à ces livres que l’on remettait en guise de prix aux enfants dans les écoles. Ces livres aux couvertures rouges emplis de vertu, d’héroïsme et de fin heureuse en récompense des efforts fournis.
      Ce livre se lit de la même façon : avec la même simplicité et le même plaisir.

      Il nous apprend ce que pouvait être la vie dans les campagnes de l’Italie au début du XXème siècle : une vie calme, très locale où la pauvreté est présente, qu’il met en parallèle de l’effervescence américaine. Il nous fait comprendre ce qui a poussé des milliers d’Italiens, à se rendre sur ce continent tout neuf pour débuter une nouvelle vie. L’image qu’ils avaient de celle-ci se révèle souvent très différente de la réalité sur place.
     C’est un livre documenté, qui donne envie de se pencher davantage sur la question. Il est toujours intéressant de lire un auteur qui se tourne vers son passé et plonge dans ses racines. Bien sûr il ne s'agit là que d'une fiction librement inspirée d'évènements réels.

      Il donne également envie de se rapprocher de sa famille, de partager davantage de bons moments avec ses proches car il nous rappelle à quel point avec les amis, elle est importante dans la vie de chacun. Elle donne aussi envie de se remémorer ses racines, d'où l'on vient, son attachement à ses origines. Mais aussi de cultiver notre savoir-faire individuel, revenir à des choses manuelles, pour le plaisir des belles choses ; ainsi que de développer notre singularité. Si Enza remarque Ciro c'est parce qu'il est différent des autres garçons, et si Ciro la remarque c'est parce qu'elle se démarque des autres filles, et cette singularité n'a rien de physique. Il est important d'être soi-même et de cultiver son identité, de la chercher et de la trouver. 

     Je vous laisse découvrir par vous-même si Ciro finira par construire la maison à deux étages dont il rêvait sur les hauteurs de Vilminore ; si Enza retournera dans sa montagne bien aimée pour continuer à prendre soin des siens ; ou si la vie les destine à d’autres lieux et à d’autres rêves.

     "L'amour est le seul rêve qui vaut la peine qu'on le poursuive. Je pourrais travailler dur par amour. Me faire un avenir. Construire pour elle une maison avec sept cheminées. On aurait une famille."

     "Un métier ça te fait vivre, alors que ces petits boulots te permettent de manger au jour le jour et c'est tout. Je pense qu'il faut savoir faire quelque chose, que ce soit des chaussures ou des saucisses. Se nourrir, se vêtir, s'abriter, voilà le minimum nécessaire pour tout le monde. Si tu connais un métier qui répond à l'un de ces besoins, tu auras toute ta vie du travail."

     "La main d'une femme dans la sienne valait un trésor, s'il en tenait encore une un jour, il saurait l'apprécier, apprécier à sa juste valeur ce contact doux et rassurant."

     "On n'a pas toujours ce qu'on voudrait mais on a toujours quelque chose."


http://editionscharleston.fr/

 Un grand merci aux Editions Charleston de m'avoir permis de découvrir ce livre en avant-première !

1 commentaire:

  1. Ce livre me tente beaucoup. J'ai déjà lu deux livres des éditions Charleston et dans les deux cas, je n'ai pas été déçue. Je pense me lancer sous peu.

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