lundi 18 septembre 2017

Le dernier violon de Menuhin - Xavier-Marie Bonnot

Le dernier violon de Menuhin, de Xavier-Marie Bonnot

240 pages
Editions Belfond
Parution : 17 août 2017

Présentation de l'éditeur :
    Les orphelins de l'enfance resteront toujours des adultes abandonnés.
    Rodolphe Meyer était violoniste célèbre. Le public l'adulait, les critiques l'encensaient. Mais l'alcool a vaincu l'artiste.
     Reclus dans une vieille ferme dont il vient d'hériter, Meyer vit ses derniers jours en compagnie du prestigieux Lord Wilton, le dernier violon de Yehudi Menuhin, modèle absolu de Rodolphe. Un matin d'hiver, alors que sa raison vacille, son double surgit de la nature sauvage et interroge l'artiste sur sa part d'ombre. Sur sa vérité.
     Roman intimiste au cœur des grands espaces, tour à tour hostiles ou bienveillants, Le dernier violon de Menuhin nous bouleverse par ce qu'il révèle de la solitude des hommes, au sommet de leur art... ou simples mortels
.

    Voilà, voilà, il faut que je vous parle de ce livre de la rentrée littéraire que j'ai lu il y a quelques temps déjà, mais ce n'est pas si facile. Il y a des livres qui comme celui-ci touche énormément son lecteur mais le laisse dans le flou face à une multitude d'émotions... Mais je vais tout de même essayer de mettre des mots sur tout cela.

    Ce roman est une ode à la musique, à la vie et à la mort. C'est l'histoire d'un homme, violoniste de profession, qui a connu un grand succès dans sa jeunesse, et qui connait une accalmie dans sa carrière. Cet homme a toujours été fasciné par Menuhin, qu'il considère comme un maître absolu du violon, et toute sa vie il aura eu l'espoir de l'approcher, d'apprendre de lui pour peut-être un jour l'égaler. Mais ce n'est pas si simple, et rapidement Menuhin lui fait comprendre qu'il ne pourra rien lui apprendre de plus car sa technique est déjà parfaite, et que pour le reste il faut laisser parler son âme.
    Cette âme qui nous fait vibrer tout au long de notre vie, c'est elle qui peut faire sonner le violon différemment dans les mains du musicien
. Mais encore faut-il jouer avec amour et passion, par choix et avec envie, est-ce bien son cas à lui Rodolphe Meyer ? Que son père a poussé dès son plus jeune âge dans les bras de la musique, le privant ainsi de son enfance. Et si malgré tout, Rodolphe aime le violon, aime jouer en public, aime sentir la musique vibrer en lui, il demeure encore et toujours habiter par une certaine colère et une certaine haine envers son père. Est-ce ces sentiments si forts qui continuent années après années à dominer sa vie, qui l'empêchent de se hisser au niveau de Menuhin ? Peut-on être heureux dans sa vie de tous les jours ? dans son art ? avec une telle bête tapie au fond de soi ?

    Jusqu'à l'annonce du décès de sa grand-mère et sa venue dans le pays natal de celle-ci, Rodolphe ne semblait pas avoir pris la mesure de tout cela. Il avait l'impression de parfois se battre contre des moulins à vent, mais sans jamais pouvoir mettre des mots dessus, sans jamais se retrouver suffisamment face à lui-même pour se plonger à l'intérieur de lui-même.
     Dans la petite maison, perdue au milieu de la campagne, isolée de tout par le mauvais temps et une voiture récalcitrante, il n'aura d'autre choix que de laisser les souvenirs remontés, et prendre le temps d'écouter son passé. Dernier d'une lignée qui s'éteindra avec lui, il s'interroge sur ce qu'il va laisser à la postérité ? Mais à trop vouloir marquer le monde et les esprits n'oublie-t-on pas de marquer sa propre vie de sa présence ?

    C'est un roman qui soulève beaucoup d'interrogations chez le lecteur, qui l'emmène à réfléchir en prenant des chemins détournés. L'auteur s'amuse à glisser mystères et zones de flou dans son récit pour libérer la pensée du lecteur. Il nous invite à voir au-delà du terre-à-terre, au-delà de l'immédiat, à chercher dans l'étrange et les petits signes autour de nous, les clefs pour répondre aux grandes questions que l'on se pose.

    C'est un roman pour le moins original, assez déroutant, auquel je vous conseille de donner sa chance.

    Il se souvint de l'odeur irréelle de la petite tête d'Emilie. La lavande. Le jardin fleuri. Le soleil. Quelques rêveries de Giono. L'odeur revenait aujourd'hui.

     Le souvenir d'Emilie le déprimait. Ce devait être la Mort qui ouvrait les tiroirs de sa mémoire et en sortait ce que bon lui semblait.
   La Mort fait ce qu'elle veut. Elle perquisitionne la pensée et rouvre les vieux dossiers. Et puis elle juge... Elle soupèse votre deuil... C'est la correctionnelle du descendant.


    Toutes nos vies ne sont que des traits d'union entre nos deux dates, pensa Meyer. Ma vie à moi, de gloire et d'ombre, n'est que ce maudit tiret. Elle ne vaut pas mieux.

    L'âme ignore le temps, elle ne vieillit pas, ni ne rajeunit. Elle n'a pas d'âge. J'ai une âme jeune dans une enveloppe froissée et me voilà triste à case de vieilleries sentimentales.

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