mardi 31 janvier 2017

Dans la paix des saisons - Christian Signol

Dans la paix des saisons, de Christian Signol

245 pages
Editions Albin Michel
Parution : Octobre 2016

4ème de couverture :
    Surmonter les séquelles d’une grave maladie, changer le cap de sa vie… A sa sortie de l’hôpital, Mathieu n’a qu’une idée en tête : quitter Paris, se réfugier dans le Quercy auprès de ses grands-parents qui l’ont élevé jusqu’à l’âge de douze ans.
    Rien n’a changé dans la petite maison à deux pas de la rivière où Paul et Louise luttent, chacun à sa façon, contre la marche d’un siècle qui les rejette. Le vieux maréchal-ferrant continue de forger des fers que personne n’achètera. L’ancienne sage-femme, qui a dû renoncer à exercer, s’est plongée dans la médecine des plantes. Porté par leur humanité généreuse, leur énergie farouche, leur obstination à être heureux malgré tout, Mathieu retrouve petit à petit la force, le courage et l’apaisement qu’il était venu chercher au pays de son enfance. L’amour et la sagesse de ces êtres qui lui sont chers vont lui permettre d’entrevoir la promesse d’une existence différente, plus féconde, d’un bonheur qu’il croyait à jamais perdu.


    Mathieu a quarante ans quand on lui découvre un cancer du poumon. C'est un coup rude, une bataille qu'il n'avait pas pensé devoir mener un jour, et surtout pas si jeune. Mais elle est là cette maladie qu'il faut soigner, qui laisse place aux douleurs déchirantes ou lancinantes. Et du jour au lendemain, Mathieu se trouve à l'arrêt. La convalescence le stoppe net dans le tourbillon de la vie parisienne dans laquelle il baigne depuis de nombreuses années. Ce repos forcé l'amène à réfléchir, à se poser des questions sur sa vie. Et dans son esprit se dessine de plus en plus nettement que seul un retour aux sources lui permettra de guérir.
    Il a l'impression que ce cancer est une sorte de punition quant à son silence auprès de ses grand-parents. Louise et Paul l'avait accueilli lorsqu'il était enfant, ils lui avaient donné toutes les clefs pour être heureux dans la vie, mais depuis le jour où sa mère était venue le récupérer, il n'avait guère donné de signes de vie.
    A la fois honteux et coupable, Mathieu décide de tenter ce long voyage vers les terres de son enfance.
Louise et Paul sont heureux de le retrouver, de pouvoir prendre soin de lui, de le pousser chaque jour vers la guérison. C'est un combat sur la vie de chacun mène à sa façon, s'épaulant les uns les autres.

    Dès l'antiquité les hommes avaient compris que le corps et le mental étaient étroitement liés, et que pour être en bonne santé il fallait une bonne hygiène de vie. C'est ce à quoi s'applique, dans la plus grande simplicité Paul et Louise, qui bien qu'âgés, semblent tenir la maladie à distance. Mathieu se rend petit à petit compte que la vie qu'il mène à Paris n'est pas bonne pour lui : trop de stress, de pollution, pas assez de temps pour soi, mauvaise qualité de la nourriture et des relations. Il traverse sa vie sans la vivre. Au travers des gestes et préoccupations simples de ses grand-parents il lui semble toucher à l'essence même de la vie, et par là même, du bonheur.

    A travers ce roman, Signol défend sa chère campagne. Cet auteur si profondément attaché à sa terre et à ses racines, se désole chaque jour un peu plus de l'abandon des campagnes. Et même si de nos jours, certains y reviennent, on n'y trouve plus la vie et les services qui s'y trouvaient autrefois.
    Les temps changent, Paul et Louise l'ont bien compris, obligés d'abandonner leurs métiers, ils continuent d'espérer qu'un jour les Hommes entendront raison. Car le monde ne peut continuer ainsi, les Hommes ne peuvent être heureux et épanouis dans les mégalopoles. Les Hommes s'usent la santé chaque jour un peu plus, pourquoi ? pour des biens matériels ? des rêves que les médias distillent insidieusement dans leurs veines ? pour des vies bancales ? Alors que la vie peut être si belle si l'on sait ouvrir son coeur à la nature, se contenter de peu et vivre au rythme des saisons, en produisant d'abord pour soi avant de produire pour les autres.
    Ces anciens qui ont connu la lessive à la rivière, les toilettes dans la cour et l'eau du puit, espèrent et savent au fond de leur coeur qu'un jour l'Homme viendra repeupler les campagnes.

    Ce livre est une parenthèse salvatrice, une grande bouffée d'air frais, une douce brise de printemps tiède qui passe dans le cœur du lecteur. Il fait réfléchir, rêver, donne envie de boire une grande tasse de tisane d'herbes sauvages et de s'asseoir pour regarder le jour décroitre.
    C'est un livre qui donne envie de se reconnecter à ses racines, à faire le tri dans sa vie, de Se choisir et de choisir le meilleur pour soi.
     La plume de Christian Signol est douce, entraînante, envoûtante. Il distille ses mots jusqu'au fond de notre cœur pour y allumer un grand feu de joie.

    A la réflexion, Mathieu compris que plus qu'une capitulation solitaire et définitive, c'était cette force qu'il allait chercher là-bas, une énergie qui présentait des affinités et des odeurs, des parfums, un monde où la défaire était niée, traitée avec le mépris qu'elle méritait, où jamais le moindre gémissement ne passait entre les lèvres le plus souvent closes, où l'on s'exprimait surtout par le regard, les gestes retenus, rarement des paroles qui disaient seulement l'essentiel d'une vie que la rudesse du monde extérieur ne ménageait jamais. Car la vie était un combat, et il était bien entendu une bonne fois pour toutes qu'il fallait serrer les dents pour le gagner. Tout le reste n'était que fantaisie et perte de temps, que la pauvreté n'autorisait pas. Ce qui n'excluait pas le bonheur, heureusement. Il suffisait de se contenter de peu de choses, ce que Louise et Paul savaient faire à merveille. 

    - Quand tu étais petit, dit Louise, devinant qu'il n'était pas bien, tu aimais que je te raconte une histoire chaque soir, comme si tu avais peur de la nuit.
    Il faillit répondre : "J'ai toujours aussi peur", mais il se retint au dernier moment.

    On ne peut pas vivre tourné vers le passé. Ce qu'il faut, c'est construire une vie que son esprit puisse habiter, c'est-à-dire un foyer où il se sente bien. 




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