mercredi 9 septembre 2015

Le secret de Miette - Marie de Palet

Le secret de Miette, de Marie de Palet

308 pages
Editions De Borée
Parution : Mai 2015

4ème de couverture :
   Michel est abasourdi : elle l'aime mais ne peut l'épouser. Miette, la petite sauvageonne dont il est tombé éperdumment amoureux, n'en dira pas plus avant de se sauver en larmes. Quel secret peut-elle bien garder pour donner une explication si confuse ? Michel n'en saura rien. Mobilisé pour la guette de 1870, il part avec l'espoir que la distance et le temps joueront en sa faveur.
   A son retour, c'est pourtant la désillusion : miette est devenue la maman d'une petite Antoinette, dont personne au village ne connaît le père. Que s'est-il passé en son absence ?



    C'est le livre qui m'a accompagnée cet été sur l'île de Beauté. Et je crois que je n'aurais pu choisir meilleure lecture tant les paysans sauvages décrits par Marie de Palet faisaient écho à ceux qui m'entouraient alors.

    Dans ce livre nous rencontrons Michel, un jeune paysan, travailleur et amoureux de sa terre. Il vit au grand air et entretient la ferme où il vit avec sa mère, ainsi qu'une partie des terres de son oncle. La vie s'écoule tranquillement dans la campagne de Haute-Loire.
    Un matin de bonne heure, il trouve la petite Miette qui dort sur le chemin, en plein milieu des bois. Cette rencontre le marquera à tout jamais. Il ne sait pas pourquoi elle est ici, à cette heure si matinale, car elle se sauve sans plus d'explications. Sa sagesse lui conseillera le silence, a-t-il bien fait de se taire ?
    Michel réalise qu'il est amoureux fou de cette jeune fille, il lui semble que le ciel rayonne d'un soleil nouveau, hélas elle se refuse à lui.
    Pourquoi dit-elle ne pas pouvoir l'épouser ? Il n'aura le temps d'élucider cette question, car le voilà appelé sous les drapeaux pour servir son pays.
    L'hiver est rude, les combats lui semblent bien inutiles, et seule la présence d'un ami à ses côtés et le souvenir de Miette le maintiennent en vie en lui insufflant le courage nécessaire à sa survie.
    Lorsqu'il revient enfin au village, il rêve de retrouver la jeune fille et est bien décidé à lui faire dire "Oui". Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il apprend qu'elle est devenue mère en son absence et que personne ne sait qui est le père. Aux yeux de tous c'est une fille perdue, Michel n'a d'autre choix que de se rendre à l'avis général, mais c'est pour lui ses rêves qui s'écroulent. La vie peut-elle être si cruelle aux jeunes gens qui s'aiment ? 
    La vie suit son cours, la jolie Justine pourra-t-elle consolé Michel ? Miette finira-t-elle par révéler son lourd secret ?

    Marie de Palet nous décrit de façon très réaliste la vie des campagnes à la fin du 19ème siècle. Une vie qui tourne autour de la terre, rythmée par les saisons. Une vie de village, où tout le monde se connait, se retrouve le soir autour du feu d'une veillée ou en plein air lorsque vient l'été. Une vie rude mais pleine de petits bonheurs simples, où chacun a une place et un rôle à jouer.
    A travers ses mots, elle sait nous rendre nostalgique de cette vie en communauté, même si on ne la pas connue. Bien sûr, elle nous en peint aussi les limites, et les souffrances qui peuvent survenir d'avoir ainsi sa vie étalée sur la place publique.
    Si Miette avait vécu dans une grande ville, elle n'aurait pas eu à subir une telle opprobre publique, elle aurait pu se noyer dans la foule, et se faire oublier. Dans son village, elle ne peut que se renfermer sur elle-même et essayer d'avancer chaque jour, se sachant observer par toutes et tous.

    Ce n'est pas l'histoire de Miette et Michel qui m'a le plus portée, mais la plume de l'auteure, sa façon de nous décrire les paysages, les travaux des champs et la vie quotidienne. Bien sûr, j'avais envie de savoir ce qu'il adviendrait de ces deux protagonistes, mais j'ai surtout pris le temps d'imaginer et de visualiser les mots que je lisais. J'étais une habitante du village, qui apprend chaque jour les nouvelles en allant au puits ou au four à pain.
     C'est un livre que j'ai pris le temps de lire, mot après mot, page après page ; alors même que je pensais que la lecture en serait rapide, il m'aura fallu plus d'une semaine pour le refermer.
    J'avoue que je ne m'attendais pas à un tel dénouement, ni à une telle évolution de l'histoire. Je ne pensais pas que la tante jouerait ce rôle-là. La fin en elle-même, est assez attendue je pense, mais pour y arriver, Marie de Palet a pris de sacrés détours qui m'ont assez surprise je dois dire !

    Je garde un agréable souvenir de cette lecture, et j'ai très envie de retrouver la très belle plume de Marie de Palet dans d'autres ouvrages. Elle a ce je-ne-sais-quoi qui nous entraine en quelques mots sur le chemin de la rêverie.

    "Attention, a dit Durant, l'honneur d'une jeune fille c'est sérieux ! Ne vas pas nous raconter d'histoires si tu n'en es pas totalement certain car, alors, tu ne remettras jamais plus les pieds chez moi. J'aime les fables, les contes, les plaisanteries, mais les nouvelles du pays il faut qu'elles soient vraies. Ne viens pas nous dire les racontars du coin. "

     Miette n'osait bouger. Elle écoutait la vieille femme égrener sa douleur et ne trouvait pas de mots pour la consoler. D'ailleurs, aucun mot ne pouvait soulager cette immense souffrance qui avait rythmé la vie de Jeanne et Alfred et qu'aujourd'hui elle mettait à nu. Ce regret toujours vivace qui les avait empêchés de goûter le bonheur simple des couples sans histoires...

     Michel était triste, d'une tristesse mêlée de remords. Il se reprochait de n'avoir pas assez aimé sa femme. Il l'avait épousé croyant l'aimer, mais savait, aujourd'hui, qu'il n'en avait jamais été ainsi... Il l'avait entourée et protégée autant qu'il avait pu et peut-être avait-elle pensé être aimée. Mais il savait bien au fond de son coeur qu'elle n'avait été pour lui qu'une amie très chère qui lui avait donné deux enfants... Il avait manqué à leur amour cette étincelle qui éclaire la vie et qui l'illumine tout au long d'une existence.

     Et pourtant quand, comme maintenant, il prenait le temps de repenser à sa vie, à ces années censées être les meilleures de son existence, il était bien forcé de reconnaître que la tranquillité d'esprit et le contentement personnel qu'il avait éprouvés, ce n'était pas le bonheur... Le bonheur, c'était autre chose : c'était l'exaltation qu'il avait ressentie en séchant les larmes de Miette, un jour de printemps.

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