mardi 27 août 2013

Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus - Eric-Emmanuel Schmitt

Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus, de Eric-Emmanuel Schmitt

115 pages
Editions Albin Michel
Parution : 2012

4ème de couverture :
" Madame Ming aime parler de ses dix enfants vivant dans divers lieux de l’immense Chine. Fabule-t-elle, au pays de l’enfant unique ? A-t-elle contourné la loi ? Aurait-elle sombré dans une folie douce ? Et si cette progéniture n’était pas imaginaire ? L’incroyable secret de Madame Ming rejoint celui de la
Chine d’hier et d’aujourd’hui, éclairé par la sagesse immémoriale de Confucius.
Dans la veine d’Oscar et la dame rose, de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran ou de L’Enfant de Noé, Les dix enfants que Madame Ming n’a jamais eus est le sixième récit du Cycle de l’Invisible."


     Je continue mes lectures des œuvres de Eric-Emmanuel Schmitt. Je vais bientôt avoir parcouru toute sa bibliographie romans et nouvelles ! Mais comme le dit l'adage : " Quand on aime on ne compte pas !".
     Surtout lorsque l'autre jour, me rendant à la bibliothèque pour rendre les livres empruntés cet été, je décide de faire un détour rapide dans le rayon de la lettre S et que j'y trouve 6 titres de cet auteur, j'ai embarqué les 4 que je n'avais pas lus et qui ne figurent pas sur mes étagères à la maison.

     Dans ce roman, l'auteur nous emmène en Chine, à la suite d'un jeune homme passionné de travail et acheteur pour une société revendant des jouets fabriqués en Chine sur les territoires européens. Je ne sais même pas si ce personnage a un nom, il ne me semble pas qu'il soit nommé à un quelconque moment dans le livre. Cet homme est n'importe quel homme et tout lecteur saura se retrouver en lui. Oui, pour le coup, ce livre a un message plus fort à délivrer aux hommes : le désir et la réalité de la paternité, et comment un homme peut se positionner par rapport à celle-ci. Bien sûr Eric-Emmanuel Schmitt ne fait pas de grandes tirades sur le sujet, ce n'est pas son style ; au contraire il distille quelques informations, quelles interrogations et quelques réflexions par-ci par-là dans son texte, et je suis toute disposée à croire que c'est fort efficace.
     Ce personnage, vierge de toute famille et de tout attachement, va rencontrer madame Ming, dame pipi de son état, de l'hôtel où il séjourne. Entre eux va se créer une relation de plus en plus intime, avec comme sujet de discussion principal les dix enfants de madame Ming.
     Mais nous sommes en Chine, où règne la loi de l'enfant unique, comment madame Ming peut-elle avoir dix enfants ? Notre "héros" la soupçonnera d'êtrementeuse, puis la croira, puis hésitera de nouveau. Mais des deux ? Qui est le plus menteur ? Qui se ment à lui-même ?

     A travers ce texte, Eric-Emmanuel Schmitt s'interroge et nous interroge sur cette loi de l'enfant unique : comment peut-on être heureux de ces milliers de vies qui ne sont pas ? Comment en tant que parent peut-on accepter cette loi lorsque l'on rêve d'une grande famille ? Cette loi est-elle anodine dans la vie des femmes chinoises ?
     Il nous amène aussi à réfléchir sur la famille. Tout le long du récit je me suis demandée qui était ces enfants ? Est-ce que se sont les siens ? Est-ce qu'elle les aurait adoptés ? Est-il nécessaire de mettre quelqu'un au monde pour le considérer comme son enfant ? Les liens du sangs sont-ils les plus fort ? Là encore, l'auteur nous donne une belle leçon de vie.

     J'ai beaucoup aimé la réflexion qu'il mène à l'usine de jouets, je l'ai trouvée juste et assez effrayante. Heureusement que madame Ming et sa sagesse sont là pour dédramatiser notre monde et en faire ressortir la lumière.

     Ce n'est pas un des ouvrages de cet auteur qui m'aura le plus touchée, ni le plus plu, mais j'en garde un bon souvenir et je vous le conseille. Je vous laisse découvrir la beauté des enfants de madame Ming, et la façon qu'elle a de nous parler d'eux, mais rassurez-vous, nous sommes loin de la tartine dégoulinante de bons sentiments mielleux, ... et je vous laisse le soin d'être surpris et touchés par la fin imaginée par l'auteur.

     "Pourquoi les hommes ne supportent-ils pas la vérité ? Premièrement, parce que la vérité les déçoit. Deuxièmement parce que la vérité manque souvent d'intérêt. Troisièmement, parce que la vérité n'a guère l'allure du vrai - la plupart des faussetés sont mieux troussées. Quatrièmement, parce que la vérité blesse. "



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